Vers un système alimentaire plus durable et plus équitable : Appel à l'action collective

Le Sommet sur les systèmes alimentaires de 2021: Rapport de la concertation de l’étape 3
Date de la concertation : 30 juin 2021
Organisée par : Agriculture et Agroalimentaire Canada
Lien vers la page Web de la concertation sur la passerelle (disponible en anglais seulement) : https://summitconcertations.org/fr/concertation/14355/

Participation

Nombre de participants[1] de chaque groupe de parties prenantes
Société multinationale 1
Petit producteur 8
Producteur de taille moyenne 3
Grand producteur 2
Organisation non gouvernementale locale[2] 20
ONG internationale 2
Peuple autochtone 5
Science et milieu universitaire 6
Travailleurs et syndicat 1
Gouvernement et institution nationale[3] 14
Fondation privée/partenariat/alliance 2
Groupe de consommateurs 1
Autres : groupes représentant toutes les échelles d’agriculteurs, de restaurants, d’organisations agricoles internationales, de marketing) 12
Total 77

1. Des participants se sont déclarés comme un groupe d’intervenants lors de l’inscription au concertation.

2. Les ONG locales comprennent des associations de l’industrie alimentaire et des organisations de la société civile.

3. Le gouvernement ne comprend que les représentants des administrations provinciales/territoriales et municipales/locales; les représentants du gouvernement fédéral ont participé seulement en tant qu’organisateurs, animateurs et preneurs de notes.

Axe majeur

Le but de cette concertation de l’étape 3 était de permettre aux participants de réfléchir aux résultats des concertations antérieures et de trouver des solutions susceptibles de changer la donne pour des systèmes alimentaires plus durables et équitables d’ici 2030. Les discussions en petits groupes ont porté sur quatre thèmes généraux qui ont été pris en considération dans les concertations des États membres de l’étape 2. Au moment de l’inscription, les participants ont dégagé un ou deux thèmes de discussion en petits groupes et des énoncés de vision dont ils aimeraient le plus discuter.

Thème 1 : Insécurité alimentaire – causes profondes, mesures et solutions

Énoncé de vision : D’ici 2030, que toutes les personnes vivant au Canada puissent avoir accès à une quantité suffisante d’aliments sains, nutritifs et culturellement diversifiés.

Thème 2 : Systèmes alimentaires inclusifs et résilients

Énoncé de vision : D’ici 2030, les systèmes alimentaires nationaux auront tiré parti de la diversité du Canada pour être plus résilients aux chocs économiques et environnementaux et mieux placés pour saisir les occasions.

Thème 3 : Approches intégrées des systèmes alimentaires

Énoncé de vision : D’ici 2030, que les composantes sociales, sanitaires, environnementales et économiques interreliées des systèmes alimentaires soient intégrées dans la prise de décisions de tous les acteurs du système alimentaire, y compris tous les ordres de gouvernement, le secteur agricole et alimentaire, les intervenants et les partenaires.

Thème 4 : Production, consommation et élimination durables

Énoncé de vision : D’ici 2030, que le système alimentaire du Canada soit reconnu comme étant le plus durable au monde.

Les questions suivantes ont été fournies à l’avance aux participants afin d’orienter la discussion sur chaque thème :

  • Quels engagements ou cibles doivent être pris et par qui pour réaliser cette vision?
  • Quelles mesures/solutions clés décrites dans les concertations de l’étape 2 et les autres discussions du Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires permettraient de réaliser les progrès les plus significatifs vers la réalisation des engagements?
  • Quels sont les obstacles et comment pouvons-nous les surmonter?

Principaux résultats

Thème 1 : Insécurité alimentaire – causes profondes, mesures et solutions

  • Les participants ont indiqué qu’un cadre national de mesure et de surveillance plus complet est nécessaire pour faire des progrès vers la réduction de l’insécurité alimentaire. Les lacunes particulières à combler comprennent l’absence de rapports solides et cohérents sur l’insécurité alimentaire chez les populations à risque, et l’absence d’objectifs, de cibles et d’indicateurs précis liés aux programmes et aux initiatives fédéraux dont les objectifs comprennent la lutte contre l’insécurité alimentaire.
  • On a relevé des possibilités d’améliorer la collaboration et la cohérence des politiques entre les ordres de gouvernement (c.-à-d. fédéral, provincial et territorial, municipal), en particulier en ce qui concerne les programmes sociaux, les initiatives en matière de logement et les mesures.
  • Les participants ont convenu que les points de vue et les droits des Autochtones doivent être respectés, et ils ont appuyé des approches autonomes et holistiques de l’insécurité alimentaire qui améliorent la santé, l’économie et le bien-être culturel. L’accès aux aliments traditionnels est essentiel pour les collectivités autochtones, tout comme la capacité d’adopter des pratiques agricoles et alimentaires traditionnelles. Les participants ont également souligné la nécessité d’adapter les programmes appuyant les collectivités autochtones aux besoins régionaux et locaux, en tenant compte des contextes communautaires historiques.

