Incidence du virus Y de la pomme de terre (PVY O et PVY N :O) sur les cultivars de pommes de terre et la lutte par vaporisation d'huile

Code de projet : BPI06-320

Chef de projet

Debbie McLaren - Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Objectif

Déterminer l'impact du virus Y de la pomme de terre (PVY O et PVY N:O) dans les conditions environnementales du Manitoba et évaluer les pulvérisations d'huile pour la lutte contre le PVY sur les cultivars courants de la pomme de terre.

Sommaire des résultats

Contexte

Le virus Y de la pomme de terre (PVY) est une source de préoccupation pour les producteurs de pommes de terre du monde entier, car il est à l'origine d'une maladie importante pouvant entraîner des pertes de rendements considérables. En outre, même la faible présence du virus dans un lot de semence peut entraîner son rejet lors de certification. Ce sont les pucerons qui transmettent le PVY d'un plant infecté à un plant sain en véhiculant des particules virales dans leur rostre. Il s'agit d'un mode de transmission dit « non persistant ». Comme le virus se transmet rapidement d'une plante à l'autre, les insecticides n'agissent pas assez vite pour réduire sa propagation.

Il existe plusieurs souches du virus PVY, et une souche recombinante (PVYN:O) a été découverte dans des pommes de terre de semence au Manitoba, au Dakota du Nord, au Minnesota et au Montana. Comme nous connaissons peu les effets sur le rendement des différents niveaux d'infection des tubercules de semence par cette souche comparativement à la souche commune PVYO, nous devons obtenir plus de données sur elle. Il s'avère aussi nécessaire de disposer d'un produit antiparasitaire à risque réduit qui enraye la propagation du PVY.

Méthode

Des travaux de recherche sont menés de 2006 à 2008 pour évaluer le potentiel des huiles minérales, en usage aux États­Unis et en Europe, sous les conditions environnementales du Manitoba, afin de réduire l'incidence de la maladie causée par le PVY chez certains cultivars de pommes de terre. Ces produits sont une option intéressante, car leur toxicité est réduite à la fois pour les humains et l'environnement, ils s'appliquent facilement au moyen de équipement de pulvérisation existant et peuvent réduire les coûts du producteur. L'huile minérale Superior 70, fournie par la compagnie canadienne N.M. Bartlett Inc., étais utilisé dans cette étude. En parallèle, les effets des souches virales PVYO et PVYN:O sur la qualité et le rendement des tubercules ont été étudié.

Le projet devait durer deux ans, mais en raison de circonstances imprévues, il a été prolongé d'un an. À la première année du projet, on a inoculé mécaniquement la souche PVYO sur un premier groupe de plantules de pommes de terre Russet Burbank et Shepody exemptes de virus, et la souche PVYN:O sur un second groupe de plantules. L'inoculation s'est faite au Centre de recherches sur la pomme de terre d'AAC à Fredericton, Nouveau-Brunswick, Canada. Les plantules inoculées ont été plantées en champ, puis les tubercules des plants matures ont été récoltés à l'automne 2006 pour les utiliser dans les essais en 2007. Une étude au champ (essai 1) visant à évaluer l'efficacité de l'huile minérale contre le PVY sur des plants de Russet Burbank a été aussi menée au Centre de diversification des cultures Canada-Manitoba (CDCCM) à Carberry, Manitoba en 2006. Huit parcelles sont été établies, dont quatre traitées à l'huile minérale.

L'année suivante (2007), deux essais ont été menés au Manitoba. L'essai 2 était constitué d'une combinaison factorielle de +/- d'application d'huile minérale et de cinq taux d'infection des tubercules (0, 10 %, 25 %, 50 % et 75 %). Les tubercules infectés de PVY provenaient de plants infectés lors des essais au champ de 2006. L'essai comprenait quarante parcelles, dont 20 traitées à l'huile minérale. L'essai 3 a été réalisé pour multiplier le nombre de tubercules infectés par le PVY (PVYO et PVYN:O) au champ. Compte tenu du nombre limité de tubercules disponibles, deux parcelles de Russet Burbank ont été infectées au PVYN:O et deux parcelles de Shepody ont été infectées, l'une avec la souche PVYN:O et l'autre, avec la souche PVYO.

