Étendre la répartition du parasitoïde existant dans de nouvelles régions pour la lutte biologique contre le criocère des céréales dans les cultures de céréales à petits grains des Prairies canadiennes

Code du projet : PRR13-020

Chef de projet

Hector Carcamo - Agriculture and Agri-Food Canada

Objectif

Étendre la répartition du parasitoïde Tetrastichus julis dans les régions où le criocère des céréales cause des dommages, mais où le parasitoïde est absent

Sommaire des résultats

Contexte

Le criocère des céréales (Oulema melanopus L.) représente une menace importante pour la production céréalière en Amérique du Nord. Découvert dans le nord-est des États Unis dans les années 1960, cet insecte s’est rapidement propagé aux régions tempérées où sont produites les céréales à petits grains. Au Canada, le criocère des céréales a été découvert dans le sud de l’Alberta en 2005 et en 2015, sa présence avait été signalée dans d’autres régions de l’Alberta de même qu’au Manitoba et en Saskatchewan. La guêpe parasitoïde Tetrastichus julis, introduite d’Europe aux États Unis en 1964 et aussi lâché en Colombie-Britannique en 2002, est un agent de lutte biologique efficace et constitue une option viable à contrôler le criocère des céréales.

Dans les régions où le T. julis s’est établi, la lutte biologique est devenue une importante stratégie visant à lutter contre le criocère des céréales et à réduire les dommages causés aux cultures par ce ravageur. Cette stratégie a permis de réduire considérablement le recours aux insecticides tels que le malathion organophosphoré. Cependant, dans les régions où le parasitoïde n’est pas présent en nombres suffisants et où des dommages sont apparents, la pulvérisation d’insecticide est le principal moyen de lutte utilisé contre le criocère des céréales dans les cultures de blé.

Ce projet visait à introduire le T. julis dans de nouvelles régions des Prairies où le criocère des céréales a été signalé. Le projet visait aussi à réaliser des études sur l’écologie des paysages dans le but de déterminer les caractéristiques pouvant contribuer à l’établissement du criocère des céréales ou du T. julis, ou à la conservation à long terme du T. julis et d’autres organismes bénéfiques.

Approches

Les chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et des collaborateurs des gouvernements provinciaux et de l’industrie ont parcouru de nombreux champs afin de surveiller la propagation du criocère des céréales et la présence du T. julis dans les cultures céréalières des Prairies. L’étude des insectes capturés au filet fauchoir a permis de déterminer les effectifs de criocères des céréales adultes. La présence du T. julis a été établie en fonction de la fréquence des larves de criocère parasitées recueillies dans les zones ciblées. Cette information a servi à sélectionner des sites où le taux de parasitisme était faible (0 à 20 %) pour le lâcher du parasitoïde. En général, il faut un taux de parasitisme d’au moins 30 % pour que la lutte biologique soit efficace et réussisse à maintenir les populations de ravageurs sous le seuil où ils provoquent des dommages.

De 2013 à 2015, des guêpes T. julis adultes et des larves de criocère des céréales parasitées par le T. julis ont été recueillies dans des champs de blé d’hiver et de blé de printemps où la présence du ravageur et du T. julis avait été signalée, près de Lethbridge. On a ensuite procédé à l’élevage massif des insectes dans des chambres de croissance du Centre de recherche et de développement de Lethbridge pour obtenir des colonies de parasitoïdes. Moins de 72 heures après leur émergence, les guêpes adultes étaient stockées par groupes de 20 dans des contenants à salade de plastique de 500 ml et expédiées afin d’être lâchées dans les sites désignés.

L’étude sur l’écologie des paysages, réalisée au cours des saisons 2014 et 2015, a permis de répertorier et de caractériser les attributs des paysages pour un certain nombre de champs entourant des cultures de blé où les populations de criocères des céréales et de T. julis et le taux de parasitisme des larves de criocère des céréales avaient été quantifiés. La caractérisation des paysages reposait sur le pourcentage de zones non cultivées (y compris les pâturages, les prairies indigènes et cultivées et la végétation riveraine) et de zones cultivées dans un rayon de 2 kilomètres des champs de blé échantillonnés. Une corrélation a ensuite été établie entre le pourcentage attribué aux différents attributs des paysages et la présence observée du criocère des céréales et du T. julis ainsi que les taux de parasitisme.

Résultats

Les rapports annuels sur les ravageurs produits durant le projet ont permis d’établir que le criocère des céréales s’était propagé dans de nouvelles zones des Prairies canadiennes, ce qui confirme que cet insecte est un ravageur émergeant qui représente une menace pour les cultures céréalières. De nouvelles connaissances sur la biologie du parasitoïde T. julis et sur la dynamique de ses interactions avec le criocère des céréales dans les cultures de blé ont également été acquises dans le cadre du projet. Mais surtout, les travaux ont contribué à attirer l’attention des producteurs sur la lutte biologique et ont suscité un intérêt croissant pour le lâcher de T. julis en remplacement du recours aux insecticides pour la lutte contre le criocère des céréales.

De 2013 à 2015, environ 14 000 T. julis (90 % d’adultes, 10 % de pupes) ont été transférés du Centre de recherche et de développement de Lethbridge à différents champs de blé des Prairies où le criocère des céréales avait été signalé comme une menace émergente. En Alberta, des lâchers d’insectes ont été effectués près de Olds, Red Deer, Lacombe, Wetaskiwin et Edmonton. La plupart des lâchers en Saskatchewan ont été effectués aux environs de Moosemin et de Langenburg, et dans la région de Maple Creek. Au Manitoba, tous les lâchers ont eu lieu aux environs de Carman.

Environ 76 champs de céréales ont été évalués pendant deux ans dans le cadre de l’étude sur les paysages. Selon les résultats préliminaires issus des données de 2014 (environ 30 champs), l’abondance du criocère des céréales a diminué dans les champs de céréales entourés par des paysages comportant une proportion élevée de milieux non cultivés. La présence de champs d’orge dans les paysages environnants semblait être associée à une augmentation du parasitisme. L’orge pourrait être un hôte privilégié ayant pour effet de concentrer les effectifs de criocères des céréales, ce qui attirerait un grand nombre de parasitoïdes. Il semblerait donc avantageux de lâcher des T. julis dans des paysages où des champs d’orge sont présents.

Les résultats du projet et les pratiques exemplaires en matière de lutte contre le criocère des céréales ont été communiqués aux producteurs de céréales tout au long du projet à l’aide de présentations données lors de réunions de l’industrie, de conférences et de journées champêtres. Une fiche technique bilingue La lutte biologique à son meilleur : contrôle du criocère des céréales au moyen de la guêpe T. julis et plusieurs articles de médias agricoles populaires ont été publiés pour sensibiliser les producteurs et promouvoir l’adoption de moyens de lutte biologique contre le criocère des céréales. Les nouveaux renseignements obtenus sur ce ravageur et son ennemi naturel ont également été intégrés au catalogue illustrée Guide d'identification des ravageurs des grandes cultures et des cultures fourragères et de leurs ennemis naturels et mesures de lutte applicables à l'Ouest canadien, qui a été publié en 2015.

Il pourrait être utile d’effectuer une surveillance à la suite des lâchers de T. julis dans les zones visées par le projet afin d’évaluer l’établissement du parasitoïde et le taux de parasitisme, et d’appuyer des lâchers dans de nouvelles zones. L’élevage et le transfert de parasitoïdes seront poursuivis pendant un ou deux ans, au besoin, avec l’aide du personnel formé dans le cadre du projet.

Pour de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec Hector Carcamo (Ph. D.)