Broyeur de pyrales du maïs dans les pommes de terre

Appareil pour lutter contre la pyrale du maïs dans les pommes de terre

La population de pyrales du maïs a régulièrement augmenté au cours des dix dernières années et elle cause désormais des dommages considérables aux pommes de terre à l'Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Les dommages augmentent également au Québec. Les infestations graves peuvent provoquer la baisse des rendements, car les larves de pyrale du maïs percent la tige des plants de pomme de terre et se nourrissent du tissu interne, ce qui restreint le flux d'eau et de nutriments aux principales parties de la plante qui pousse. Il est très difficile de lutter contre cet insecte, car, une fois que les larves éclosent et pénètrent dans la tige, elles sont protégées contre la pulvérisation d'insecticides.

Les chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada, à Charlottetown, ont conçu un appareil mécanique qui broie les tiges des plants de pomme de terre et les larves de pyrale du maïs qui s'y cachent lors de la récolte des pommes de terre. Les producteurs de pommes de terre peuvent utiliser le broyeur peu onéreux pour faire baisser la population de pyrales du maïs et leurs coûts d'exploitation en réduisant la nécessité de pulvériser leurs cultures aussi fréquemment. Ce projet s'inscrit dans une stratégie nationale visant à réduire l'utilisation de pesticides chimiques et à élaborer des options de lutte dirigée de rechange, qui présentent moins de risques, cette stratégie est financée par l'entremise du Centre de la lutte antiparasitaire.

Pyrale du maïs

Les adultes de la pyrale du maïs arrivent entre le début et le milieu de l'été et pondent leurs oeufs sur les tiges et en dessous des feuilles des plants de pomme de terre. Les oeufs éclosent au bout d'une semaine et, à mesure qu'elles se nourrissent, les larves percent la tige en y faisant des tunnels. Les trous et les tunnels percés par les larves affaiblissent la tige qui peut être brisée par le vent, font office de points d'entrée d'organismes pathogènes et restreignent également le flux de nutriments. La principale méthode de lutte contre cet organisme nuisible consiste à appliquer à un moment très précis un pesticide destiné à tuer les larves qui éclosent. Toutefois, le temps défavorable limite souvent l'application opportune de l'insecticide, ce qui ne permet pas d'éliminer un grand nombre de larves. Dès qu'une larve est entrée dans la tige, elle est protégée contre la pulvérisation d'insecticides et il est difficile de l'éliminer. Les pyrales du maïs passent l'hiver sous forme de larves dans les tiges des plants de pomme de terre que l'on jette après la récolte. La lutte contre ces larves d'hiver diminuerait la population colonisatrice l'année suivante.

Broyeur de pyrales du maïs

Fig. 1. Broyeur de pyrales du maïs.

La description de cette image suit.

Les chercheurs d'Agriculture et Agroalimentaire Canada à Charlottetown ont inventé un appareil appelé « broyeur de pyrales du maïs », afin de lutter contre les larves d'hiver de l'insecte (figure 1). Cet appareil se fixe à l'arrière de l'arracheuse de pommes de terre, permettant simultanément à l'agriculteur de récolter les tubercules, de tuer la pyrale du maïs et d'éliminer la nécessité de labourer le champ afin de lutter contre cet organisme nuisible.

Fig. 2. Broyeur de pyrales du maïs fixé à l'arrière d'une arracheuse de pommes de terre.

La description de cette image suit.
Description - Fig. 2

Vues du broyeur de pyrales du maïs, composé de deux brosses et de deux rouleaux métalliques fixés en dessous du transporteur à courroie. Deux ressorts ultra résistants situés de chaque côté des rouleaux maintiennent la tension entre ceux-ci et leur permettent de s'écarter si une roche tombe sur eux. Deux moteurs, visibles derrière les rouleaux, sont branchés au système hydraulique du tracteur et font tourner les rouleaux. Pour finir, une vue arrière du broyeur de pyrales du maïs, où les tiges broyées tombent des rouleaux sur le sol.

Le « broyeur de pyrales du maïs » (figure 2) consiste en deux brosses et en deux rouleaux en métal fixés juste en dessous du tapis roulant utilisé pour jeter les tiges de plants de pomme de terre. Deux ressorts ultra résistants aux deux bouts des rouleaux maintiennent la tension entre eux et permettent à ceux-ci de s'écarter si une roche tombe sur eux. Deux moteurs branchés au système hydraulique du tracteur font tourner les rouleaux.

Fig. 3. Pyrale du maïs écrasée.

La description de cette image précéde.

