Résilience des systèmes alimentaires régionaux

Le Sommet sur les systèm es alimentaires de 2021 : Rapport de la concertation de l’étape 2
Date de la concertation : 21 mai 2021
Organisé par : Agriculture et Agroalimentaire Canada
Lien vers la page Web de la concertation sur la passerelle (disponible en anglais seulement) : https://summitdialogues.org/dialogue/14361/

Participation

Nombre de participants[1] de chaque groupe de parties prenantes
Grande entreprise nationale 1
Multinationale 1
Petit exploitant 7
Exploitant de grande taille 2
Organisation non gouvernementale locale[2] 11
ONG internationale 2
Autochtones 4
Sciences et universités 8
Travailleurs et syndicats 1
Gouvernement et institution nationale[3] 5
Autres 9
Total 51

1. Des participants se sont déclarés comme un groupe d’intervenants lors de l’inscription au concertation.

2. Les ONG locales comprennent des associations de l’industrie alimentaire et des organisations de la société civile.

3. Le gouvernement ne comprend que les représentants des administrations provinciales/territoriales et municipales/locales; les représentants du gouvernement fédéral ont participé seulement en tant qu’organisateurs, animateurs et preneurs de notes.

Axe majeur

Ce Dialogue était axé sur l’exploration des points forts et des défis propres aux systèmes alimentaires locaux et sur la mise en commun de modèles fructueux et d’approches innovantes, susceptibles de s’appuyer sur les forces et de relever les défis pour parvenir à des systèmes alimentaires régionaux plus résilients.

Les discussions en petits groupes ont été organisées par région afin de se concentrer sur les questions ou les thèmes propres à chaque région. Lors de l’inscription, les participants ont choisi une région générale à laquelle ils s’identifient, parmi les suivantes : Canada atlantique, Centre du Canada, Canada occidental et Nord du Canada. Un autre groupe de discussion « national », composé de représentants de toutes les régions et des deux langues officielles, a permis aux participants de recenser les thèmes communs aux régions. Dans chaque salle de réunion, les participants ont été invités à discuter des questions suivantes :

  • Quelles sont les forces clés propres au système alimentaire de cette région?
  • Quels sont les principaux défis auxquels est confronté le système alimentaire de cette région?
  • Quels sont les modèles fructueux et les approches innovantes, susceptibles de s’appuyer sur ces forces et de relever les principaux défis dans cette région?
  • Comment pouvons-nous travailler ensemble pour créer un système alimentaire plus inclusif, plus résilient et plus durable dans cette région?
  • Si nous devions déterminer des domaines concrets d’action collective, quels seraient-ils?

Principaux résultats

Les résultats des discussions ont mis en lumière un large éventail de points de vue et de perspectives qui reflètent la diversité de la géographie et des systèmes alimentaires du Canada. Les thèmes communs qui sont apparus dans toutes les régions sont les suivants :

  • Insécurité alimentaire – Les problèmes liés à l’insécurité alimentaire peuvent se manifester différemment d’un bout à l’autre du Canada. Par exemple, les participants du centre du Canada ont fait remarquer que les taux croissants d’obésité sont liés à l’incidence de l’insécurité alimentaire; les déserts alimentaires sont de plus en plus problématiques dans le Canada atlantique; les stratégies de marketing qui font la promotion d’aliments malsains contribuent aux mauvais régimes alimentaires dans l’Ouest canadien; et dans le nord du Canada, l’abordabilité et l’accessibilité des aliments ont été mentionnées comme étant une cause principale des taux élevés d’insécurité alimentaire. Le débat national a mis en évidence que la pauvreté est la cause première de l’insécurité alimentaire et que les stratégies permettant de réaliser des progrès durables en matière de réduction de l’insécurité alimentaire doivent inclure la réduction de la pauvreté.
  • Infrastructure – La mise en place d’une infrastructure adéquate, ainsi que de mécanismes de financement et de réglementation visant à soutenir le développement économique local et l’entreprise sociale, est essentielle à la création et au maintien de systèmes alimentaires régionaux résilients.
  • Alimentation locale – Le potentiel des mouvements en faveur de l’alimentation locale pour changer la donne et renforcer l’économie alimentaire locale est important.