En 2008, trois essais ont été effectués. L'essai 4 consistait à évaluer les effets de cinq taux 'infection des tubercules (0, 10 %, 25 %, 50 % et 75 %) sur la propagation du PVY et le rendement. L'essai 5, qui portait sur l'efficacité des traitements à l'huile contre le PVY, comprenait une parcelle témoin non traitée, trois parcelles traitées à différentes doses d'huile et deux autres parcelles traitées avec d'autres produits chimiques (afin de refléter les pratiques courantes des agriculteurs). L'essai 6, réalisé à Brandon, visait à comparer le rendement et la qualité de tubercules provenant de plants de pommes de terre (Russet Burbank et Shepody) issus de semences infectées au PVY (souche PVYO ou PVYN:O) à ceux de tubercules provenant de plants adjacents issus de semences exemptes de virus. Dans tous les essais au champ, on a dépisté la maladie, évalué le rendement en tubercules (sauf pour l'essai de 2006) et analysé les tubercules au moyen de la technique RT­PCR pour détecter la présence du virus.

Résultats

L'application d'huile minéral Superior 70 permet de réduire la propagation du PVY. En 2006, trois des quatre répétitions de traitements à l'huile ont diminué la propagation du virus. En 2007, le traitement à l'huile minérale a aussi réduit la propagation du virus. En 2008, lors de l'étude d'application de trois doses d'huile Superior 70, les plus faibles incidences de la maladie ont été observées avec la dose intermédiaire.

Une préoccupation avec l'utilisation d'huile minérale est le développement possible d'une phytotoxicité. Le phénomène a été observé en 2007 après l'application d'huile à 2 L/acre pendant des températures très chaudes. Or, les plants de Russet Burbank ont semblé peu atteints, leurs rendements respectifs ayant été de 15,3 et de 15,0 t/acre pour la parcelle témoin non traitée et la parcelle traitée à l'huile.

Le rendement en tubercules des parcelles diminuait à mesure qu'augmentait le taux d'infection au PVY des tubercules de semence. En 2007, le rendement a été réduit en moyenne de 13 p. 100 pour l'ensemble des taux d'infection au PVY. Les plants issus de semences infectées aux deux souches de virus affichaient des pertes de rendement comparativement aux plants issus de semences exemptes de virus. Le nombre de tubercules par plant et le poids moyen des tubercules provenant de plants infectés étaient inférieurs à ceux provenant de plants sains. Le PVY peut entraîner une diminution du rendement total par la réduction du calibre des tubercules. Les plants de Shepody issus de semences infectées par la souche PVYO ont donné des rendements plus bas et des tubercules de plus petit calibre que les plants issus de semences infectées par la souche PVYN:O (2008). Des résultats semblables ont été observés avec des plants de Russet Burbank en 2008. Or dans les années précédentes, les plants de Shepody infectées par la souche PVYN:O ont donné des rendements plus bas que les plants infectées par la souche PVYO, mais le calibre des tubercules était semblable.

En octobre 2010, un dossier de données réglementaires relatives à la modification de l'homologation de l'huile minérale Superior 70, comprenant les données recueillies dans le cadre du présent projet, qui s'est terminé en 2009, a été présenté à l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Il est suggéré d'ajouter sur l'étiquette l'usage de l'huile minérale Superior 70 pour la lutte contre les maladies virales transmises par les pucerons dans la production de pommes de terre. En avril 2011, l'extension du profil d'emploi incluant l'usage du l'huile Superior 70 Bartlett à réduire la propagation de PVY transmises par les pucerons dans les pommes de terre a été approuvé.