Les premiers seize pour cent est la nouvelle série de balados d'Agriculture et Agroalimentaire Canada qui explore les idées les plus fraîches en alimentation et en agriculture. À chaque épisode, découvrez en profondeur un nouveau sujet : les nouvelles pratiques, les idées innovantes et leurs impacts sur l'industrie. Apprenez-en davantage sur le secteur agricole canadien auprès des gens qui font les percées et abattent les barrières! Producteurs et gourmets, scientifiques et hauts dirigeants, toute personne ayant un œil sur l'avenir du secteur, ce balados est pour vous! Un nouvel épisode est publié chaque mois.
Épisode 002 - Réponse rapide : nourrir les Canadiens pendant la pandémie
Nous mettons en lumière une collaboration innovante et agile entre qui s'attaque à l'insécurité alimentaire pendant la pandémie.
Transcription
Sara : Bonjour et bienvenue aux Premiers seize pour cent. Je suis Sarah Boivin-Chabot.
Kirk : Et je suis Kirk Finken. Dans Les premiers seize pour cent, on parle beaucoup d'innovation. Le mot nous fait penser « sciences, ingénierie, etc., » mais on parle aussi d'innovation socioéconomique.
Sara : Agriculture et Agroalimentaire Canada, à ses débuts, il y a 150 ans, était un ministère très axé sur les aspects socioéconomiques de l'agriculture. Mais dans les 50 dernières années, on est devenu plus un ministère basé sur les sciences, les marchés.
Kirk : Mais les temps ont changé avec les initiatives comme la Politique alimentaire pour le Canada. On travaille de nouveau dans le domaine socioéconomique.
Sara : Aujourd'hui, on met en lumière une collaboration innovante et agile qui s'attaque à l'insécurité alimentaire pendant la pandémie.
Daniel : Il y a beaucoup de familles qui nous ont écrit que quand ils recevraient ça, c'était comme si c'était la fête à la maison. Puis les parents ressentaient cette dignité-là des fois qu'on peut perdre dans un temps où on a plus accès à répondre aux besoins, même des nôtres.
Sara : C'est la voix de Daniel Germain. Il est président fondateur du Club des petits déjeuners du Canada, une organisation à l'épicentre de cette question. Et son groupe est devenu un collaborateur important d'Agriculture Canada pendant la pandémie. J'ai vérifié avec les gens de Statistique Canada. Ils ont mené une enquête sur l'insécurité alimentaire en mai 2020, donc juste au début de la pandémie. L'enquête a montré que 14.6 % des Canadiens ont du mal à mettre de la nourriture sur la table depuis la mi-mars. C'est beaucoup et c'est un bond de 4 % par rapport à il y a deux ans, alors qu'on parlait de 10.5 %.
Kirk : C'est quoi le chiffre? Le nombre de personnes actuellement?
Sara : Donc en 2017-2018, c'est près de 4 millions de Canadiens qui souffraient d'insécurité alimentaire. En mai 2020, avec la COVID, ce nombre est passé à 5.5 millions de Canadiens.
Kirk : Ça c'est l'équivalent de la population des régions métropolitaines de Calgary et de Montréal combinées.
Sara : C'est 5 millions et demi de personnes qui savent pas s'il y aura de l'argent pour la nourriture à la fin du mois ou qui peuvent pas prendre trois repas par jour.
Kirk : C'est un chiffre qui donne à réfléchir. Et alors c'est le contexte de cet épisode.
Lynne : Mon nom est Lynne Guerrette. Je suis directrice dans la Direction générale des programmes à Agriculture et Agroalimentaire Canada. Mon niveau de responsabilité et de livrer quatre différents programmes, dont deux [qui] découlent de la Politique alimentaire du Canada.
Kirk : Lynne est une vétérante de la Direction générale des programmes de notre ministère. Elle ouvre depuis près de 20 ans pour accompagner les producteurs agricoles et les transformateurs alimentaires. Au cours des deux dernières années, elle a participé à un changement important dans le travail de notre département : un virage vers la sécurité alimentaire.
Lynne : Le programme s'appelle le Fonds des infrastructures alimentaires locales. Donc le but du programme, c'est d'augmenter ou améliorer la distribution de nourriture saine et nutritive à travers les populations à risque au Canada en achetant de l'infrastructure. C'est surtout pour acheter des réfrigérateurs, des congélateurs, des choses comme ça.
Kirk : Et puis, la pandémie a frappé. Les frigos et les congélateurs étaient encore utiles, mais il était évident pour Lynne et son équipe que l'urgence était de nourrir les gens.
