Désherbage mécanique des légumineuses

Code de projet : PRR03-250

Chef de projet

Eric Johnson - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Évaluer et peaufiner l'utilisation d'une roue rotative à pointes pour semis simplifié en vue du désherbage le plus efficace possible et pour réduire les dommages aux légumineuses biologiques

Sommaire de résultats

L'agriculture biologique sur des terres arides prend de plus en plus d'importance dans l'Ouest canadien. En 2005, au Canada, la superficie des terres certifiées biologiques s'élevait à 530 000 hectares, et 85 p. 100 de ces terres étaient situées dans les Prairies, la majorité, 295 000 hectares, en Saskatchewan. Les intrants synthétiques étant interdits dans les systèmes de production biologique, les agriculteurs ont recours à des méthodes culturales et mécaniques de désherbage lesquelles peuvent accroître le risque d'érosion des sols par le vent et l'eau. Selon les résultats de l'Organic Industry Needs Assessment, une étude sur les besoins de l'industrie de l'agriculture biologique menée en 2001 par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation de la Saskatchewan, la lutte contre les mauvaises herbes serait au deuxième rang des priorités en matière de recherche pour les cultures agricoles.

Les légumineuses constituent un élément important des rotations de cultures biologiques. Des études menées à la ferme expérimentale de Scott (Saskatchewan) d'AAC indiquent que le pois des champs s'intègre bien dans ces systèmes de rotations, puisque celui-ci peut combler en partie ses propres besoins en azote. Toutefois, les légumineuses ont du mal à faire concurrence aux mauvaises herbes, c'est pourquoi une certaine gestion des mauvaises herbes est nécessaire pour la production de légumineuses. Le défi, dans un système biologique, consiste à éliminer suffisamment de mauvaises herbes tout en réduisant au minimum le risque d'érosion des sols résultant des perturbations excessives de la couche arable. On doit, pour toute méthode de lutte utilisée, laisser suffisamment de résidus sur la surface des sols pour prévenir l'érosion de ceux-ci.

Des enquêtes récentes de l'Université de la Saskatchewan indiquent que le désherbage mécanique n'est pas répandu chez les producteurs de légumineuses biologiques. Le hersage de post-levée entraîne généralement une faible sélectivité, c'est-à-dire, un faible ratio entre l'élimination de mauvaises herbes et les dommages causés aux végétaux cultivés. Néanmoins, on a constaté, dans une étude menée à Scott, que le hersage de post-levée dans les cultures de pois des champs entraînait une réduction de 50 p. 100 de la biomasse des mauvaises herbes et une augmentation de 20 p. 100 du rendement en pois des champs (moyenne sur trois ans). On a également noté que l'on pouvait accroître la sélectivité en ajustant l'intensité du hersage. Il pourrait donc être possible de formuler des recommandations et d'élaborer des références visuelles pour guider les producteurs et atteindre la meilleure sélectivité possible avec le désherbage mécanique.

Ce projet a été établi afin d'accroître l'efficacité du désherbage mécanique tout en réduisant au minimum la perte de débris végétaux à la surface. On y a évalué la tolérance des cultures à deux outils mécaniques de désherbage, de même que l'efficacité de ces outils, dans des cultures de légumineuses. L'étude a également fourni de l'information pouvant être utilisée dans l'élaboration de recommandations pour les producteurs d'aliments biologiques. On a mené deux études : l'une sur la tolérance des lentilles et des pois des champs à la houe rotative à travail minimal du sol ainsi que l'efficacité de cet outil pour éliminer les mauvaises herbes, et l'autre, sur la tolérance des pois des champs à la herse à pointes flexibles ainsi que l'efficacité de cet outil. Pour les études sur la tolérance des cultures, on a éliminé les mauvaises herbes au moyen d'herbicides. Dans le cas de l'évaluation de l'efficacité des outils de désherbage, on a utilisé les cultures d'essai ainsi que des mauvaises herbes additionnelles que l'on a plantées pour enrichir la communauté naturelle de mauvaises herbes.

Malheureusement, sur deux des trois années de l'étude, la ferme expérimentale de Scott a reçu des précipitations importantes de grêle et a perdu un bon nombre des parcelles expérimentales associées au projet. On a tout de même pu obtenir certaines données et informations utiles, mais les conditions météorologiques ont empêché les chercheurs d'élaborer les recommandations destinées aux producteurs dans la période visée par le financement du projet.

Les données indiquent que la houe rotative à travail minimal du sol est efficace sur le chaume sur pied et n'élimine pas les résidus de surface. En outre, on a relevé une bonne tolérance à la houe rotative (pré-levée et post-levée) chez les lentilles et les pois des champs à cinq stades de développement différents (pré-levée, percée du sol, cinq noeuds, huit noeuds, onze noeuds). La mortalité était cependant moins marquée aux stades avancés. En l'absence de mauvaises herbes, les lentilles et les pois pouvaient tolérer deux passages avant que leur rendement ne baisse.

Les essais de hersage de post-levée menés au moyen d'une herse à pointes flexibles ont montré qu'en présence de mauvaises herbes, le rendement était maximal lorsque le hersage était effectué tôt. L'analyse de régression révèle que, pour de meilleurs résultats, l'enfouissement des cultures ne doit pas dépasser 70 p. 100. Malheureusement, l'utilité de références visuelles semble limitée, puisque le hersage doit être effectué tôt, et qu'il est difficile de reconnaître les plantes non enfouies sur des photographies. Par conséquent, il faudra élaborer d'autres critères pour aider les producteurs d'aliments biologiques avec cette pratique.

Les données incomplètes recueillies dans le cadre de cette étude ont été utilisées pour mettre au point une étude de suivi menée en 2007 et qui visait à peaufiner l'utilisation des outils de désherbage. Cette expérience a bien réussi et sera répétée. Ainsi, le projet d'élaboration de recommandations progresse, et l'on prévoit être en mesure de fournir aux producteurs de légumineuses biologiques, d'ici deux ans, une fiche d'information sur la lutte contre les mauvaises herbes.