Thème 2 : Systèmes alimentaires inclusifs et résilients

  • Les participants ont mentionné la collaboration, l’éducation, les approches fondées sur les droits et l’établissement d’une stratégie de mesure du rendement (y compris un indice national de durabilité) comme des mesures clés pour réaliser des changements positifs dans l’ensemble des systèmes alimentaires.
  • Les participants ont exprimé un appui important à « Tout le monde à table », y compris les jeunes agriculteurs, les immigrants et les communautés autochtones.
  • La biodiversité, l’amélioration de la littératie alimentaire pour des populations résilientes et en santé et les pratiques de gestion des risques de l’entreprise pour les producteurs afin de soutenir les chocs externes ont été soulignées comme des mécanismes pour améliorer la durabilité.
  • Il y avait un appui important pour l’élaboration de lois et de règlements dans une optique locale ou régionale, pour intégrer les contextes communautaires, promouvoir l’autonomie alimentaire et la souveraineté alimentaire, en particulier pour les communautés autochtones.
  • Les participants ont également exprimé leur appui à des mesures visant à soutenir les systèmes alimentaires locaux, y compris des investissements dans l’infrastructure alimentaire locale pour cultiver et transformer les aliments.
  • Les causes profondes de l’insécurité alimentaire soulevées par les participants comprennent la pauvreté, les prix des aliments, les déserts alimentaires, le manque de diversité et le manque de pouvoir dans la prise de décisions concernant les systèmes alimentaires locaux.

Thème 3 : Approches intégrées des systèmes alimentaires

  • Les participants ont réfléchi aux principales considérations relatives aux systèmes alimentaires intégrés dans le contexte canadien, notant la diversité des multiples systèmes alimentaires du Canada (autochtones, marchés, non marchands, etc.) qui fonctionnent à différents niveaux – local, régional, national, international.
  • Les participants ont affirmé la nécessité d’approches intégrées et fondées sur des systèmes pour aborder les aspects sociaux, économiques, sanitaires et environnementaux de notre système alimentaire. En reconnaissant la diversité des systèmes alimentaires au Canada, les participants ont cerné le besoin de promouvoir une vision collective et de créer des occasions d’entendre tous les points de vue du système alimentaire au moment de prendre des décisions.
  • L’importance d’intégrer les points de vue des Autochtones, des Noirs et d’autres personnes marginalisées, et de soutenir la souveraineté alimentaire des Autochtones, a été soulignée. La participation des collectivités et des Autochtones au système alimentaire peut accroître la résilience économique locale et améliorer la sécurité alimentaire et l’accessibilité. Les participants ont relevé de grandes possibilités dans la mise en œuvre de programmes communautaires comme les jardins communautaires et la transformation locale.
  • Les participants ont également souligné la nécessité d’établir des cibles et des points de repère fondés sur des données probantes pour les dimensions économiques, sociales, environnementales et sanitaires de la durabilité. Ces mesures pourraient catalyser le changement dans l’ensemble du système alimentaire, aider à aligner les acteurs du secteur de l’alimentation, améliorer la confiance du public et fournir une nouvelle optique pour l’élaboration des politiques. Le leadership dans ce domaine pourrait apporter des avantages concurrentiels à l’« image de marque du Canada », soutenir la croissance économique durable et apporter des améliorations environnementales et sociales.
  • Les participants ont cerné le potentiel d’intégration sur des questions clés où les intérêts de nombreux intervenants concordent, comme la réduction de la perte et du gaspillage d’aliments et l’augmentation de l’approvisionnement en aliments sains et durables dans les institutions publiques. Les premiers succès dans ces domaines peuvent amener d’autres partenaires/intervenants à la table et bâtir des coalitions plus larges pour la transformation des systèmes alimentaires.
  • Les obstacles et les facteurs essentiels à la réussite soulevés par les participants comprennent des intérêts concurrents parmi les acteurs des systèmes alimentaires, une transparence et une traçabilité insuffisantes, la nécessité de modifier les perceptions du public en faveur de la confiance et de l’autonomisation, l’amélioration de la littératie alimentaire et l’accroissement de l’innovation et du soutien financier pour s’adapter à l’évolution rapide des systèmes alimentaires.

