II.5 - Ressources actuelles
Cadre urbain
La Ferme expérimentale centrale fait partie d'un ensemble de propriétés fédérales importantes, reliées par un réseau de promenades fédérales qui mènent à la Colline du Parlement. Ces lieux donnent un caractère unique au paysage urbain d'Ottawa et lui confèrent une identité distincte par leur architecture et leur aménagement particuliers. Contrairement au tracé régulier du paysage municipal qui se caractérise par son architecture classique et néoclassique, le paysage fédéral se distingue par le caractère plus romantique et plus pittoresque de son architecture et son aménagement. Ces installations fédérales ont été aménagées une à une à la fin du XIXe siècle, puis elles ont été brillamment reliées grâce à un réseau de promenades panoramiques, réalisé sous la supervision de la Commission d'amélioration d'Ottawa, avec le concours de l'architecte-paysager Frederick Todd.
La Ferme expérimentale central (FEC) était l'un de ces éléments. La Ferme, qui fait face à la Colline du Parlement en direction nord est, a adopté un aménagement paysager pittoresque et une architecture romantique inspirée du mouvement « Arts and crafts » pour définir son identité fédérale. La promenade du canal Rideau (devenue la promenade Reine-Élizabeth) a été complétée en 1904 - elle se rendait alors de la Place Cartier jusqu'à la Ferme expérimentale. La Commission d'amélioration d'Ottawa a ensuite fait construire une chaussée à travers le lac Dow, afin que la promenade rejoigne la Ferme expérimentale.
Le réseau de promenades a perdu quelque peu de son caractère particulier au cours des dernières années, sous l'effet de l'usage croissant de ces routes comme artères régionales et routes municipales.
En ce qui a trait au paysage témoignant de la présence municipale, la Ferme expérimentale central (FEC) est entourée principalement de secteurs résidentiels et d'institutions, plutôt que d'établissements commerciaux ou industriels, qui cadrent bien avec la vocation institutionnelle de la Ferme et offre la possibilité de créer des liens avec sa vocation scientifique et récréative.
Réseaux de transport et de circulation
Les voies de circulation ont été soignement dessinées durant les années 1880, ce qui a créé une suite logique et mis en valeur le caractère particulier des diverses zones.
La promenade Prince of Wales était alors la principale voie d'entrée qui reliait la Ferme à la Colline du Parlement et au coeur de l'administration fédérale dans le centre-ville d'Ottawa. L'entrée sur la Ferme expérimentale central (FEC) se faisait par le nord est et la promenade était reliée à l'autoroute 16, au sud. Désignée au départ autoroute Ottawa-Prescott, cette route, que la Commission de la capitale nationale continue de qualifier de voie « panoramique » pour accéder à la capitale nationale, relie toujours les régions du sud au centre ville. Cependant, le caractère patrimonial de ce couloir se détériore et l'équilibre harmonieux qui existait jadis entre les zones de verdure et les éléments inertes de son paysage a disparu, cédant la place à un aménagement paysager inadéquat, caractérisé par un élargissement des routes et l'élimination des haies de verdure. De même, la continuité qui devait exister entre la promenade Reine-Élizabeth et la promenade Prince of Wales a été masquée par des projets de développement entre la rue Preston et la Ferme, et les élargissements proposés ne feraient qu'affaiblir encore plus le caractère de promenade. De plus, le rond-point est devenu un obstacle à la circulation sur la Ferme, au lieu de servir d'élément de raccordement.
La promenade de la Commission de la capitale nationale (CCN), qui se trouve à l'ouest de la promenade Prince of Wales et se relie à la promenade Island Park, a conservé son caractère de « voie promenade » dans la portion ouest, mais a été élargie et reconfigurée d'une manière inadéquate dans la partie centrale de la Ferme. Ce lien faisait auparavant partie d'une route pittoresque qui partait de la Colline du Parlement vers le sud, longeait le canal Rideau jusqu'au lac Dow, traversait la Ferme expérimentale central (FEC) vers l'ouest, puis se dirigeait vers le nord en empruntant la promenade Island Park jusqu'au pont Champlain, en direction de Hull et du parc de la Gatineau.
