L'indicateur des émissions de particules permet d'estimer les émissions de particules primaires découlant des activités agricoles canadiennes de 1981 à 2016. Les particules comprennent des particules solides et liquides de différentes grosseurs et de composition chimique variée en suspension dans l'air. Les particules sont considérées comme primaires si elles sont émises directement dans l'air et comme secondaires si elles sont formées dans l'air par suite de processus physiques ou chimiques.
État et tendance d'ensemble
Les émissions de particules des terres agricoles du Canada sont en baisse : de 70 % pour le total des particules en suspension (TPS), de 68 % pour les PM10 et de 63 % pour les PM2,5 depuis 1981 (voir le détail des catégories de taille à la figure 1 ci-dessous dans l'encadré intitulé « Quelques explications »). En 2016, les émissions ont atteint 1 889 kilotonnes (kt) pour les TSP, 605 kt pour les PM10 et 206 kt pour les PM2,5. C'est dans les Prairies qu'il y a eu le plus d'amélioration. Dans cette région, les diminutions sont principalement attribuables à la réduction de la superficie des terres en jachère, ainsi qu'à l'adoption de pratiques de travail réduit du sol et de culture sans travail du sol qui ont réduit la quantité de particules produites durant la préparation des terres et la récolte.
Quelques explications
Les particules comprennent des millions de composés chimiques, de poussières et de matières biologiques, dont des fibres de plume, des squames d'animaux et des bactéries. Ces particules sont classées en fonction de leur diamètre aérodynamique (qui sert à mesurer leur taille, puisqu'elles ont des formes irrégulières). Elles sont définies comme suit :
- PM2,5
- Particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 2,5 micromètres. Ces particules sont facilement inhalées dans les voies aériennes inférieures (régions pulmonaires des échanges gazeux), où elles peuvent se déposer et causer des effets nocifs sur la santé.
- PM10
- Particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10 micromètres, incluant les PM2,5. Ces particules inhalables peuvent se déposer dans les bronches et les poumons, et causer des problèmes de santé.
- TPS
- Total des particules en suspension dans l'atmosphère ayant un diamètre aérodynamique inférieur à 100 micromètres.

Description - Figure 1
Schéma où un cheveu humain, d'entre 50 et 70 micromètres de diamètre, sert à illustrer les catégories de taille des particules
TPS maïs, particules ayant un diamètre pouvant atteindre 120 micromètres
PM10 poussière, moisissure, etc. ayant un diamètre ≤ 10 micromètres
PM2.5 particules de combustion, de substances organiques, de métaux, etc. ayant un diamètre ≤ 2,5 micromètres
Utilisez la carte interactive ci-dessous pour agrandir et examiner différentes régions. À noter que les plus fortes émissions proviennent des Prairies, et que les régions des basses terres du lac Érié (sud-est de l'Ontario) et des basses terres du Saint-Laurent (Québec) comprennent certaines zones de très fortes émissions.
Depuis 1981, il y a eu une baisse importante des émissions dans l'ensemble du Canada, particulièrement dans les Prairies et dans certaines régions du Québec et de l'Ontario. Des baisses ont aussi été observées dans certaines zones du sud de la Colombie-Britannique, dans des régions du Québec et dans les Maritimes.
Dans l'ensemble, les améliorations marquées dans les Prairies sont surtout attribuables à la réduction des terres en jachère – une pratique qui consiste à laisser les champs sans culture – de même qu'à une augmentation des pratiques de travail réduit du sol et des cultures sans travail du sol, lesquelles réduisent la superficie de sol nu exposée à la dégradation et, par conséquent, la quantité de particules produites durant la préparation des terres et la récolte. Ailleurs, les augmentations isolées peuvent être expliquées par des changements dans les pratiques culturales et dans les types de cultures. La diminution marquée de la production de bovins de boucherie entre 2006 et 2016, de même que la réduction progressive des troupeaux de bovins laitiers depuis 1981, a réduit la superficie des terres en pâturages et la production de fourrages. Une grande partie des terres servant à ces utilisations a été convertie à des cultures annuelles, comme le maïs, qui ne fournissent pas autant de couvert végétal que les cultures vivaces et qui accroissent le risque d'émission de particules durant la préparation des terres et la récolte. Néanmoins, les tendances générales s'améliorent au pays.
