Pratiques exemplaires de lutte contre le mildiou du concombre

Code du projet : PRR16-040

Chef de projet

Cheryl Trueman - Université de Guelph

Objectif

Évaluer le potentiel d’intégrer des hybrides de concombre tolérants au mildiou des cucurbitacées dans la production commerciale de concombres au Canada

Sommaire des résultats

Contexte

Le mildiou du concombre, causé par l’agent pathogène Pseudoperonospora cubensis, continue de menacer sérieusement l’industrie canadienne du concombre. Ce problème a été reconnu comme étant prioritaire par suite de consultations auprès des intervenants et d’une évaluation systématique du potentiel de réduction des risques liés aux pesticides menée par l’Equipé de réduction des risques liés aux pesticides d’Agriculture et Agroalimentaire Canada. Cet agent pathogène se propage par des spores aéroportées. Dans des conditions propices au développement de la maladie, tout le feuillage de la plante peut être atteint, ce qui entraîne d’importantes pertes de récolte. Les mesures courantes de lutte contre les maladies faisaient appel à un programme de pulvérisation préventive exigeant souvent des applications hebdomadaires de fongicide sur une longue période. Ce projet de trois ans, appuyé par la Stratégie de lutte à risque réduit contre le mildiou du concombre, visait à élaborer des pratiques de gestion exemplaires, comme l’intégration de nouvelles variétés de concombres partiellement résistantes à la maladie dans le cadre du programme de protection des cultures afin de permettre une gestion durable du mildiou dans la production de concombres.

Approche

À compter de l’été 2016, neuf essais sur le terrain ont été menés sur une période de trois ans aux stations de recherche de Simcoe et de Ridgetown de l’Université de Guelph, en Ontario. Les essais, menés conformément aux recommandations du programme de pulvérisation du ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Affaires rurales de l’Ontario (MAAARO), visaient à comparer de nouveaux régimes à intervalles prolongés entre les applications de fongicides sur deux hybrides partiellement résistants et un hybride normal sensible. Au total, 12 traitements, consistant en un traitement témoin et des pulvérisations de fongicides à intervalles de 7, 10 et 14 jours, ont été évalués pour chacune des trois variétés de concombres. Les trois variétés de concombres évaluées comprenaient les nouveaux hybrides partiellement résistants Citadel et Peacemaker et l’hybride standard Vlaspik. Deux programmes de fongicides préventifs ont été mis à l’essai : l’un consistait à appliquer un type de fongicide (Bravo) à intervalles de 7, 10 ou 14 jours lorsque les conditions présentaient un « faible » risque de développement de la maladie; l’autre programme consistait à appliquer plusieurs fongicides en rotation. (Orondis Ultra, Torrent et Zampro) également à intervalles de 7, 10 ou 14 jours lorsque les conditions étaient « à risque élevé » de développement de la maladie. Dans le groupe témoin, les trois variétés de concombres n’étaient pas traitées.

Les nouveaux hybrides ont été testés dans des conditions de pression faible et forte de la maladie afin de déterminer s’il était possible d’atteindre un niveau commercialement acceptable de lutte contre la maladie tout en réduisant le nombre de pulvérisations de fongicides par prolongation de l’intervalle d’application courant de 7 jours à 10 ou 14 jours. Chaque traitement a été évalué en fonction de l’incidence et de la gravité du mildiou ainsi que du rendement de la culture. L’incidence de la maladie a été mesurée en fonction du pourcentage de feuilles touchées par le mildiou dans chaque parcelle. L’aire sous la courbe de progression de la maladie (AUDPC) a été calculée, et la gravité de la maladie a été déterminée d’après le pourcentage de chaque feuille présentant des symptômes de mildiou. Pour déterminer le degré d’atteinte des parcelles, on a estimé le pourcentage total de la surface foliaire touchée par le mildiou dans chaque parcelle.

