L'utilisation d'abeilles comme agents de pollinisation - un moyen novateur de vectoriser Beauveria bassiana dans les poivrons et tomates de serre en vue de lutter contre les parasites

Code de projet : MU03-ENT5

Chef de projet

Les Shipp - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Étudier les possibilités de recourir à l'utilisation de la pollinisation par les bourdons, et de la créer, à titre de nouvelle technique d'application de l'agent de lutte biologique bactérien BotanigardMD contre les insectes ravageurs des cultures en serre.

Sommaire des résultats

Il a été démontré que les champignons entomopathogènes (en particulier le Beauveria bassiana) sont efficaces pour lutter contre certains insectes ravageurs des cultures de serre, notamment les aleurodes, les pucerons, les thrips et les punaises du genre Lygus. Nous avons étudié une nouvelle technique d'application de mycoinsecticide dans laquelle les bourdons, en sortant de la ruche, prélèvent l'agent de lutte biologique puis le dispersent sur les fleurs et les feuilles des plantes qu'ils butinent. L'avantage de cette technique par rapport à la pulvérisation est qu'elle permet une application continue plutôt que ponctuelle de l'inoculum.

Nous avons réalisé des essais en cage afin d'évaluer l'impact du mycoinsecticide sur les insectes ravageurs en conditions de production commerciale de tomate de serre de même que l'impact du Beauveria sur l'activité des bourdons et l'efficacité de la pollinisation. Nous avons testé des inoculums contenant trois différentes concentrations de conidies du Beauveria. Nous avons utilisé une disposition en blocs complets randomisés pour tous les traitements et tous les essais. La concentration intermédiaire de conidies a tué le même nombre d'insectes ravageurs que la concentration supérieure (70 % des Lygus et 54 % des aleurodes) mais un nombre plus élevé que la concentration inférieure (33 % des Lygus et 18 % des aleurodes). La concentration la plus élevée de conidies a causé une plus forte mortalité chez les bourdons (44 %) que la concentration intermédiaire (13 %), mais aucune différence significative à cet égard n'a été observée entre la concentration intermédiaire et la concentration la moins élevée ou les traitements témoins. Nous en concluons que la concentration intermédiaire de conidies du Beauveria (6,24 X 1010 conidies / gramme d'inoculum) est la concentration optimale d'utilisation, puisqu'elle a causé la même mortalité chez les insectes ravageurs que la concentration la plus élevée tout en ayant un impact négatif moindre sur les pollinisateurs. Dans les essais sur des cultures commerciales, nous avons observé la plus faible activité des bourdons (nombre de voyages entre la ruche et la culture) avec la concentration la plus élevée de conidies du Beauveria. Toutefois, le taux de pollinisation obtenu dans les serres commerciales était satisfaisant dans tous les cas, et la qualité des tomates récoltées satisfaisait aux normes commerciales recommandées.

Nous avons également réalisé des études préliminaires sur la possibilité d'appliquer simultanément un inoculum de champignon entomopathogène et un inoculum de champignon pouvant protéger les plantes contre les maladies (Endofine®, Clonostachys rosea), et les résultats sont très encourageants. Ces études ont été poursuivies dans le cadre d'un projet ultérieur financé par le Centre de la lutte antiparasitaire d'AAC, MUR06-300.

La présente étude a montré que l'utilisation des agents de pollinisation pour la dissémination d'inoculums de champignons entomopathogènes et de champignons bénéfiques pour les plantes, séparés ou combinés, peut être ajoutée à la panoplie des outils de lutte intégrée contre les insectes et les maladies s'attaquant aux cultures en serre de la tomate et du poivron. Une fois que le mycoinsecticide BotaniGard® sera homologué au Canada, on pourra discuter avec le titulaire et l'organisme de réglementation de la possibilité d'étendre le profil d'emploi du produit pour inclure cette nouvelle technique d'application.

Fiche technique sur Application d'agents microbiens sans intervention