Mesure de l’insécurité alimentaire et données connexes

Le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021: Rapport de la concertation de l’étape 2
Date de la concertation : 27 avril 2021
Organisé par : Agriculture et Agroalimentaire Canada
Lien vers la page Web de la concertation sur la passerelle (disponible en anglais seulement) : https://summitdialogues.org/dialogue/14351/

Participation

Nombre de participants[1] de chaque groupe de parties prenantes
Petite/moyenne entreprise/artisan(e) 3
Organisation non gouvernementale 10
Peuple autochtone 4
Scientifiques et universitaires 12
Gouvernement et institution nationale 18
Organisation non gouvernementale internationale 2
Fondation privée / partenariat / alliance 2
Autorité locale 2
Groupe de consommateurs 1
Total 54

1. Des participants se sont déclarés comme un groupe d’intervenants lors de l’inscription au concertation.

Axe majeur

Le Canada s’est engagé à éliminer la faim et à assurer la sécurité alimentaire de tous les Canadiens ainsi qu’à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) liés à la sécurité alimentaire d’ici à 2030. Le discours d’ouverture du Parlement du Canada de 2020 (Discours du Trône) a souligné que chaque Canadien mérite d’avoir des aliments nutritifs sur sa table. La nécessité de continuer à travailler avec nos partenaires – y compris directement avec les Premières Nations, les Inuits et les Métis – pour lutter contre l’insécurité alimentaire au Canada a également été soulignée. Après avoir mis ces engagements en place, il est essentiel que le Canada ait la capacité de mesurer les progrès réalisés en vue de la réalisation des résultats prioritaires de la Politique alimentaire.

L’objectif de la concertation sur les données et la mesure de la sécurité alimentaire était de déterminer comment les méthodes actuelles de mesure de la sécurité alimentaire peuvent être améliorées afin de mieux suivre le respect des engagements du Canada en matière de sécurité alimentaire. Une justification clé pour déterminer les problèmes de données et de mesure est le besoin urgent d’élaborer des mesures appropriées qui ciblent les personnes vulnérables afin que le Canada soit sur la bonne voie pour atteindre les ODD liés au système alimentaire, y compris l’élimination de la faim, la bonne santé et le bien-être, la production et la consommation responsables et la lutte contre les changements climatiques. La concertation a été motivée par la déclaration sur l’avenir suivante :

« D’ici 2030, le Canada disposera des données nécessaires pour évaluer la capacité de toutes les personnes qui vivent au Canada à accéder à une quantité suffisante d’aliments salubres, nutritifs et culturellement appropriés. Ces données seront utilisées pour surveiller et suivre les progrès réalisés par le Canada en vue de la réalisation des ODD et des indicateurs de la Politique alimentaire pour le Canada. En conséquence, des progrès seront réalisés vers l’atteinte des ODD. »

La déclaration sur l’avenir était étroitement alignée sur la piste d’action 1 du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires : assurer l’accès à des aliments salubres et nutritifs pour tous d’ici à 2030. La concertation était axée sur la promotion d’une discussion diversifiée avec les partenaires, les intervenants et les titulaires de droits sur la manière de réaliser la déclaration sur l’avenir. Il a été demandé plus précisément aux participants de présenter leurs points de vue et leurs commentaires sur les quatre points suivants :

  • déterminer les lacunes actuelles dans les données
  • les approches pour combler les lacunes relevées dans les données
  • les obstacles et les défis à surmonter pour mettre en œuvre la déclaration sur l’avenir
  • déterminer les rôles des intervenants et des titulaires de droits dans la réalisation de la déclaration sur l’avenir.

Principaux résultats

Bien que les participants aient accueilli favorablement la création récente d’une Politique alimentaire pour le Canada, ils ont souligné la nécessité de changements organisationnels clés et d’investissements dans l’amélioration de la collecte et de la gouvernance des données liées à la sécurité alimentaire, y compris la diffusion et l’accès aux données. La concertation a permis aux participants de présenter leurs points de vue sur les données et mesures actuelles de la sécurité alimentaire et les moyens de les améliorer.