La voie d'accès depuis la promenade Prince of Wales, qui menait à la zone centrale dans l'extrémité nord est de la Ferme, était à l'origine ornée d'une barrière et était considérée comme l'entrée principale qui donnait sur un chemin sinueux menant à la résidence du directeur, le plus imposant des bâtiments d'origine dans la zone centrale. Cette voie d'entrée a perdu de son importance au fil des ans et aujourd'hui elle n'est accessible qu'à la circulation en direction sud et mène à une aire de stationnement de l'édifice Sir-John-Carling, Ceci eu pour effet de modifier sensiblement les voies d'accès à la zone centrale. Par ailleurs, même si le reste du réseau routier, au nord de la promenade, est demeuré relativement inchangé, il a perdu de son uniformité. L'entrée sur l'avenue Carling, à Irving Place, a malheureusement été élargie plusieurs fois et elle empiète aujourd'hui sur le paysage de l'Observatoire. Il en va de même de la portion de la promenade située juste à l'ouest de la promenade Prince of Wales, devant le Musée de l'agriculture. L'exploitation du Musée et la clôture périphérique qu'on y a aménagée afin d'en contrôler l'accès ont perturbé le réseau routier au sud de la promenade.
À l'est de la promenade Prince of Wales, les promenades de l'Arboretum et leurs points de vue sont demeurées sensiblement intacts, mais les aires de stationnement ont été agrandies. Le réseau routier qui traverse les champs a lui aussi conservé essentiellement son caractère d'origine, même si quelques altérations locales ont été apportées au fil des ans en fonction de l'évolution des recherches menées sur le terrain.
De plus, on a modifié l'avenue Fisher et le chemin Merivale afin de permettre une circulation automobile beaucoup plus abondante; tout autre élargissement de l'avenue Fisher pourrait mettre en péril ce qui reste de la plantation brise-vent qui date des débuts de la Ferme, et dont la presque totalité a été supprimée le long de l'avenue Carling.
Dans l'ensemble, les réseaux de routes et de sentiers à l'intérieur de la Ferme sont demeurés relativement intacts, mais les tracés de circulation ont été modifiés par les différents responsables des installations, désireux de contrôler l'accès à leurs propres zones.
Ressources du paysage
Les ressources paysagères de la Ferme expérimentale centrale font partie intégrante de la valeur culturelle et de la visibilité des lieux et elles traduisent bien la philosophie des fondateurs de la Ferme, qui estimaient que l'utilité et la beauté étaient des facteurs interdépendants du succès de l'agriculture.
La nature du paysage et le caractère des ressources qui le composent varient considérablement entre les trois zones qui forment la Ferme expérimentale central (FEC), soit la zone d'entrée, la zone centrale et la zone d'appui.
L'entrée se distingue par son caractère pittoresque mis en valeur par la prédominance des zones de verdure. L'Arboretum, cette collection d'arbres commencée par William Saunders au moment de la création de la Ferme et maintenue depuis à titre de collection scientifique, est l'élément dominant de cette zone. L'Arboretum, conformément aux plans d'origine, traverse la promenade Prince of Wales et s'étend à l'intérieur de la zone centrale où il agrémente quelques-uns des principaux édifices résidentiels et institutionnels. Cette zone est bordée au nord par la collection de haies et au sud par les jardins d'ornement et leurs collections de plantes horticoles, qui faisaient partie du paysage scientifique conçu par William Saunders et réalisé par lui et ses successeurs. Cependant, l'Arboretum se trouve actuellement à une phase critique de son histoire, car sa valeur comme outil de recherche est de plus en plus remise en question. En effet, les récentes plantations d'arbres, qui ont été effectuées dans le cadre de divers événements commémoratifs ou à des fins esthétiques, n'ont pas toujours respecté la logique des plans d'origine.
La zone centrale offre un meilleur équilibre entre les zones de verdure et les éléments inertes du paysage, lesquels regroupent les éléments architecturaux, les routes et les aires de stationnement, les clôtures et les panneaux de signalisation. Cependant, les éléments inertes du paysage sont devenus de plus en plus disparates au fil des ans, adoptant une grande variété de types et de traitements. Par ailleurs, la présence d'utilisateurs multiples a donné lieu à la diffusion de messages différents et parfois contradictoires au public. L'aménagement des zones de verdure, qui allient des aires gazonnées continues à une grande variété d'arbres, de haies et de plantes ornamentales visant à créer et à maintenir le caractère plus ordonné de la zone centrale, pose également des problèmes. Ainsi, l'élément de continuité entre les plantations d'arbres de l'Arboretum, au sud-est et au nord-ouest de la promenade Prince of Wales, n'est plus aussi apparent qu'avant, en partie du fait que la route est devenue davantage un obstacle qu'un élément de liaison. De même, l'aménagement des plantations de haies et des vastes jardins de plantes ornementales est rendu plus diffiicile, car il faut choisir entre le désir de préserver le caractère holistique initial et l'approche plus récente qui établit une distinction entre les valeurs esthétiques et scientifiques.
