Lutte dirigée contre l’hoplocampe du pommier (Hoplocampa testudinea) au moyen d’une guêpe parasite (Lathrolestes ensator), au Canada

Code de projet : PRR10-060

Chef de projet

Charles Vincent - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

  • Déterminer si la guêpe parasite Lathrolestes ensator est sensible aux pesticides couramment utilisés dans les vergers conventionnels et établir son potentiel en tant qu’agent de lutte biologique
  • Disséminer le parasitoïde dans trois vergers peu traités où la présence de l’hoplocampe du pommier est établie
  • Formuler des recommandations pour l’intégration de L. ensator à une lutte intégrée contre l’hoplocampe du pommier dans les vergers qui favorise la survie et l’activité du parasitoïde

Sommaire de résultats

Contexte

L’hoplocampe du pommier est un insecte ravageur qui a été introduit par accident en Amérique du Nord à la fin des années 1930. Il est maintenant bien établi dans le sud ouest du Québec, dans l’est de l’Ontario, en Nouvelle­ Écosse et dans certaines parties du Nouveau­Brunswick. Ses larves se nourrissent dans les pommes tôt en saison, ce qui provoque la formation de cicatrices en forme de ruban sur les fruits à la récolte. Les larves peuvent aussi creuser des galeries jusqu’au cœur de la pomme, et créer un grand trou de sortie où elles laissant des sciures et des excréments. Le fruit qui présente ce second type de dommages tombe habituellement en juin. Les larves peuvent endommager plus d’un fruit par grappe.

Au début du présent projet, la lutte contre l’hoplocampe se faisait au moyen d’applications d’insecticides avant la floraison afin de contrôler d’autres insectes ravageurs printaniers, et par des applications ponctuelles après la floraison d’azinphos-méthyl (AZM), un insecticide organophosphoré. À l’époque, l’AZM était le seul produit homologué contre l’hoplocampe, et son retrait du marché était prévu pour la fin de 2012. Avec la perte attendue de ce produit, il fallait trouver d’autres moyens de lutte utilisables dans les vergers conventionnels et biologiques. Le présent projet a été lancé dans le cadre de la Stratégie nationale de réduction des risques liés à l’utilisation des pesticides organophosphorés dans les vergers de fruits à pépins d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC).

La guêpe parasitoïde Lathrolestes ensator (famille des Ichneumonidae) s’attaque spécifiquement à l’hoplocampe du pommier. Elle a été importée d’Europe et relâchée dans des vergers de 1995 à 1999. Elle a réussi à s’établir dans des vergers peu traités de la station de recherche d’AAC à Frelighsburg au Québec. Selon les observations, elle peut parasiter jusqu’à 64 % des larves des populations d’hoplocampes. À l’instar de son hôte, la guêpe est univoltine et passe par une diapause obligatoire. L’émergence des adultes se produit en juin, peu de temps après le stade nouaison des pommiers. Pour établir le potentiel de la guêpe en tant qu’agent de lutte biologique, il fallait faire d’autres études pour déterminer la sensibilité du parasitoïde aux insecticides utilisés dans les programmes de lutte conventionnels et savoir de quelle manière on pourrait l’intégrer efficacement aux programmes de lutte intégrée.

Approche

On s’est approvisionné en parasitoïdes dans deux vergers sources de la station de recherche d’AAC à Frelighsburg (Québec) pour implanter la guêpe dans d’autres vergers et réaliser des études en laboratoire. On a recueilli les parasitoïdes dans des jeunes pommes infestées de larves d’hoplocampes parasitées. C’était la meilleure façon de manipuler les parasitoïdes pour limiter leur mortalité durant leur transfert ainsi que pour synchroniser l’émergence du parasitoïde avec celle de son hôte l’année suivante.

On devait effectuer des tests de laboratoire en 2011 et 2012 afin d’évaluer la sensibilité du parasitoïde aux insecticides couramment utilisés dans les vergers conventionnels de l’étude. Au printemps 2010, on a cueilli dans les vergers sources de jeunes fruits qui affichaient des dommages secondaires d’hoplocampes. On a évalué le pourcentage d’hoplocampes parasités dans les jeunes fruits en disséquant jusqu’à 80 % des fruits qui avaient été placés sur un sol sableux sous les arbres d’un verger non traité de la station de Frelighsburg afin de permettre la diapause obligatoire à la fois de l’hôte et du parasitoïde au cours de l’hiver. Au printemps 2011, on a séparé les pupes parasitées du sol sableux en les tamisant, puis on les a placées sur du sable propre dans une chambre d’élevage dont les températures simulaient les conditions extérieures afin de permettre l’émergence des adultes de L. ensator. Pour les tests de sensibilité aux insecticides, on a collecté des adultes jusqu’à leur émergence et on les a mis en contact avec des résidus d’insecticides séchés à la surface interne de boîtes de Pétri. On devait effectuer des essais semblables en 2012 au moyen de jeunes fruits de la production de 2011.

En 2010, de jeunes fruits montrant des signes d’infestation d’hoplocampes, et dont les taux de parasitisme des hoplocampes étaient connus (de 24 à 80 %), ont été introduits dans chacun des trois vergers receveurs à Kentville (Nouvelle­Écosse), à Mountain (Ontario) et à Magog (Québec). On avait précédemment confirmé que les vergers receveurs étaient infestés d’hoplocampes et soumis ces vergers à des programmes de lutte à doses réduites de pesticides. En 2011, on a évalué l’établissement des parasitoïdes en disséquant 100 jeunes fruits issus des vergers receveurs. On devait aussi lâcher des insectes en 2011 et en 2012, mais on ne l’a pas fait par manque de guêpes.

Résultats

En mai 2010, la fructification des pommiers à Frelighsburg a été anormalement mauvaise en raison des gels successifs survenus au cours de la floraison. Lors des dissections de petits fruits ramassés en 2010 et 2011 dans les vergers de Mountain et Kentville, on n’a observé aucun dommage d’hoplocampes ou seulement très peu, ni la présence de parasitoïdes. Même si on n’a pas examiné de petits fruits du verger de Magog, on sait que les hoplocampes y étaient présents, car on en a trouvé sur les pièges collants.

La collecte de pupes d’hoplocampes en prévision des études en laboratoire au printemps de 2011 n’a permis d’obtenir que 10 pupes de parasitoïdes viables, nombre insuffisant pour la réalisation d’essais sur la sensibilité aux pesticides.

Malgré une fructification normale au printemps 2011, le nombre de jeunes fruits affichant des dommages d’hoplocampes dans les vergers sources a été anormalement bas. Compte tenu des faibles populations d’hoplocampes en 2011 et par conséquent de guêpes parasitoïdes associées, on a manqué de guêpes parasitoïdes à introduire dans les vergers receveurs en 2011 et pour la réalisation d’essais de laboratoire en 2012. Par conséquent, on a dû mettre un terme au projet plus tôt que prévu. Même si la station de recherche d’AAC à Frelighsburg a été fermée et que les vergers sources de ce site ne sont plus disponibles, d’autres vergers biologiques du Québec ont déjà ensemencé avec la guêpe parasitoïde dans les années antérieures au présent projet, et pourraient servir de source de parasitoïdes dans de futures études reliées à cette approche de lutte biologique prometteuse.

Depuis le lancement du présent projet, d’autres pesticides à risque réduit ont été homologués contre l’hoplocampe du pommier. Les producteurs suivent un programme de lutte intégré fondé sur la surveillance et l’utilisation de seuils d’intervention qui les aide à déterminer la nécessité d’effectuer des traitements antiparasitaires et le moment de le faire.