Lorsque les tiges tombent du tapis roulant, elles sont orientées vers les deux rouleaux et passent entre eux avant de tomber sur le sol. La tension entre les rouleaux est réglée de façon à broyer les tiges et, du même coup, écraser ou tuer les larves de pyrale du maïs qui s'y trouvent (figure 3). Un espace entre la brosse et le tapis roulant permet aux roches de tomber au sol, car elles sont plus lourdes que les tiges, et les poils de la brosse ramassent ces dernières pour les orienter vers les rouleaux.

Le broyeur a été spécialement conçu pour pouvoir être construit et fixé à des arracheuses de pommes de terre de diverses tailles. Toutes les pièces nécessaires à la construction de cet appareil peuvent être facilement achetées dans la longueur et la taille requises pour être adaptées à ces arracheuses.

Résultats des tests

Test de l'efficacité : Des essais sur le terrain ont été réalisés à l'Île-du-Prince-Édouard sur deux variétés de pomme de terre (soit la Russet Burbank et la Kennebec) en 2005. Les tiges des plants de pomme de terre ont été broyées pendant la récolte des tubercules. Les tiges broyées ont été ramassées et rapportées au laboratoire où elles ont été ouvertes en longueur. Ensuite, toutes les larves broyées et non broyées ont été comptées. Les résultats ont indiqué qu'entre 80 et 88 % des larves qui se trouvaient dans les tiges avaient été tuées (tableau 1). On a constaté que plusieurs des larves qui n'avaient pas été broyées et tuées étaient blessées. Même si quelques larves étaient vivantes lorsque les tiges ont été broyées, elles n'auraient peut-être pas survécu à l'hiver.

Tableau 1. Pourcentage de larves broyées trouvées dans les tiges passées dans le broyeur de pyrales du maïs
Variété Russet Burbank %
larves broyées
Kennebec %
larves broyées
Test 1 79,8 87,0
Test 2 81,3 89,5

Émergence des adultes : L'efficacité du broyeur a également été vérifiée en déterminant le nombre de larves de pyrale du maïs qui survivent à l'hiver dans les tiges broyées. Lorsque les tiges passent entre les rouleaux du broyeur, elles se fendent, exposant ainsi davantage toute larve survivante aux prédateurs et aux températures froides hivernales, en comparaison avec les larves qui se trouvent dans des tiges intactes. Les tiges broyées et non broyées de 185 plants de Russet Burbank et de 200 plants de Kennebec ont été ramassées et placées dans le champ pendant les mois d'hiver. Au début de juin, elles ont été placées séparément dans des cages sur le terrain. Le nombre d'adultes éclos de ces tiges a été noté. Les résultats pour les cvs. Russet Burbank et Kennebec indiquent que 311 et 66 adultes ont respectivement émergés des tiges non broyées tandis que trois et quatre adultes ont émergés des tiges broyées. Ainsi, nous avons constaté un taux de mortalité de 99 % dans les tiges broyées des plants de Russet Burbank et de 94 % dans celles des plants de Kennebec, en comparaison avec les tiges non broyées (tableau 2).

Tableau 2.1 Nombre d'adultes qui ont émergés des tiges broyées et non broyées après avoir passé l'hiver dans le champ - Russet Burbank
Tiges non broyées
Mâles
Tiges non broyées
Femelles
Tiges broyées
Mâles
Tiges broyées
Femelles
158 153 0 3
311 3
Mortalité : 99 %

Tableau 2.2 Nombre d'adultes qui ont émergés des tiges broyées et non broyées après avoir passé l'hiver dans le champ - Kennebec
Tiges non broyées
Mâles
Tiges non broyées
Femelles
Tiges broyées
Mâles
Tiges broyées
Femelles
39 27 4 0
66 4
Mortalité : 94 %

Conclusions

En nous fondant sur les résultats obtenus, nous pouvons conclure que le broyeur s'est révélé très efficace pour lutter contre les larves de pyrale du maïs qui passent l'hiver dans les tiges de plants de pomme de terre jetées. Grâce à la souplesse de sa conception, cet appareil peut être facilement construit et fixé à n'importe quelle arracheuse de pommes de terre. En outre, il permet à un producteur de récolter ses pommes de terre et de lutter contre la pyrale du maïs simultanément, éliminant ainsi la nécessité de travailler de nouveau le champ pour éliminer cet insecte. La réduction des populations d'hiver réduira la population colonisatrice l'année suivante et aidera ainsi les producteurs de pommes de terre à réduire le nombre de pulvérisations insecticides et leurs frais d'exploitation.

Remerciements

Ce projet de recherche a reçu l'appui financier du Programme de réduction des risques liés aux pesticides du Centre de la lutte antiparasitaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec : Madame Christine Noronha, Ph. D.