Conclusion principale 1 : Le rôle du gouvernement fédéral dans la collecte, la diffusion et l’utilisation des données pour lutter contre l’insécurité alimentaire doit être bien défini et collaboratif.

  • La plupart des participants étaient d’avis que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle beaucoup plus important pour surmonter les obstacles ou les défis liés à la collecte des données sur la sécurité alimentaire et à l’accès à ces données. Les participants ont indiqué qu’ils n’ont pas l’impression que le rôle du gouvernement fédéral dans la lutte contre l’insécurité alimentaire est bien défini et qu’il est possible d’accroître la collaboration et la coordination. De nombreux participants croyaient que dans ses efforts de collecte de données actuels, le gouvernement fédéral a raté certaines occasions de les faire se compléter pour fournir une image complète de la situation de l’insécurité alimentaire au Canada dans toutes les régions et dans le temps. Les participants ont exprimé leur frustration face au manque de mémoire institutionnelle, de volonté politique, de coopération et de collaboration, d’expertise fédérale sur la question et d’engagements à long terme sur l’insécurité alimentaire au sein du gouvernement fédéral. Les participants croient qu’il est nécessaire de montrer un lien plus clair entre les programmes et politiques mis en place par le gouvernement fédéral et l’impact qu’ils ont sur la réduction de l’insécurité alimentaire. Le besoin urgent d’un effort concerté visant à démanteler les « silos » et à créer une « appropriation » de la question au niveau fédéral a été souligné par de nombreux participants.

Constatation principale 2 : Il est nécessaire que le gouvernement fédéral investisse davantage dans des méthodes de collecte de données qui reflètent la variation régionale des systèmes alimentaires et des populations dans l’ensemble du Canada. Il est nécessaire de se concentrer davantage sur la mesure et la surveillance de l’insécurité alimentaire au sein des populations vulnérables.

  • Beaucoup ont souligné que le gouvernement fédéral doit faire davantage pour lutter contre l’insécurité alimentaire en investissant pour améliorer la collecte des données et l’accès à celles-ci. Outre la collecte de données quantitatives au moyen d’enquêtes, les participants ont réclamé plus de ressources et d’investissements pour comprendre les expériences des Canadiens qui souffrent d’insécurité alimentaire, en particulier dans les collectivités éloignées, grâce à des données qualitatives et à des études de cas.
  • De nombreux participants ont exprimé leurs préoccupations au sujet des méthodes d’échantillonnage utilisées actuellement pour les enquêtes sur la population. Certains participants estimaient que ces méthodes d’échantillonnage ne représentaient pas de manière appropriée les renseignements sur les populations marginalisées et vulnérables qui sont beaucoup plus sujettes que les autres à l’insécurité alimentaire. En raison de la petite taille des échantillons, les gouvernements, les chercheurs et les ONG sont incapables de déterminer les problèmes particuliers au sein des populations vulnérables. De plus, la plupart des données sont agrégées au niveau du ménage, sans tenir compte des nuances et des circonstances particulières des membres du ménage. La popularité croissante des sondages en ligne a été signalée comme étant un sujet de préoccupation car certains groupes marginalisés peuvent être exclus de la collecte. Il est nécessaire d’obtenir des données désagrégées au moyen d’un suréchantillonnage dans ces groupes marginalisés et régions géographiques étant donné que toute intervention en matière de politiques visant à lutter contre l’insécurité alimentaire doit être axée sur ces sous-groupes de la population.
  • Les participants ont souligné que les régions sont confrontées à des défis en matière de disponibilité des aliments qui varient en fonction de leurs circonstances démographiques et géographiques particulières. Les participants estimaient qu’à l’heure actuelle, les données sur la sécurité alimentaire ne reflètent pas adéquatement les variations régionales des systèmes alimentaires et des populations dans l’ensemble du Canada, en particulier lorsque les données sont agrégées au niveau national ou provincial.

Constatation principale 3 : Les gouvernements et les organisations qui recueillent des données pour mesurer l’insécurité alimentaire peuvent améliorer la collecte de données en soutenant des partenariats avec des groupes cibles.

