L'indicateur de la couverture du sol indique le nombre de jours par année où les sols agricoles sont couverts de végétation, de résidus de culture ou de neige et donc protégés contre les processus de dégradation des sols nus, tels que l'érosion par le vent et l'eau, l'épuisement la matière organique, la détérioration de la structure du sol et la perte de fertilité. Cet indicateur a permis de surveiller la couverture des sols sur lesquels portent les activités agricoles canadiennes de 1981 à 2016. Il en rend compte en nombre de jours de sol couvert.
État et tendance d'ensemble
Au Canada, la couverture du sol a augmenté sur les terres agricoles. Malgré la conversion de pâturages et de cultures fourragères à des cultures annuelles dans certaines parties du pays, la moyenne nationale est passée de 268,5 jours de sol couvert en 1981 à de 288,8 jours, en 2016. L’augmentation la plus forte s’est produite dans les Prairies, particulièrement en Saskatchewan. Cette amélioration est surtout attribuable à la diminution des mises en jachère, qui laissent les champs nus, et à l’adoption du travail réduit du sol et de la culture sans travail du sol.
La carte interactive qui suit permet d’agrandir et d’explorer différentes régions. Il est à noter que malgré l’intensité des activités agricoles dans les Prairies, le degré de couverture du sol est moyen avec seulement quelques endroits où il est plus faible. Par ailleurs, dans la région des basses-terres du lac Érié dans le sud-est de l’Ontario, il n’y a que quelques endroits où la couverture du sol est très faible.
Depuis 1981, on observe une augmentation considérable de la couverture du sol partout au Canada. Ce résultat est particulièrement évident dans les Prairies. La couverture s’améliore dans les basses terres du lac Érié, même si elle est encore très faible, et elle diminue dans les basses-terres du Saint-Laurent, au Québec.
En général, les grandes améliorations dans les Prairies peuvent être attribuées à la diminution des mises en jachère ainsi qu’à l’augmentation du travail réduit du sol et de la culture sans travail du sol, qui augmentent les débris végétaux et réduisent ainsi la proportion de sols nus exposés à la dégradation. Ailleurs, la diminution de la couverture du sol s’explique par les changements apportés aux pratiques culturales et aux types de cultures. La diminution importante de la production de bovins de boucherie depuis 2006 et la baisse à plus long terme des cheptels laitiers depuis 1981 ont réduit la superficie des terres de pâturage et de cultures fourragères. Une grande partie de cette superficie a été convertie à des cultures annuelles, comme le maïs, qui ne procurent pas autant de couverture que les cultures vivaces. Néanmoins, la tendance s’améliore à l’échelle nationale.
Très faible | Faible | Modéré | Élevé | Très élevé |
La carte interactive de la figure 2 permet de visualiser l'évolution du nombre de jours de sol couvert de 1981 à 2016. Il est évident que la hausse de la couverture du sol est plus importante dans les Prairies.
Grande diminution | Diminution | Peu ou pas de changement | Augmentation | Grande augmentation |
Indice de performance de la couverture du sol
L'état et la tendance de l'indicateur de la couverture du sol peuvent également s'observer dans l'indice de performance ci-dessous.

Description - Figure 3
Année | Valeur de l’indice |
---|---|
1981 | 28 |
1986 | 30 |
1991 | 31 |
1996 | 35 |
2001 | 40 |
2006 | 46 |
2011 | 47 |
2016 | 46 |
En 2016, l'état de l'environnement, du point de vue de la couverture du sol découlant des activités agricoles au Canada, se trouvait dans la catégorie « moyen ». L'indice montre une tendance à la hausse, sa valeur étant passée de 32 en 1981 à 51 en 2016, ce qui révèle une amélioration constante et une augmentation de la couverture du sol durant ces 30 années. De 1981 à 2016, la couverture moyenne du sol a augmenté de 7,6 % au Canada. Cette augmentation à l'échelle nationale est surtout due à l'adoption répandue du travail réduit du sol (travail de conservation) et de la culture sans travail du sol, ainsi qu'à la diminution des mises en jachère.
