Élaboration et mise en oeuvre d'un programme de lutte intégrée à risque réduit contre les lépidoptères ravageurs du maïs à consommer en frais en Ontario et au Québec

Code de projet : PRR07-460

Chef de projet

Bernt Solymár - EarthTramper Consulting Incorporated

Objectif

Mettre en oeuvre des mesures de lutte intégrée à la ferme par des démonstrations. Mettre à l'essai d'autres produits de lutte à moindre risque et des pratiques culturales. Visiter des exploitations durant l'été et distribuer les résultats aux producteurs.

Sommaire de résultats

Contexte

Le maïs sucré destiné au marché du frais est un produit de haute valeur qui est cultivé dans toutes les provinces du Canada, principalement en Ontario (10 000 ha (hectare)) et au Québec (8 500 ha), et génère une valeur à la ferme de 72 millions de dollars (Statistique Canada, 2012). La pyrale du maïs est considérée comme l’organisme nuisible provoquant le plus de pertes économiques aux producteurs de maïs sucré de l’est du Canada. Ce ravageur se nourrit directement des épis et les rend invendables. La pyrale demeure active depuis le début juin jusqu’à la fin août et provoque ainsi des dommages chez le maïs sucré depuis les variétés hâtives jusqu’aux variétés tardives. Un autre insecte préoccupant, le ver de l’épi de maïs, est un ravageur sporadique qui peut avoir un impact économique sur le maïs sucré à récolte tardive, particulièrement en Ontario. Au cours des deux années de l’étude, le ver de l’épi de maïs n’a pas causé de problèmes aux producteurs durant la période d’essais sur le terrain. L’étude a donc ciblé la pyrale du maïs.

Plusieurs insecticides à large spectre sont homologués contre la pyrale du maïs, et chaque population de semis peut recevoir jusqu’à 6 applications de ces produits, selon la pression de la pyrale. Étant donné les préoccupations croissantes que soulèvent l’incidence de ces produits sur l’environnement, sur les organismes non visés et sur la santé humaine ainsi que l’apparition d’une résistance à certains pesticides chez certaines espèces de ravageurs, on s’intéresse à trouver des solutions de rechange aux pesticides à large spectre traditionnellement employés.

En fait, plusieurs solutions de rechange sont à la disposition des producteurs de maïs sucré : agents de lutte biologique, nouveaux pesticides à risque réduit et variétés de maïs produisant des toxines de Bacillus thuringiensis (Bt). Cependant, l’adoption commerciale de ces technologies a été lente, pour diverses raisons, dont les suivantes : manque de confiance ou d’expérience à l’égard des stratégies de rechange; tolérance zéro quant aux dommages causés par les insectes aux épis de maïs; crainte de dommages accrus en cas d’utilisation des solutions de rechange; pertes économiques accrues; dans le cas du maïs Bt, préoccupations des consommateurs à l’égard des organismes génétiquement modifiés. Le projet visait à accroître la confiance des producteurs envers ces nouvelles méthodes de lutte.

Démarche

Les essais sur le terrain ont été menés en 2007 et 2008 dans 12 exploitations agricoles réparties entre 3 régions de l’est du Canada : le comté de Norfolk, dans le sud de l’Ontario; la vallée de l’Outaouais, dans l’est de l’Ontario, et la Montérégie, au sud de Montréal. Dans chaque exploitation, nous avons établi des parcelles de 0,75 à 2,5 acres pour comparer un programme de lutte à risque réduit ou de lutte biologique au programme classique de lutte chimique employé par le producteur. Nous avons ainsi mis à l’essai des méthodes de lutte à risque réduit et de lutte biologique telles que : application de Bacillus thuringiensis et de spinosad; inoculation des agents de lutte biologique Trichogramma brassicae et T. ostriniae; utilisation de maïs Bt. Dans la mesure du possible, chaque traitement a fait l’objet de 3 répétitions.

Les parcelles ont été surveillées par des consultants, qui ont étroitement collaboré avec les producteurs pour établir le calendrier des applications de produits à risque réduit et des inoculations de guêpes du genre Trichogramma. La présence de pyrale du maïs et les dommages causés par cet insecte ont été évalués chaque semaine. Avant la récolte, 200 épis de chaque parcelle ont été examinés de manière à permettre une évaluation de l’efficacité des divers traitements comme moyens de prévenir les dommages dus à la pyrale.

Nous avons fait enquête auprès des producteurs pour obtenir de l’information sur leur utilisation antérieure des pratiques de lutte intégrée et pour recueillir leurs impressions sur le déroulement des essais.

Nous avons utilisé l’indice Environmental Impact Quotient (EIQ) (anglais seulement) de l’Université Cornell pour évaluer le potentiel de réduction des risques liés aux pesticides associé aux méthodes de lutte biologique et de lutte à risque réduit par rapport aux insecticides classiques.

Pour comparer les coûts des pesticides classiques, des produits à risque réduit et des agents de lutte biologique, nous avons employé la liste de prix de détail fournie par la société N.M. Bartlett Incorporated, important distributeur canadien de matériel de protection des cultures horticoles.

Résultats

Les données recueillies étaient insuffisantes pour une analyse statistique, mais elles semblent indiquer que les produits homologués « à risque réduit » Dipel (Bacillus thuringiensis) et Success (spinosad) permettent de combattre efficacement la pyrale du maïs lorsque celle-ci exerce une faible pression en début de saison, mais ces produits se sont révélés moins efficaces que les méthodes classiques en cas de forte pression du ravageur. Les guêpes du genre Trichogramma ont donné des résultats comparables à ceux des insecticides classiques dans le cas du maïs sucré à récolte hâtive ou de mi-saison. Dans le cas du maïs à récolte tardive exposé à de fortes populations de pyrale, les parcelles auxquelles on avait inoculé des guêpes du genre Trichogramma ont subi des dommages d’importance économique. Les parcelles semées de maïs Bt n’ont subi aucun dommage imputable à la pyrale du maïs, mais le ver de l’épi de maïs y a été détecté en petits nombres.

Le calcul de l’indice EIQ révèle que les produits à risque réduit tels que le Dipel, le Success et l’Entrust employés pour la présente étude ont eu un impact environnemental bien inférieur à celui des insecticides classiques à large spectre communément employés pour la production de maïs sucré. Cependant, en application au champ, les insecticides à base de pyréthroïdes ont donné un indice EIQ semblable à ceux obtenus avec les produits à risque réduit. Les programmes à risque réduit étaient généralement plus coûteux que les programmes de lutte classique.

Les essais ont permis aux producteurs de maïs sucré et aux consultants privés ayant collaboré à l’étude d’acquérir de l’expérience et de la confiance à l’égard des diverses solutions de rechange, ce qui facilitera une adoption plus large des agents de lutte biologique et des pesticides à risque réduit contre la pyrale dans les culture de maïs sucré.