  • Les participants ont souligné que les responsables de la collecte de données doivent se concentrer sur les partenariats avec des groupes cibles pour améliorer la collecte de données et la compréhension mutuelle. La plupart des données utilisées par les chercheurs et les organismes communautaires proviennent de rapports d’universitaires, de municipalités et d’ONG. Les participants ont souligné que le manque d’investissements inhibe la capacité de ces organisations à renforcer leurs capacités, à établir des liens avec les communautés et à améliorer la collecte de données à long terme. En conséquence, les participants ont souligné que des contrats de financement uniformes et à long terme amélioreraient la collecte de données.

Constatation principale 4 : La transparence dans la collecte, l’utilisation et la diffusion des données doit être améliorée. Les groupes cibles doivent être consultés tout au long du processus, y compris en ce qui concerne la conception de l’enquête, l’analyse et l’accès aux produits de données finaux et/ou la propriété de ces produits.

  • Les organisateurs de la concertation ont entendu les participants dire que les problèmes liés au manque de transparence dans la collecte de données et leur utilisation ultérieure ont accentué la méfiance existante à l’égard de la collecte de données. Les participants ont souligné que le gouvernement fédéral doit respecter la souveraineté des données autochtones et travailler avec ses partenaires pour s’assurer que la collecte de données est soutenue. Les partenaires autochtones doivent conserver leur droit de recueillir, de posséder et d’utiliser leurs propres données, dans le respect des principes de la réconciliation.
  • Certains participants estimaient que les communautés et les populations vulnérables n’avaient pas été consultées adéquatement sur leurs besoins particuliers en matière de données pour résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire auxquels elles sont confrontées. Les groupes cibles doivent être informés du rôle des données en tant que données probantes pour l’élaboration des politiques et des programmes afin de favoriser la confiance en le processus de collecte de données et la compréhension de celui-ci.

Constatation principale 5 : Nous avons besoin d’une définition de la sécurité alimentaire qui reflète la complexité des dimensions de la sécurité alimentaire au Canada. Une définition claire des sources et de la sécurité alimentaires est importante lors de la collecte de données et de la mesure de la situation de la sécurité alimentaire.

  • Les participants ont indiqué que les définitions existantes de la sécurité alimentaire ne permettaient pas de tenir compte de la profondeur et de l’étendue des besoins des chercheurs et des communautés. Les participants estimaient que les nombreuses dimensions utilisées pour mesurer la sécurité (c’est-à-dire l’accessibilité, l’abordabilité, l’adéquation, l’acceptabilité et la souveraineté) n’étaient pas saisies simultanément. Les participants ont indiqué que pour étudier la sécurité alimentaire, il faut tenir compte de toutes les sources de nourriture, y compris les aliments du marché, les aliments traditionnels, la récolte locale et les aliments autres que ceux du marché (par exemple,, les banques alimentaires et le partage communautaire de la nourriture). L’amélioration de la clarté et du consensus sur les définitions améliorerait la collecte et l’utilisation des données. En raison d’un manque de consensus sur les définitions et la mesure, il y a un manque d’uniformité dans les mesures d’une organisation à l’autre. Les participants estimaient que la clarification de la définition et de la spécification de chaque aspect de la sécurité alimentaire se traduirait par une amélioration des évaluations des politiques et des programmes.

Principale constatation 6 : Une compréhension globale de l’interconnexion entre le coût des aliments et le revenu des ménages est nécessaire pour comprendre le caractère abordable des aliments.

  • La sécurité alimentaire comporte de multiples facettes et les participants ont estimé qu’au Canada, nous avons tendance à nous concentrer uniquement sur l’abordabilité et l’accès financier des ménages aux aliments du marché. Même avec cette approche étroite, les participants ont indiqué qu’il y a des lacunes dans les données sur le coût et l’accessibilité des aliments et sur la façon dont ils sont liés au revenu des ménages. Un grand nombre de participants ont mentionné que les différences régionales ne sont pas mesurées de manière adéquate et que le nombre de produits alimentaires pris en compte pour le calcul du coût des aliments ne donne pas une image précise de la situation. Des mesures efficaces et désagrégées du budget alimentaire permettraient de mieux comprendre les différences régionales.

