Développement d’un vaporisateur fongicide à seuil d’intervention permettant de réduire les niveaux de résidus de captane sur les fruits

Code de projet : PRR06-910

Chef de projet

Vincent Philion - Institute de Recherche et Développement en Agroenvironnement

Objectif

Élaborer et mettre en œuvre un programme de pulvérisation estival qui réduit l'emploi du fongicide captane sur les pommiers

Sommaire des résultats

Contexte

Le captane est un fongicide couramment utilisé par les pomiculteurs parce qu'il est peu coûteux et qu'il permet de lutter à la fois contre les infections estivales et les infections causées par la tavelure mouchetée. Les pulvérisations de captane dirigées contre la tavelure du pommier sont d'ordinaire effectuées tôt au printemps afin qu'elles coïncident avec les périodes pluvieuses pendant lesquelles apparaissent les infections primaires par ascospores fongiques. L'application d'un calendrier moins intensif de pulvérisation jusqu'à la récolte assure une suppression adéquate des infections par ascospores. Malheureusement, un très faible taux d'infection primaire du feuillage peut entraîner un taux d'infection des fruits inacceptable lorsque les conditions météorologiques de l'été et du début de l'automne favorisent le développement de la tavelure du pommier.

L'objectif de ce projet est d'aider à identifier les situations dans lesquelles les pulvérisations de captane peuvent être omises sans danger et de déterminer le programme de pulvérisation optimal nécessaire pour protéger les fruits.

Méthodes

Nous avons effectué, entre 2006 et 2009, des expériences dans un verger expérimental du Québec. Dans le cadre d'expériences portant sur l'établissement d'un seuil d'intervention au-delà duquel il conviendrait d'entreprendre un programme de pulvérisation contre la tavelure du pommier, nous avons divisé un verger McIntosh de 4 ans (2200 pommiers/ha) en secteurs présentant différents taux d'incidence de la tavelure. Nous avons ensuite subdivisé chaque secteur en parcelles comme suit : 1) aucun traitement fongicide estival; 2) application de la méthode d'intervention couramment employée par les pomiculteurs; 3) application du seuil d'intervention proposé. La méthode d'intervention couramment employée par les pomiculteurs consiste à pulvériser le captane aux 14 jours ou après toute accumulation d'eau de 1,5 pouce, sans tenir compte du taux d'incidence de la tavelure. Nous avons évalué les taux d'incidence de la tavelure chaque semaine en effectuant un échantillonnage au hasard de 10 pousses sur 5 arbres par parcelle dans chaque secteur.

Dans le cadre des expériences portant sur l'efficacité résiduelle du captane, nous avons utilisé un verger McIntosh standard mature (120 pommiers/ha). Nous avons d'abord effectué les pulvérisations habituelles nécessaires pour maintenir les taux d'infection par la tavelure du pommier à un faible niveau, mais sans procéder à aucune application après le 1er juin. Deux fois par semaine à partir de la fin juin, nous avons marqué et traité une fois avec du captane des pommiers choisis au hasard; ces pommiers ont été inoculés avec le champignon responsable de la tavelure du pommier en juillet. Des pommiers témoins non inoculés et non pulvérisés ont été conservés pour chaque date d'inoculation. Nous avons récolté les pommes au début septembre et les avons entreposées à une température de 4 °C. L'incidence de la tavelure du pommier a été évaluée après l'entreposage.

Résultats

Au cours des trois étés de l'étude, il y a eu de longues périodes de précipitations qui ont empêché toute analyse de l'efficacité du seuil d'intervention dans des conditions sèches. Dans l'ensemble, les résultats ont été uniformes pendant les trois années du projet. Ils révèlent que dans les parcelles affichant des taux d'incidence inférieurs au seuil d'intervention proposé en juin, l'incidence de la tavelure avait atteint en août des proportions rendant les fruits impossibles à commercialiser. Même si l'incidence de la tavelure chez les fruits était demeurée faible à la récolte, les lésions observées après 12 semaines d'entreposage étaient toujours en nombre supérieur aux seuils. Les pulvérisations effectuées après le dépassement du seuil d'intervention n'ayant pas permis de maîtriser efficacement la maladie, nous pouvons conclure que le seuil d'intervention proposé de 5 feuilles tavelées par 100 pousses en juin n'est pas assez conservateur pour un cultivar vulnérable comme le MacIntosh en cas de longues périodes de précipitations. Nous avons également remarqué que l'abaissement du seuil d'intervention à 1 feuille tavelée par 100 pousses augmentait de façon spectaculaire le temps consacré au dépistage et que le coût de cet effort additionnel n'était pas en soi une garantie de bénéfices potentiels.