L'indicateur de la capacité d'habitat faunique des terres agricoles rend compte de la disponibilité de milieux propices aux populations de vertébrés terrestres dans les terres agricoles canadiennes, de 2000 à 2015. Il est estimé que 8 % de la superficie du Canada est utilisée pour l’agriculture, et occupent des zones abritant 547 espèces identifiées d’oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. L’indicateur de la capacité d’habitat faunique des terres agricoles est maintenant basé sur des informations de couverture détaillée des terres provenant d’images satellites, disponibles depuis l’an 2000.
État et tendance d'ensemble
De 2000 à 2015, environ 63 % des terres agricoles au Canada ont maintenu leur capacité d’habitat faunique, alors qu’environ 30 % ont vu un déclin de cette capacité, et 7 % ont vu une amélioration de leur capacité.
La carte interactive qui suit permet d'agrandir et d'explorer différentes régions en 2015 et en 2000.
À noter que les régions de faible ou très faible capacité d’habitat faunique sont les zones avec une forte concentration de cultures annuelles, par exemple dans la région des plaines à forêts mixtes de l'est du Canada et dans certaines parties des Grandes Plaines du nord. Les régions avec une grande capacité d’habitat sont celles présentant de l’agriculture mixte, et qui incluent davantage de terres de pâturage, de zones forestières et des milieux humides.
Très élevé | Élevé | Moyen | Faible | Très faible |
Très élevé | Élevé | Moyen | Faible | Très faible |
Utilisez la carte interactive de la figure 3 pour visualiser l'évolution de la capacité faunique des terres agricoles entre 2000 et 2015. La plupart des terres agricoles sont demeurées stables ou démontrent de faibles variations dans leur capacité d’habitat faunique, cependant certains zones spécifiques du pays ont subi des réductions significatives de cette capacité.
Grande diminution | Diminution moyenne | Petite diminution | Peu ou pas de changement | Petite augmentation | Augmentation moyenne | Grande augmentation |
Indice de performance de l'habitat faunique dans les terres agricoles
L'état et la tendance de l'indicateur d'habitat faunique dans les terres agricoles se reflètent dans l'indice de performance ci-dessous.
Figure 4 : Indice de l'habitat faunique dans les terres agricoles

Description - Figure 4
Année | Valeur de l'indice |
---|---|
2000 | 62 |
2005 | 62 |
2010 | 62 |
2015 | 63 |
En observant les résultats à l’échelle nationale, en utilisant un seul index pour l’ensemble du pays, on constate que la capacité d’habitat faunique n’a pas changé significativement entre 2000 et 2015. L'indice groupe et généralise les tendances, et il doit donc être considéré comme un outil stratégique donnant un aperçu général de l'état et de la tendance au fil du temps.
Il est important de reconnaître qu’un niveau « souhaitable » de capacité d’habitat faunique est probablement impossible à atteindre sur des terres de cultures annuelles. Même si certaines espèces sont capables de s’y nourrir, peu d’espèces peuvent s’y reproduire dû aux perturbations causées par le travail du sol, l’ensemencement et la récolte. Un niveau « moyen » à « bon » peut être obtenu dans ces zones lorsqu’il y a hétérogénéité dans le type de couverture du sol.
Tendances particulières
Peu importe le paysage, la capacité globale d’habitat faunique d’une zone donnée est une combinaison des capacités de chaque type de milieu à soutenir les besoins en alimentation et en reproduction des espèces qui s’y retrouvent normalement. La figure 5 démontre le nombre d’espèces pouvant utiliser chaque type de milieu pour subvenir à leurs besoins. Les terres en cultures annuelles qui font partie d’une zone ayant également d’autres types de couverture végétale (pâturages, prairies, forêts et milieux humides) sont plus aptes à soutenir des habitats fauniques.

Description - Figure 5
Type de couverture végétale | Nombre d'espèces sauvages utilisant chaque type de couverture végétale pour l'alimentation Alimentation | Nombre d'espèces sauvages utilisant chaque type de couverture végétale pour la reproduction |
---|---|---|
Sol exposé | 117 | 78 |
Terre humides en fôret | 254 | 273 |
Terre humides | 267 | 334 |
Eaux | 70 | 129 |
Fôrets en régénération (incendie) | 240 | 314 |
Fôrets en régénération (récolte) | 239 | 313 |
Fôrets | 337 | 347 |
Pâturages (prairie indigène) | 304 | 346 |
Pâturages (sans améliorations) | 340 | 384 |
Terres cultivées en jachère | 17 | 82 |
Terres cultivées (fruits et baies) | 94 | 158 |
Terres en culture vivace | 83 | 167 |
Terres en culture annuelle | 29 | 139 |
Lieux habités végétalisés | 216 | 255 |
Lieux habités | 46 | 65 |
Pourquoi cet indicateur est important
Le paysage agricole diversifié du Canada fournit un habitat à près de 600 espèces d'oiseaux, de mammifères, de reptiles et d'amphibiens. L'essentiel des espèces fauniques (près de 90 %) associées aux terres agricoles dépendent des types de couverture végétale naturelle et semi-naturelle, comme les terrains boisés, les milieux humides ou les prairies, pour leur reproduction et leur alimentation. Seuls 3 % des espèces fauniques identifiées pourraient se reproduire et satisfaire leurs besoins alimentaires dans un habitat constitué uniquement de cultures annuelles. Ces chiffres montrent que l'existence de populations viables d'espèces animales sauvages dépend de la présence de couvertures végétales naturelles et semi-naturelles dans le paysage agricole canadien.