Thème 4 : Production, consommation et élimination durables

  • Les participants ont réfléchi aux multiples dimensions de la durabilité – environnementale, sociale, sanitaire et économique – et ont affirmé qu’elle devrait être une priorité clé pour le système alimentaire dans l’avenir. Compte tenu de la vaste gamme d’écosystèmes naturels et industriels au Canada, on fait remarquer que les activités visant à améliorer la durabilité des systèmes alimentaires peuvent être différentes d’un endroit à l’autre. Malgré cela, les participants ont cerné le besoin d’élaborer une orientation globale pour guider tous les acteurs des systèmes alimentaires.
  • La discussion a porté principalement sur quatre domaines clés où les engagements et les mesures pourraient améliorer la durabilité, soit : les objectifs d’analyse comparative, les cibles et les paramètres avec la comptabilisation du coût complet dans les quatre dimensions de la durabilité; encourager l’innovation et l’adoption de solutions climatiques par le secteur de l’agriculture et de l’alimentation; réduire la perte et le gaspillage d’aliments; et encourager la transition vers la consommation durable. Parmi les mesures transversales, mentionnons la participation soutenue de tous les acteurs des systèmes alimentaires, les investissements dans la recherche et l’innovation, l’éducation et la sensibilisation des consommateurs, ainsi que la cohérence et la coordination des politiques.
  • Les obstacles et les facteurs essentiels à la réussite soulevés par les participants comprennent les obstacles financiers et de communication à l’adoption de pratiques de gestion exemplaires, la réticence à collaborer chez certains intervenants, les conséquences imprévues des exigences réglementaires, le fait de veiller à ce que les efforts pour améliorer la durabilité soient stratégiques et ciblés, et faire en sorte que la durabilité fasse partie des avantages concurrentiels du Canada à l’échelle mondiale.

Résultats pour chaque sujet de discussion

Thème 1 : Insécurité alimentaire – causes profondes, mesures et solutions

Engagements potentiels

  • Cibles et objectifs nationaux de réduction de l’insécurité alimentaire.
  • Un outil de mesure de la sécurité alimentaire complet, fiable, uniforme et couramment utilisé avec des indicateurs solides pour suivre les progrès.
  • Accès accru aux aliments grâce à des programmes économiques et sociaux.
  • Un programme national d’alimentation saine dans les écoles.
  • Reconnaissance du « droit à la sécurité alimentaire » par voie législative.
  • Accès amélioré à l’eau.

Mesures possibles

  • Mettre sur pied un observatoire/tableau de bord fédéral pour rendre compte publiquement des progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et s’aligner sur la Stratégie de réduction de la pauvreté (tableau de bord officiel de la pauvreté au Canada) et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.
  • Réévaluer les indicateurs de la sécurité alimentaire, y compris la mesure du panier de consommation (MPC) et le seuil de faible revenu (SFR). Plus particulièrement, les participants ont fait remarquer que les mesures du MPC se concentrent sur les régions urbaines et reflètent mal les réalités des systèmes alimentaires des régions rurales et plus petites.
  • Considérer la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) – ou certains de ses éléments – comme un modèle de cadre de normes minimales pour la législation sur le « droit à la sécurité alimentaire ».
  • Intégrer l’information sur la sécurité alimentaire des Autochtones dans les indicateurs nationaux, en respectant l’approche des détenteurs de droits. L’Étude sur l’alimentation, la nutrition et l’environnement des Premières Nations a été présentée comme un modèle pour la méthodologie et les stratégies de données.
  • Appuyer les approches autodéterminées des programmes et des politiques pour les collectivités autochtones. Certains participants ont exprimé leur appui à l’égard d’initiatives davantage axées sur le marché dans les collectivités autochtones, y compris les épiceries et les magasins d’alimentation indépendants et l’augmentation de la capacité locale de transformation des aliments. Le soutien aux carrefours alimentaires régionaux et la recherche sur la lutte contre l’insécurité alimentaire ont également été identifiés comme des mesures possibles pour améliorer l’accès aux aliments.
  • Soutenir la collaboration entre la société civile et le secteur privé sur les engagements mutuels envers des objectifs communs de sécurité alimentaire.
  • Accroître le financement des conseils ou des organismes consultatifs sur l’alimentation afin de mieux soutenir l’engagement de la société civile sur des sujets liés à la sécurité alimentaire.
  • Améliorer les initiatives de soutien du revenu. Les participants ont fait remarquer que les initiatives lancées pendant la pandémie ont montré qu’elles réduisaient la pauvreté et qu’un emploi stable pouvait également réduire l’insécurité alimentaire.
  • Améliorer l’accès à l’eau pour la consommation, élargir les droits relatifs à l’eau pour l’irrigation et imposer des sanctions plus sévères en cas de mauvaise gestion de l’environnement.