Lynne : Parce que quand la pandémie a frappé, les donations de nourriture ont arrêté complètement. Les étagères dans les épiceries se sont vidées. La seule chose qu'on a changé, c'est les modalités du programme pour inclure la nourriture, mais aussi le modèle maintenant, fait en sorte qu'on a l'habilité de donner ou distribuer des fonds à des organismes qui peuvent redistribuer ces fonds à des bénéficiaires ultimes. On a pu faire les modifications aux modalités du programme, recevoir des applications, les évaluer, les faire approuver, signer des ententes, puis faire des paiements dans l'intérieur de deux semaines. Donc le 2 avril, les paiements avaient déjà été faits.
Kirk : Quels étaient les cinq organismes et selon quels critères ils ont été choisis?
Lynne : Les organismes ont été choisis premièrement parce qu'ils étaient très bien connus et bien établis. En affaires, ça fait plusieurs années, des organisations à but non lucratif qui existent depuis beaucoup, beaucoup de temps, puis qui ont des structures très rigides. Ils ont des bonnes réputations. Banque alimentaire Canada, Deuxième Moisson, l'Armée du salut, les centres communautaires du Canada, puis le Club des petits déjeuners. Ce sont toutes des organisations très, très bien connues au Canada.
Kirk : Et comment est-ce que cet argent a été utilisé par les organisations?
Lynne : Donc, la majorité des fonds ont été utilisés pour acheter de la nourriture et aussi acheter de l'équipement de protection individuelle parce que l'équipement de protection individuelle était pas très facile à obtenir au début de la pandémie. Les organismes, il fallait qu'ils changent leurs habitudes à cause la distanciation. Plusieurs ont commencé à distribuer aux maisons. Plusieurs ont dû demander l'enregistrement des gens pour obtenir de la nourriture, ça a été une différente façon de faire pour plusieurs.
Kirk : Est-ce qu'on sait environ combien de personnes ont été touchées jusqu'à date?
Lynne : On peut estimer qu'il y a eu probablement de 3 à 4 millions de personnes servies durant cette période de temps, probablement au courant des mois d'avril, mai, juin et possiblement en juillet.
Kirk : Il reste encore beaucoup à faire. Qu'en est-il du programme de récupération des surplus alimentaires?
Lynne : Le programme de surplus alimentaires a commencé en étant un surplus de pommes de terre. On a entendu beaucoup des surplus de champignons, on a entendu beaucoup de surplus de poisson. Ici au Canada, c'est du jamais vu. On n'a jamais eu de programme de surplus alimentaires. Donc on ... le fait qu'on avait déjà une bonne relation, puis qu'on était vraiment mieux établis au point de vue de travailler avec les organismes de charité et les banques alimentaires et la meilleure façon de gérer le surplus alimentaire était de payer un prix nominal. Donc autant que possible, pas plus que le coût de production pour le produit, pour après ça le donner aux banques alimentaires pour distribution. On a mis un « target » de 10 % pour que la nourriture se rende vers le nord. Donc les territoires primordialement, mais aussi le nord des autres provinces où c'est plus difficile de se rendre. Il va y avoir au moins près de 40 millions [de dollars] qui vont être en denrées.
Kirk : Que ressentez-vous en tant que fonctionnaire, de faire partie de cette réponse ?
Lynne : Mais ça a été un dure départ. On sentait vraiment qu'on pouvait sauver des vies premièrement, puis qu'on fournissait de l'argent pour des besoins humains de base, [ce] qui était du jamais vu pour nous, parce qu'on livre pas des programmes sociaux. On n'a jamais travaillé avec les charités. Donc c'était vraiment différent pour nous. Dans les derniers mois, j'ai vu plusieurs personnes se démarquer, faire des choses extraordinaires, puis définitivement dans le groupe de personnes avec qui on a travaillé dans les derniers temps, il y a plusieurs super héros.
Sara : Et on sait que Lynne et son équipe travaillent encore dur. C'est pas fini.
Kirk : Tu sais, après avoir parlé à Lynne, j'ai été inspiré. Au milieu de toute cette confusion et de ce stress que nous vivons, c'est rassurant. On reçoit tous les jours des messages de haut niveau de nos dirigeants politiques et des autorités sanitaires concernant la pandémie. Mais on n'entend pas souvent ces histoires de réponses et d'innovations à cette échelle, à l'échelle de Lynne.
Sara : Oui, mais ce n'est pas l'ensemble de l'histoire. C'est pour ça que j'ai appelé Daniel Germain, le président fondateur du Club des petits déjeuners. Je voulais entendre l'histoire d'une des cinq organisations qui gèrent le financement sur le terrain. Sais-tu que le Club des petits déjeuners a commencé en 1994 en nourrissant 100 élèves dans une école de Longueuil, au Québec?
Daniel : Dans un temps où avant le COVID on nourrissait un peu plus de 270 000 enfants à tous les jours dans un peu plus de 1800 écoles au Canada, dans les dix provinces, les trois territoires, et on a eu des années extraordinaires à voir comment les Canadiens étaient solidaires de supporter des organisations quand ils avaient une mission qui faisait du sens et nourrir les enfants vers leur réussite pour les Canadiens, ça fait du sens.
