Stratégie à risque réduit pour remplacer les fumigants de sol : maladie de la replantation du ginseng

Table des matières

Si vous avez des questions sur la présente stratégie, veuillez écrire au :
Centre de la lutte antiparasitaire, Agriculture et Agroalimentaire Canada
aafc.pmcinfo-clainfo.aac@agr.gc.ca

Mars 2018

Préface

Des stratégies de réduction des risques liés aux pesticides sont élaborées dans le cadre de la Réduction des risques liés aux pesticides (RRP) du Centre de la lutte antiparasitaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC). Dans le but de réduire les effets indésirables de l'utilisation de pesticides en agriculture, les responsables de la RRP collaborent avec des groupements de producteurs, l'industrie, les gouvernements provinciaux, des chercheurs, et des organismes de réglementation afin de cerner les lacunes en matière de lutte antiparasitaire, de même que les possibilités d'élaborer et de mettre en oeuvre stratégies pour les combler.

Une stratégie de réduction des risques liés aux pesticides désigne un plan détaillé qui vise à répondre aux besoins des producteurs en matière d’outils et de pratiques de lutte antiparasitaire à risque réduit pour des problèmes associés aux ravageurs précis. L’établissement des stratégies découle de longues consultations avec des intervenants. Le présent document résume le cadre de travail et des activités financées par la RRP. Il vise à faire le point sur les progrès réalisés au titre de l’élaboration et de la mise en œuvre de la stratégie et des nouveaux outils et pratiques offerts par le biais du présent processus.

Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Centre de la lutte antiparasitaire.

Remerciements

Les responsables de la Réduction des risques liés aux pesticides remercient les organisations et intervenants participants pour leur contribution, notamment l’Ontario Ginseng Growers Association et les membres du groupe de travail sur la maladie de la replantation du ginseng, présidé par Sean Westerveld du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario.

Résumé

Les fumigants de sol sont des pesticides utilisés pour lutter contre divers organismes nuisibles présents dans le sol, dont des insectes, des champignons et des bactéries pathogènes, des nématodes et des mauvaises herbes. Ces organismes nuisibles sont des facteurs considérables limitant la production viable de nombreuses plantes annuelles et vivaces; l’utilisation de fumigants de sol est considérée comme essentielle pour protéger les rendements. À la suite du retrait progressif au Canada de deux fumigants de sol à large spectre largement utilisés, soit le bromure de méthyle (2005) et le Telone (2011), il est devenu crucial de trouver de nouveaux traitements du sol efficaces. Actuellement, il y a sur le marché peu de fumigants chimiques pour lutter contre les organismes nuisibles présents dans le sol, et les producteurs sont de plus en plus préoccupés par l’absence de solutions adéquates pour remplacer les produits retirés.

À la suite d’une évaluation systématique, la Réduction des risques liés aux pesticides (RRP) a déterminé que cet enjeu est prioritaire et qu’il faut élaborer et mettre en œuvre une stratégie de lutte à risque réduit, pour que les producteurs puissent disposer de solutions de remplacement efficaces pouvant être incluses dans un système intégré de lutte contre les organismes nuisibles présents dans le sol.

Le retrait de ces fumigants a des effets particulièrement marqués dans le cas des plantes cultivées vivaces, principalement parce que celles-ci demeurent dans un même champ durant plus d’une année et que les problèmes associés à la remise en culture sont fréquents. Pour cette raison, la RRP a décidé de concentrer ses ressources sur la maladie de la replantation du ginseng.

La RRP dirige habituellement les stratégies, mais dans le cas présent il y a participé en tant que membre du groupe de travail existant sur la maladie de la replantation du ginseng, créé par des intervenants en 2013. La RRP a fourni des ressources en vue de combler les lacunes cernées dans le cadre de consultations menées par ce forum.

Un projet de trois ans (2014-2017) financé par la RRP dans le cadre de la stratégie a permis l’acquisition de nouvelles connaissances concernant plusieurs champignons associés au complexe d’agents de la maladie de la replantation et l’évaluation de méthodes de lutte non chimiques pour les cultures de ginseng.

L’adoption de nouveaux outils et de nouvelles pratiques issus de cette stratégie devrait permettre la lutte intégrée contre la maladie de la replantation et aider les producteurs à opérer une transition vers une production durable du ginseng.

