Leçons tirées des années de sécheresse 2001 et 2002 au Canada

Rapport de synthèse

Sommaire

La sécheresse est l'un des plus importants fléaux naturels au monde. Elle a des conséquences considérables sur l'économie, l'environnement, la santé et la société. La sécheresse qui a frappé le Canada au cours des années 2001 et 2002 ne faisait pas exception à la règle, affectant de vastes régions pendant de longues périodes et entraînant des conditions climatiques qu'on n'avait pas vues depuis au moins un siècle dans certaines régions.

En général, les sécheresses au Canada ne frappent qu'une ou deux régions, sont d'une durée relativement courte (une ou deux saisons) et influent uniquement sur quelques secteurs de l'économie. Les années de sécheresse de 2001 et 2002, par contre, ont eu des effets dévastateurs sur de nombreux secteurs de l'économie. Elles ont posé des problèmes d'adaptation considérables et ont brisé tous les records. Pour la première fois depuis qu'on enregistre les périodes de sécheresse au Canada, on a connu, en 2001 et 2002, une sécheresse s'étendant d'un océan à l'autre et frappant des régions peu habitués à ce genre de phénomène, notamment certaines régions de l'Est du Canada et de la partie agricole du nord des Prairies. Mais la sécheresse a été plus durement ressentie dans l'ouest du pays, surtout dans les provinces de la Saskatchewan et de l'Alberta.

Les répercussions ont été spectaculaires :

  • La chute de la production agricole a été estimée à 3,6 milliards de dollars pour les années de sécheresse 2001 et 2002, celle de 2002 - qui se chiffre à 2 milliards de dollars - étant la plus importante.
  • Le produit national brut a diminué de 5,8 milliards de dollars pour 2001 et 2002, la plus forte baisse - plus de 3,6 milliards de dollars - ayant été enregistrée en 2002.
  • Plus de 41 000 emplois ont été perdus, dont près de 24 000 en 2002.
  • Pour la première fois en 25 ans, plusieurs provinces ont enregistré des revenus agricoles nets négatifs ou nuls. En effet, le revenu agricole net de l'Île-du-Prince-Édouard a été négatif en 2001, comme cela a été le cas en Saskatchewan en 2002. L'Alberta a quant à elle enregistré un revenu agricole net nul en 2002.
  • Des pertes catastrophiques ont affecté une vaste gamme de cultures agricoles d'un océan à l'autre, plus particulièrement en 2001.
  • La production animale a été particulièrement difficile étant donné la rareté généralisée de la nourriture et de l'eau. Certains stocks de bétail ont même chuté, particulièrement en Alberta.
  • Les approvisionnements en eau, auparavant fiables, ont été durement touchés, et plusieurs d'entre eux ne répondaient plus aux exigences. Les approvisionnements en eau affectés comprenaient les eaux de surface telles que les cours d'eau, les milieux humides et les mares-réservoirs, les réservoirs et les eaux souterraines. De très nombreuses mesures d'adaptation ont également été profondément affectées.
  • De nombreux secteurs d'activités ont ressenti les effets de la sécheresse des années 2001 et 2002, contrairement aux sécheresses antérieures qui ne s'étaient répercutées que sur un ou quelques secteurs seulement. Des répercussions se sont ainsi fait sentir dans des secteurs d'activités aussi diversifiés que la production agricole, la transformation de produits agricoles, les approvisionnements en eau, les loisirs, le tourisme, la santé, la production d'hydroélectricité, les transports et l'industrie forestière.
  • Ces périodes de sécheresse ont eu des effets persistants, comme la dégradation du sol et d'autres dommages causés par l'érosion éolienne, la détérioration des surfaces pastorales et la diminution des troupeaux. Le rétablissement de certains de ces systèmes peut s'échelonner sur des décennies, voire plus encore.
  • Plusieurs mesures et programmes de protection du revenu mis en place par l'État ont partiellement contrebalancé les effets socio-économiques négatifs de la sécheresse des années 2001 et 2002. Ainsi, les paiements d'assurance-récolte ont atteint des sommets durant ces années, plus particulièrement en Saskatchewan et en Alberta. La Saskatchewan a en effet enregistré une importante hausse de ces paiements, lesquels sont passés de 331 millions de dollars en 2001 à 1,1 milliard de dollars l'année suivante. En Alberta, les paiements d'assurance-récolte ont bondi de 274 millions de dollars en 2001 à 790 millions de dollars en 2002.

Bien que les sécheresses de 2001 et de 2002 auraient probablement été pires n'eût été des leçons tirées des sécheresses antérieures, des recommandations visant un certains nombre de secteurs ont été formulées :

  • Plusieurs mesures d'adaptation ont été proposées et essayées, mais beaucoup d'entre elles étaient coûteuses et éprouvantes. Il s'est avéré que bon nombre ne pouvait contrer les effets de sécheresses persistantes aussi intenses et étendues, révélant ainsi la vulnérabilité du Canada face à des phénomènes de cette ampleur.
  • L'érosion éolienne et les tempêtes de poussière ont posé de sérieux problèmes, aux printemps 2001 et 2002, en particulier en Alberta et en Saskatchewan. La poussière chassée par le vent a provoqué des accidents de circulation dans les Prairies et elle a entraîné quelques décès. La surveillance de l'érosion éolienne et des tempêtes de poussière - nécessaire si l'on veut juger de l'efficacité des mesures d'adaptation - n'existe pas actuellement, ce qui ne fait qu'augmenter les risques.
  • On comprend mal les facteurs déterminants de la sécheresse. Les modèles atmosphériques et océaniques de grande superficie annonciateurs des importantes sécheresses antérieures différaient nettement de ceux qui ont précédé les sécheresses récentes. Cette constatation donne à penser qu'il vaudrait mieux comprendre les facteurs déterminants si l'on veut les reconnaître rapidement et devenir ainsi moins vulnérables.
  • Les risques de sécheresse sont plus importants qu'on ne l'aurait cru. En effet, les indicateurs de cette probabilité accrue comprennent les connaissances récemment acquises au sujet des grandes sécheresses décennales qui ont sévi avant 1900, les demandes croissantes de la société en matière d'eau et de production alimentaire, la compréhension préliminaire des facteurs qui causent les sécheresses et les changements climatiques. Des données indiquent d'ailleurs que les sécheresses risquent de s'aggraver en raison des changements climatiques, ce qui exigera une capacité d'adaptation beaucoup plus grande dans tous les secteurs d'activités.
  • La surveillance de la sécheresse, l'évaluation de ses causes et de ses effets, et la recherche portant sur les mesures d'adaptation et sur notre vulnérabilité nécessitent de la coordination, des ressources et de l'expertise. Il faudrait, pour répondre à ces besoins urgents, créer un réseau national d'adaptation à la sécheresse (RAS).

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