Résultats pour chaque sujet de discussion

Dans des groupes de discussion composés de personnes représentant divers acteurs du système alimentaire canadien, les participants ont discuté de leurs points de vue et ont fait un remue-méninges pour trouver les moyens de progresser vers des systèmes alimentaires régionaux plus résilients partout au Canada. Les questions cernées au point Axe majeur (ci-dessus) ont orienté la discussion sur les points forts, les défis, les modèles de réussite, la collaboration et les domaines d’action collective propres à chaque région. Cinq sujets de discussion ont été séparés par région afin de saisir les diverses perspectives échangées.

Canada atlantique

Les points forts du système alimentaire sont les suivants :

  • richesse des connaissances écologiques traditionnelles, soutenue par la transmission intergénérationnelle des connaissances, la promotion des connaissances traditionnelles par les communautés des Premières Nations et l’échange entre pairs;
  • abondance de marchés de producteurs;
  • des liens communautaires forts et durables avec l’agriculture, la pêche et d’autres industries de ressources naturelles;
  • une gouvernance accessible – l’ouverture des hauts fonctionnaires aux rencontres avec les intervenants, de l’industrie à la société civile.

Les défis comprennent ceux qui sont directement liés à l’alimentation ainsi que les obstacles systémiques :

  • Insécurité alimentaire : Les participants ont convenu que l’insécurité alimentaire, et les déserts alimentaires en particulier (surtout dans les communautés des Premières Nations) sont des défis prioritaires, le faible taux de revenu étant la principale cause de l’accès d’une personne à une alimentation abordable, saine et culturellement appropriée.
  • Infrastructure : Les participants ont convenu que l’absence de transport (par exemple, l’absence de transport public comme obstacle à l’accessibilité), d’entreposage frigorifique et de capacité de transformation représente un défi pour la résilience du système alimentaire de la région.
  • Changement climatique : Les répercussions du changement climatique sur les systèmes alimentaires sauvages et les récoltes traditionnelles ont également été évoquées comme constituant un obstacle à la résilience.
  • Absence d’incitations ou de réglementation : Les participants ont exprimé leur soutien aux politiques et aux réglementations qui inciteraient les consommateurs et les institutions à acheter local (par exemple, en établissant des objectifs pour les marchés publics). Les participants ont également mentionné que les réglementations régissant l’inspection des aliments constituent des obstacles, exprimant leur inquiétude quant au fait que le cadre réglementaire ne respecte pas suffisamment les droits des traités.

Modèles de réussite :

  • Les participants ont fait savoir que les ressources financières et humaines sont la clé du succès pour l’élaboration et le maintien de systèmes alimentaires résilients, et que la mise à profit des ressources de multiples initiatives pourrait créer des synergies débouchant sur des résultats positifs.
  • Les modèles et initiatives suivants ont été mis en œuvre dans la région : marchés de producteurs, jardins communautaires, Cape Breton Food Hub (en anglais seulement), et Mentors communautaires en alimentation (Aliments pour tous NB), qui est un modèle axé sur l’alimentation offrant une formation et des ressources pour soutenir la sécurité alimentaire.

Collaboration – Les participants ont désigné les initiatives de collaboration suivantes comme ayant le potentiel de les intensifier ou de les diversifier, afin de soutenir un système alimentaire plus inclusif, résilient et durable :

  • Réseaux de pairs entre les organisations communautaires et de base;
  • L’éducation, l’apprentissage et le perfectionnement des compétences en collaboration;
  • La mise en commun de pratiques exemplaires et l’adoption de modèles efficaces élaborés dans d’autres administrations;
  • Des plateformes d’échange de renseignements et des réseaux virtuels.

Domaines pour une action collective – Les participants ont également relevé un certain nombre de domaines pour une action continue ou renforcée, au niveau gouvernemental et organisationnel, ainsi que dans l’ensemble du système alimentaire de façon plus générale :

  • Élargir les programmes de financement qui appuient la sécurité alimentaire et les infrastructures locales, afin d’inclure les ressources humaines et les autres besoins déterminés par les collectivités. Le Fonds des infrastructures alimentaires locales du gouvernement fédéral a été cité comme une initiative ayant un potentiel en la matière.
  • Poursuivre la sensibilisation du public, la visibilité et le réseautage entre les organisations et avec les gouvernements.
  • Un large soutien aux politiques et aux programmes visant à améliorer l’accessibilité et l’abordabilité des aliments nutritifs et culturellement appropriés qui sont produits et consommés de manière durable.

