Évaluation du Munger Vinegar Plus contre les cypéracées et les joncacées dans les cultures de canneberge

Code du projet: BPR12-010

Chef de projet

Nancy Cain - Cain Vegetation Incorporated, Ontario
Jim Jotcham - Marbicon Incorporated, Nouvelle-Écosse

Objectif

Produire des données sur l’efficacité du produit et la tolérance des plantes traitées, à l’appui d’une demande d’homologation relative au Munger Vinegar Plus contre les cypéracées et les joncacées dans les cultures de canneberge

Sommaire de résultats

Contexte

Au Canada, environ 79 000 tonnes métriques de canneberges sont produites chaque année, pour un prix à la ferme évalué à 73,5 millions de dollars. L’effet des mauvaises herbes sur le rendement et la qualité de la canneberge préoccupe grandement les producteurs au Canada. Dans le cadre de l’Atelier sur l’établissement des priorités en matière de biopesticides de 2011, les producteurs canadiens ont retenu le vinaigre horticole Plus de Munger (MHVP), mis au point par l’entreprise Munger Lawnscape Distribution Incorporated, comme solution prioritaire contre les mauvaises herbes dans les cultures de canneberge, dans une optique de réduction des risques associés aux herbicides et de mise au point de stratégies de lutte intégrée à risque réduit.

Le MHVP (20 % d’acide acétique) est un herbicide foliaire de postlevée. Il est non sélectif à l’égard des plantes à feuilles vertes et n’a pas d’effet résiduel dans le sol. L’acide acétique, principe actif du MHVP, endommage les tissus des végétaux, qui finissent par sécher.

Approches

En 2013, nous avons réalisé deux essais au champ visant à évaluer l’efficacité du produit contre les Cypéracées dans des cannebergières d’Ontario et de Nouvelle-Écosse. Dans le cadre des essais, nous avons réalisé des traitements foliaires de MHVP, à des concentrations de 3 et 6 % volume par volume (v/v), et des injections du produit dans le sol, à des concentrations de 6 et 9 % (v/v). Le volume appliqué variait entre 1500 et 2000 Litres par hectare (L/ha). Les applications ont été réalisées le 23 juin et le 31 juillet en Ontario et le 6 juin et le 6 août en Nouvelle-Écosse. De l’eau a été appliquée comme traitement témoin, et le Callisto (mésotrione), comme traitement commercial courant, selon la même fréquence et les mêmes modes d’application que le MHVP.

L’efficacité du MHVP a été évaluée en fonction du pourcentage de mauvaises herbes éliminées, sur une échelle de 0 à 100 % où 0 % signifie qu’aucune mauvaise herbe n’a été tuée et 100 % signifie que toutes les mauvaises herbes ont été tuées.

Pour chacun des deux types de traitement (application foliaire ou injection), nous avons mesuré de façon visuelle l’effet toxique du MHVP sur les plants de canneberge, en fonction du pourcentage de feuilles et de tissus verts présentant des nécroses ou ayant changé de couleur.

Résultats

L’efficacité du MHVP a été évaluée chaque semaine, à partir de la semaine suivant le premier traitement.

Les données recueilles montrent que les applications foliaires et l’injection dans le sol de MHVP ont eu une efficacité variable contre les mauvaises herbes d’une province à l’autre. En Nouvelle-Écosse, aucun des deux types de traitements ne s’est révélé efficace, le pourcentage de mauvaises herbes éliminées ayant été inférieur à 30 % dans les deux cas. Toutefois, en Ontario, le traitement foliaire à une concentration de 3 % a eu une efficacité de 65 % contre les Cypéracées, et le traitement foliaire à une concentration de 6 % a eu une efficacité de 50 %. L’injection dans le sol du produit à une concentration de 6 % avait permis l’élimination de 59 à 66 % des mauvaises herbes 3 semaines après la première injection et de 97 % des mauvaises herbes après la deuxième injection. L’augmentation de la concentration du produit augmentait son efficacité. À une concentration de 9 %, le produit avait permis l’élimination de 71 % des mauvaises herbes après la première injection et de 94 % à la fin de l’étude, après la deuxième injection.

Selon les données recueillies en Nouvelle-Écosse et en Ontario concernant la tolérance des plantes cultivées, les traitements de MHVP, peu importe la concentration et le mode d’application, ont causé de graves dommages localisés aux plants de canneberge comparativement au traitement témoin. De façon générale, les dommages localisés augmentaient avec l’augmentation de la concentration du MHVP. Ces graves dommages causés par les deux types de traitements ont entraîné une diminution du rendement en canneberges, et le rendement diminuait avec l’augmentation de la concentration.

Conclusion

Le MHVP, appliqué sur les feuilles ou injecté dans le sol, a permis une élimination significative des Cypéracées dans les cannebergières. Toutefois, les deux méthodes d’application ont considérablement endommagé les plants de canneberge et ont ainsi causé une diminution du rendement. Les résultats de la présente étude semblent indiquer que, pour l’élimination des Cypéracées, le MHVP devrait être utilisé de façon localisée, à une concentration de 6 % en traitement foliaire ou de 9 % en injection dans le sol, et il ne devrait pas entrer en contact avec les plants de canneberge, y compris leur système racinaire. Ce mode d’emploi conviendrait pour l’élimination des mauvaises herbes dans les exploitations classiques et les exploitations biologiques. En outre, le produit pourrait être appliqué à la volée, à des concentrations élevées, pour éliminer les Cypéracées avant l’établissement des nouvelles cannebergières.