Faciliter l'adoption d'approches à risque réduit pour la lutte contre les ravageurs des pommes en Nouvelle-Écosse

Code de projet : PRR09-030

Chef de projet

Dela Erith - Nova Scotia Fruit Growers' Association

Objectif

Faciliter l'adoption de nouveaux outils de lutte antiparasitaire (pesticides et pratiques à risque réduit) en vérifiant les seuils d'intervention pour l'utilisation des produits chimiques de remplacement à base d'organophosphate

Sommaire de résultats

Contexte

Dans les vergers de l'est du Canada, la mouche de la pomme (Rhagoletis mendax) et la pyrale de la pomme (Cydia pomonella) sont d'importants ravageurs qui se nourrissent des fruits et les rendent invendables. La mouche de la pomme est un phytoparasite justiciable de quarantaine qui fait l'objet d'une tolérance zéro dans plusieurs marchés d'exportation. Il faut donc les surveiller de près et assurer une protection continue du fruit en développement pour prévenir les pertes de récolte causées par ces deux ravageurs.

Les insecticides organophosphatés (OP) font partie de la lutte antiparasitaire intégrée depuis plusieurs années. Toutefois, en raison des préoccupations relatives à l'environnement et à la santé humaine, un certain nombre de pesticides contre les ravageurs du pommier ont été homologués depuis quelques années. En général, les nouveaux pesticides ont des modes d'action différents, sont moins persistants, visent une espèce en particulier et ciblent souvent d'autres stades du cycle de vie que les OP. Par conséquent, la période et la fréquence de l'application peuvent différer de celles des OP.

La nécessité de vérifier les seuils d'application, d'incorporer les nouveaux produits dans les méthodes de lutte antiparasitaire intégrée dans les vergers et d'inciter les producteurs à utiliser ces produits a été cernée lors des consultations sur la réduction des risques pour le remplacement des insecticides organophosphatés dans les cultures de fruits à pépins de la Réduction des risques liés aux pesticides. Un projet d'une durée d'un an a été entrepris en Nouvelle-Écosse en vue d'examiner et de vérifier les seuils pour les calendriers de pulvérisation des produits chimiques de remplacement des OP.

Méthodes

Des secteurs d'essais ont été établis pour la mouche de la pomme et la pyrale de la pomme dans les vergers commerciaux de la Nouvelle-Écosse. Les données météorologiques locales (précipitations et température) ont été recueillies et saisies dans un modèle degrés-jour en vue de prédire le développement et le moment approprié des traitements pour la mouche de la pomme et la pyrale de la pomme. L'abondance de la pyrale de la pomme et de la mouche de la pomme a fait l'objet d'une surveillance durant toute la saison de croissance dans les secteurs d'essais. Lorsque les seuils d'intervention ont été atteints, des recommandations en regard des traitements ont été formulées auprès des coopératives de producteurs. Les dommages causés aux cultures par la mouche de la pomme ont été évalués à la fin de la saison et ceux de la pyrale de la pomme, deux fois durant la saison. Le niveau de réduction du risque atteint grâce à l'utilisation de seuils améliorés et, contrairement à l'utilisation conventionnelle des traitements de insecticides organophosphatés, un calendrier de pulvérisation plus adéquat ont été calculés à l'aide de l'Indicateur de risque des pesticides du Québec. Les producteurs ont été tenus informés des activités de recherche et des résultats grâce à des visites des parcelles d'essais, à la tournée estivale de la Nova Scotia Fruit Growers' Association (NSFGA), à des articles du bulletin d'information et à une présentation sur le projet au congrès annuel de la NSFGA.

