Obstacles physiques a la couche arable du champ ou serre afin de prevenir la pondaison par la mouche du chou

Code de projet : PRR10-170

Chef de projet

Josée Owen - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

  • Cerner des moyens d’empêcher les mouches du chou femelles d’accéder aux légumes pour y pondre leurs œufs
  • Élaborer et mettre à l’essai une méthode d’application et en vérifier l’efficacité en serre et au champ

Sommaire de résultats

Contexte

Au Canada, la mouche du chou (Delia radicum L.) (Diptera: Anthomyiidae) et un certain nombre d’espèces étroitement apparentées infligent des dommages importants dans toutes les régions productrices de crucifères. Deux organophosphates (chlorpyrifos et diazinon) sont actuellement disponibles pour la lutte contre ces ravageurs, mais tous deux font actuellement l’objet d’une réévaluation par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. Des études ont par ailleurs confirmé l’apparition d’une résistance au chlorpyrifos chez un nombre croissant de populations de la mouche du chou en Colombie-Britannique. L’utilisation de barrières physiques est une avenue prometteuse qu’il convient d’évaluer dans le contexte de la stratégie de réduction des risques liés à la lutte contre la mouche du chou. L’objectif consiste à élaborer des outils pouvant être utilisés dans le cadre d’une approche de lutte intégrée contre la mouche du chou dans ces cultures afin de réduire notre dépendance à l’égard des insecticides organophosphates.

Approches

Au cours de la saison de croissance 2010, un essai préliminaire visant à évaluer l’efficacité de barrières physiques potentielles dans les cultures de rutabaga et de chou a été effectué. Une parcelle témoin non traitée et une parcelle traitée au Lorsban (insecticide couramment utilisé en contexte commercial contenant la matière active chlorpyrifos, un organophosphate) ont servi de base comparative. Les produits suivants ont été utilisés à titre de barrières physiques : SPLAT (matrice biologiquement inerte utilisée pour l’application de pesticides et/ou de phéromones dans les agro-écosystèmes horticoles), FlexTerra (produit anti-érosion biodégradable), Hydromulch (autre produit anti-érosion biodégradable), Tanglefoot (colle utilisée dans les pièges à insectes), paillis liquide AMP (produit fait de cellulose et de polymères formant une pellicule à l’aspect de carton utilisé pour la lutte contre les mauvaises herbes), terre de diatomées (minéral extrait de dépôts de diatomées utilisé pour la lutte contre les insectes nuisibles et comme conditionneur de sol) et phytoprotecteur Surround (produit à base de kaolin utilisé comme barrière pour protéger les cultures contre certains insectes nuisibles).

Les résultats de ce premier essai étant peu concluants, un deuxième essai a été effectué dans des cultures de chou au cours de la saison 2011. Cette fois, les barrières mises à l’essai étaient les suivantes : paillis liquide AMP, phytoprotecteur Surround, chaux dolomitique (produit à base de calcaire ou de craie broyé utilisé pour amender les sols et dont la principale composante est le carbonate de calcium), paillis de papier (produit similaire au papier kraft utilisé pour la suppression des mauvaises herbes en horticulture biologique) et paillis de fibres de bambou non tissées. Deux autres traitements, l’un utilisant la préparation commerciale Lorsban, l’autre le biopesticide Entrust (contenant la matière active spinosad), ont été effectués à des fins comparatives. Au cours des deux années, les barrières ont été appliquées peu de temps après la transplantation et réappliquées au besoin (p. ex. une seule application est nécessaire dans le cas d’Hydromulch, mais les applications doivent être répétées dans le cas de Surround).

L’efficacité des différents traitements a été évaluée d’après les taux de mortalité post-transplantation, la durabilité des barrières et les résultats des dénombrements du ravageur (œufs et larves) effectués durant la saison de croissance. En 2010, des données ont également été recueillies au moment de la récolte, et chaque culture a été cotée en fonction de l’ampleur des dommages infligés par la mouche du chou. Malheureusement, en raison de la date tardive à laquelle les transplantations ont été effectuées, la nécessité imprévue de trouver un nouveau site pour les parcelles expérimentales a fait en sorte qu’aucune donnée sur les rendements n’a pu être recueillie.

Résultats

Si certains traitements (principalement le phytoprotecteur Surround) ont permis de réduire les populations de la mouche du chou (œufs et larves) dans le sol autour des racines et d’atténuer les dommages infligés aux cultures (lorsque mesurés), aucune des barrières testées n’a conféré un niveau de protection pouvant être considéré comme commercialement acceptable. Dans les cultures de rutabaga, les barrières n’ont pas semblé suffisamment résistantes pour durer toute une saison, les racines se détachant des barrières et devenant exposées aux mouches du chou femelle à mesure qu’elles augmentaient de taille. Au plan statistique, les barrières physiques ont offert le même niveau de protection que la préparation commerciale standard Lorsban, dont l’efficacité n’était pas statistiquement différente de celle du traitement témoin. Ces résultats donnent à croire que de plus en plus de populations de la mouche du chou sont devenues résistantes au chlorpyrifos dans le Canada atlantique.

La stratégie de lutte contre la mouche du chou consistant à entraver l’accès aux plantes hôtes fait de plus en plus d’adeptes parmi les chercheurs scientifiques, les spécialistes et les producteurs. Si les produits disponibles semblent efficaces lorsqu’ils sont utilisés autour des champs (clôture d’exclusion) ou au-dessus des rangs (toiles à mailles fines), des études plus approfondies s’imposent pour évaluer les matériaux utilisés comme barrières individuelles sur les plants. Les produits que nous avons testés et appliqués selon les méthodes d’application courantes ne semblent pas présenter un potentiel intéressant pour les fins prévues.