Obstacles et facteurs essentiels à la réussite

  • Les obstacles juridiques et réglementaires à l’accès aux terres pour les collectivités autochtones afin d’améliorer leur accès à des aliments et à des pratiques alimentaires traditionnelles adaptés à leur culture.
  • Tous les intervenants des systèmes alimentaires ont un rôle à jouer; la collaboration et la coordination entre les partenaires et entre les secteurs et les administrations seront essentielles pour établir des objectifs réalistes et convenus d’un commun accord, améliorer l’évaluation et atteindre les cibles.
  • Les participants ont indiqué que le gouvernement fédéral était le principal responsable du cadre d’évaluation et de la collecte des données (par exemple,, par l’entremise de Statistique Canada), avec la participation des provinces et des territoires.
  • Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux doivent collaborer pour améliorer la cohérence des politiques quand les compétences se chevauchent. Les administrations municipales influencent également des facteurs importants pour la souveraineté alimentaire, notamment le prix des terres, les taux de location et l’accès à l’espace, surtout dans les grandes villes.
  • Le milieu universitaire pourrait jouer un rôle clé dans l’avancement de la recherche collaborative
  • L’accès physique aux installations de transformation est un obstacle à la disponibilité d’aliments sains produits localement.
  • Les participants ont convenu que les banques alimentaires ne sont pas une solution à long terme à l’insécurité alimentaire et que bon nombre de ces organisations préconisent l’élimination du besoin de leurs services.

Thème 2 : Systèmes alimentaires inclusifs et résilients

Engagements potentiels

  • Une approche de la ferme à la table fondée sur l’établissement de relations entre les intervenants du système alimentaire et les consommateurs.
  • Plus de diversité dans les régimes alimentaires, l’agriculture et les entreprises en améliorant l’autonomie des agriculteurs et des petites et moyennes entreprises alimentaires, et en soutenant les travailleurs migrants.
  • Renforcement de l’infrastructure locale du système alimentaire, y compris l’entreposage des aliments, les organismes pour la sécurité alimentaire, les écoles, les collectivités du Nord, ainsi que la promotion des produits canadiens.
  • Approches fondées sur les droits, y compris la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA), le soutien des droits des peuples autochtones de chasser et pêcher et le soutien de la souveraineté alimentaire.
  • Un cadre législatif et réglementaire plus souple et adaptable.

Mesures possibles

  • Accroître la collaboration par le dialogue et les organismes consultatifs sur les politiques.
  • Élaborer et communiquer des stratégies de gestion des risques de l’entreprise pour aider les producteurs à gérer et à atténuer les risques, notamment à s’adapter aux chocs environnementaux et économiques et à les surmonter.
  • Appuyer l’éducation des consommateurs et la participation aux systèmes alimentaires afin de promouvoir des résultats positifs sur les plans sanitaire, social, environnemental et économique.
  • Créer un indice national de durabilité pour les systèmes alimentaires qui intègre des considérations sanitaires, sociales, environnementales et économiques.
  • Soutenir la recherche publique sur l’amélioration des semences, établir des programmes publics de sélection végétale et des banques de semences qui favorisent la biodiversité.
  • Réduire le prix des aliments dans le Nord en améliorant les subventions alimentaires du programme Nutrition Nord et en s’attaquant aux causes profondes de l’insécurité alimentaire, qui sont enracinées dans la pauvreté, le coût élevé de la vie et l’absence d’alimentation en électricité.
  • Améliorer les engagements de financement à long terme afin de mieux soutenir les collectivités autochtones.
  • Améliorer l’accès aux terres et veiller à ce que les actifs de production alimentaire soient entre les mains de nombreuses personnes, y compris les jeunes agriculteurs et les agriculteurs autochtones.
  • Nourrir le dialogue sur les déterminants sociaux de la santé et des systèmes alimentaires et intégrer des indicateurs de la sécurité alimentaire comme mesure de la réalisation des programmes sociaux.
  • Lier les initiatives de réduction de la pauvreté à la sécurité alimentaire et fournir un soutien du revenu efficace supplémentaire, comme l’Allocation canadienne pour enfants.
  • Réduire les obstacles réglementaires à l’accès aux aliments traditionnels.

