Revue de la littérature sur le contexte, les pratiques de lutte et les stratégies de lutte intégrée existantes contre le mildiou du concombre aux fins de recommandations de stratégies de lutte durable

Code du projet : PRR14-030

Chef de projet

Odile Carisse - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Faire une revue exhaustive de la littérature par la consultation d’articles scientifiques et de documents de vulgarisation et par la collecte de renseignements auprès d’experts et d’intervenants, pour compiler de l’information du monde entier sur les stratégies de lutte intégrée contre le mildiou du concombre; pour recommander des pratiques de lutte exemplaires aux producteurs canadiens de concombre de champ au Canada ainsi que des approches qui mériteraient plus de recherche ou d’être adaptées pour les conditions climatiques canadiennes

Sommaire des résultats

Contexte

Le mildiou du concombre, causé par l’agent pathogène Pseudoperonospora cubensis, est une menace pour la production de concombres. Il est identifié comme un organisme nuisible prioritaire dans la Réduction des risques liés aux pesticides. Cet agent pathogène se propage par des spores aéroportées. Dans des conditions propices au développement de la maladie, le feuillage de la culture infectée peut être complètement détruit, ce qui cause d’importantes pertes de récolte en quelques jours. La lutte actuelle contre cette maladie fait appel à un programme préventif de pulvérisations hebdomadaires de fongicides, et parfois de multiples applications sont nécessaires.

Au début, le présent projet dans le cadre de la Stratégie à risque réduit de lutte contre le mildiou du concombre visait à constituer une base de connaissances sur la biologie de l’agent pathogène, les pratiques de lutte actuelles et les nouveaux outils potentiels pour lutter contre le mildiou du concombre. Ce projet devait servir à la rédaction d’une ébauche de recommandations sur les pratiques de gestion exemplaires et les systèmes de lutte intégrée qui pourraient être adoptées par les producteurs canadiens, et au recensement des domaines sur lesquels pousser les travaux de recherche.

Approches

L’objectif a été accompli par l’examen de l’information et des approches de lutte existantes, et par la recommandation de celles pertinentes qui pourraient être adoptées par les producteurs de concombres au Canada. L’information a été compilée au moyen d’une revue de la littérature des publications canadiennes et étrangères (scientifiques et de vulgarisation) et de consultations de chercheurs, de spécialistes des productions végétales, de représentants des producteurs et d’autres intervenants.

Résultats

Parasite obligatoire, Ps. cubensis s’attaque à certaines espèces de la famille des cucurbitacées, mais pas à toutes. Au nombre de ses hôtes figurent des espèces cultivées, semi­cultivées, des mauvaises herbes et des espèces sauvages. D’après des inoculations en laboratoire et des observations sur le terrain, il y aurait au moins 60 espèces qui peuvent être des hôtes de ce pathogène.

Les sources possibles d’inoculum de Ps. cubensis sont peu documentées. Les sporanges transportés par le vent en provenance de cultures infectées dans des régions aux hivers cléments, essentiellement du sud, sont une source probable d’inoculum. Il se peut aussi que le pathogène survive sur des cucurbitacées sauvages et d’autres hôtes, ou que la culture de concombres de serre contribue à l’inoculum qui se trouve dans les champs de concombres au printemps. Étant donné l’importance de l’inoculum initial, il faut faire plus recherche pour cerner l’éventail complet des hôtes de Ps. Cubensis, mieux comprendre ses stratégies de reproduction et de survie hivernale, et identifier clairement les diverses sources d’inoculum qui jouent un rôle important dans l’initiation de la maladie.

Une espèce étroitement apparentée, Ps. humuli, est l’agent causal du mildiou du houblon. Certains chercheurs croient que Ps. cubensis et Ps. humuli sont en fait la même espèce alors que d’autres croient que ce sont des espèces distinctes. Il faut continuer les efforts d’identification des espèces en raison de leurs implications dans les mesures de lutte antiparasitaire et les règlements de quarantaine qui visent des espèces spécifiques d’agents phytopathogènes.

Certaines variétés et lignées de la même espèce de cucurbitacée affichent une résistance au mildiou. Pendant de nombreuses années, l’utilisation de cultivars résistants était la base de la lutte contre la maladie dans la culture commerciale du concombre. L’agent pathogène peut cependant s’adapter à son hôte en développant des pathotypes physiologiquement spécialisés et des races capables de contourner la résistance de ces cultivars. Il est donc nécessaire de développer de nouvelles lignées résistantes pour réduire la dépendance aux fongicides classiques. Afin d’avancer dans ce domaine, il faut identifier des sources efficaces de résistance et mieux comprendre les interactions complexes qui existent entre Ps. cubensis et ses hôtes cucurbitacées.

Les prévisions de risques de la maladie qui reposent sur la compilation des données climatiques sont utiles pour prendre de meilleures décisions quant au moment d’application des fongicides. Le système le plus souvent utilisé, le Cucurbit Downy Mildew Forecasting Service (en anglais seulement) de l’Université d’État de la Caroline du Nord, combine une connaissance de la dispersion de l’inoculum aéroporté à grande distance, l’influence des conditions climatiques sur le risque de maladie et les foyers d’éclosion de la maladie observés. Ce système est considéré comme un outil fiable et il a considérablement amélioré la lutte contre le mildiou des cucurbitacées dans des régions où il a été implanté. Il pourrait encore être amélioré en étant adapté aux conditions canadiennes et en y ajoutant des données sur les sporanges aéroportés en provenance de sources locales d’inoculum potentiellement importantes.

La concentration de sporanges aéroportés, lesquels jouent un rôle clé dans l’initiation de la maladie, varie selon la distance de la source, les conditions environnementales et d’autres facteurs. Les avertissements phytosanitaires précoces peuvent donc reposer sur une surveillance de l’inoculum aéroporté. Au Michigan, on utilise des capteurs de spores pour la diffusion d’alertes aux producteurs en présence d’influx de spores en provenance de régions productrices de l’État. Or, le nombre de capteurs de spores actuellement installés est insuffisant pour couvrir complètement les zones à risque. Un réseau de surveillance de l’inoculum pourrait donc être très utile.

La détermination de la diversité génétique des populations de spores Ps. cubensis en suspension dans l’air, afin de caractériser notamment leur virulence et leur résistance aux fongicides, est aussi primordiale pour exercer une surveillance et faire des prévisions adéquates. Il serait aussi utile d’évaluer le risque d’éclosion de la maladie et de sélectionner les bons fongicides pour lutter contre la maladie et réduire les risques de développement de résistance à ces produits.

Grâce aux résultats du projet, le groupe de travail pourra continuer les discussions et élaborer un plan d’action pour la Stratégie à risque réduit de lutte contre le mildiou du concombre.