Très faible | Faible | Moyen | Élevé | Très élevé |
Utilisez la carte de la figure 3 pour examiner les changements survenus dans l'émission des particules entre 1981 et 2016. Il est clair que ce sont les Prairies qui ont connu la diminution la plus marquée.
Grande diminution | Diminution | Peu ou pas de changement | Augmentation | Grande augmentation |
Indice des émissions de particules
L'indice de performance ci-dessous illustre l'état et la tendance de l'indicateur des émissions de particules.
Figure 4 : Indice des émissions de particules

Description - Figure 4
Année | Valeur de l'indice |
---|---|
1981 | 14 |
1986 | 15 |
1991 | 17 |
1996 | 20 |
2001 | 26 |
2006 | 39 |
2011 | 47 |
2016 | 51 |
En 2016, l'état des émissions de particules découlant des activités agricoles au Canada était « moyen ». L'indice révèle une tendance à l'amélioration, soit une réduction des émissions de PM entre 1981 et 2016. Cette réduction est principalement due à l'adoption généralisée de pratiques de travail réduit du sol et de cultures sans travail du sol, ainsi qu'à l'utilisation de jachères au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta.
L'indice groupe et généralise les tendances, et il doit donc être considéré comme un outil stratégique donnant une vue d'ensemble de l'état et de la tendance au fil du temps.
Tendances particulières
Réduction importante des émissions de particules issues des terres agricoles des Prairies depuis 1981
Au cours des trente dernières années, il y a eu d'importantes réductions des émissions de particules dans la région des Prairies. Bien qu'il reste encore des zones où les émissions sont élevées ou très élevées, une grande partie des terres agricoles des provinces des Prairies produisent maintenant moins d'émissions qu'auparavant et font désormais partie d'une catégorie d'intensité d'émissions plus faible. Voyez ces améliorations dans la carte ci-dessous.
Très faible | Faible | Moyen | Élevé | Très élevé |
Le tableau ci-dessous, qui présente les émissions réelles, en kilotonnes par année, fait également ressortir ces réductions, dont les plus considérables sont observées en Alberta et en Saskatchewan. En raison de la grande superficie de terres agricoles dans ces deux provinces, ces améliorations ont beaucoup influencé la tendance nationale à l'amélioration, même si des améliorations peuvent être constatées dans toutes les provinces.
Tableau 1a : Émissions de particules totales (en kilotonne par an) des activités agricoles canadiennes de 1981 à 2016
1981 | 1991 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Colombie-Britannique | 55 | 47 | 37 | 28 | 26 | 22 |
Alberta | 1 507 | 1 388 | 873 | 651 | 452 | 405 |
Saskatchewan | 3 323 | 2 980 | 1 782 | 1 173 | 785 | 631 |
Manitoba | 756 | 681 | 558 | 451 | 396 | 468 |
Ontario | 499 | 416 | 405 | 181 | 192 | 215 |
Québec | 150 | 170 | 239 | 125 | 119 | 127 |
Provinces de l'Atlantique* | 25 | 21 | 24 | 20 | 22 | 21 |
Canada | 6 315 | 5 704 | 3 918 | 2 629 | 1 992 | 1 889 |
*Les provinces de l'Atlantique comprennent le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador |
Tableau 1b : Émissions de PM10 (en kilotonne par an) des activités agricoles canadiennes de 1981 à 2016
1981 | 1991 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Colombie-Britannique | 13 | 11 | 8 | 6 | 6 | 5 |