Obstacles et facteurs essentiels à la réussite

  • Géographie – La distribution des aliments est un défi dans un pays à grande superficie et à population dispersée. Cela est particulièrement évident dans le Nord, où le manque d’entreposage adéquat des aliments frais constitue un obstacle à l’accès pour de nombreuses collectivités.
  • Incohérence des politiques – Les participants ont discuté de l’incohérence entre les politiques qui favorisent la santé et les régimes alimentaires nutritifs et celles qui appuient les choix alimentaires moins nutritifs.
  • Manque de liens entre les collectivités et les politiques qui sont censées les appuyer.
  • Les systèmes de culture trop compliqués dépendent d’intrants externes et d’entretien coûteux et ne répondent pas aux besoins locaux – par exemple, l’établissement de serres dans les collectivités du Nord qui dépendent traditionnellement de la chasse et de la récolte d’aliments prélevés dans la nature.

Thème 3 : Approches intégrées des systèmes alimentaires

Engagements potentiels

  • Un mécanisme pour rendre compte du système alimentaire dans son ensemble, avec des paramètres pour suivre, définir et établir des cibles sur des considérations importantes dans les dimensions sociales, économiques, sanitaires et environnementales. Ces paramètres devraient inclure, sans toutefois s’y limiter, l’insécurité alimentaire, la culture alimentaire, le bien-être des Autochtones, les revenus des agriculteurs, l’abordabilité des aliments, la santé, la littératie alimentaire, la diversité, la traçabilité et le commerce.
  • Une approche plus intégrée de l’approvisionnement public sain et durable. Cela touche de multiples dimensions du système alimentaire et peut donner l’occasion de rassembler tous les acteurs du système alimentaire et les collectivités afin de bâtir un engagement collectif pour des objectifs sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques.
  • Une approche plus coordonnée et fondée sur les systèmes alimentaires pour lutter contre la perte et le gaspillage d’aliments, qui intègre les perspectives environnementales, sociales et économiques. L’intégration des mesures dans tous les ordres de gouvernement a été soulignée comme un facteur clé, en particulier la nécessité d’une meilleure intégration des points de vue des municipalités et des territoires.
  • Promouvoir à l’échelle mondiale une approche plus holistique qui tient compte des points de vue locaux, des genres et des autochtones lorsqu’il s’agit d’aborder des enjeux liés au système alimentaire comme le commerce, le gaspillage alimentaire, la sécurité alimentaire et les droits de la personne. Le Comité de la sécurité alimentaire des Nations Unies et la stratégie De la ferme à la table de l’UE ont été cités en exemple.
  • Un processus décisionnel plus intégré et structuré où le secteur privé, le milieu universitaire et la société civile ont un rôle à jouer pour fournir des perspectives aux gouvernements.
  • Meilleure intégration des considérations relatives à la santé dans la prise de décisions des systèmes alimentaires, en mettant l’accent sur les produits locaux sains, le soutien aux organismes pour promouvoir une saine alimentation et la réduction des maladies chroniques.
  • Un système de réglementation résilient qui appuie la salubrité des aliments, la sécurité alimentaire et le commerce, particulièrement face aux changements climatiques et aux répercussions de la pandémie de COVID-19.