Principale constatation 7 : Il est nécessaire de disposer de données à jour et opportunes sur la situation actuelle de la sécurité alimentaire au Canada.

  • Les participants ont noté l’importance de disposer de données actualisées, la pandémie de COVID-19 ayant montré à quel point la situation de la sécurité alimentaire peut changer rapidement. Avant la pandémie, le décalage entre la collecte et la diffusion des données était déjà un problème. Les participants ont observé que les enquêtes nationales actuelles sur la sécurité alimentaire présentent des lacunes dans plusieurs secteurs techniques essentiels pour faciliter le suivi : fréquence, cohérence, rapidité de diffusion, accessibilité et absence de données longitudinales. Les participants ont souligné qu’il n’existe actuellement aucun système centralisé permettant de vérifier les indicateurs de menaces pour la sécurité alimentaire à travers le Canada et dans des régions spécifiques préoccupantes. Les participants étaient particulièrement préoccupés par le fait que la principale source de données globales sur la sécurité alimentaire au Canada est facultative certaines années pour les provinces. Certaines de ces données ne sont pas publiées pour des raisons de confidentialité.

Résultats pour chaque sujet de discussion

En groupes de discussion d’un maximum de 10 personnes, représentant diverses dimensions des systèmes alimentaire du Canada, les participants ont discuté de leurs points de vue et ont fait un remue-méninges pour trouver des moyens de combler les lacunes identifiées dans les données sur la sécurité alimentaire. Chacun des huit groupes a identifié des lacunes et des solutions uniques en matière de données, mais de nombreux groupes ont identifié des résultats sous des thèmes communs. Ces principaux résultats identifiés par les participants sont énumérés ci-dessous :

Établir un responsable fédéral pour la réalisation de la sécurité alimentaire, accroître la collaboration entre les ministères et financer la collecte de données supplémentaires.

De nombreux participants ont estimé qu’il serait utile d’avoir un seul organisme fédéral responsable de la sécurité alimentaire et de la réalisation des objectifs en la matière. À l’heure actuelle, les participants estiment qu’il existe un chevauchement et une incohérence considérables dans les efforts déployés et que, par conséquent, les progrès sont retardés. Le ministère ou l’agence responsable doit fixer un objectif clair et s’efforcer d’éliminer l’insécurité alimentaire en fixant des étapes stratégiques dont les progrès peuvent être évalués dans le temps grâce à des mesures de rendement. En plus de fixer des objectifs, ce ministère ou cet organisme gouvernemental devrait s’approprier le processus de collecte de données et élaborer des stratégies pour favoriser les partenariats avec tous les intervenants et les détenteurs de droits en gagnant leur respect et leur compréhension mutuelle de l’importance de la collecte de renseignements. Il s’agirait notamment de cataloguer toutes les données existantes recueillies par les intervenants et les détenteurs de droits (société civile, groupes à but non lucratif, autres niveaux de gouvernement et milieu universitaire).

Améliorer la collecte de données pour les groupes vulnérables. L’augmentation de la taille de l’échantillon permettrait de mieux évaluer les besoins et les niveaux de sécurité alimentaire des groupes vulnérables.

Les participants ont recommandé au gouvernement fédéral d’augmenter la taille de l’échantillon pour les groupes marginalisés lors de la collecte de données afin que les programmes et les politiques puissent être mieux ciblés et évalués. La petite taille de l’échantillon des groupes démographiques marginalisés entraîne l’incapacité de mesurer le statut de sécurité alimentaire de ces groupes démographiques à un niveau granulaire. En particulier, les participants ont indiqué que le gouvernement fédéral devait étudier les moyens de soutenir la collecte de données par les Autochtones. Les participants ont suggéré que le gouvernement fédéral doit se concentrer sur une conception inclusive et mieux atteindre les groupes sous-représentés en offrant des enquêtes dans différentes langues et des méthodes de livraison tout en respectant leurs expériences personnelles. Les participants ont estimé que la collecte actuelle de données peut exclure les groupes marginalisés, notamment la collecte d’enquêtes en ligne.