Enjeux de la lutte antiparasitaire et réduction des risques liés aux pesticides

Le Telone (1,3-dichloropropène et chloropicrine) était l’un des principaux fumigants de sol utilisés avant le semis au Canada, particulièrement après l’élimination progressive du bromure de méthyle en 2005. Son étiquette comprenait plus de 110 usages, principalement contre les maladies transmises par le sol causées par des nématodes (environ 40) et des champignons pathogènes (environ 70), dans plus de 30 cultures annuelles et vivaces. Son retrait du marché a fait ressortir la nécessité de produits de remplacement, particulièrement pour la préparation du sol avant la culture de vivaces, notamment les pommiers, les framboisiers, les fraisiers, les bleuetiers en corymbe, les vignes et le ginseng. Le complexe d’agents de la maladie de la replantation, qui est observé lorsque des plantes vivaces sensibles sont établies dans un sol où la même espèce ou une espèce apparentée a précédemment été cultivée, est un problème pour lequel le besoin de solutions de remplacement est criant.

Le ginseng est une plante herbacée vivace cultivée principalement pour son rhizome, qui contient de nombreux composés bénéfiques pour la santé. À l’échelle mondiale, l’Ontario est le principal producteur de ginseng à cinq folioles (Panax quinquefolius) et compte environ 99 % des 3 500 hectares en production au Canada, et cette plante est majoritairement cultivée dans le comté de Norfolk. La production de ginseng de l’Ontario représente une industrie de 240 millions de dollars, et la majorité des rhizomes sont exportés vers les marchés asiatiques.

Idéalement, les rhizomes de ginseng sont récoltés dans la 3e ou la 4e année de production. En général, le ginseng n’est cultivé qu’une seule fois dans un même champ, à cause de la présence d’organismes nuisibles dans le sol, qui s’accumulent durant le cycle de production de plusieurs années. Les terres cultivées depuis longtemps présentent le risque le plus élevé pour les nouvelles cultures de ginseng. Les superficies consacrées au ginseng ont augmenté continuellement au cours des 25 dernières années, et les producteurs ont de plus en plus de difficulté à trouver de nouveaux champs dont le sol et les conditions sont viables pour la production de ginseng.

Plusieurs problèmes associés aux organismes nuisibles limitent le succès commercial de l’industrie du ginseng. 1) Les rendements et la qualité des rhizomes de ginseng augmentent avec l’augmentation de la durée de la période de production, mais la fréquence et la gravité des maladies transmises par le sol chez les rhizomes peuvent également augmenter avec le temps. Les producteurs récoltent donc les rhizomes de façon prématurée (vers la 2e année) lorsqu’ils anticipent que les maladies pourraient causer de graves dommages aux rhizomes, et ils n’obtiennent donc pas le plein potentiel de rendement. 2) Pour établir de nouvelles cultures de ginseng, les producteurs doivent trouver de nouveaux champs qui n’ont jamais été infestés par des organismes nuisibles présents dans le sol, c’est-à-dire des champs où le ginseng n’a jamais été cultivé, ce qui entraîne une hausse des coûts de production, en plus de nuire à la qualité dans les cas où il est impossible de trouver des sols optimaux. 3) L’industrie dépend fortement des fumigants de sol compte tenu des répercussions des agents pathogènes présents dans le sol sur la production de ginseng, et les quelques solutions encore sur le marché (chloropicrine, dazomet et métam-sodium) font l’objet d’une révision de leur homologation, de sorte qu’il est essentiel de trouver des solutions de remplacement.

À l’automne 2012, lors d’une réunion de l’industrie du ginseng organisée par l’Ontario Ginseng Growers Association (OGGA), la maladie de la replantation et les organismes nuisibles présents dans le sol en général ont été jugés comme les deux problèmes prioritaires compte tenu de la perte des principaux fumigants de sol. Une des mesures de suivi découlant de cette réunion concernait la création d’un groupe d’experts ayant pour mandat de trouver des solutions au problème de la maladie de la replantation. La RRP a ainsi eu l’occasion d’aider l’industrie du ginseng à trouver des solutions dans le cadre de sa stratégie sur les fumigants de sol.

Stratégie

La section ci-dessous décrit uniquement les activités que la RRP a appuyées en vue de contrer la maladie de la replantation du ginseng dans le cadre de sa stratégie sur les fumigants de sol.