L'indice groupe et généralise les tendances. Calcul des indices de performance
Tendances particulières
- Tendance 1 – Depuis 1981, le nombre de jours de sol couvert a augmenté de façon importante dans les terres agricoles des Prairies
- Tendance 2 – Le nombre de jours de sol couvert diminue légèrement dans certaines régions de l'est du Canada
Voici quelques autres tendances intéressantes. Parfois, elles s'observent dans certaines régions et, parfois, elles touchent certains secteurs, comme les industries du bœuf et des produits laitiers. Il ne s'agit pas d'une liste exhaustive; le rapport complet contient d'autres constatations : L'agriculture écologiquement durable au Canada : Série sur les indicateurs agroenvironnementaux - Rapport no 4..
Tendance 1 – Depuis 1981, le nombre de jours de sol couvert a augmenté de façon importante dans les terres agricoles des Prairies
Depuis 30 ans, la région des Prairies a connu une amélioration importante de la couverture du sol.
Très faible | Faible | Modéré | Élevé | Très élevé |
Raisons expliquant la tendance 1
L'amélioration de cet indicateur au Canada est surtout due à l'abandon des mises en jachère et du travail intensif du sol dans les Prairies. La figure 4 illustre l'évolution du pourcentage des terres agricoles – de 1981 à 2016 – en jachère ainsi que des cultures sans travail du sol dans les Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba) et dans l'ensemble du Canada. Étant donné que la région des Prairies compte plus de 85 % des terres agricoles au Canada, les changements dans cette région ont une incidence importante sur les moyennes nationales.

Description - Figure 5
1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Manitoba | 12 | 10 | 6 | 6 | 5 | 3 | 2 | 1 |
Saskatchewan | 36 | 30 | 30 | 24 | 17 | 14 | 9 | 3 |
Alberta | 21 | 19 | 16 | 13 | 11 | 9 | 5 | 2 |
Columbie- Britanique |
10 | 12 | 9 | 6 | 6 | 4 | 3 | 1 |
Canada | 24 | 20 | 19 | 15 | 11 | 9 | 6 | 2 |
1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Manitoba | 5 | 9 | 13 | 21 | 24 | 20 | ||
Saskatchewan | 8 | 19 | 35 | 57 | 68 | 73 | ||
Alberta | 3 | 10 | 27 | 47 | 64 | 69 | ||
Columbie- Britanique |
4 | 9 | 13 | 19 | 27 | 36 | ||
Est du Canada | 4 | 14 | 19 | 24 | 28 | 24 | ||
Canada | 6 | 15 | 28 | 46 | 56 | 59 |
Tendance 2 – Le nombre de jours de sol couvert diminue légèrement dans certaines régions de l'est du Canada
Bien que la tendance nationale de la couverture du sol soit très positive, elle est un peu freinée par la diminution localisée de la couverture du sol dans des régions de l'est de l'Ontario, du sud du Québec et des Maritimes.
Très faible | Faible | Modéré | Élevé | Très élevé |
Raisons expliquant la tendance 2
Depuis 1981, on observe dans certaines régions des basses-terres du Saint-Laurent dans l'est de l'Ontario et l'ouest du Québec une diminution de plus de dix jours de la couverture du sol. Ces régions ont subi d'importants changements de distribution des cultures, des conversions assez importantes ayant été opérées des pâturages et des cultures fourragères à des cultures annuelles pendant la période à l'étude. Une bonne partie des changements se sont produits après 2006 et découlent de la diminution de la production de bœuf. Des tendances semblables se sont manifestées, pour la même raison, dans des régions des Maritimes, notamment à l'Île-du-Prince-Édouard. La figure ci-dessous illustre les tendances des cultures annuelles.

