Combattre les champignons par les champignons : mesures durables de lutte contre les maladies du tronc de la vigne

La vallée de l’Okanagan abrite l’une des principales régions vinicoles du Canada, mais ce succès n’a pas été sans bataille pour les viticulteurs de la Colombie-Britannique, qui luttent chaque année pour contrôler un éventail de maladies dans leurs vignobles. On pense notamment aux maladies du tronc de la vigne (MTV), qui sont notoirement destructrices.

Les MTV sont une maladie complexe causée par divers pathogènes fongiques qui infectent habituellement les plants de vigne par les blessures de taille. Le champignon colonise le système vasculaire de la plante, limitant sa consommation d’eau et de nutriments et entraînant sa mort éventuelle. Étant donné que le champignon a tendance à se déplacer lentement, il peut falloir quelques années aux producteurs pour détecter l’infection et, à ce moment-là, il est souvent trop tard pour la traiter. Les recherches effectuées par M. José Ramón Úrbez-Torres (Ph. D.), phytopathologiste à Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), aideront les viticulteurs de la Colombie-Britannique à asséner un double coup de poing aux MTV grâce à un certain nombre de pratiques durables pour détecter, prévenir et traiter cette maladie.

Prendre le contrôle (biologique)

L’une des façons de lutter contre ce problème fongique consiste à ajouter des champignons. La lutte biologique est l’une des options les plus durables et les plus rentables pour gérer divers problèmes de parasites agricoles. Cette méthode consiste à introduire l’ennemi naturel d’un ravageur dans un environnement pour aider à contrôler les populations, et M. Úrbez-Torres a trouvé les bons candidats pour ce poste. Lors d’essais en laboratoire, en serre et sur le terrain au Centre de recherche et de développement de Summerland, M. Úrbez-Torres et son équipe ont testé plus de 30 souches différentes de champignons appartenant au genre Trichoderma contre les MTV. Parmi celles-ci, quelques-unes se sont révélées très efficaces pour contrôler la maladie. Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec Jinxz Pollard-Flamand, un chercheur affilié à AAC, alors qu’il terminait sa maîtrise en sciences sous la supervision de M. Úrbez-Torres et de Mme Miranda Hart, professeure à l’Université de la Colombie-Britannique, Okanagan.

« La prochaine étape consistera à mettre au point un produit de lutte biologique à partir de ces champignons, qui sera le premier du genre contre cette maladie au Canada. »

– José Ramón Úrbez-Torres, Ph. D., chercheur scientifique, Agriculture et Agroalimentaire Canada

Opportunément, ces champignons sont bien établis en Colombie-Britannique, ce qui signifie qu’un produit de lutte biologique peut être obtenu localement et est plus facilement accessible aux producteurs de toute la province. Comme les fongicides chimiques continuent de soulever des préoccupations en raison de la résistance des agents pathogènes et de la toxicité pour les humains, les animaux et l’environnement, des solutions de rechange durables comme celle-ci s’avéreront bénéfiques.

Une approche holistique offre une nouvelle perspective

Bien que la lutte biologique ne soit qu’une façon de prévenir les MTV, la nature complexe de cette maladie exige une approche plus holistique. En étudiant quelles conditions favorisent l’agent pathogène, M. Úrbez-Torres a découvert que la taille des plants plus tôt que d’habitude (par exemple, en janvier plutôt qu’en mars) peut réduire les risques d’infection de jusqu’à 80 % dans les vignobles. De plus, son équipe a élaboré des instructions à l’intention des cultivateurs pour qu’ils puissent déterminer si leurs plants sont infectés, à quel endroit couper la vigne pour éliminer l’infection et comment replacer la nouvelle vigne, une technique appelée « chirurgie corrective ».

Pour ce qui était autrefois considéré comme une maladie incurable, cette recherche offre aux cultivateurs des options qui donnent à leurs plants de vigne une seconde chance dans le vignoble. Les cultivateurs peuvent généralement s’attendre à ce que leurs plants de vigne produisent de nouveau dans trois ou quatre ans, à la suite de pratiques comme la chirurgie corrective, ce qui leur évitera les tâches laborieuses et coûteuses de la replantation.

« Il est très difficile d’éradiquer complètement la maladie, déclare M. Úrbez-Torres. Mais notre objectif est de continuer à transmettre les meilleures stratégies de gestion aux producteurs et de réduire au minimum la quantité de plants qu’ils perdent chaque année. »

Découvertes et avantages clés

• M. Úrbez-Torres a découvert plusieurs espèces fongiques qui sont très efficaces dans la lutte biologique contre les maladies du tronc de vigne (MTV), et qui seront utilisées pour mettre au point le premier produit de lutte biologique contre ce complexe de maladies au Canada, à l’aide de champignons d’origine locale.
• Son équipe a également découvert que la taille des plants plus tôt que d’habitude peut réduire les risques d’infection jusqu’à 80 % dans les vignobles.
• De plus, son équipe a élaboré des instructions pour aider les cultivateurs à déterminer si leurs plants sont infectés, à quel endroit couper la vigne pour éliminer l’infection et comment replacer la nouvelle vigne.
• Cette recherche offre des solutions de rechange durables aux fongicides chimiques, qui soulèvent des préoccupations liées à la résistance des agents pathogènes et à leur toxicité pour les humains, les animaux et l’environnement.

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Renseignements connexes

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