Consultations menées par le groupe de travail

Le groupe de travail sur la maladie de la replantation du ginseng, créé en 2013 et dirigé par l’industrie, poursuit ses efforts pour répondre aux besoins de l’industrie du ginseng. Le groupe de travail réunit les experts en matière de lutte contre les organismes nuisibles et de production, qui analysent les solutions potentielles et coordonnent les ressources en vue de trouver des moyens de lutte durables contre le complexe d’agents de la maladie de la replantation. Les membres du groupe incluent le président, des représentants du conseil et des gestionnaires de recherche de l’OGGA, des spécialistes du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario, des scientifiques d’AAC, des chercheurs universitaires, des représentants de l’industrie ainsi que des experts-conseil. Ils tiennent deux ou trois téléconférences par année et se rencontrent en personne une fois par année.

Enjeux prioritaires et lacunes

Connaissances déficitaires sur la maladie de la replantation du ginseng et le complexe d’agents de cette maladie

La culture du ginseng dans un champ où cette plante a déjà été cultivée, même en espaçant ces cultures de plus de 20 années et malgré les rotations avec de multiples autres espèces de plantes, entraîne une piètre levée à cause de la maladie de la replantation. Les lacunes prioritaires établies sont l’étude de l’étiologie de la maladie de la replantation du ginseng, recherches sur le complexe d’agents pathogènes en cause et l’amélioration de la compréhension générale de la maladie.

Absence de solutions adéquates en matière de lutte dans la trousse d’outils

Il est essentiel de remettre en état les terres déjà utilisées de façon à ce qu’elles puissent accueillir de nouvelles cultures de ginseng, pour permettre une croissance durable de l’industrie. Même si certains fumigants chimiques sont encore sur le marché, l’impact de la maladie de la replantation demeure problématique. Il est nécessaire de trouver des traitements efficaces à risque réduit et des méthodes de remplacement pour rétablir la santé du sol des terres déjà utilisées et permettre la culture sûre et viable du ginseng dans ces sites. Diverses mesures de lutte sont nécessaires en vue de permettre l’adoption de stratégies intégrées de lutte.

De plus, il faut trouver des méthodes pour évaluer le risque d’apparition de la maladie de la replantation et déterminer le moment où les sols sont redevenus sûrs pour la remise en culture du ginseng.

Objectifs de la strategie

D’après les discussions tenues et les solutions proposées dans le cadre des consultations du groupe de travail, le Program a fixé les objectifs et les étapes connexes ci-dessous pour ses travaux destinés à contribuer à la recherche de solutions concernant la maladie de la replantation du ginseng.

Objectif 1 : Produire des connaissances sur l’étiologie de la maladie de la replantation.

Étape 1 – Faire la lumière sur le complexe d’agents pathogènes associés à la maladie de la replantation du ginseng.

Étape 2 – Déterminer la relation entre le risque de remise en culture du ginseng et le nombre d’années s’étant écoulées depuis la dernière récolte.

Objectif 2 : Mettre au point des méthodes à faible risque pour remplacer les fumigants en vue de remettre en état les terres déjà utilisées.

Étape 1 – Évaluer diverses solutions de lutte non chimiques pouvant s’inscrire dans un régime de lutte intégrée.

Progrès

La RRP a mis sur pied en 2014 un projet de trois ans visant à atteindre les objectifs ci-dessus, intitulé PPRR14-050 - Élaboration de stratégies de gestion de la maladie de la replantation dans les cultures de ginseng en Ontario. Ce projet a contribué à la caractérisation d’un certain nombre de champignons associés au complexe d’agents de la maladie de la replantation du ginseng ainsi que du rôle des ginsénosides dans ce pathosystème. De plus, des outils de lutte, comme des biofumigants, des biopesticides, des pratiques biologiques et culturales et des amendements, ont été évalués dans le cadre du projet, en vue d’accroître les occasions de remise en culture des terres déjà utilisées pour la culture du ginseng. Des travaux sont encore en cours pour finaliser ce projet.

En plus d’appuyer ces travaux, AAC offre des ressources aux producteurs pour les aider à avoir accès à des outils de lutte chimique pour remédier à la perte de fumigants de sol dans le cadre des Pesticides à usage limité du Centre de la lutte antiparasitaire. De nombreux projets ont reçu un appui dans le cadre de cette RRP depuis 2003, et divers produits chimiques et agents de lutte biologique ont été évalués en vue de trouver, notamment, des traitements du sol en présemis efficaces et viables pour remplacer les anciens fumigants de sol dans les cultures de ginseng, de pommes, de carottes et de fraises. Les données ainsi recueillies peuvent être utilisées à l’appui de l’homologation de plusieurs des produits mis à l’essai, et l’avancement de ces efforts est présenté sur le site Web d’AAC : Pesticide à usage limité - État des projets selon culture.

Le présent rapport est mis à jour lorsque de nouveaux renseignements sont disponibles.