Lutte biologique contre les insectes nuisibles des sols pour les plantes de grande culture

Code de Projet BPI08-010

Chef de projet

Peggy Dixon - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Évaluer l'efficacité des agents fongiques de lutte biologique contre plusieurs insectes terrestres nuisibles, déterminer les facteurs économiques et le potentiel de réduction des risques d'un régime de lutte biologique et d'un programme de lutte intégrée incluant les pathogènes fongiques dans la lutte aux ravageurs, et demander l'extension du profil d'emploi ou l'homologation des agents prometteurs

Sommaire des résultats

Contexte

Les insectes ravageurs vivant dans le sol, comme la mouche du chou (Delia radicum; Diptera: Anthomyiidae) et le complexe de la mouche des semis (Delia platura et Delia florilega; Diptera: Anthomyiidae), peuvent causer des dommages considérables aux cultures dans l’ensemble du Canada. Parmi les cultures touchées, on compte des plantes cultivées sur de vastes superficies, comme le canola, et des légumes du genre Brassica de grande valeur, comme le brocoli, le chou-fleur et le rutabaga. Les méthodes de lutte classiques sont peu efficaces contre les insectes du sol. Les agents chimiques habituels ne sont pas efficaces contre les individus juvéniles présents dans le sol, car ils ont une faible capacité de pénétration dans la couche superficielle du sol, de sorte que les concentrations de matière active sont insuffisantes. D’autres agents, comme les fumigants, sont efficaces mais comportent des risques pour l’environnement et la santé humaine. En outre, plusieurs produits antiparasitaires ont subi une réévaluation et sont progressivement retirés du marché. Ainsi, il est urgent de trouver de nouvelles méthodes de lutte intégrée contre ces ravageurs. Nous avons évalué diverses méthodes intégrées dans le cadre du projet PRR06-690 et avons trouvé des champignons entomopathogènes qui pouvaient constituer une solution dans le cadre d’une stratégie de lutte intégrée. Ces champignons ont permis de progressivement réduire les populations d’insectes ravageurs dans le sol grâce aux interactions hôte-pathogène naturelles; ils constituent donc une solution efficace et durable.

Le présent projet visait principalement à évaluer l’effet sur la mouche du chou (Delia radicum) et la mouche des semis (Delia platura) de biopesticides disponibles sur le marché qui sont homologués au Canada ou ailleurs dans le monde contre d’autres insectes, en vue de trouver des candidats prometteurs contre ces deux espèces de mouches difficiles à éliminer.

Approche

Les essais visant à évaluer l’efficacité des produits comportaient deux étapes : l’effet in vitro de divers produits a été évalué en laboratoire, puis les produits les plus prometteurs ont été soumis à des essais avec plantes en pots.

Six produits ou formulations entomopathogènes ont été évalués dans le cadre des épreuves de la phase 1. Au départ, l’épreuve consistait à immerger des larves du deuxième stade dans une solution de spores, puis à les placer sur du sable stérile dans des boîtes de Pétri contenant du rutabaga comme source de nourriture. Toutefois, cette méthode s’est révélée problématique; nous l’avons donc remplacée par une technique de bassinage du sol, qui consistait à appliquer des solutions de spores à une surface de sable stérile dans des gobelets de plastique, puis à y placer des larves du deuxième stade et des cubes de rutabaga. En outre, nous avons soumis des larves de mouche du chou du deuxième stade à des essais de réaction à la dose et avons mené une étude distincte visant les individus adultes de la même espèce.

Les essais avec plantes en pots ont été réalisés en serre : nous avons semé du chou-fleur dans des pots qui contenaient du sol tamisé non stérilisé provenant d’un champ. Nous avons évalué les effets des deux produits les plus prometteurs, tous deux à base de la souche F52 du Metarhizium anisopliae, champignon entomopathogène, contre les œufs et les larves du premier stade de la mouche du chou (aucune mouche du semis n’était disponible au moment de ces essais). Nous avons recueilli des données sur le taux de rétablissement des larves dans les pots, le taux de dommages des racines et le poids sec du chou-fleur.

Résultats

Au total, 1 980 larves, 1 600 œufs et 90 adultes de Delia spp. ont été soumis à des essais d’immersion, de bassinage et de pulvérisation ainsi qu’à des essais avec plantes en pots.

Dans le cadre de l’essai de bassinage en laboratoire, une des formulations de Met 52 a entraîné la mort d’environ 40 % des larves de D. radicum et d’environ 32 % des larves de D. platura avec une dose de 1 × 106 (colony forming units) cfu par gramme de sol et de 70 % des larves avec une dose de 1 × 107 ufc par gramme de sol. Les autres produits ont entraîné de faibles taux de mortalité. En raison de problèmes d’ordre méthodologique, les résultats des essais avec plantes en pots ont été très variables, et les taux de rétablissement des larves ont été très faibles. Il est donc impossible de tirer des conclusions concernant l’efficacité des produits mis à l’essai.

Les résultats les plus prometteurs observés dans le cadre de la présente étude sont ceux obtenus avec la souche F52 du M. anisopliae, qui a entraîné une mortalité de 70 % chez le D. radicum dans le cadre de l’essai de bassinage.

Depuis la fin du présent projet, le détenteur de l’homologation de la souche F52 du M. anisopliae a mis au point une formulation liquide améliorée et obtenu une homologation pour ce produit.

Étant donné que cette souche est très prometteuse pour la lutte biologique, il pourrait être judicieux d’évaluer ce nouveau produit dans le cadre de futurs essais au champ ou d’un projet visant à créer une méthode de lutte intégrée contre la mouche du chou combinant un certain nombre d’outils ou d’approches.