Évaluation du Grandevo® (MBI-203) contre la punaise des céréales dans le gazon

Code de projet: BPR12-080

Chef de projet

Silvia Todorova - Anatis Bioprotection Incorporated, Québec
Michael Brownbridge - Vineland Research and Innovation Centre, Ontario
Leo Blydorp - Agronomy and Crop Protection Consulting, Ontario

Objectif

Produire des données sur l’efficacité du produit et la tolérance des plantes traitées, à l’appui d’une demande d’homologation relative au Grandevo® (MBI-203) (Chromobacterium subtsugae) contre la punaise des céréales (Blissus leucopterus) dans le gazon

Sommaire de résultats

Contexte

La punaise des céréales (Blissus leucopterus) inflige de graves dommages aux pelouses dans de nombreuses provinces canadiennes. À l’aide de ses pièces buccales de type perceur-suceur, cet insecte aspire la sève des tiges et du collet de la plante et y injecte des toxines qui perturbent le système vasculaire de la plante. Les plantes infestées se flétrissent, jaunissent, puis brunissent et meurent. Toutes les espèces de graminées à gazon communes au Canada sont sensibles au ravageur. La mise au point d’une méthode de lutte non chimique contre ce ravageur s’impose, particulièrement en raison des préoccupations croissantes suscitées par l’utilisation de pesticides chimiques en milieu urbain.

En 2011, les producteurs participant à l’Atelier sur l’établissement des priorités en matière de biopesticides ont retenu le biopesticide Grandevo® (MBI-203) (Chromobacterium subtsugae), mis au point par Marrone Bio Innovations, comme solution prioritaire pour la lutte contre la punaise des céréales dans les graminées à gazon au Canada. Le produit permet de combattre un large spectre d’insectes suceurs et broyeurs. Le mode d’action du Chromobacterium subtsugae contre la punaise des céréales est incertain. Certaines études ont toutefois révélé que la bactérie inhibe l’alimentation et induit une perte de poids chez certains insectes.

Approches

Cinq essais ont été réalisés en 2012 et 2013, en Ontario et au Québec, dans des pelouses résidentielles de pâturin des prés, de fétuque ou d’ivraie naturellement infestées par le ravageur. Les populations ciblées étaient constituées d’individus d’âges divers (larves et adultes). En 2012, le Grandevo a été appliqué en deux traitements foliaires à intervalle d’une semaine et à raison de 100 et de 300 grammes par 100 mètres carré (g/100 m2). Deux traitements ont également été effectués lors des essais réalisés en 2013, cette fois à raison de 50 et de 100 g/100 m2. Chaque traitement comportait quatre répétitions, et le volume d’application s’élevait à 200 millilitres/100 m2. Une application d’eau seulement a été effectuée comme traitement témoin, et deux standards commerciaux, le Decis (deltamétrine) ou le Millenium (Steinernema carpocapsae), ont été utilisés à des fins de comparaison. L’efficacité des traitements a été évaluée dans des parcelles d’après le nombre moyen de punaises des céréales (adultes et larves) par 0,1 m2. La tolérance des graminées au produit a été déterminée au moyen d’une estimation visuelle de la phytotoxicité du produit pour la graminée traitée à chaque date d’échantillonnage où une évaluation de l’efficacité du produit a été effectuée.

Résultats

Parmi les cinq essais, les deux essais réalisés en 2012 en Ontario se sont révélés non concluants en raison des conditions extrêmement sèches qui régnaient au moment des traitements. Le traitement réalisé en Ontario en 2013 a réduit de 10 à 20 % les effectifs du ravageur. Cette modeste réduction était probablement imputable aux conditions sèches qui ont contribué à réduire la pression exercée par le ravageur.

Des résultats plus prometteurs ont été enregistrés dans le cadre des deux essais réalisés au Québec en 2012 et en 2013. En 2012, le Grandevo, appliqué à raison de 100 et de 300 g/100 m2, a réduit de 66 à 89,5 % les effectifs du ravageur (adultes et larves) au cours des neuf premiers jours suivant les traitements. De façon générale, aucune différence d’efficacité n’a été notée entre les doses de 100 g/100 m2 et de 300 g/100 m2. En 2013, on a utilisé des doses de 50 et de 100 g/100 m2 pour valider les données d’efficacité enregistrées en 2012. En 2013, contrairement à ce qui avait été observé en 2012, le Grandevo, aux deux doses utilisées, a réduit de façon significative le nombre de punaises des céréales (adultes et larves) dans une proportion de 70 à 90 % durant la plupart des périodes d’évaluation suivant les traitements. Les deux doses ont permis d’abaisser les effectifs du ravageur sous le seuil économique (moins que 15-20 punaises/0,1 m2) au terme du traitement. Aucune des doses utilisées au cours des deux années n’a causé d’effets phytotoxiques. L’analyse des données a également démontré que le Grandevo était aussi efficace sinon plus efficace que les deux standards commerciaux utilisés.

Discussion

Les essais réalisés en 2012 et en 2013 se sont tous révélés non concluants en raison des conditions sèches qui régnaient au moment des traitements. Des résultats prometteurs ont toutefois été enregistrés dans le cadre des essais réalisés au Québec en 2012 et en 2013. Les doses de 50, 100 et 300 g/100 m2 ont toutes permis de réduire de façon significative les effectifs du ravageur, mais aucun différence statistique liée à l’efficacité des traitements n’a été notée entre les doses de 100 et de 300 g/100 m2. Les données amassées dans le cadre de ces essais sur le terrain seront utilisées en appui à une demande d’homologation du Grandevo® pour la lutte contre la punaise des céréales dans le gazon au Canada.