Mesures possibles

  • Promouvoir un énoncé de vision pour les systèmes alimentaires du Canada qui intègre les avantages sociaux, sanitaires, environnementaux et économiques et qui harmonise les mesures prises par le gouvernement, l’industrie et les ONG.
  • Élaborer un indice complet de durabilité des systèmes alimentaires, qui établit un ensemble d’indicateurs et de points de repère communs convenus sur la durabilité, étayés par des données probantes.
  • Promouvoir une approche intégrée qui comprend des objectifs communs et des indicateurs de rendement pour les politiques et les programmes liés aux aliments dans l’ensemble des ministères et organismes fédéraux, ainsi que des provinces et des territoires, qui assure une grande cohérence et prévisibilité.
  • Améliorer ou établir des normes et des outils pour appuyer l’intégration, y compris des normes en matière de données, des lignes directrices, des modèles, des cadres et des outils de prise de décisions. Les considérations importantes comprennent la comparabilité, la souplesse fondée sur la disponibilité et l’accessibilité différentes des données, et la souveraineté des données.
  • Renforcer les systèmes alimentaires et la souveraineté alimentaire autochtones. Cela pourrait comprendre des progrès continus en matière de réconciliation, la création d’un espace pour les voix autochtones, et des programmes à l’échelle des Autochtones et des collectivités, par exemple, jardins communautaires, programme d’alimentation scolaire, transformation et traitement locaux des aliments. Les participants ont soutenu la nécessité de célébrer les réussites de l’action communautaire en cours afin de démontrer ce qui est possible et d’en tirer parti dans les efforts futurs.
  • Établir un processus plus formel pour favoriser la prise de décisions en collaboration. À titre d’exemple, un participant a souligné la nécessité d’une plateforme pour réunir tous les ministères responsables de n’importe quel aspect du système alimentaire.
  • Utiliser l’approche « Une santé » pour mieux intégrer la santé environnementale, animale et humaine, éliminer les silos et rallier les décideurs.
  • Améliorer la traçabilité et la circulation de l’information dans les systèmes alimentaires dans les deux sens – des producteurs aux consommateurs, et des consommateurs aux producteurs. Cela mènera à une meilleure prise de décisions dans l’ensemble du système, qui ne sera pas axée uniquement sur l’origine et les indicateurs de résultat. L’utilisation de la technologie informatique et mobile pour faciliter la circulation de l’information a été soulevée.

Obstacles et facteurs essentiels à la réussite

  • Attirer les acteurs du système alimentaire pour participer aux efforts visant à mieux intégrer les systèmes alimentaires. Il est nécessaire d’articuler une proposition de valeur pour différents intervenants – en termes plus explicites sur les raisons pour lesquelles c’est important pour les collectivités, les enfants, les entreprises, etc.
  • Manque de littératie (du système) alimentaire. Il est nécessaire d’intégrer de multiples aspects de la littératie alimentaire (nutrition et santé, compétences alimentaires, écolittératie, civisme) au sein du système d’éducation, d’autant plus que les liens entre les systèmes alimentaires sont appris de façon inhérente lorsqu’ils sont enseignés à un jeune âge. Les programmes d’alimentation dans les écoles pourraient donner l’occasion de faire progresser la littératie alimentaire.
  • Perception négative de la production alimentaire ou perception qu’il s’agit du problème de « quelqu’un d’autre » (par exemple, régions rurales, agriculteurs). Il est nécessaire de promouvoir le discours selon lequel la production alimentaire habilite et encourage les gens à y participer. De meilleurs efforts de sensibilisation (par exemple, financés par le gouvernement) peuvent aider à changer les discussions générales sur l’alimentation.
  • La nature dynamique des systèmes alimentaires en constante évolution pourrait poser un défi à l’intégration. Il faut continuellement innover et s’adapter, et tenir compte des répercussions des choix sur les quatre dimensions de la durabilité.
  • La disponibilité du capital financier pour veiller à ce que le système s’adapte aux nouveaux défis (par exemple, durabilité, emballage) dans le système alimentaire.
  • Il faudra de la transparence pour adopter des changements transformationnels, surtout à la lumière des changements apportés aux systèmes alimentaires pendant la pandémie de COVID-19.
  • Les intérêts personnels divergents de divers acteurs peuvent poser un défi à la coopération et à l’intégration.
  • Veiller à ce que les voix soient plus diversifiées à la table afin que les solutions de leurs collectivités soient mises de l’avant, écoutées, comprises et entendues.