Développer et soutenir les partenariats avec les intervenants en sécurité alimentaire et les détenteurs de droits.

Bien que les partenariats nécessitent un processus plus intensif et davantage de ressources, les participants estiment qu’ils permettraient d’approfondir le dialogue et la compréhension de l’insécurité alimentaire. Pour atteindre cet objectif, les participants ont recommandé que le gouvernement travaille avec les intervenants et les détenteurs de droits pour cataloguer les données et les mesures actuelles. Il a également été recommandé que le gouvernement fédéral fournisse un financement stable afin que les organisations puissent planifier des priorités à long terme pour la collecte de données et investir dans leurs organisations. Les groupes locaux ont l’expérience des problèmes spécifiques de sécurité alimentaire et peuvent travailler à instaurer la confiance au sein de la communauté.

En ce qui concerne les communautés autochtones, il a été suggéré que le gouvernement fédéral doit mieux protéger et respecter la souveraineté des données autochtones et soutenir la collecte de données menée par les Autochtones. La collecte de données nécessite un dialogue de nation à nation afin de respecter les protocoles de collecte, de partage et de propriété des données élaborés par les communautés.

Définir et mesurer l’insécurité alimentaire.

L’insécurité alimentaire comporte de multiples facettes et les participants ont estimé qu’au Canada, nous avons tendance à nous concentrer uniquement sur l’abordabilité et l’accès financier des ménages aux aliments du marché. En se limitant à un modèle basé sur les revenus, on néglige les considérations culturelles plus larges et les obstacles sociaux et géographiques à la sécurité alimentaire. Les participants ont proposé que la définition de la sécurité alimentaire soit élargie pour inclure l’accès à d’autres systèmes alimentaires alternatifs (c’est-à-dire les systèmes alimentaires traditionnels/de pays, les récoltes locales, le partage communautaire de la nourriture et les banques alimentaires) et d’autres insécurités étroitement liées (c’est-à-dire la sécurité nutritionnelle et la sécurité de l’eau). Le gouvernement fédéral doit consulter les personnes qui consomment des aliments traditionnels pour mieux comprendre ces régimes alimentaires et s’assurer que ces dimensions de la sécurité alimentaire sont intégrées dans les enquêtes.

Accroître la transparence

Les participants ont recommandé au gouvernement fédéral de procéder à une analyse approfondie des programmes de sécurité alimentaire afin de prouver leur efficacité ou de demander à des universitaires d’entreprendre une telle analyse. Les participants ont indiqué qu’à l’heure actuelle, ils ne savent pas si les programmes et le financement permettent réellement de réduire l’insécurité alimentaire. Le lien entre la collecte des données et l’élaboration des politiques doit être transparent. Les participants ont noté que le gouvernement fédéral devrait améliorer la communication sur la façon dont les données seront utilisées comme preuves dans l’élaboration des politiques lorsqu’elles seront collectées et fournir des rapports de suivi pour transmettre l’importance de la participation des communautés à la collecte des données. La transparence et la communication entre le gouvernement et les détenteurs de droits et les intervenants dans la collecte de données sont essentielles pour coordonner les efforts visant à faire progresser les données et la mesure de la sécurité alimentaire.

Accessibilité des données

Les participants ont exhorté les gouvernements à s’efforcer de réduire le délai entre la collecte et la diffusion des données. En outre, la nécessité d’un plus grand niveau de granularité des données a été soulignée. Les organisations et les chercheurs ont un besoin urgent de données pour savoir qui est le plus touché par l’insécurité alimentaire, quelle est l’ampleur du problème et comment il évolue dans le temps.

Collecte fréquente de données sur l’insécurité alimentaire

Les participants ont estimé que le manque de cohérence dans la collecte des données dans certaines provinces et certaines années rend plus difficile l’identification des problèmes et des tendances. Par conséquent, les participants ont insisté pour que le gouvernement fédéral et les provinces travaillent ensemble pour s’assurer que les données sont recueillies annuellement afin d’éviter les lacunes dans les données. L’absence actuelle de données longitudinales limite les recherches visant à déterminer si les mêmes ménages deviennent plus ou moins en situation d’insécurité alimentaire au fil du temps. Une enquête longitudinale est donc nécessaire.