Le calendrier des traitements antiparasitaires pour la pyrale de la pomme reposait sur un modèle de degrés-jours (Kain D. et A. Agnello. 2004. Insects, Update on Pest Management and Crop Development, Scaffolds Fruit Journal, 7 sept. 2004, vol. 13, no. 35. Lieu de l'étude : New York) et le modèle fonctionne dans le programme logiciel Spectrum Technologies Inc., qui utilise les données météorologiques mensuelles de chacun des quatre vergers. Les insecticides organophosphatés ayant la capacité de détruire les pyrales et les larves néonates au contact, leur pulvérisation a été établie à 250 degrés-jours après la fixation biologique (premières captures soutenues des pyrales mâles). En général, les produits de remplacement des insecticides organophosphatés ne sont pas efficaces contre les adultes et doivent être pulvérisés avant la ponte. Un nouveau calendrier de pulvérisation a été établi à 100 degrés-jours après la fixation biologique.

Résultats

À l'aide des nouveaux seuils d'intervention et d'un calendrier adéquat d'application des mesures de contrôle, Calypso, Assail, Delegate et Intrepid se sont révélés efficaces contre la pyrale de la pomme (de zéro à 0,5 % de perte de récolte), et Calypso et Delegate ont adéquatement contrôlé la mouche de la pomme (aucune perte de récolte pour tous les produits). Dans les secteurs d'essais, les dommages causés par la pyrale de la pomme variaient de zéro à 0,5 % et se situaient dans les limites acceptables. Deux secteurs ont fait l'objet d'un second traitement insecticide. Des dix-sept secteurs d'essais compris dans l'évaluation du contrôle de la mouche de la pomme, trois ont fait appel à un deuxième traitement insecticide pour capturer les ravageurs dans les pièges.

L'évaluation des dommages aux fruits en septembre était fondée sur l'examen de cent pommes cueillies de dix arbres choisis au hasard dans chaque secteur de verger. Malgré d'importantes précipitations enregistrées peu après chacune de plusieurs pulvérisations, aucune mineuse active de la mouche de la pomme n'a été détectée dans aucun des secteurs.

Une préoccupation majeure des producteurs tient à la détermination du besoin de traitements ultérieurs. Contrairement aux insecticides organophosphatés, les nouveaux insecticides ne détruisent pas les mouches adultes, bien que certains nuisent à la ponte. Les arboriculteurs fruitiers ne sont pas en mesure de savoir si les mouches piégées à l'intérieur d'une fenêtre de sept à dix jours d'activité pesticide sont des mouches qui étaient incapables de pondre ou s'il s'agit de nouvelles mouches qui avaient commencé à pondre. Pour compliquer le processus décisionnel, les nouveaux produits chimiques affichent un cycle de vie plus court au champ, en raison de la dégradation causée par les conditions météorologiques (par exemple, rayonnement ultraviolet et lessivage causé par les précipitations).

L'Indicateur de risque des pesticides du Québec a servi à générer le profil des nouveaux produits chimiques en comparant des simulations de modèles où Guthion était l'ingrédient principal de la lutte contre la pyrale de la pomme et la mouche de la pomme. Les éléments de risque, tant pour l'environnement que pour la santé, ont fait ressortir la valeur des produits de remplacement des insecticides organophosphatés.

De façon générale, les produits de remplacement des insecticides organophosphatés se sont révélés efficaces dans la lutte contre la pyrale de la pomme et de la mouche de la pomme. L'étude a permis aux producteurs de se familiariser avec les facteurs à considérer dans l'ajout de nouveaux produits dans un programme de lutte antiparasitaire intégrée. D'autres évaluations annuelles doivent être effectuées avant de formuler d'importantes affirmations concernant les questions telles que les ajustements des seuils d'intervention ou les calendriers de pulvérisation. Le coût élevé de ces nouveaux produits retarde l'adoption des nouveaux produits chimiques de remplacement, particulièrement en raison de la faible marge bénéficiaire générée par le secteur de la pomiculture. Les coûts réels des produits de remplacement des insecticides organophosphatés sont de 1,5 à 2,5 fois plus élevés que le coût de Guthion par hectare. Les producteurs doivent continuer d'acquérir l'expérience des nouveaux programmes de lutte intégrée. Des traitements préventifs de suivi s'imposent, particulièrement pour la mouche de la pomme, jusqu'à ce que les producteurs soient plus à l'aise avec leur utilisation.