Évaluations de fongicides pour le contrôle de la pourriture des racines causée par Phytophthora dans la culture des framboises

Code de projet : SCR07-004

Chef de projet

Janice Elmhirst - Elmhirst Diagnostics and Research

Objectif

Évaluer de nouveaux fongicides qui ont démontré un certain effet contre les maladies à Oomycètes pour le contrôle potentiel de la pourriture des racines et du collet causée par Phytophthora dans la culture des framboises

Sommaire de résultats

La pourriture des racines et du collet causée par Phytophthora fragariae var. rubi cause de sérieuses pertes chaque année aux producteurs de framboises en Colombie Britannique, en Ontario, au Québec et dans les maritimes.

Des deux principaux cultivars de framboises cultivés en Colombie Britannique, le cultivar « Malahat » est très affecté et le cultivar « Meeker », qui comprend la grande majorité de la production de framboises transformées en Colombie Britannique, est devenu de plus en plus susceptible à cette maladie dans les dernières années, ceci occasionnant des pertes de 30 à 50 p. 100 dans plusieurs champs.

Le pesticide RIDOMIL GOLD 480 EC (metalaxy-m) a été utilisé depuis plus de 10 ans pour lutter contre Phytophthora rubi mais récemment, les producteurs n'ont pas obtenu un bon contrôle de la pourriture des racines avec ce produit, probablement dû au fait du développement d'une résistance du pathogène au metalaxyl ou d'une augmentation de la dégradation du produit par les microorganismes du sol.

Cette expérience a donc été réalisée dans le but de trouver de nouveaux fongicides à risques réduits pour contrôler le Phytophthora dans les cultures de framboises.

L'expérience s'est déroulée à Abbotsford, en Colombie Britannique. Des plantules de framboise (cultivar Meeker) provenant d'une culture in vitro ont été transplantés dans des pots de 1 gallon le 10 août 2007. Le pathogène utilisé pour inoculer les plant de framboise fut la souche #16184, Phytophthora fragariae var. rubi d'Agriculture Canada. Les plants de framboises furent inoculé par Phytophthora rubi le 14 septembre et le 4 octobre 2007.

Le plan expérimental utilisé fut un bloc aléatoire complet comprenant 4 répétitions par traitement. Les traitements évalués comprenaient quatorze différents fongicides ainsi qu'un contrôle non-inoculé et un contrôle inoculé par le champignon pathogène. Les traitements fongicides appliqués par bassinage ont été appliqués 48 heures avant l'inoculation par le pathogène. Deux traitements fongicides ont été appliqués par vaporisation foliaire 14 et 28 jours plus tard comparativement au traitement par bassinage. Les produits ont été appliqués une seule fois, à la dose la plus forte recommandée par le fabricant.

Les plants de framboises ont été évalués pour la phytotoxicité des fongicides 24, 48 et 72 heures après chaque application de fongicides de même qu'après une et deux semaines. À la fin octobre, les plants furent évalués visuellement pour les symptômes foliaires associés à la pourriture des racines. Une autre évaluation visuelle portant sur la qualité générale des plants (croissance, vigueur, couleur) fut effectuée à la mi-novembre, lors de la récolte des plants de framboises. À ce moment, les plants ont été déracinés et les racines furent lavées, pesées et séchées. Le pourcentage de pourriture des racines fut estimé et le poids frais des plants fut mesuré.

Le facteur quantitatif le plus consistant et le plus fiable d'indication de la sévérité de la maladie parmi tous les traitements s'est avéré être le poids frais et le poids sec des racines. Les données obtenues sur l'évaluation visuelle de la qualité des plants furent très variables. Ce résultat pourrait à être dû au fait que les plantules provenant de la culture in vitro n'avaient pas toutes la même taille au départ, ce qui a probablement affecté la grosseur finale des plants. Aucun effet phytotoxique sur les feuilles n'a été observé pour tous les traitements fongicides.

La pourriture du collet n'a pu être évaluée lors de cet essai étant donné que les plants de framboise ne développent pas de collet des racines la première année de leur développement suite à leur culture in vitro.

Le fongicide Pre-stop (Gliocladium catenulatum) fut le traitement qui a donné les meilleurs résultats en terme de poids des racines, pourcentage de pourriture des racines, poids des plants et qualité générale des plants. Quatre autres fongicides : Tanos (fenamadone + cymoxanil), Pristine (boscalid + pyraclostrobin), Compass (trifloxystrobin) et Curzate (cymoxanil) ont donné des résultats satisfaisants. Ces pesticides à risques réduits devraient être testés à nouveau dans le futur.

Cet essai fut réalisé de septembre à novembre et la température fraîche, même si elle est favorable à l'infection des racines par le P. rubi, peut avoir ralentit le développement de la maladie et la croissance des plants. Lors d'une étude précédente réalisée d'avril à juin sous des conditions plus chaudes, le fongicide Pristine (boscalid + pyraclostrobin) fut celui ayant obtenu les meilleurs résultats. Les fongicides Allegro (fluazinam) et Ranman (cyazofamid) avaient aussi bien performé, réduisant le niveau de pourriture des racines et du collet.

Dans le futur, il serait intéressant d'effectuer d'autres essais avec les fongicides Allegro (fluazinam) et Ranman (cyazofamid) car la température semble affecter leur efficacité. Aussi, la prévention de l'infection du collet pourrait avoir un plus grand impact sur les plants de framboise dans le champ que la suppression de la pourriture des racines seulement. Il serait donc intéressant de faire des essais avec des plants de framboises possédant des collets de racines.