La zone d'appui, avec ses champs ouverts, est sans doute celle qui a le moins changé. En effet, même si les plantations varient de saison à saison, et d'année en année, les intentions sont similaires et les activités de recherche continuent d'offrir un cadre logique et bien visible.
Les différents éléments du paysage sont évalués et répertoriés comme faisant partie du paysage scientifique de la Ferme, mais la valeur historique ou associative de chacun n'est pas reconnue.
Ressources architecturales
Contrairement aux éléments du paysage, bon nombre des éléments architecturaux de la Ferme, c'est à dire, ses bâtiments et ses ouvrages, ont une valeur patrimoniale distincte; certains d'entre eux, notamment l'étable principale des bovins laitiers et le bâtiment des céréales, constituent en soi d'importants points d'intérêt. La plupart de ces éléments eux ont aussi une valeur collective en tant qu'éléments formant un complexe plus vaste. Le riche style « Arts and Crafts » de l'époque des premiers bâtiments se juxtapose en contrepoint au paysage pittoresque de l'entrée et au paysage plus ordonné de la zone centrale. Ces bâtiments illustrent la convergence de la beauté et de l'utilité que préconisaient Saunders et les autres fondateurs de la Ferme. Les bâtiments qui ont suivi ont su conserver cette image romatique, grâce à l'utilisation du style Tudor Revival et d'autres styles connexes et à une disposition soignée des bâtiments à l'intérieur des divers paysages. Les bâtiments plus fonctionnels ont été aménagés aux limites entre la zone centrale et la zone d'appui, venant ainsi renforcer la logique de la conception initiale.
L'architecture occupe une place importante, qu'elle soit examinée de près ou de loin. De loin, l'ensemble principal des étables et des structures résidentielles et institutionnelles connexes donne l'aspect d'un village sis dans un paysage rural plus vaste où l'étable principale des bovins laitiers sert de point de référence central. De près, la variété des textures et des couleurs des différents finis architecturaux - parmi lesquels figurent le bardeau de bois, les planches avec couvre joints, les pans de bois, le stuc, la brique et la pierre - ajoute à la richesse du paysage.
En plus de présenter de l'intérêt en soi, les édifices reconnus par le BEEFP créent d'importants ensembles à l'intérieur de la Ferme. Ainsi, le complexe de la ferme modèle, situé au sud de la promenade de la Commission de la capitale nationale (CCN) et formant aujourd'hui le cœur du Musée de l'agriculture du Canada, offre une juxtaposition d'étables et d'installations de recherche de différents types qui datent de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle et qui créent un riche ensemble d'espaces intérieurs et extérieurs. Bien que des incendies aient endommagé certains éléments de l'ensemble initial, les principales composantes ont résisté au passage des ans. Ainsi, au nord de la promenade se trouve un ensemble de résidences anciennes construites dans un style Domestic Revival américain complexe, qui s'harmonise à l'ensemble d'édifices institutionnels du style Tudor Revival. Aujourd'hui encore, ces édifices forment un campus cohérent ceinturant des espaces verts. Plus au nord, l'architecture particulière de l'Observatoire et l'architecture plus fonctionnelle des installations de recherche créent de plus petites identités parsemées dans le paysage.
Bon nombre d'édifices ont subi des modifications au fil des ans, mais celles ci ont été effectuées dans le souci de préserver le lien entre les édifices et le paysage de travail. La plupart de ces édifices continuent d'offrir des services essentiels pour la poursuite des activités de recherche de la Ferme et des autres parties intéressées, comme le Musée de l'agriculture, dont la présence est liée à l'histoire et à l'évolution de la Ferme expérimentale central (FEC).
L'édifice Sir-John-Carling (conçu par Hart Massey, pour le ministre fédéral de l'Agriculture) se démarque par ses dimensions, son envergure et sa proéminence par rapport aux autres édifices de la Ferme. La conception initiale de l'édifice a été modifiée par les décisions et les modifications apportées au moment de sa construction.