Résultats

En raison d’une pression de maladie très faible ou nulle dans cinq des essais, les résultats présentés ne comprennent que les données obtenues des trois essais de 2017 dans lesquels la pression de maladie était modérée ou élevée. Dans les cinq essais où la pression de la maladie était faible ou nulle, les traitements témoins pour chaque variété se caractérisaient par une incidence de la maladie allant de 0 à 44 %, tandis que le degré d’atteinte des parcelles variait entre 0 et 39 %. Dans les essais où la pression de la maladie était modérée à forte, l’incidence de la maladie variait de 37 %, lorsque la parcelle commençait à montrer des symptômes de mildiou, à 97 % à la date de l’évaluation finale, et la gravité de la maladie dans les parcelles variait de 20 %, lorsque la parcelle commençait à présenter des symptômes de mildiou, à 90 % à la date de l’évaluation finale. L’intervalle courant de 7 jours a généralement permis d’obtenir les meilleurs résultats pour tous les hybrides testés, en particulier en présence d’une forte pression de maladie, comme l’indique l’AUDPC réduite. Souvent, les plus longs intervalles de pulvérisation (10 et 14 jours) étaient également suffisants pour maîtriser la maladie et limiter les pertes de rendement pour les deux hybrides partiellement résistants au mildiou. On a aussi constaté les signes d’une atteinte complète plus souvent chez l’hybride sensible comparativement aux deux hybrides partiellement résistants. Les résultats indiquent que les hybrides partiellement résistants pourraient être utilisés dans le cadre d’une pratique de gestion exemplaire pour réduire les pulvérisations de fongicides contre le mildiou du concombre. La décision de réduire le nombre de pulvérisations en utilisant des hybrides partiellement résistants peut entraîner des économies sur les coûts de produits antiparasitaires et une réduction de la charge de pesticides dans l’environnement. Toutefois, on a observé des taux de maladie plus élevés avec des intervalles plus longs, ce qui a entraîné une charge d’inoculum accrue dans la culture. La charge d’inoculum accrue doit donc être prise en compte lorsqu’on utilise des intervalles plus longs. Une charge d’inoculum importante peut être problématique pour la gestion de fin de saison et peut présenter un risque élevé pour d’autres cultures de cucurbitacées voisines dépourvues de résistance.

Le rendement variait entre les essais en ce qui concerne le nombre de fruits et le poids des fruits pour chacun des hybrides. On a toutefois observé une augmentation du poids des fruits avec les intervalles de 7 et 10 jours chez l’hybride sensible ainsi que chez les hybrides partiellement résistants au mildiou par rapport aux groupes témoins.

Dans certains essais, le risque d’infection par le mildiou était considéré comme élevé, mais il a quand même fallu plusieurs semaines avant que le champignon n’apparaisse dans les parcelles de recherche et les champs commerciaux près des stations de recherche. Dans la région des Grands Lacs, la détermination du risque (faible ou élevé) d’infection par le mildiou du concombre est fondée sur les conditions météorologiques et les rapports de détection de ce ravageur dans la région, comme dans l’outil de prévision des infestations du mildiou du concombre IPM Pipe pour la lutte intégrée (en anglais seulement). La recherche permet de trouver des solutions de rechange plus précises pour déterminer quand les cultures présentent un risque élevé d’infection et quand les producteurs devraient pulvériser leurs cultures.

Les résultats ont été mis à la disposition des communautés de producteurs dans le cadre de diverses activités de transfert de technologie, comme des conférences de l’industrie, des articles de presse publics et des visites des stations de recherche. Les chercheurs, les spécialistes des cultures et les producteurs profiteront de l’information tirée de ce projet étant donné qu’elle a permis de définir de nouveaux domaines de recherche. Elle a aussi permis d’établir l’utilisation d’hybrides partiellement résistants comme une nouvelle pratique de gestion exemplaire pour les producteurs qui cherchent à réduire au minimum l’utilisation de fongicides.