Centre du Canada

Les points forts du système alimentaire sont les suivants :

  • La diversité du système alimentaire, y compris les composantes environnementales, sociales et économiques de la géographie, du climat, de la culture et de la chaîne de production ou d’approvisionnement.
  • De solides soutiens communautaires, allant du financement aux réseaux et aux initiatives d’établissement de relations.
  • De solides liens individuels et communautaires avec les environnements alimentaires urbains et ruraux.

Les défis relevés sont les suivants :

  • Bien que la chaîne de production et d’approvisionnement soit généralement diversifiée, la production industrielle manque de capacité dans le secteur de la transformation et de la valeur ajoutée. Par exemple, de nombreux produits cultivés en Ontario sont exportés vers d’autres provinces ou à l’extérieur du Canada, pour y être transformés ou fabriqués. En outre, de nombreux transformateurs utilisent peu de produits locaux et régionaux, car ils ont adopté des modèles d’affaires qui reposent sur des produits importés.
  • Le manque de liens entre les agriculteurs, les producteurs primaires et les collectivités, plus précisément dans les zones urbaines.
  • L’urbanisation et le développement industriel croissants des terres agricoles rurales.
  • Des pratiques de passation des marchés publics qui excluent les produits d’origine locale.
  • Des revenus individuels et familiaux insuffisants pour avoir accès à des aliments nutritifs et culturellement adaptés.

Modèles efficaces – Les participants ont relevé un certain nombre d’initiatives communautaires et gouvernementales qui tirent parti des forces et relèvent les défis, notamment :

  • Les Fermes Lufa sont une initiative qui met en relation des fermes d’agriculture en serre sur les toits et des agriculteurs et des transformateurs des aliments locaux sur un marché en ligne de paniers d’épicerie produits localement et de façon durable. L’initiative s’associe également à des organismes locaux à but non lucratif afin d’accroître l’accès des collectivités à faible revenu à ses produits.
  • Les participants ont noté que les jardins communautaires et les réseaux qui les soutiennent (par exemple, Sustain Ontario) sont d’excellents exemples de modèles efficaces qui appuient les systèmes alimentaires résilients à l’échelle locale. Plus particulièrement, l’utilisation de l’espace public pour des jardins communautaires (par exemple, sur les terres qui entourent les institutions publiques comme les hôpitaux ou les écoles) peut contribuer à la saine alimentation des patients et des étudiants.
  • L’initiative Northern Ontario Indigenous Food Security Collaborative est une initiative communautaire qui réunit des praticiens autochtones, des bailleurs de fonds et d’autres intervenants dans un processus de planification et de ressourcement intégré et exhaustif axé sur le renforcement de la souveraineté et de la sécurité alimentaires des Autochtones. L’initiative reçoit le soutien du Centre d’action de Maple Leaf pour la sécurité alimentaire, qui appuie les programmes qui améliorent la capacité des personnes et des collectivités à assurer durablement la sécurité alimentaire et qui peuvent être reproduits ou intensifiés pour accroître leur impact. L’objectif du Centre est de réduire l’insécurité alimentaire de 50 % d’ici 2030.
  • Le Conseil de politique alimentaire de Middlesex-Londres a été cité comme un exemple de réseau efficace et les participants ont indiqué que l’initiative du Conseil visant à réduire les pertes et les déchets alimentaires, y compris les outils éducatifs pour les étudiants de 5 à 18 ans, était une pratique exemplaire.
  • Les participants ont désigné des politiques et des programmes gouvernementaux qui appuient la littératie alimentaire comme ayant un potentiel de réussite. Le projet de loi 216 émanant d’un député, qui propose de modifier la Loi sur l’éducation de l’Ontario afin d’y inclure un programme d’études sur la littératie alimentaire et la saine alimentation de la 1re à la 12e année, a été fortement appuyé dans ce thème de discussion.

Collaboration – Les participants ont désigné les initiatives de collaboration suivantes comme ayant le potentiel de les intensifier ou de les diversifier, afin de soutenir un système alimentaire plus inclusif, résilient et durable :

  • Les groupes et les conseils régionaux et communautaires sur la politique alimentaire peuvent favoriser des partenariats novateurs et améliorer les liens dans l’ensemble du système alimentaire afin de renforcer les capacités, la durabilité de la résilience et l’inclusivité.
  • Les participants ont convenu que l’élargissement de l’engagement public et des initiatives visant à favoriser l’alimentation et la littératie du système alimentaire contribuerait à des résultats plus positifs.
  • Les municipalités ont collaboré avec les groupes communautaires et le secteur agricole, et réévalué les règlements administratifs pour permettre l’établissement de marchés fermiers et le développement de l’agriculture urbaine et des jardins communautaires.