Le Canada a besoin d’un système national de surveillance du système alimentaire pour servir d’alerte précoce en cas de menaces à la sécurité alimentaire

Les participants ont estimé qu’avec des améliorations appropriées des données, le Canada pourrait établir un système de collecte et de diffusion des données, avec un ensemble défini et large de paramètres de rendement de la sécurité alimentaire, y compris des données liées à la nutrition, en fonction de cibles et d’objectifs ambitieux. Un élément clé des mises à jour opportunes de la sécurité alimentaire est le suivi fréquent des niveaux d’insécurité alimentaire au sein de la population. Les participants ont suggéré qu’après avoir catalogué les sources de données sur la sécurité alimentaire, le gouvernement pourrait aider les organisations à accéder à ces données. Un exemple proposé est une base de données sur les aliments du pays qui permettrait de saisir la disponibilité des sources d’aliments du pays, l’activité de chasse et la surveillance des écosystèmes.

Mesurer les conséquences des changements climatiques sur la sécurité alimentaire

En ce qui concerne la nécessité d’un système de surveillance, les participants ont souligné l’importance de comprendre les conséquences des changements climatiques sur la sécurité alimentaire. Les changements climatiques auront probablement des répercussions sur la culture des aliments, les pratiques durables et la saisonnalité de l’accès à la nourriture pour les communautés isolées. Les participants ont recommandé au gouvernement fédéral de suivre les conséquences des changements climatiques sur les sources d’aliments traditionnels dans les communautés éloignées et autochtones, ce qui renforce la nécessité de créer une base de données sur les aliments du pays.

Collecte de données qualitatives

Les participants ont estimé que dans de nombreux secteurs, il y a un manque de données qualitatives pour compléter les données quantitatives. Les données qualitatives sont insuffisantes pour mesurer l’expérience personnelle de l’insécurité alimentaire ainsi que le rôle de l’alimentation dans le développement économique et la souveraineté alimentaire. Les participants ont noté qu’il faut investir dans des études de cas au sein des communautés éloignées qui sont exclues de la collecte de données actuelle et des groupes vulnérables qui ne sont pas bien représentés dans la collecte de données actuelle. Les participants ont noté que les études de cas aideraient à saisir et à communiquer l’expérience des individus et à ajouter un contexte aux données quantitatives recueillies.

Points de divergence

Bien que la plupart des groupes de participants soient parvenus à des conclusions similaires, il y a eu quelques secteurs de divergence.

Davantage de recherche et de données par rapport à la prise de mesures immédiates

  • Le secteur de divergence le plus marquant est celui des personnes qui mettent l’accent sur la nécessité d’obtenir davantage de données et celles qui estiment que le Canada dispose de suffisamment de données et que le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour éliminer l’insécurité alimentaire. Dans le même ordre d’idées, certains participants ont fait remarquer que ce dialogue n’était pas assez ambitieux pour s’attaquer au problème de l’insécurité alimentaire et que le Canada devait prendre des mesures dès maintenant, l’année 2030 étant trop éloignée. Ces participants ont estimé que d’ici à 2030, le Canada doit mettre en œuvre des actions concrètes pour éliminer l’insécurité alimentaire, et pas seulement obtenir les bonnes données et mesures.

Se concentrer sur la collecte de données normalisées par rapport aux données spécifiques aux régions.

  • Les participants ont identifié le besoin d’une méthodologie normalisée dans le temps et l’espace pour mesurer l’insécurité alimentaire. Toutefois, certains participants ont souligné la nécessité d’adopter des approches régionales et de réaliser des enquêtes adaptées à des populations spécifiques.

Données sur l’utilisation des banques alimentaires

  • La nécessité de recueillir davantage de données sur l’utilisation des banques alimentaires et l’insécurité alimentaire a été notée. Cependant, d’autres participants ont souligné que, selon eux, les banques alimentaires ne devraient pas être considérées comme une solution viable à long terme à l’insécurité alimentaire. Ainsi, ils ont estimé que concentrer les efforts de collecte de données sur les banques alimentaires serait déployer des efforts au mauvais endroit.

