La sécheresse augmente les problèmes d'érosion

Plusieurs récoltes ont été perdues dans les régions de l'Alberta et de la Saskatchewan frappées par la sécheresse. Par conséquent, plusieurs champs se retrouveront avec peu de résidus de culture, ce qui fera craindre encore davantage une augmentation de l'érosion éolienne et hydrique.

L'érosion diminue la productivité du sol à cause de la perte de nutriments pour les plantes et de la dégradation de la structure du sol. Il a été démontré que la perte d'un pouce de terre arable réduit le rendement du blé d'environ 3,5 boisseaux/acre/pouce de terre arable. L'érosion du sol pollue également l'air et l'eau par des particules de terre ainsi que par les nutriments et les pesticides qu'elles contiennent.

Avec le temps et pourvu qu'il n'y ait pas davantage d'érosion, le sol peut de reconstituer à un rythme d'environ un pouce tous les 30 ans. À mois que l'on ne contrôle l'érosion, la perte de la couche de terre arable entraînera une diminution permanente du potentiel de rendement qui ne peut être rétablie que partiellement par des apports importants d'engrais ou de fumier.

Les cultivateurs des Prairies dépendent presque exclusivement des résidus de culture pour contrôler l'érosion. La quantité de paille requise pour maintenir le sol en place varie selon plusieurs facteurs, y compris les conditions météorologiques, le type de sol et la topographie. Une bonne règle consiste à maintenir en tout temps sur la surface du sol au moins 1 000 livres de paille céréalière par acre pour contrôler l'érosion. Les résidus des légumineuses et d'oléagineux sont moins efficaces que la paille céréalière dans le contrôle de l'érosion, alors que les résidus verticaux offrent un meilleur contrôle que la paille couchée. Malheureusement, la production de paille peut être très réduite au cours d'une sécheresse et tout travail du sol ne fait alors qu'enterrer ou aplatir les résidus, ce qui augmente le risque d'érosion.

Les systèmes de semis directs offrent généralement la possibilité de réduire l'érosion d'une façon significative en perturbant moins les résidus et les éléments que le sol retient d'année en année. Toutefois, en raison à la fois des sécheresses de 2001 et de 2002, et du recours à des récoltes de légumineuses et d'oléagineux à faible niveau de résidus, les niveaux de résidus ont diminué dans plusieurs champs.

Lorsqu'il n'y a que très peu de résidus de récoltes et qu'aucune autre pratique de conservation n'est utilisée, les conditions du sol déterminent le montant d'érosion qui survient durant un orage ou un phénomène entraînant le ruissellement des eaux. Les types de sols qui ont tendance à former une croûte et à laisser beaucoup de mottes en surface, tels que plusieurs sols de loam ou de loam argileux, sont moins vulnérables à l'érosion éolienne. Le loam et le loam argileux résistent également assez bien à l'érosion hydrique.

Les sols de terre argileuse ont souvent suffisamment de mottes pour résister à l'érosion éolienne, mais les agrégats en surface peuvent se séparer au cours de l'hiver, les rendant très vulnérables à l'érosion pendant des hivers doux et les printemps suivants. L'infiltration de l'eau dans les sols d'argile peut se faire lentement sous certaines conditions, entraînant de l'érosion hydrique lorsque le volume de ruissellement est important.

Les sols sablonneux sont les plus vulnérables à l'érosion vu qu'il ne s'y forme pas de gros agrégats. Puisque les sols sablonneux offrent une faible capacité de rétention d'eau, ils tendent à être sensibles aux sécheresses et ils seront mieux gérés par le recours à la culture fourragère permanente, particulièrement dans les zones de sol brun et de sol brun foncé.

Heureusement, la plus grande partie des Prairies a un sol loameux, ce qui réduira le degré et la sévérité de l'érosion au cours des mois à venir. Bien que les sols loameux s'érodent eux aussi à la suite de phénomènes météorologiques sévères, en général ils perdent beaucoup moins de particules de terre que l'argile ou les sols sablonneux dans les mêmes conditions météorologiques.

Que pouvons-nous donc faire pour contrôler l'érosion? D'abord, laisser le plus de résidus possible sur les champs affectés par une sécheresse, surtout sur les sols sablonneux et argileux. Ce conseil s'applique particulièrement aux canaux de ruissellement qui peuvent s'éroder. Lorsque vous effectuez le moissonnage-battage, laissez la plus grande quantité possible de paille debout. Dans le cas de récoltes où le rendement a été faible, laissez des bandes non récoltées d'un ou deux mètres perpendiculaires à la direction des vents érosifs afin de ralentir le vent et de piéger la neige. Essayez d'éviter de labourer tant à l'automne qu'au printemps afin d'accorder au sol la meilleure protection possible. Laissez les mauvaises herbes pousser le plus possible avant d'arroser pour développer une couverture sur le sol.

Si des champs en chaume ou des champs où la récolte a été pauvre doivent servir au pâturage, assurez-vous que vous utilisez une faible charge de bétail et essayez d'éviter de mettre du bétail là où le sol est sablonneux. Conduisez le moins possible de véhicules et limitez la forte circulation du bétail surtout sur les sols argileux afin d'éviter la décomposition des agrégats du sol. Envisagez la possibilité de semer une culture de couverture pour contrôler l'érosion.

Il arrive que la seule façon pratique de contrôler l'érosion éolienne soit un labourage d'urgence pour ramener à la surface de grosses mottes de terre. Soyez prêts à intervenir rapidement si les fossés en bordure des routes se remplissent de poussière de terre et ce afin de minimiser la pollution et le dommage du sol.

Étant donné que la sécheresse est un phénomène brutal qui survient périodiquement dans les Prairies, examinez la possibilité de planter des arbres comme brise-vent et des herbacées vivaces pour faire obstacle à l'érosion éolienne. Ces pratiques exigent que l'on fasse des compromis en matière de largeur d'équipement et d'utilisation d'herbicides et que l'on fasse preuve de souplesse dans le travail de labourage. Toutefois, elles offriront un bon contrôle de l'érosion en cas de mauvaises récoltes et, de façon générale, elles piégeront davantage de neige, ce qui améliorera le rendement des récoltes à venir.