Sara : Dites-moi comment vous avez utilisé ces fonds-là, puis à quel type d'organisation vous les avez redistribués?
Daniel : Quand on a été sélectionnés et on a commencé à distribuer l'argent qu'on recevait du gouvernement fédéral à travers l'Agriculture (AAC), on avait de l'argent qui venait du gouvernement du Québec également, et on avait de l'argent des entreprises privées et du public à travers des levées de fonds —on a distribué 14 millions [de dollars] à ce moment-là, 67 % à des organismes communautaires partout au pays, 33 % à des écoles. De cette somme-là, 30 % était [à] des organisations autochtones. 70 % était [à] des organismes ou des écoles où le Club des petits déjeuners n'était pas auparavant, donc c'était des nouveaux partenaires. C'était une nouvelle réalité. J'étais fier de voir l'équipe du Club, mais je suis aussi très fier de voir la solidarité de l'ensemble des organisations où tout le monde a roulé ses manches, puis a voulu soulager la souffrance le plus rapidement possible des enfants et des familles partout au pays.
Sara : Quand vous dites que vous avez travaillé avec des écoles, les enfants étaient plus à l'école.
Daniel : Les enfants étaient plus à l'école, donc il fallait les rejoindre de façon différente. Donc on ... parce qu'on a déjà un « network » d'organisations partout au pays en temps normal qui nous aide à servir des déjeuners, qui sont aussi accessibles dans leurs communautés, on a été capable d'aller le plus près possible des enfants et des familles à travers ces organimes-là. On a travaillé aussi avec des grandes organisations comme Toronto School Board. Je dois dire qu'on a senti une très, très, très grande créativité un peu partout au pays de ce côté-là.
Sara : L'argent que vous avez reçu, entre autres, du fédéral, il a été dépensé comment?
Daniel : Le gouvernement fédéral a suivi les dossiers de très près. Oui, il voulait savoir que l'argent allait être sûr de rejoindre le plus de monde possible, mais il voulait voir aussi s'il y avait des endroits qui avaient été oubliés. En faisant une « map » comme ça, les endroits où l'argent était, eh bien on pouvait dire « Oh, eux, cette région-là a pas été rejointe, d'ailleurs ils nous avaient envoyé un courriel » ou peu importe. 84 % de l'argent qui a été distribuée aux 500 organismes à travers le pays a été pour l'achat de nourriture. Et de la nourriture qui était de meilleure qualité, et de la nourriture qui était… Aussi, quand on parle des Premières Nations, adapté aussi à leur réalité à eux-autre. Le reste a été pour du transport ou certains frais d'administration pour ces petites organisations-là à travers le pays.
Sara : Est-ce qu'il y a quelque chose que vous aimeriez souligner de la réponse fédérale?
Daniel : Les fonctionnaires nous ont gardé au courant, nous ont demandé comment on pourrait faire ça, et ils ont réagi rapidement. Ils ont réussi à le faire, même-moi mon coup de cœur c'est les fonctionnaires, sans aucun doute.
Sara : En leur nom, merci beaucoup. Avez-vous des exemples d'anecdotes qui vous ont été racontées et dont vous êtes particulièrement fier?
Daniel : Mon équipe en fait, je dois leur donner le crédit. On est resté près de ces organisations-là, on leur a posé beaucoup de questions à savoir qu'est-ce que ça a aidé le plus. Bien, le fardeau fiscal des familles a été soulagé. Le stress aussi a été soulagé. Et aussi d'acheter de la nourriture… d'avoir accès à de la nourriture saine comme on a mentionné un peu plus. Et une amélioration du bien-être en général de ces familles-là. On a eu tellement de beaux témoignages qu'on a partagés avec nos partenaires et au gouvernements aussi. Des histoires qui sont touchantes compte tenu que c'est pas comme si ça fait 25 ans qu'on vit ce qu'on vit tout le monde comme pays, et comme planète. J'étais très fier, je l'étais déjà, mais je suis encore plus fier d'être Canadien aujourd'hui.
Sara : Merci d'avoir pris le temps de nous parler aujourd'hui, monsieur Germain, et merci pour le travail que votre organisation fait au jour le jour. Il y a d'autres histoires comme celles-là dans notre secteur agricole et agroalimentaire sur la réponse à la Covide-19.
Kirk : Nous couvrirons ces histoires au fur et à mesure dans les semaines et mois à venir. Avec des histoires d'innovations dans notre secteur aussi. C'est une période difficile, et c'est maintenant que nous devons être créatifs, rapides et collaboratifs.
Sara : En attendant, prenons un moment pour remercier tous ceux qui travaillent en première ligne pour aider ceux qui en ont le plus besoin.
Kirk : Et garderons une attitude positive. On peut aussi agir là où on est capable, on va passer au travers ensemble.
Sara : Ce balado est une production d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.