Accent mis sur les revenus par rapport à une approche holistique des systèmes alimentaires

  • Certains participants ont estimé qu’il était important de considérer la sécurité alimentaire comme une question de revenus et de se concentrer sur la nécessité de rendre la nourriture plus abordable et d’augmenter les revenus. D’autres ont préféré se concentrer sur les obstacles culturels et géographiques plus larges qui ont des conséquences sur l’insécurité alimentaire.

Données sur les déchets alimentaires

  • Certains participants ont estimé qu’il fallait collecter davantage de données sur les déchets alimentaires. D’autres participants estiment que le gaspillage alimentaire et la sécurité alimentaire sont des questions distinctes. Bien qu’il y ait un certain chevauchement entre les deux questions, ces participants ne pensaient pas qu’une focalisation sur le gaspillage alimentaire contribuerait de manière significative à la réalisation des objectifs de sécurité alimentaire.

Élargir la définition de la sécurité alimentaire

  • De nombreux participants ont estimé que la définition de l’insécurité alimentaire devait être élargie. Il s’agit notamment de mettre davantage l’accent sur les aliments non commercialisés et les aliments culturels, sur les questions de souveraineté alimentaire et sur l’inclusion de la sécurité nutritionnelle et hydrique. Les avis divergent toutefois quant aux aspects à privilégier et à inclure.

Données opportunes ou données de qualité

  • De nombreux participants ont souligné la nécessité de collecter et de diffuser les données en temps opportun, notamment en raison de la rapidité avec laquelle la situation de la sécurité alimentaire a évolué au cours de la pandémie de COVID-19. Toutefois, certains participants ont mis en garde contre le fait de privilégier la rapidité au détriment de la qualité et de la couverture. Ces participants ont cité des exemples récents tels que les enquêtes en ligne à délai de réponse rapide menées dans le cadre de la pandémie de COVID-19 (la série d’enquêtes sur les perspectives canadiennes); ils ont estimé qu’une telle enquête, avec son format et ses délais raccourcis, excluait probablement les groupes marginalisés.

Rôle du gouvernement, du monde universitaire et des organisations non gouvernementales

  • La plupart des participants ont indiqué que le gouvernement fédéral joue un rôle de premier plan dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et qu’un seul ministère fédéral devrait être chargé du dossier de la sécurité alimentaire. De nombreux participants ont indiqué que le gouvernement fédéral doit financer davantage d’enquêtes normalisées ciblant les populations vulnérables. Cependant, certains participants ont identifié les organisations non-gouvernementales (ONG) comme les collecteurs de données les plus appropriés, car elles comprennent mieux les populations vulnérables et peuvent agir en tant que courtiers de connaissances. Il y avait une divergence d’opinions sur l’approche de la collecte de données entre ceux qui pensent que le gouvernement fédéral doit agir comme une source unique de renseignements sur la sécurité alimentaire et ceux qui croient que le rôle des ONG devrait être élargi.
  • Certains pensent que le gouvernement devrait embaucher davantage de spécialistes en sciences sociales afin d’entreprendre davantage de recherches sur l’insécurité alimentaire. En revanche, d’autres pensent que les données devraient être plus accessibles afin que le milieu universitaire et les ONG puissent mener eux-mêmes les recherches.
  • Certains participants ont estimé que le gouvernement fédéral n’a pas toujours été aussi respectueux qu’il aurait dû l’être en tant que gestionnaire de données en ce qui concerne la transparence et la pleine accessibilité, en particulier pour les populations autochtones. Il y avait une divergence d’opinions entre ceux qui défendaient la souveraineté des données et la nécessité de financer la collecte de données menée par les Autochtones (ainsi que par les ONG), et ceux qui donnaient la priorité à un système centralisé et normalisé de collecte et de partage des données. Les participants ont fait remarquer que le fait de confier davantage de responsabilités aux ONG et aux organisations dirigées par des Autochtones pourrait avoir pour conséquence de surcharger les ONG en les impliquant trop dans la collecte constante de données sans soutien supplémentaire.