Alberta | 453 | 419 | 260 | 199 | 143 | 132 |
Saskatchewan | 1 092 | 986 | 578 | 381 | 264 | 229 |
Manitoba | 250 | 239 | 193 | 163 | 142 | 169 |
Ontario | 46 | 42 | 37 | 36 | 36 | 41 |
Québec | 20 | 19 | 25 | 24 | 22 | 24 |
Provinces de l'Atlantique* | 5 | 5 | 5 | 5 | 5 | 5 |
Canada | 1 879 | 1 721 | 1 107 | 814 | 619 | 605 |
*Les provinces de l'Atlantique comprennent le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador |
Tableau 1c : Émissions de PM2,5 (en kilotonne par an) des activités agricoles canadiennes de 1981 à 2016
1981 | 1991 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|
Colombie-Britannique | 5 | 4 | 3 | 3 | 2 | 2 |
Alberta | 141 | 130 | 83 | 63 | 45 | 40 |
Saskatchewan | 309 | 281 | 176 | 125 | 91 | 84 |
Manitoba | 70 | 66 | 55 | 48 | 42 | 51 |
Ontario | 19 | 17 | 15 | 14 | 14 | 16 |
Québec | 8 | 8 | 10 | 10 | 9 | 10 |
Provinces de l'Atlantique* | 2 | 21 | 2 | 2 | 2 | 2 |
Canada | 555 | 5 704 | 344 | 264 | 206 | 206 |
*Les provinces de l'Atlantique comprennent le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve-et-Labrador |
Raison de cette tendance
Le principal facteur expliquant l'amélioration de cet indicateur au Canada est le changement des pratiques qui menaient à une émission significative de particules, comme la mise en jachère et le travail intensif du sol. L'émission de particules liée à la préparation des terres, l'érosion éolienne, l'application de fertilisant et les activités de récolte, sont réduites en utilisant des méthodes de travail réduit du sol, qui augmentent également les résidus au sol. La figure 6 illustre la variation du pourcentage de terres agricoles en jachère et sans travail du sol dans les Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba) et au Canada, entre 1981 et 2016. Étant donné que la région des Prairies compte plus de 85 % des terres agricoles du Canada, les changements effectués dans ces provinces jouent beaucoup sur les moyennes nationales.
Figure 6: Tendances des jachères et des cultures sans travail du sol dans les Prairies, de 1981 à 2016
(À noter que les données du recensement sur les pratiques de travail du sol ne sont obtenues qu'à partir de 1991.)

Description - Figure 6
1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Manitoba | 12 | 10 | 6 | 6 | 5 | 3 | 2 | 1 |
Saskatchewan | 36 | 30 | 30 | 24 | 17 | 14 | 9 | 3 |
Alberta | 21 | 19 | 16 | 13 | 11 | 9 | 5 | 2 |
Colombie-Britannique | 10 | 12 | 9 | 6 | 6 | 4 | 3 | 1 |
Canada | 24 | 20 | 19 | 15 | 11 | 9 | 6 | 2 |
1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Manitoba | 5 | 9 | 13 | 21 | 24 | 20 | ||
Saskatchewan | 8 | 19 | 35 | 57 | 68 | 73 | ||
Alberta | 3 | 10 | 27 | 47 | 64 | 69 | ||
Colombie-Britannique | 4 | 9 | 13 | 19 | 27 | 36 | ||
Est du Canada | 4 | 14 | 19 | 24 | 28 | 24 | ||
Canada | 6 | 15 | 28 | 46 | 56 | 59 |
Pourquoi cet indicateur est important
Les particules sont considérées comme un polluant atmosphérique qui réduit la visibilité, contribue à l'appauvrissement de l'ozone stratosphérique, à la formation des pluies acides et du smog et qui influe sur le climat en modifiant la quantité d'énergie solaire qui atteint la surface de la Terre et la quantité d'énergie renvoyée dans l'espace.
