Afin d'aider le Canada à atteindre ses objectifs de l'Accord de Paris sur le climat (2015), des scientifiques de plus de vingt ministères, universités et organismes provenant du Canada et des États-Unis ont réalisé la première étude pour évaluer et quantifier les effets à moyen et long termes de l'adoption de vingt-quatre Solutions climatiques naturelles (SCN) dans les forêts, les prairies, les zones agricoles et les zones humides. Les SCN sont des méthodes aisées à mettre en œuvre qui peuvent contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Grâce aux processus naturels de captage de carbone des écosystèmes, ces SCN peuvent déjà réduire les émissions sans devoir attendre de nouvelles technologies de captation de carbone. Des scientifiques en agroforesterie d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) ont étudiés les SCN intégrant les arbres et arbustes dans les pratiques agricoles pour réduire les émissions de GES. À part les haies brise-vent courantes dans l'Ouest du Canada, les cultures intercalaires, le sylvopâturage et les bandes riveraines sont celles ayant le plus de potentiel.
Les cultures intercalaires impliquent la plantation au milieu des champs en culture de rangées d'arbres et arbustes indigènes (parfois non indigènes) de grande valeur économique (par example. peuplier hybride, chêne rouge, noyer noir, épinette de Norvège, argousier, shépherdie) qui sont efficaces à capter le dioxyde de carbone (CO2). De toutes les pratiques agroforestières, les cultures intercalaires réduiraient le plus les émissions de GES, se classant quatrième parmi les onze SCN agricoles évaluées dans cette étude. Adoptée à large échelle seulement au Québec et en Ontario sur près de 800 000 hectares (ha), elle permettrait de capter environ 4 millions de tonnes de CO2 équivalent (CO2ₑ) par année. Le CO2 « équivalent » inclut d'autres GES convertis en quantité de CO2, comme le méthane et le protoxyde d'azote.
Le sylvopâturage est un élevage de bétail dans des pâturages boisés (cultivés et ensemencés) et en zones forestières où les animaux se nourrissent de la végétation spontanée des sous-bois. S'il était adopté sur 20 ha en moyenne par ferme d'élevage (985 000 ha au total dans les dix provinces), le sylvopâturage permettrait de capter 2,8 millions de tonnes de CO2ₑ/an.
Les bandes riveraines sont des zones de végétation vivace plantée en bordure des cours d'eau des champs agricoles. Elles aident à réduire la perte de sol, améliorer la qualité de l'eau et stabiliser les berges. Planter 30 mètres de bandes riveraines le long des cours d'eau des fermes situées en zones naturellement boisées (200 000 ha au total pour neuf provinces) permettrait de capter 1,62 tonne de CO2ₑ/an.
Les modèles de prédiction démontrent qu'une transition vers ces trois pratiques agroforestières d'ici à 2030 pourrait capter au total près de 8,5 millions de tonnes de CO2ₑ/an. Les scientifiques ont aussi calculé la valeur monétaire qu'auraient ces pratiques échangées sur la bourse du carbone. Avec une valeur entre 10 $ et 50 $/tonne de CO2 équivalent, les pratiques agroforestières rapporteraient des revenus supplémentaires significatifs aux producteur(-trice)s agricoles.
En mesurant les effets de l'adoption des SCN en agroforesterie, les scientifiques canadiens mettent en lumière toute l'étendue de leurs possibilités, incluant d'autres bénéfices comme l'amélioration de la fertilité des sols, de la qualité de l'eau, de la biodiversité et le maintien de la rentabilité. Cette étude démontre que les pratiques agroforestières jumelées aux autres solutions naturelles pour le climat (en agriculture, zones humides, prairies et forêts) font partie de la solution et permettront au Canada d'atteindre et même de dépasser ses cibles de l'Accord de Paris.
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