Dommages
Les pics maculés ne s'attaquent qu'aux arbres vivants. Dans les régions boisées, ils tirent leur alimentation d'une grande variété de feuillus et de conifères. Lorsqu'il s'agit de prairies et de secteurs urbains où les arbres sont plantés à des fins ornementales ou pour constituer un brise-vent, ils semblent accorder la préférence aux bouleaux, aux épinettes du Colorado, aux pins sylvestres et aux ormes de Sibérie.
Les adultes causent des dommages en perçant avec leur bec à travers l'écorce jusqu'à l'aubier des rangées horizontales de petits trous régulièrement espacés, de forme ovale ou à peu près carrée. À l'encontre des autres pics, les pics maculés ne percent pas ces trous dans le but de trouver des larves ou des vers pour s'alimenter, mais utilisent plutôt leur courte langue en forme de brosse pour boire la sève qui suinte des trous. Ils mangent également les couches extérieures du bois. Lorsqu'une rangée de trous s'assèche, une autre est percée et ainsi de suite. Les rangées de trous peuvent couvrir une certaine distance sur le tronc et les grosses branches de l'arbre affecté. Les dommages sont en général plus prononcés au printemps et au début de l'été lorsque la pression exercée par la sève est à son plus fort.
Les dommages varient considérablement selon la durée de l'attaque. Les arbres légèrement attaqués redeviennent habituellement complètement sains. Par contre, il n'est pas rare que les branches ceinturées de plusieurs rangées de trous souffrent de dommages permanents et qu'une attaque sérieuse pendant plusieurs années successives fasse mourir de petits arbres ou des cimes. De plus, les insectes nuisibles et les organismes pathogènes peuvent pénétrer dans l'arbre par ces trous et provoquer des dommages secondaires. Les trous caractéristiques et la coloration anormale qui s'ensuit restent visibles de nombreuses années après l'attaque des pics maculés.
Lutte
La lutte contre le pic maculé est difficile, car, à l'instar de la plupart des oiseaux, cette espèce est protégée en vertu de la Loi sur la Convention des oiseaux migrateurs; il ne peut donc être ni tué, ni capturé et il est prohibé de détruire ses œufs. Il est possible d'éviter des dommages graves en plaçant dans les arbres attaqués des dispositifs destinés à faire du bruit ou à effrayer les oiseaux par leurs mouvements. Un autre moyen efficace consiste à envelopper les secteurs endommagés de chaque arbre avec des bandes de toile ou de tout autre matériel protecteur et de les laisser en place durant la période où les oiseaux sont le plus actifs, c'est-à-dire d'avril à la fin de l'été. On peut également pulvériser un enduit cicatrisant sur les trous (qui jouera le rôle de pansement), ce qui réduit l'écoulement de la sève et prévient l'entrée des insectes et des maladies. Pour commencer, les trous doivent être complètement nettoyés de toute sève durcie ou de tout débris avec un couteau pointu. Les vernis, gommes-laques et peintures ne sont pas recommandés comme scellants parce qu'ils ont un effet toxique sur l'arbre.
Agent Causal
Le pic maculé (Sphyrapicus varius varius L.) est un petit oiseau migrateur (de 20 à 23 cm) membre de la famille des pics qui est présent durant tout l'été. Bien que des variations de couleur existent d'un individu à l'autre, les pics maculés se reconnaissent facilement à la bande longitudinale blanche, visible sur leurs ailes lorsqu'ils sont perchés sur un arbre. Le mâle adulte a une couronne et une gorge rouge entourées de noir, alors que la femelle adulte a une couronne rouge, plus petite, et la gorge blanche. Tous deux possèdent, au-dessus et au-dessous des yeux, des bandes blanches qui s'allongent jusqu'au cou, un plastron noir sur la poitrine et un abdomen d'un blanc jaunâtre. Les jeunes oiseaux dans leur plumage juvénile semblent bruns et n'ont pas de plastron pectoral noir, mais, comme les adultes, ils portent une longue rayure alaire blanche.
Les pics maculés nichent habituellement dans des trous situés bien au-dessus du sol et pratiqués dans le duramen des arbres morts ou presque, et ce, à une distance de vol jamais très éloignée du secteur d'alimentation choisi. Leur nid contient de 3 à 7 œufs blancs. Chaque couple délimite un territoire qui devient alors interdit aux autres pics maculés et qui est réintégré année après année s'il se révèle productif. La sève et le bois d'aubier composent environ 50 % du régime alimentaire du pic maculé; le reste est constitué de baies sauvages, de fruits et d'insectes volants attirés par la sève qui s'échappe des trous.
Source : V. Hildahl, Centre de recherche forestière du Nord, Edmonton (Alberta)