Domaines pour une action collective :

  • Les participants ont convenu que les mécanismes de gouvernance, comme les conseils sur les politiques, amélioreront la coordination entre les ordres de gouvernement, et que les mesures de sensibilisation du public soutiendront l’action collective des consommateurs.
  • Les participants ont également désigné la collaboration entre les fournisseurs locaux et les institutions (publiques et privées) comme un domaine à renforcer. Toutefois, les rôles ou les initiatives spécifiques n’ont pas fait l’objet d’une discussion.

Ouest canadien

Les points forts du système alimentaire sont les suivants :

  • Diversité au sein du secteur agricole et alimentaire, et leadership en matière d’élevage bovin durable.
  • Approches collaboratives visant à éviter les pertes et le gaspillage de nourriture qui créent des liens entre les agriculteurs et les épiciers dans le cadre du processus.
  • Adoption de connaissances et d’approches autochtones en matière d’agriculture et de systèmes alimentaires.

Les défis relevés sont les suivants :

  • Transport – absence de réseaux de transport robustes reliant les centres urbains aux communautés du Nord et autochtones, et manque d’équité et d’occasions au sein du marché (par exemple, les camions de transport qui apportent de la nourriture et des fournitures aux communautés isolées reviennent au Sud à vide).
  • Insuffisance de capacités de production à valeur ajoutée, depuis les abattoirs locaux jusqu’à la transformation ultérieure.
  • Nécessité d’une conscientisation accrue en matière de participation des filières animales au soutien des systèmes alimentaires durables.
  • Obstacles réglementaires, notamment : restrictions à l’accès aux terres, barrières commerciales interprovinciales.
  • Apparition de déserts alimentaires.
  • Les défis en matière de sécurité alimentaire sont particulièrement graves dans les régions du Nord et isolées, en raison du manque de ressources fondamentales comme l’eau, les routes et les services Internet haute vitesse.

Modèles efficaces – les participants ont recensé un certain nombre d’initiatives communautaires qui tirent parti des forces et relèvent les défis liés à l’insécurité alimentaire ainsi qu’aux pertes et au gaspillage de nourriture, notamment :

  • initiatives communautaires qui visent à cultiver et à produire des aliments de manière durable, pour la consommation à l’échelle locale. Le Smart Farm Project a été retenu comme un modèle particulièrement efficace :
    • adoption des principes de croissance intelligente pour les petites superficies agricoles;
    • mise à profit de la densité accrue pour créer des logements abordables et des occasions agricoles;
    • établissement de cadres pour aider à rendre l’agriculture plus viable sur le plan financier.
  • Les banques alimentaires et les organismes d’aide alimentaire se sont orientés vers la distribution d’aliments plus frais et à forte densité nutritionnelle.
  • Loop Resource s’associe à des épiceries de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan pour réacheminer les aliments invendus des épiceries à des organismes de bienfaisance inscrits et à des exploitations agricoles, sous forme d’aliments pour animaux et de compost.

Collaboration – Les participants ont désigné les secteurs suivants comme ayant le potentiel d’accroître la collaboration afin d’appuyer un système alimentaire plus inclusif, résilient et durable :

  • Partenariats entre les producteurs et les transformateurs locaux, afin d’accroître la capacité de production d’aliments à l’échelle régionale et communautaire.
  • Diffusion des connaissances et mobilisation des ressources pour appuyer l’adaptation au changement climatique.
  • Initiatives favorisant la circularité, comme Loop, afin d’éviter les pertes et les gaspillages de nourriture.
  • Initiatives qui appuient la sécurité alimentaire dans le Nord et favorisent l’autodétermination afin d’accroître l’accès à des aliments nutritifs et adaptés à la culture.

Domaines pour une action collective :

  • Les participants ont convenu qu’une action collective entre les gouvernements, les secteurs, l’industrie, les communautés et les personnes est requise pour s’attaquer aux domaines prioritaires, notamment : le soutien aux initiatives d’éducation et de formation, ainsi que l’apprentissage entre pairs; les solutions novatrices pour s’adapter au changement climatique; le renforcement de la capacité de production.