Thème 4 : Production, consommation et élimination durables

Engagements potentiels

  • Un rôle de leadership dans les discussions mondiales sur la durabilité.
  • Un processus d’analyse comparative des objectifs, des cibles et des paramètres en matière de durabilité qui sont fondés sur la science, réalisables et mesurables, qui comprennent la comptabilisation du coût complet pour l’ensemble des facteurs économiques et environnementaux, et qui intègrent la souplesse pour tenir compte de la grande variabilité des écosystèmes diversifiés du Canada.
  • Un processus pour cerner des solutions climatiques axées sur l’agriculture et l’alimentation et relier ces solutions aux incitations appropriées pour assurer une adoption aussi rapide que possible.
  • Transitions alimentaires vers des régimes alimentaires plus nutritifs et durables, et cibles nationales pour réduire l’empreinte carbone de la consommation d’aliments sains des Canadiens (par exemple, de 35 %).
  • Cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans les chaînes de production et d’approvisionnement (par exemple, de 50 % d’ici 2030).
  • Cibles nationales pour réduire la perte et le gaspillage d’aliments (par exemple, de 20 % à 30 % au cours des cinq prochaines années, de 50 % d’ici 2030).
  • Cibles nationales pour l’électrification de tous les véhicules à la ferme d’ici 2035.
  • Objectifs concrets de réduction des émissions d’oxyde nitreux dans les systèmes alimentaires.

Mesures possibles

  • Effectuer une analyse et un inventaire des méthodes et des indicateurs d’analyse comparative existants et déterminer les paramètres prioritaires qui s’harmonisent avec les résultats en matière de durabilité que nous tentons d’atteindre.
  • Déterminer les solutions et les stratégies climatiques qui présentent des avantages à la fois pour l’environnement et l’économie à la ferme, et accroître le soutien à d’autres recherches pour évaluer les solutions afin de s’assurer que les avantages et les coûts de l’adoption sont bien compris et partagés avec les intervenants.
  • Élaborer des incitatifs pour l’adoption de solutions climatiques, les gouvernements s’assurant que tous les intervenants de la chaîne de valeur sont mobilisés, que les incitatifs ciblent le bon niveau d’intervenants (par exemple, petits producteurs alimentaires, grandes fermes) et que des incitatifs adéquats sont offerts pour la participation.
  • Accroître les efforts déployés par le gouvernement pour aider les petites fermes à participer aux marchés locaux, c.-à-d. appuyer l’agriculture locale à petite échelle.
  • Réduire la perte et le gaspillage d’aliments en améliorant la mesure et le suivi, en déterminant les domaines d’action, en établissant des partenariats public-privé, en faisant participer tous les acteurs de la chaîne d’approvisionnement et en effectuant des recherches sur les considérations comportementales liées au gaspillage alimentaire des consommateurs.
  • Accroître les discussions dirigées par le secteur de l’agriculture et de l’alimentation sur les moyens de décourager les pratiques non durables et nuisibles, de récompenser les innovateurs et de faire progresser l’ensemble du secteur grâce à l’amélioration continue.
  • Appuyer l’adoption de régimes alimentaires durables par la mesure, la reformulation des aliments et l’éducation des consommateurs. Élaborer des méthodes pour veiller à ce que les paramètres de durabilité tiennent compte de la densité des nutriments des aliments dans la détermination des recommandations de consommation durable (par exemple, tenir compte de l’équivalence nutritionnelle au moment d’évaluer les recommandations pour remplacer les aliments à base de protéines animales). Les participants ont indiqué qu’il devrait y avoir une cohérence et une harmonisation des politiques avec les recommandations du Guide alimentaire canadien.
  • Améliorer la collaboration entre le gouvernement et l’industrie afin de renforcer l’acceptation par le public des développements scientifiques et les technologies qui peuvent améliorer le rendement en matière de durabilité (par exemple, aliments génétiquement modifiés) et sa confiance à l’égard de ces derniers.
  • Accroître la prestation ou le financement par le gouvernement des services et de la formation en recherche et en vulgarisation et ne pas laisser cela à l’industrie, en raison de conflits d’intérêts potentiels. Les universités sont une bonne source de services de vulgarisation (recherche), et il faut mieux relier les agriculteurs, les universités et les gouvernements au développement et à l’adoption de l’innovation.
  • Encourager les agriculteurs à préserver et à régénérer les sols (par exemple, en diversifiant la production agricole).
  • Faire progresser les approches de l’économie alimentaire circulaire, particulièrement en ce qui concerne les déchets alimentaires et les déchets agricoles (par exemple, le fumier).
  • Établir un système de crédits de séquestration du carbone pour les agriculteurs.

