Réduction des risques liés aux pesticides sur la soya en comparant des systèmes conventionnels, organiques et de lutte intégrée contre les mauvaises herbes

Code de projet : PRR06-490

Chef de projet

Andrew Hammermeister - Centre d'agriculture biologique du Canada

Objectif

Comparer l'efficacité des stratégies classiques, intégrées et biologiques de lutte contre les mauvaises herbes dans la culture du soja à l'aide d'essais de démonstration sur les lieux de production

Sommaire de résultats

Les producteurs agricoles, y compris les producteurs biologiques, hésitent à adopter des pratiques à utilisation réduite en pesticides en raison des défis associés à la lutte contre les mauvaises herbes. Compte tenu de l'adoption croissante des pratiques culturales à travail réduit du sol, les principaux problèmes avec lesquels doivent composer les producteurs de soja sont la résistance accrue des mauvaises herbes aux herbicides dans les systèmes de culture sans travail du sol et le manque d'approches systémiques durables et intégrées de lutte contre les mauvaises herbes qui ne se fondent pas uniquement sur l'utilisation d'herbicides.

Afin de surmonter ces problèmes, des chercheurs de l'Université de Guelph et du Centre d'agriculture biologique du Canada, en collaboration avec l'industrie du soja de l'Ontario, ont comparé trois stratégies de lutte contre les mauvaises herbes dans la culture du soja :

  • i) le semis direct classique (conventionnelle) avec utilisation normale d'herbicides
  • ii) la lutte intégrée contre les mauvaises herbes avec pulvérisation d'herbicides en bandes sur les cultures en rangs et désherbage mécanique entre les rangs, et
  • iii) la lutte biologique avec désherbage mécanique et manuel

Les recherches ont été effectuées sur des cultures conventionnelles dans des exploitations commerciales de la région de Ridgetown (Ontario). Mis à part l'élimination de l'utilisation d'herbicides, aucune autre stratégie de gestion culturale typiquement utilisée dans la culture biologique n'a été utilisée dans les parcelles de transition à la culture biologique.

Le projet visait à renseigner les producteurs au sujet des coûts, des avantages et des risques aux plans économique et environnemental associés aux diverses stratégies et à les aider à faire des choix éclairés en matière de lutte contre les mauvaises herbes.

Au cours des deux années de recherche, les stratégies ont été comparées en vue d'évaluer leur efficacité à réduire la densité des mauvaises herbes et la biomasse, leur coût (coûts avantages), leur potentiel de réduction de l'utilisation d'herbicides et leur rendement dans les cultures de soja envahies à divers degrés par les mauvaises herbes (envahissement faible, modéré, élevé).

Dans l'ensemble, les résultats varient selon le degré d'enherbement, la composition de la population (types de mauvaises herbes présentes dans le champ) et la dynamique de développement durant la saison de croissance. Ci-joint ce trouve une résumé des constatations :

Dans les champs à faible degré d'enherbement, il était généralement plus facile de contrôler les mauvaises herbes avec la méthode de semis direct classique qu'avec les techniques de lutte intégrée et de culture biologique. Même si la tendance n'était pas aussi marquée, les techniques de lutte intégrée étaient plus efficaces que la méthode de semis direct classique dans certains champs à degré modéré et élevé d'enherbement.

Dans les champs à degré d'enherbement modéré et élevé, le rendement des cultures de soja était généralement plus élevé avec l'utilisation de la méthode de semis direct classique, suivi des techniques de lutte intégrée et de culture biologique. Pour ce qui est des champs à faible degré d'enherbement, le rendement obtenu à l'aide de la méthode de semis direct classique était comparable à celui des techniques de lutte intégrée. Dans les champs à degré d'enherbement modéré, le coût de lutte contre les mauvaises herbes était généralement de 50 à 100 p. 100 plus élevé avec l'utilisation des techniques de lutte intégrée et de culture biologique qu'avec l'utilisation de la méthode de semis direct classique. Cet écart n'était pas aussi apparent dans les autres champs, mais les coûts de culture biologique étaient généralement plus élevés en raison du coût de la main d'œuvre (sarclage manuel entre les rangs).