Nord du Canada

Les points forts du système alimentaire sont les suivants :

  • La créativité, la capacité d’adaptation et l’innovation des communautés du Nord ont été les clés de leur survie et de leur réussite dans des régions reculées et dans des climats rudes. Ces forces sont durables et inhérentes à la société, aux traditions et à la culture du Nord, et sont évidentes au sein des traditions en matière de culture et de récolte.
  • Une géographie vaste et diversifiée comptant de riches ressources naturelles et des liens solides avec la communauté scientifique.

Les défis relevés sont les suivants :

  • Les politiques et les règlements gouvernementaux relatifs à la manipulation et à la vente d’aliments sûrs sont souvent mal harmonisés avec les réalités et la culture du Nord. Il est possible d’intégrer la nourriture paysanne et les connaissances et méthodes de récolte traditionnelles dans les règlements et les mécanismes de gouvernance.
  • Absence d’abattoirs locaux accessibles et de capacités de stockage suffisantes pour promouvoir les aliments récoltés de manière traditionnelle et adaptés à la culture.

Modèles efficaces – Les participants ont convenu que les modèles de collaboration dirigés par la communauté qui réunissent plusieurs disciplines au sein de partenariats pour la réalisation de projets de sécurité alimentaire ont été couronnés de succès. Voici les exemples soulevés dans le cadre de la discussion :

  • Partenariats avec des organisations du Sud en matière de développement des compétences et de formation.
  • Stratégies de lutte antiparasitaire intégrée (à l’échelle des administrations provinciales et territoriales).
  • Jardins communautaires locaux.
  • Les programmes de financement qui adoptent une approche à long terme et qui sont axés sur la communauté réussissent davantage à créer des capacités durables et à renforcer la résilience des systèmes alimentaires locaux.

Collaboration – Les participants ont recensé trois priorités pour améliorer la collaboration en vue d’un système alimentaire plus inclusif, résilient et durable :

  • Intégrer des points de vue variés à l’élaboration des politiques et des programmes, tenir compte de tous les acteurs du système alimentaire dans l’analyse et le suivi de la sécurité alimentaire et des systèmes alimentaires dans les communautés du Nord.
  • Accroître la portée des réseaux et des partenariats à l’échelle des plateformes alimentaires et de la distribution locale, en établissant des liens entre les producteurs individuels, les agriculteurs et les communautés. La Yukon Agricultural Association a été retenue comme un modèle à suivre. La mission de l’Association est la suivante : « Favoriser et promouvoir l’agriculture durable au Yukon au profit des producteurs privés et commerciaux et des consommateurs par l’intermédiaire de l’éducation, du renforcement de l’infrastructure et de la liaison avec les organismes gouvernementaux et les organisations non gouvernementales. »
  • Réduire les obstacles réglementaires et politiques à l’accroissement de la disponibilité et de l’accès aux aliments paysans récoltés de manière traditionnelle. Par exemple, les gouvernements pourraient collaborer avec les communautés pour intégrer les aliments produits à l’échelle locale dans les programmes de subvention.

Domaines pour une action collective – Les participants ont désigné les mesures suivantes comme des initiatives que les gouvernements, le secteur, l’industrie et la société civile pourraient prendre, afin de renforcer la résilience des systèmes alimentaires dans les communautés du Nord du Canada :

  • offrir des ateliers, une formation et un développement des compétences, des équipements et d’autres fournitures pour soutenir la production alimentaire à petite échelle;
  • promouvoir les réussites de la région et tirer parti des résultats positifs;
  • adopter une approche axée sur la communauté pour l’élaboration des politiques et des programmes, en se concentrant sur les besoins et les mécanismes définis au niveau de la base;
  • adopter des modèles de financement plus durables pour soutenir les associations de producteurs locaux.

Échelle nationale

Points forts du système alimentaire – Les participants ont cerné les points forts suivants, propres à une sous-région dans chacune des catégories ci-dessus :

  • Halifax (Nouvelle-Écosse) : les valeurs de partage de la nourriture et de soutien mutuel sont ancrées dans la culture;
  • Wellington-Guelph (Ontario) : forte culture culinaire, recherche et réseaux agroalimentaires, et exploitations agricoles variées;
  • Québec : systèmes alimentaires multiples et variés dans toute la province;
  • Territoires du Nord-Ouest : solide pratique autochtone, connaissances et culture traditionnelles, et innovation. Les gouvernements plus petits sont adaptables et souples pour réagir aux chocs (par exemple, la COVID-19).