Obstacles et facteurs essentiels à la réussite

  • L’accent mis sur la saison de récolte à court terme requise par la production alimentaire peut rendre difficile la réflexion sur les impacts climatiques à plus long terme. Une mobilisation et une participation continues des producteurs d’aliments sont nécessaires.
  • La communication inefficace des pratiques de gestion exemplaires (PGE) peut créer des obstacles à la compréhension et à l’adoption. Il faut améliorer l’accès à l’information et à l’expertise, et explorer la meilleure façon de partager l’information, par exemple, échanges entre agriculteurs, démonstrations, services de vulgarisation.
  • Obstacles financiers qui empêchent les gouvernements d’investir davantage pour s’assurer que des mesures de soutien et des incitatifs adéquats sont fournis. L’industrie doit faire participer les gouvernements afin de déterminer dans quelle mesure un soutien accru peut être nécessaire et d’où il viendra.
  • Réticence de certains intervenants de la chaîne d’approvisionnement à travailler en collaboration, à l’échelle nationale et mondiale, parce que les mesures de durabilité peuvent être considérées comme exclusives et ne peuvent pas être communiquées ouvertement. L’établissement d’un dialogue avec les intervenants qui communique la vertu de la collaboration et le fait que l’environnement est un bien commun peuvent aider à éliminer certains de ces obstacles.
  • Les exigences réglementaires peuvent décourager l’action ou l’innovation. On a donné des exemples de certains règlements provinciaux qui empêchent les agriculteurs d’installer un biodigesteur ou qui empêchent les sociétés hydroélectriques d’acheter de l’électricité des fermes.
  • Le grand nombre d’objectifs de développement durable des Nations Unies risque d’éparpiller les efforts et de ne pas mener à grand-chose. Il faut concentrer les efforts sur ceux qui ont les répercussions les plus importantes sur la durabilité du travail, qui devient tellement fragmenté qu’il y aura un danger de réaliser très peu de choses.
  • Les produits durables ne font pas partie de notre « marque » commerciale mondiale ou bilatérale. Si la production alimentaire canadienne n’est pas considérée comme durable, cela devient un obstacle au commerce avec des pays plus respectueux de l’environnement.

Points de divergence

Thème 1 : Insécurité alimentaire – causes profondes, mesures et solutions

  • Certains participants ont indiqué que la production alimentaire, les programmes et les systèmes alimentaires locaux sont des atouts, notant que la chasse, la pêche et la cueillette locales, les programmes locaux de la ferme à l’école et le développement économique local contribuent tous à la sécurité alimentaire. D’autres ont insisté sur le fait que les aliments locaux ne sont pas la solution à l’insécurité alimentaire; un marché alimentaire local élargi ne résout pas nécessairement le problème de l’accessibilité et de l’abordabilité pour de nombreuses personnes à faible revenu.

Thème 2 : Systèmes alimentaires inclusifs et résilients

  • Bien que certains participants aient exprimé leur soutien à l’égard de l’énoncé de vision et des engagements ainsi que des mesures et solutions pour un système alimentaire résilient, d’autres ont exprimé l’avis que l’énoncé de vision devrait être davantage axé sur les systèmes alimentaires locaux et le resserrement des « boucles alimentaires » locales. Un participant a proposé l’énoncé de vision suivant : « D’ici 2030, les systèmes alimentaires nationaux seront résilients et inclusifs en protégeant et en améliorant le droit et la capacité des personnes et des collectivités de produire des aliments pour elles-mêmes et pour les autres. »
  • L’investissement dans la technologie agroalimentaire, proposé comme solution par certains participants, a été considéré comme trop perturbateur par d’autres.

Thème 3 : Approches intégrées des systèmes alimentaires

  • Aucun point de divergence important n’a été relevé pour ce thème.

Thème 4 : Production, consommation et élimination durables

  • Dans la discussion sur les paramètres, certains participants se sont concentrés sur la primauté des mesures de la qualité avant de passer aux solutions. D’autres participants ont fait remarquer que les changements climatiques se produisent maintenant, et bien que les paramètres soient importants, leur absence ne devrait pas empêcher d’établir des objectifs ambitieux et de prendre des mesures.
  • Certains participants ont considéré l’adoption de régimes alimentaires et d’une consommation durables comme un élément clé de la transition vers des systèmes alimentaires durables. Un participant n’a pas vu l’occasion d’apporter de grands changements en matière de durabilité en mettant l’accent sur cet aspect, notant que la consommation durable dépend vraiment de la façon dont les consommateurs cuisinent, et non du produit utilisé (par exemple, poulet frit).
  • Bien que certains participants aient soutenu que les universités étaient une bonne source de services de vulgarisation, un participant a soulevé le risque de conflit d’intérêts, car la recherche universitaire est souvent payée par l’industrie.