Comme l'agriculture est une industrie qui dépend des marchés et du prix des denrées, il peut être difficile de trouver l'équilibre entre productivité élevée et santé à long terme de l'écosystème agricole dans son entier. L'habitat faunique dans les terres agricoles peut être dégradé par la conversion de zones naturelles et semi-naturelles en champs cultivés, l'utilisation accrue de produits chimiques, le drainage des terres humides, l'élimination des brise-vent et des barrières naturelles pour permettre le passage de gros engins et, parfois, par l'augmentation de la densité du bétail. De tels changements peuvent entraîner la fragmentation des habitats et la perte de l'hétérogénéité du paysage.
L'agriculture profite des importants services écosystémiques que fournissent les espèces sauvages, dont la pollinisation des cultures et la lutte naturelle contre les ennemis des cultures. Fournir un habitat faunique dans les régions agricoles, par la création ou l'entretien de zones tampons, de terrains boisés ou de milieux humides, par exemple, peut apporter d'autres avantages, comme une meilleure qualité des sols et de l'eau ainsi qu'une efficacité accrue du cycle des nutriments et de la séquestration du carbone.
La mise en œuvre de pratiques de gestion agricoles bénéfiques peut atténuer la perte de milieux propices et permettre d'en créer de nouveaux.
Pratiques de gestion bénéfiques
Dans les Prairies, en particulier, les producteurs peuvent améliorer l'habitat faunique en réduisant les jachères et l'intensité du travail du sol, et en convertissant les cultures annuelles à des systèmes de culture de vivaces.
L'établissement d'un plan environnemental à la ferme aide les producteurs à comprendre les impacts que leurs activités agricoles peuvent avoir sur la faune et les informe des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) qu'ils peuvent adopter pour atténuer les effets défavorables de ces activités. Voici des exemples de PGB : la gestion des zones riveraines et boisées; la conversion des terres cultivables peu productives à la couverture végétale permanente; la plantation ou le maintien de brise-vent et de haies; la récolte tardive du foin et la conservation des milieux humides, de zones tampons et des terres naturelles et semi-naturelles. Toutes ces pratiques sont susceptibles d'avoir des effets positifs considérables sur les espèces sauvages.
Certaines des espèces en péril ou en voie de disparition sont indigènes des prairies naturelles. Or, après que les prairies ont été mises en culture, il peut falloir des décennies ou des siècles pour qu'elles retrouvent leur état naturel. Le maintien des zones de prairie pour le pâturage et des pratiques de gestion favorisant le rétablissement de l'état naturel représentent une avenue économiquement viable d'obtenir un effet positif important sur la qualité de l'habitat dans les régions où se trouvent des prairies naturelles.
À propos de l'indice de performance
L'indice de performance agroenvironnementale montre l'état de la performance environnementale et des tendances au fil du temps. Il est fondé sur une pondération du pourcentage de terres agricoles dans chaque catégorie d'indicateur, ce qui donne un indice variant de 0 (toutes les terres dans la catégorie la moins souhaitable) à 100 (toutes les terres dans la catégorie la plus souhaitable). Une valeur d’indice en augmentation dans le temps suggère une amélioration de la performance environnementale, tandis qu’une valeur en diminution suggère une détérioration de la performance environnementale.
Indicateurs connexes
- L'indicateur du degré de couverture des sols indique le nombre réel de jours dans l'année durant lesquels les sols agricoles sont couverts de végétation, de résidus de culture ou de neige. Combiné à l'indicateur de capacité d'habitat faunique, il donne un aperçu du potentiel de biodiversité sur les terres agricoles du Canada.
Autres ressources et documents téléchargeables
- Pour plus de détails sur cet indicateur, nous vous invitons à consulter la publication intitulée L'agriculture écologiquement durable au Canada : Série sur les indicateurs agroenvironnementaux – Rapport no 4.
- Découvrir et télécharger des données géospatiales concernant cet indicateur et d'autres indicateurs.