Collections
L'une des forces de tout projet scientifique réside dans l'accès aux données compilées dans les dossiers et, dans le cas des sciences d'enquête, elle réside dans la collecte de spécimens. Bon nombre des dossiers et des collections de la Ferme expérimentale centrale ont acquis une grande valeur scientifique et historique, en raison de leur âge, de leur association avec des scientifiques de réputation nationale et internationale, de l'intégrité de leur conservation et de leur beauté. Ces collections se distinguent tant par la diversité des sujets traités que par leur biodiversité. Certaines sont dynamiques; d'autres sont statiques.
Les principales collections dynamiques présentes sur le site sont énumérées ci après :
- Collection nationale canadienne d'insectes et d'arachnides
- Herbier national de plantes vasculaires
- Herbier national de mycologie
- Collection de cultures fongiques canadiennes
- Bibliothèque d'Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC)
- Spécimens de l'Arboretum
- Dossiers de l'Arboretum, incluant les grands livres, les fiches et les plans
- Spécimens des jardins d'ornement
- Dossiers des jardins d'ornement
- Dossiers scientifiques documentant les recherches sur le terrain
À l'exception des spécimens des jardins d'ornement et de l'Arboretum, les collections précitées font partie de programmes scientifiques toujours en cours. Il serait possible d'en faire de même pour les dossiers et les spécimens de l'Arboretum et des jardins d'ornement et de les réintégrer à des programmes de recherche. Toutes ces collections, comme la Ferme expérimentale central (FEC), sont des reflets de l'histoire de la science et de l'agriculture au Canada.
Il existe également quelques collections statiques importantes, conservées hors du site, dont les suivantes :
- Aux Archives nationales du Canada
- Documents d'archives
- Enregistrements audiovisuels
- Grands livres de l'Arboretum et des jardins de plantes ornementales
- Plans historiques
- Photographies historiques
- Esquisses botaniques
- Dessins architecturaux
- Affiches
- Dossiers liés à l'Observatoire fédéral
- Au Musée de l'agriculture du Canada et au Musée national des sciences et de la technologie
- Planches et esquisses botaniques
- Photographies historiques
- Prototypes et modèles de machines
- Machines fabriquées sur mesure
- Brochures et affiches
- Instruments d'astronomie de l'Observatoire fédéral
Certains doutes existent quant à la viabilité à long terme de certaines de ces collections et à leur accessibilité, en particulier celles qui continuent d'évoluer en fonction des besoins et des intérêts de la recherche. Toutes les collections devraient être répertoriées, cataloguées, conservées et entretenues conformément aux normes scientifiques ou aux principes de gestion des ressources culturelles, et certaines devraient être ramenées sur la Ferme.
Une ferme à l'intérieur d'une ville
La Ferme expérimentale centrale (FEC) offre un rare exemple d'exploitation agricole située à proximité du cœur d'une grande zone urbaine. Sur le plan culturel, la Ferme se distingue par ses vastes champs de recherche qui viennent ponctuer un paysage pour le reste suburbain. Les gens qui la traversent, à pied ou en voiture, apprécient la vaste étendue des lieux. Sur le plan scientifique, les terrains de la FEC créent une interface entre les milieux urbains et ruraux qui se prête à l'élaboration de programmes scientifiques visant à accroître la productivité agricole dans les zones de transition ou à approfondir nos connaissances sur les conditions environnementales en milieu urbain.
Ressources environnementales
Le rapport de l'étude sur les espaces naturels et ouverts (NOSS), été préparé par la Ville d'Ottawa, définit un certain nombre de ressources naturelles importantes qui se trouvent sur la Ferme expérimentale centrale ou dans ses environs. L'Arboretum y figure au premier plan pour sa valeur sociale, ce qui témoigne de l'importance que les résidants d'Ottawa accordent à ce lieu qui se distingue par son relief visuel et naturel et par sa contribution à la qualité de vie en milieu urbain. Cette étude recommande de protéger l'Arboretum, ainsi que la terre humide adjacente, deux tronçons de cours d'eau situés à proximité et les boisés de la Ferme expérimentale central (FEC) près de l'avenue Fisher, et propose à cette fin des lignes directrices en matière d'aménagement.