Mise en place d'un nouveau biofongicide qui vise à réduire l'inoculum de la tavelure de la pomme, ouvrant ainsi la possibilité à l'utilisation d'outils nouvellement développés

Code de projet : BPI06-030

Chef de projet

Odile Carisse - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Élaborer un plan de lutte contre la tavelure du pommier qui intègre le nouvel agent microbien de lutte biologique Microsphaeropsis ochracea.

Sommaire de résultats

La tavelure de la pomme est une maladie endémique qui peut nécessiter jusqu'à 14 vaporisations de fongicides au fil de la saison, une situation qui inquiète les pomiculteurs, les travailleurs et les consommateurs. Puisque le seuil économique est bas (1 à 2 p. 100 de fruits tavelés est accepté), il est pratiquement impossible de produire des pommes sans utiliser des pesticides contre la tavelure de la pomme. Plusieurs fongicides utilisés pour combattre la tavelure ont un grand impact sur l'environnement, alors que ceux ayant un impact plus faible favorisent l'apparition d'une résistance dans la population de pathogènes et doivent être utilisés avec précaution. Malgré l'existence de plusieurs outils de gestion, il demeure très difficile de réduire le nombre de vaporisations de fongicides.

Au cours des six dernières années, le docteur Odile Carisse et son équipe de recherche ont développé un nouvel agent antiparasitaire microbien (Microsphaeropsis ochracea). Ce microorganisme a clairement démontré son aptitude à réduire l'inoculum primaire de la tavelure de la pomme. En réduisant la quantité initiale d'inoculum, il serait possible de réduire grandement le risque de maladie, ce qui permettrait de limiter l'usage de fongicides. Cependant, l'utilisation de Microsphaeropsis ochracea doit s'intégrer à un plan de gestion de lutte intégrée de la tavelure de la pomme.

Dans le cadre d'un programme de recherche mené en accord avec les pomiculteurs du Québec, Mme Carisse et son équipe ont défini une approche simple de gestion de la tavelure du pommier axée sur la surveillance de l'émergence des feuilles, la présence d'ascospores et le risque d'infection. Cette approche permet d'établir si l'ensemble du feuillage a été protégé et donc, s'il faut procéder à une nouvelle application de fongicides. Il est donc proposé d'intégrer l'emploi de l'agent microbien (Microsphaeropsis ochracea) à cette nouvelle approche de lutte contre la tavelure afin de minimiser la présence d'inoculum dans le verger et d'ouvrir la voie à des programmes fongicides moins intensifs, réduisant du même coup les risques pour les pomiculteurs et les consommateurs, tout en assurant un bon contrôle de la maladie.

Au cours de la saison de croissance 2007, une approche de gestion intégrée de la maladie a été évaluée dans des vergers commerciaux et expérimentaux situés en Ontario et au Québec. Cette approche était fondée sur l'intégration de trois outils décisionnels et de gestion. Dans un premier temps, à l'automne 2006, on a appliqué l'agent de contrôle biologique Microsphaeropsis ochracea après la récolte pour réduire la dose potentielle d'ascospores au printemps suivant. Dans un deuxième temps, on a eu recours à la vaporisation de fongicides chimiques pour lutter contre les infections primaires, en tenant compte des risques découlant de l'émergence des feuilles, de la présence d'ascospores et des conditions propices à l'infection.

Dans un troisième temps, les applications de fongicides durant l'été ont été effectuées en se basant sur une estimation de l'incidence de la tavelure, cette estimation ayant été faite à l'aide d'un plan de classification séquentiel.

Aux sites établis en Ontario et à Magog (Québec) on n'a pas constaté de différence entre les parcelles gérées selon le calendrier du pomiculteur et les parcelles gérées selon l'approche de gestion intégrée au niveau de l'incidence de la tavelure de la pomme et de la quantité de fongicides utilisés. Cependant, aux deux autres sites situés au Québec (St-Grégoire et Frelighsburg), il y a eu significativement moins de tavelure et d'application de fongicides dans les parcelles pour lesquelles on a utilisé l'approche de gestion intégrée de la maladie.

Le recours au plan de classification séquentielle a permis de réduire l'usage de pesticides de 24 p. 100 et de 45 p. 100 comparativement aux pratiques courantes des pomiculteurs. L'impact de l'approche de gestion intégrée sur la réduction des pesticides n'a pas été significatif en Ontario et à Magog, mais il a été significatif aux deux autres sites au Québec (St-Grégoire et Frelighsburg). Une évaluation à plus long terme sera requise pour évaluer les impacts d'un tel programme de gestion de la tavelure sur la réduction des risques associés aux pesticides.