Description - Figure 7
Pourcentage des terres agricoles avec cultures annuelles (%)
Année | 1981 | 1986 | 1991 | 1996 | 2001 | 2006 | 2011 | 2016 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Ontario | 40.1 | 39 | 40 | 41.5 | 44.3 | 44.1 | 48.4 | 51.6 |
Québec | 20 | 20.2 | 22 | 23.7 | 29 | 29.4 | 30.1 | 32.7 |
Nouveau-Brunswick | 11.9 | 11.6 | 12.7 | 13 | 14.4 | 13.4 | 13.7 | 13 |
Nouvelle-Écosse | 9.2 | 7.3 | 7.3 | 6.8 | 7.3 | 6.5 | 6.5 | 6.4 |
Île-du-Prince-Édouard | 43.2 | 33.3 | 34.5 | 38.3 | 39.1 | 36.7 | 39.9 | 39.2 |
Terre-Neuve-et-Labrador | 13.2 | 5.8 | 7.3 | 5.8 | 7.3 | 10.6 | 7.2 | 7 |
Canada | 58.6 | 58.7 | 58.9 | 58.1 | 56.9 | 54.7 | 56.8 | 60.6 |
Pourquoi cet indicateur est important
La couverture du sol a des répercussions sur de nombreux processus environnementaux et sur les caractéristiques associées à la santé générale du sol, notamment la teneur en matière organique et la vulnérabilité à l'érosion, ainsi que sur des aspects plus généraux de l'environnement, comme l'habitat des espèces sauvages et la qualité de l'eau et de l'air. Elle influe aussi sur la productivité des terres et sur le rendement et la qualité des cultures.
Les producteurs peuvent limiter les dommages en mettant en œuvre des pratiques de gestion bénéfiques (PGB) qui augmentent la couverture du sol et en restreignant les pratiques (telles que la mise en jachère) qui la diminuent.
Pratiques de gestion bénéfiques
Dans les Prairies, en particulier, les producteurs peuvent augmenter la couverture du sol en réduisant les mises en jachère et l'intensité du travail du sol, et en convertissant les cultures annuelles à des systèmes de culture de vivaces. Il y a eu une augmentation nationale des cultures qui laissent peu de résidus au sol, comme la pomme de terre, le canola, le soja, les légumes et les produits de pépinières, et on s'attend à ce que cette tendance se maintienne. Lorsque cela est faisable, semer des engrais verts ou des couvre-sol d'hiver dès que possible après la récolte permettrait d'assurer une meilleure couverture du sol pendant la longue période entre la récolte à l'automne et l'ensemencement au printemps. Une telle stratégie pourrait éventuellement être importante si les changements climatiques réduisent le nombre de jours de protection du sol par la neige ou si les phénomènes météorologiques extrêmes deviennent plus courants au printemps avant l'ensemencement, lorsque le sol est particulièrement exposé à la dégradation à cause de l'érosion. Cultiver des plantes compagnes adaptées en rangs intercalaires avec les plantes à faible couverture serait un autre moyen d'augmenter la couverture du sol. Dans certains cas, les plantes intercalaires pourraient rapporter des recettes supplémentaires aux producteurs.
À propos des indices de performance
L’indice de performance agroenvironnementale montre l’état de la performance environnementale et les tendances au fil du temps à partir d’une pondération du pourcentage de terres agricoles dans chaque catégorie d’indicateur, ce qui donne un indice variant de 0 (toutes les terres dans la catégorie la moins souhaitable) à 100 (toutes les terres dans la catégorie la plus souhaitable). Une valeur d’indice en augmentation dans le temps suggère une amélioration de la performance environnementale, tandis qu’une valeur en diminution suggère une détérioration de la performance environnementale.
L'indice groupe et généralise les tendances, et il doit donc être considéré comme un outil stratégique donnant une vue d'ensemble de l'état et de la tendance au fil du temps.
Indicateurs connexes
- L'indicateur de l'érosion du sol permet de suivre la santé des sols agricoles canadiens en ce qui concerne le risque d'érosion causé par le travail du sol, l'eau et le vent
- L'indicateur de la matière organique du sol permet de suivre la santé des sols agricoles canadiens en ce qui concerne leur teneur en carbone.
- L'indicateur du risque de salinisation du sol permet de suivre le risque de salinisation des sols des Prairies.
Autres ressources et documents téléchargeables
- Pour plus de détails sur cet indicateur, nous vous invitons à consulter la publication intitulée L'agriculture écologiquement durable au Canada : Série sur les indicateurs agroenvironnementaux – Rapport no 4.
- Découvrir et télécharger des données géospatiales concernant cet indicateur et d'autres indicateurs.