Il y a longtemps que les activités agricoles sont reconnues comme une source importante d'émission de particules atmosphériques. Les particules primaires sont libérées telles quelles dans l'air. Elles sont issues notamment de l'érosion éolienne, du travail du sol (poussières du sol), la combustion (suie), de la récolte et la manutention des grains (poussières céréalières). Les émissions d'ammoniac représentent la principale source de particules secondaires (c'est-à-dire les particules qui sont formées dans l'air). La figure 7 montre les principales sources de particules.

Description - Figure 7
La figure illustre les sources de particules à la ferme et la taille des particules émises par chacune. Les activités et facteurs suivants produisent les trois catégories de particules (particules totales, PM10 et PM2,5) : érosion éolienne, préparation du sol, récolte des cultures et manutention des céréales, application de fumier et de produits chimiques agricoles, alimentation des animaux. Le brûlage des résidus de culture et l'incinération des carcasses animales engendrent des émissions de PM2,5. De plus, les activités qui suivent produisent des précurseurs de particules secondaires : l'alimentation des animaux génère de l'ammonium (NH3), certains types de culture produisent des composés organiques volatils (COV) et les sols peuvent libérer du monoxyde d'azote (NO).
La mise en œuvre de pratiques de gestion bénéfiques en agriculture peut permettre d'atténuer les émissions de particules.
Pratiques de gestion bénéfiques
Dans les Prairies en particulier, les pratiques recommandées pour prévenir l'érosion du sol peuvent réduire les émissions de particules. Ces pratiques comprennent la réduction de la superficie des terres en jachère, la diminution de l'intensité du travail du sol et l'augmentation de la couverture du sol sur les terres cultivables. D'autres stratégies comprennent l'augmentation des zones de pâturage permanent, l'utilisation de fourrages, la culture de plantes de couvre-sol d'hiver ainsi que le recours à la culture en bandes ou en courbes de niveau et l'aménagement de brise-vent.
Des particules primaires peuvent aussi être émises par les exploitations d'engraissement d'animaux, comme les étables ou les parcs d'engraissement. Il est possible de réduire les émissions par la diminution du temps de confinement des animaux (ou l'augmentation du temps de pâturage), le ramassage plus fréquent de la litière et du fumier, l'installation de systèmes de dépoussiérage ou de ventilation à air filtré et l'utilisation de pulvérisateurs d'eau ou d'huile pour réduire la poussière au sol.
À propos des indices de performance
L'indice de performance agroenvironnementale montre l'état de la performance environnementale et les tendances au fil du temps à partir d'une pondération du pourcentage de terres agricoles dans chaque catégorie d'indicateur, ce qui donne un indice variant de 0 (toutes les terres dans la catégorie la moins souhaitable) à 100 (toutes les terres dans la catégorie la plus souhaitable). Une valeur d'indice en augmentation dans le temps suggère une amélioration de la performance environnementale, tandis qu'une valeur en diminution suggère une détérioration de la performance environnementale.
Indicateurs connexes
- L'indicateur d'érosion du sol suit l'évolution de la santé des terres canadiennes en fonction du risque d'érosion par le travail du sol ainsi que l'action de l'eau et du vent.
- L'indicateur du degré de couverture du sol mesure le nombre réel de jours dans l'année où les terres agricoles canadiennes sont protégées par de la végétation, des résidus de culture ou de la neige.
- L'indicateur d'ammoniac estime les émissions annuelles d'ammoniac dans l'atmosphère provenant de la production d'animaux d'élevage et de l'application d'engrais sur les terres agricoles canadiennes.
Autres ressources et documents téléchargeables
- Pour plus de détails sur cet indicateur, nous vous invitons à consulter la publication intitulée L'agriculture écologiquement durable au Canada : Série sur les indicateurs agroenvironnementaux – Rapport no 4.
- Découvrir et télécharger des données géospatiales concernant cet indicateur et d'autres indicateurs.