
Tout au long de sa carrière d’ingénieure et de chercheuse, Joyce Boye, qui travaille à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), a été confrontée à des obstacles fondés sur le sexe. Cela ne l’a toutefois jamais empêchée de tenter de créer un environnement de travail pouvant les inciter, elle et ses collègues, à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Sa propre voie
Joyce a grandi au Ghana auprès d’un père fonctionnaire et d’une mère entrepreneure très travaillante. Tous deux lui ont inculqué la discipline du travail et l’engagement envers le service public. Dès son plus jeune âge, on l’a encouragée à faire carrière en médecine puis, comme le veut la tradition, à trouver un mari et à s’établir une fois adulte. Elle rêvait cependant de devenir ingénieure. Or, à l’époque, l’ingénierie n’était pas un domaine traditionnellement ouvert aux femmes.
« Je voulais réaliser mon ambition de devenir une femme ingénieure en m’appuyant sur les principes de travail acharné que mes parents m’ont enseignés », dit-elle. Joyce a persuadé ses parents, mais elle a constaté que, même après avoir obtenu leur appui, cette voie serait ardue. Elle a rapidement appris qu’elle était l’unique femme inscrite dans sa cohorte de génie chimique. Cette situation allait donner lieu à « quatre années durant lesquelles on se demandait constamment comment je pourrais réussir », dit-elle.
Et elle a réussi, puisqu’elle a obtenu son diplôme de premier cycle à l’Université des sciences et de la technologie du Ghana. Joyce a continué à relever le défi en déménageant au Canada en 1990 afin de poursuivre des études supérieures en sciences de l’alimentation à l’Université McGill, à Montréal – un domaine d’étude dont elle avait compris l’importance.
« Trouvez votre véritable passion et poursuivez-la », affirme-t-elle. « En grandissant, j’ai appris que 40 000 enfants par jour mouraient de faim. Je trouvais cela inacceptable et je me suis dit que si je pouvais faire quelque chose pour faire baisser ces chiffres, je le ferais. C’est pourquoi je me suis concentrée sur l’alimentation et l’agriculture dans mes études supérieures. »
Une nouvelle demeure
En arrivant au Canada, Joyce a cru que sa vie en ingénierie, en tant que femme et personne de couleur, serait peut-être moins difficile. Malheureusement, le moment de son arrivée a été assombri par un événement qui continue de faire écho dans l’histoire du Canada.
« J’ai appris que quelques mois auparavant, en décembre 1989, 14 femmes inscrites au programme de génie mécanique de l’École polytechnique de Montréal avaient été abattues dans leur classe. C’était assez traumatisant », dit-elle.
Joyce, comme beaucoup d’autres, ne s’est pas laissée décourager. « J’ai continué à lutter et j’ai obtenu un doctorat de McGill. J’ai été heureuse de suivre ma passion et de me joindre à Agriculture et Agroalimentaire Canada. »
Elle a commencé à travailler à AAC en 1995, notamment en tant que boursière postdoctorale. Puis, elle a été embauchée en 1997 et a continué à appliquer son expertise en tant qu’ingénieure et scientifique des produits alimentaires dans les postes de chercheuse scientifique, puis de gestionnaire pendant plus de 25 ans. Elle s’est concentrée sur la transformation des aliments à valeur ajoutée, la salubrité des aliments et la qualité des aliments.
Une leader et un mentor
Joyce, en qualité de leader organisationnelle à AAC, tente de trouver le parfait équilibre entre vie professionnelle et vie privée, tout en travaillant avec les employés afin de créer un milieu de travail plus inclusif.
Durant sa carrière, elle a compris qu’il était important de travailler fort, d’avoir du mérite et de chercher à réaliser ses passions. Cependant, en tant que femme et personne de couleur, elle reconnaît que « parfois, il peut être émotionnellement et mentalement épuisant de voir mes contributions sous-évaluées; cela s’ajoute au fait que les conditions de travail changent constamment, que les charges de travail sont plus lourdes et qu’en plus, les femmes doivent tenter de concilier vie familiale et vie professionnelle ».
« Je crois que chaque personne a quelque chose de spécial à offrir », dit-elle. « Si nous pouvons créer un lieu de travail sain pour tous, tout le monde bénéficiera d’énormes avantages, d’une plus grande réussite et d’un plus grand épanouissement à l’égard de notre travail. »
Malgré ses nombreuses distinctions et réalisations, notamment sa nomination en tant qu’ambassadrice spéciale de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture pour l’Amérique du Nord dans le cadre de l’Année internationale des légumineuses en 2016, Joyce ne dort pas sur ses lauriers. Elle continue plutôt à savourer son travail et à se passionner pour la fonction publique. Elle aime travailler avec les gens qui l’entourent dans le but de créer une société meilleure, tout en servant de modèle à d’innombrables jeunes femmes dans le domaine des sciences et de l’ingénierie.
Lisez les conseils de Joyce pour surmonter les obstacles et créer un lieu de travail plus inclusif.
Conseils
Mme Joyce Boye, Ph. D., défend farouchement un lieu de travail plus collaboratif et inclusif. Voici quelques-unes des choses qu’elle a apprises et désapprises en cours de route :
Reconnaître les barrières mentales
« En tant que chercheuse scientifique, j’ai toujours eu le sentiment que les femmes sont très exigeantes envers elles-mêmes dans leur carrière et au travail », dit-elle. En plus de ces exigences, « on considère souvent que les femmes et les personnes qui s’identifient comme autochtones, membres de minorités visibles ou handicapées doivent en faire davantage pour prouver qu’elles sont capables. »
Les obstacles à l’entrée sur le marché du travail ne sont pas uniquement liés au mérite, mais peuvent également être d’ordre mental. Joyce suggère qu’il faut reconnaître ces obstacles afin de créer l’égalité des chances.
Rechercher la collaboration plutôt que la concurrence
« L’une des façons d’atteindre nos objectifs ne consiste pas seulement à repousser les frontières de la science, mais aussi à créer un environnement de travail idéal pour que la science puisse progresser », explique Joyce. « La collaboration est essentielle; vous devez trouver les bons collaborateurs, car cela rend le travail plus facile et plus productif. »
Les meilleurs collaborateurs? Ce sont ceux qui partagent une même passion pour le bien-être de la société et la résolution de problèmes complexes au moyen de la science.
Trouver (et garder!) des mentors qui croient en votre potentiel
« J’essaie d’apprendre de beaucoup de gens; pas seulement de ceux qui partagent leurs connaissances, mais aussi des personnes qui créent activement des possibilités pour autrui et qui m’encouragent à croire que je peux y arriver et que je peux m’aider à croître et aussi aider d’autres femmes à croître et à trouver elles-mêmes leur propre voie », dit-elle.
Joyce suggère aux personnes qui n’ont pas de mentor de faire « une étude des gens, de prendre note de ce qu’ils font bien, et de chercher à imiter ces comportements tout au long de votre carrière et de vos relations interpersonnelles ».
S’ouvrir pour aider à ouvrir les esprits
« Être vulnérable est un muscle que j’apprends encore à étirer », dit-elle. « Être transparent demande du courage, mais les femmes qui ont progressé dans leur carrière doivent prêter leur voix. Ce n’est pas facile, mais nous devons trouver le courage d’être militantes. »
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