Défis liés au système alimentaire – Les participants ont noté divers défis liés au travail, à l’environnement et au changement climatique, à l’héritage du colonialisme et à la sécurité alimentaire, comme étant des défis prioritaires pour la résilience du système alimentaire national du Canada :

  • Travail : si les personnes qui travaillent dans le système alimentaire sont essentielles, elles ne sont souvent pas traitées comme telles : salaires faibles, conditions de travail instables ou précaires, et soutien social ou en matière de santé faible ou inexistant. Ce défi apparaît tout au long de la chaîne alimentaire, des travailleurs étrangers temporaires aux travailleurs du commerce de détail, en passant par les canaux de transport et de distribution (par exemple, les chauffeurs de camion).
  • Environnement et changement climatique : les participants craignent que le système alimentaire canadien ne soit pas assez bien placé pour supporter les répercussions d’un choc environnemental analogue à l’incidence de la pandémie.
  • Héritage colonial : d’importantes connaissances et pratiques autochtones traditionnelles ont été perdues à cause du racisme systémique des pensionnats et d’autres politiques coloniales. Les participants se sont fortement accordés sur la nécessité d’un changement pour préserver et promouvoir les connaissances et les pratiques autochtones, écouter les voix autochtones, et adopter des approches inclusives et autodéterminées pour le financement des programmes et des projets, ainsi que pour la gouvernance.
  • Sécurité alimentaire : l’accès à des aliments abordables, nutritifs et adaptés à la culture a été cité comme un défi, qui touche principalement les communautés à faibles revenus. Les participants ont exprimé le point de vue selon lequel, bien que certaines personnes aient les moyens d’avoir accès à de la « bonne » nourriture, le système alimentaire est à deux niveaux, ce qui fait que d’importants groupes de Canadiens souffrent actuellement d’insécurité alimentaire ou risquent d’en souffrir bientôt.

Modèles efficaces – Les participants ont cerné les modèles suivants comme réussissant à promouvoir la sécurité alimentaire et des systèmes alimentaires résilients et inclusifs :

  • les centres et organismes alimentaires communautaires qui adoptent une approche globale de la sécurité alimentaire en offrant une littératie alimentaire, une formation et un développement des compétences pour l’emploi, un accès à la santé et à d’autres services sociaux;
  • les réseaux de la société civile qui favorisent l’équité dans les systèmes alimentaires et permettent d’établir des liens avec des organismes de financement et d’autres soutiens;
  • les programmes d’alimentation scolaires qui s’approvisionnent en aliments cultivés et produits localement, et qui intègrent des compétences et une littératie alimentaires dans les programmes éducatifs;
  • les politiques d’approvisionnement institutionnelles qui donnent la priorité aux aliments locaux et produits de manière durable;
  • la prise en considération du concept d’un système alimentaire national, sur le modèle de l’approche adoptée par le Canada en matière de soins de santé nationaux.

Collaboration :

  • Les participants ont noté que l’échange de pratiques exemplaires et l’apprentissage à partir de l’expérience des autres sont des mécanismes de collaboration clés. La discussion a souligné le fait qu’il existe des possibilités de renforcer et d’étendre les réseaux d’échange, afin d’inclure des voix plus diverses qui représentent les acteurs, les participants et les partenaires de l’ensemble du système alimentaire. Les réseaux collaboratifs permettraient également d’établir des liens entre les organismes de financement et les bénéficiaires, avec la possibilité de créer des synergies et de maximiser les ressources.

Domaines pour une action collective :

  • Les participants ont convenu que les organismes, la société civile, les gouvernements et les individus pourraient travailler ensemble pour élaborer des programmes d’alimentation scolaires qui soutiennent la production locale.

Points de divergence

Il n’y a pas eu de domaine de divergence important entre les intervenants. Tous ont convenu de la nécessité et de l’importance de mettre en place des systèmes alimentaires régionaux résilients et durables. Comme indiqué ci-dessus, les participants de chaque région ont envisagé différentes approches.