Lutte intégrée dans les vignobles : Modèle pour l'adoption et l'adaptation des régimes de lutte intégrée au Canada

Code de projet : PRR07-590

Chef de projet

Margaret Appleby - Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales - Ontario

Objectif

Créer et implanter un modèle de lutte intégrée pour contrôler le ver gris, la cicadelle et la tordeuse de la vigne chez le raisin, aider les producteurs de raisins à adopter le modèle de lutte intégrée et mesurer le succès de l'adoption du modèle ainsi que la réduction des risques liés aux pesticides par suite de l'utilisation de ce modèle

Sommaire de résultats

Contexte

La viticulture poursuit son essor au Canada et est en voie de devenir une culture importante pour les producteurs canadiens. Toutefois, un certain nombre d’insectes nuisibles s’attaquent à la vigne, et les producteurs disposent de seulement quelques outils de lutte chimique pour les combattre. Ce projet vise à mettre en œuvre dans la région viticole nouvellement désignée du comté de Prince Edward (CPE), en Ontario, un programme de lutte intégrée contre trois importants ravageurs de la vigne : le ver-gris, le complexe des cicadelles et la tordeuse de la vigne. Les vers-gris constituent une source de préoccupation particulière dans le CPE, car on y enfouit souvent les vignes dans le sol pour les protéger contre les rigueurs de l’hiver. Les vers-gris causent des dommages aux plants tôt en saison en se nourrissant des bourgeons en croissance. Les larves et les adultes des cicadelles se nourrissent sur la face inférieure des feuilles, endommageant celles-ci et finissant par les détruire. Les chenilles de la tordeuse de la vigne causent des ravages en se nourrissant des grappes de raisin en développement. Dans certains vignobles, ces ravageurs peuvent être présents à divers moments au cours d’une même saison.

Méthodes

Entre 2007 et 2009, des essais sur le terrain sont était effectué dans plusieurs vignobles commerciaux afin d’évaluer l’efficacité de diverses techniques de lutte intégrée contre les ravageurs ciblés en vue d’une éventuelle adoption dans les vignobles du CPE. En privilégiant une démarche de recherche participative, ces essais ont également servi de sites de démonstration faisant directement appel à la contribution des producteurs de la région pour l’évaluation des techniques de lutte intégrée.

Contre le ver-gris, on a évalué la technique des cultures pièges, déjà étudiée et appliquée avec succès dans les vignobles en Colombie Britannique. Cette technique consiste à semer, au début du printemps, du canola ou des radis comme cultures de couverture entre les rangs de vignes. Ces cultures sont destinées à attirer les chenilles pendant leur période d’alimentation active au printemps.

Contre le complexe des cicadelles, on a fait l’essai d’une stratégie alliant surveillance ciblée et utilisation de biopesticides et de diverses méthodes de lutte culturale. On a eu recours aux techniques suivantes :

  1. utilisation de pièges collants au moment du débourrement à des fins de détection de la cicadelle du raisin, de la cicadelle à trois bandes et de la cicadelle de la pomme de terre;
  2. pulvérisation de Surround (kaolinton) au lieu d’insecticides sur les pieds de vigne;
  3. nlèvement des feuilles autour des grappes de fruits.

Contre la tordeuse de la vigne, on a évalué une stratégie combinant la technique de confusion sexuelle, induite par des diffuseurs de phéromones en attaches Isomate GBM Plus installés à raison de 500 unités/hectare, et l’installation de pièges sentinelles relevés une fois par semaine à des fins de dépistage du ravageur.

On a organisé une série d’outils et de séances d’information dans le but de diffuser les résultats du projet et de communiquer aux viticulteurs du CPE les recommandations en découlant au sujet des techniques de lutte intégrée efficaces. On a également effectué un sondage auprès des viticulteurs de la région du CPE afin de cerner les pratiques couramment adoptées et d’évaluer le potentiel de l’adoption des nouvelle pratiques recommandées par ce projet.

Résultats

Les essais sur le terrain ont connu des succès divers.

Le Service national d’identification des nématodes, des arachnides et des insectes d’Agriculture et Agroalimentaire Canada a examiné les spécimens de vers-gris recueillis dans le CPE et a déterminé que l’espèce responsable des dommages était le ver-gris moissonneur (Euxoa messoria [Harris]). L’étude a révélé que, dans le CPE, les jeunes vignobles (plantés depuis deux ou trois ans) semblaient plus vulnérables aux dommages causés par le ver-gris. La stratégie de culture de couverture adoptée contre le ver-gris dans le CPE a donc été modifiée au cours des années subséquentes de l’étude pour cibler les jeunes vignobles à risque.

On a constaté que l’ensemencement de canola tôt en saison à l’aide d’un rouleau pour incorporer les graines au sol était la technique de culture piège la plus efficace pour réduire les dommages infligés aux jeunes vignes par les vers-gris. Cette méthode a également permis de réduire les dommages causés aux raisins par les altises. On a recommandé d’incorporer le canola dans le sol au terme de la période d’activité des vers-gris et avant la floraison du canola.

Le Surround s’est révélé efficace contre les cicadelles, en réduisant les dommages infligés aux vignes. On a recommandé de pulvériser ce produit avant ou immédiatement après la floraison, en deux applications à la dose maximale, afin de créer la couche de protection nécessaire, puis d’employer la dose réduite pour maintenir une couverture adéquate par la suite. L’effeuillage, technique mise au point par des chercheurs en Colombie-Britannique, s’est révélé une option de lutte peu pratique dans le CPE. Les producteurs de cette région ont préféré enlever les feuilles autour des grappes de fruits pour prévenir l’apparition de maladies après la floraison.

La technique de confusion sexuelle a conféré un certain degré de protection contre la tordeuse de la vigne dans les vignobles d’au moins 2 hectare où des diffuseurs avaient été installés tôt en saison, avant la période de vol de la première génération. Il a été recommandé, pour obtenir de bons résultats, de répartir les attaches uniformément à l’échelle du vignoble, à raison de 500 attaches/hectare.

Pour aider les producteurs à adopter des stratégies de lutte intégrée, on a préparé avec l’aide de spécialistes des bulletins d’information sur l’utilisation des techniques et pratiques de lutte intégrée. Ces documents contenaient également des recommandations adaptées à la région et fondées sur les résultats des études réalisées dans la cadre de ce projet. Ces bulletins ont été communiqués par courriel sur une base hebdomadaire à 50 à 90 producteurs et représentants de l’industrie. En outre, le groupe d’étude sur la vigne s’est réuni dix fois par année, et l’on a organisé 3 journées annuelles sur le terrain pour présenter les résultats des travaux sur la lutte intégrée réalisés dans le cadre de ce projet. D’après les sondages menés auprès des viticulteurs avant et après le projet, le nombre de producteurs de la région appliquant les méthodes de lutte intégrée recommandées semble avoir augmenté de façon.

Le projet visait également l’inclusion de la vigne dans Fruit Tracker, logiciel de tenue de dossiers mis au point pour la production des pommes et des petits fruits. Fruit Tracker est un système électronique qui permet aux producteurs de se conformer aux exigences en matière de salubrité et de traçabilité des aliments, cela grâce au stockage, au suivi et à la communication de tous les dossiers sur la production et les pratiques de lutte antiparasitaire mises en place au sein de leur exploitation agricole. On a organisé des ateliers à l’intention des producteurs pour leur présenter le logiciel et leur fournir la formation nécessaire sur son utilisation.

Pour plus de renseignements, Margaret Appleby.