Le risque associé à l'utilisation d'herbicides, que l'on mesure au moyen du quotient d'impact environnemental (QIE), était toujours plus faible (zéro) avec l'utilisation de pratiques de culture biologique qu'avec l'utilisation de la méthode de semis direct classique ou des techniques de lutte intégrée (ces deux pratiques présentaient divers degrés de risque). Dans les champs à faible degré d'enherbement, le QIE était plus élevé avec la méthode de semis direct classique qu'avec les techniques de lutte intégrée alors qu'on observait le contraire dans les champs à degré d'enherbement modéré ou élevé. Des pulvérisations additionnelles d'herbicides ont été nécessaires pour se débarrasser des mauvaises herbes dans les champs à degré modéré et élevé d'enherbement lorsque des mesures de lutte intégrée étaient utilisées, augmentant ainsi le QIE.

Des visites estivales des sites d'essais ont eu lieu afin de présenter les résultats de recherche. Ces visites mettaient l'accent sur la présentation des résultats probables de la réduction graduelle de l'utilisation des herbicides dans la culture du soja. Les visites ont attiré de nombreux producteurs locaux de soja, représentants de l'industrie et spécialistes du gouvernement. Les producteurs de soja ont été interrogés sur la possibilité pour eux de délaisser les méthodes culturales traditionnelles axées sur l'utilisation de produits chimiques pour se tourner vers de nouvelles pratiques de lutte contre les mauvaises herbes. La majorité des producteurs ont démontré un intérêt envers l'adoption de pratiques de rechange et plusieurs d'entre eux ont affirmé avoir déjà adopté diverses nouvelles pratiques visant à réduire l'utilisation des herbicides, notamment l'augmentation de la densité de semis, le travail du sol avant la plantation, la plantation à demeure ou le semis direct et les cultures de labour. Les défis liés à l'obtention de niveaux d'efficacité acceptables, aux pertes de rendement potentielles et aux coûts, particulièrement à l'achat de l'équipement spécial nécessaire aux opérations, constituent les principaux obstacles à l'adoption de pratiques de lutte contre les mauvaises herbes plus évoluées et permettant de réduire les risques associés à l'utilisation des pesticides.

Les recherches ont permis de conclure que la culture du soja est difficile au plan économique durant la phase de transition vers les pratiques culturales à utilisation modérée en pesticides (p. ex. passage à la lutte intégrée ou à la production biologique). À l'exception des champs à faible niveau d'enherbement, il est très fortement probable que la production du soja durant la phase de transition nécessite de très importants investissements liés à la lutte contre les mauvaises herbes, principalement à cause des coûts plus élevés associés au désherbage manuel et mécanique. Le désherbage manuel est une pratique habituellement utilisée uniquement à l'égard des plus petites parcelles de terre ou pour retirer les mauvaises herbes particulièrement problématiques dans des endroits précis.

Le soja n'est pas traditionnellement cultivé comme culture hâtive de transition en vue de la production biologique compte tenu de sa faible compétitivité avec les mauvaises herbes. Durant la phase de transition, les producteurs utilisent plutôt des variétés plus compétitives, ajustent leurs systèmes de travaux du sol et adoptent des pratiques culturales de lutte (p. ex. densité accrue des semis, préparation des lits de semence, sélection des cultivars et des dates de semis, etc.) afin de faciliter le contrôle des mauvaises herbes. Le soja est souvent cultivé tout de suite après la phase de transition afin de tirer profit de sa valeur élevée puisqu'il n'y a aucune prime offerte pour le soja lorsqu'il est cultivé à titre de culture de transition.

À la lumière des résultats de la recherche, il est recommandé d'offrir des incitatifs financiers, de mettre en œuvre des programmes de subventions et de faciliter l'accès à des appareils mécaniques de désherbage adaptables pour aider les producteurs à surmonter les obstacles économiques liés à la culture du soja en phase de transition. Ces mesures d'aide, jumelées à des initiatives d'éducation et de démonstration des technologies éprouvées, permettraient d'aider les producteurs à composer avec les coûts additionnels liés à la transition et de promouvoir l'adoption de nouvelles pratiques de lutte contre les mauvaises herbes.

Pour de plus amples renseignements au sujet du projet, veuillez communiquer avec le Dr Andrew Hammermeister à l'adresse ou visiter le site Web du Centre d'agriculture biologique du Canada et y consulter les articles suivants :