Utilisation des pesticides et lutte intégrée : analyse de l’industrie canadienne des pépinières et de l’aménagement paysager

Code de projet : PRR10-160

Chef de projet

Peter Isaacson - Association canadienne des pépiniéristes et des paysagistes (ACPP)

Objectif

Effectuer une analyse des lacunes dans les besoins en recherche sur la lutte intégrée dans l'industrie en utilisant les données de l'enquête nationale existantes. Ces renseignements serviront également à mettre à jour les profils de culture nationaux pour la Réduction des risques liés aux pesticides.

Sommaire de résultats

Contexte

Les pépinières commerciales du Canada produisent du matériel de pépinière de plantes ornementales, ce qui comprend une vaste gamme d'espèces vivaces ligneuses ou herbacées non destinées à l'alimentation, cultivées au champ ou en récipients. Comme tout horticulteur, le pépiniériste doit veiller quotidiennement à prévenir ou à combattre les organismes nuisibles, afin d'éviter qu'ils n'endommagent ses cultures. Deux enquêtes portant respectivement sur l'utilisation de pesticides et sur les pratiques de lutte intégrée ont été menées de 2002 à 2004 auprès des pépiniéristes commerciaux de toutes les régions du Canada. Le présent projet visait à analyser les résultats de ces enquêtes pour établir des données de référence sur l'utilisation de pesticides et l'adoption de la lutte intégrée dans les pépinières commerciales du pays, puis à utiliser ces données pour préciser les lacunes existant en matière de besoins de recherche et d'application des résultats de la recherche.

Démarche

Les enquêtes avaient été menées au moyen de questionnaires envoyés par la poste ou par fax aux membres des associations provinciales, selon les bases de données de ces associations. L'enquête portant sur l'utilisation de pesticides a recueilli des données auprès de 112 pépinières commerciales, représentant presque 20 % de la superficie cultivée par l'ensemble des pépiniéristes du Canada. L'enquête portant sur la lutte intégrée a recueilli des données auprès de 107 répondants, représentant un peu plus de 20 % de la superficie cultivée par l'ensemble des pépiniéristes du Canada.

Dans le cadre du présent projet, les données provenant de 5 regions, Colombie-Britannique, Prairies (Alberta, Saskatchewan et Manitoba), Ontario, Québec et Atlantique (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard et Terre-Neuve), ont été combinées et analysées à l'échelle du pays, de manière à obtenir un portrait d'ensemble pour le Canada. L'analyse des lacunes a été fondée sur ces données combinées.

Résultats

Dans le cadre de l'enquête sur l'utilisation de pesticides, les pépiniéristes ont déclaré avoir employé 211 pesticides, représentant 117 matières actives. En termes de poids, la catégorie de pesticides la plus utilisée était celle des insecticides (42 %), suivie à cet égard des herbicides (39 %), puis des fongicides et bactéricides (17 %). Environ 69 % des matières actives de pesticides chimiques ont été appliqués à des cultures de plein champ, alors que 28 % ont été appliqués à des cultures en récipients. Des quantités relativement faibles ont été appliquées aux parcelles de multiplication (1,8 %) et aux aires de service et autres superficies (1,5 %).

Parmi les matières actives déclarées dans le cadre de l'enquête, les produits les plus utilisés étaient les huiles horticoles (27,7 %) et l'acide phosphorique (18,4 %). Les autres classes importantes de matières actives, par ordre de quantité utilisée, étaient les minéraux tels que le cuivre et le soufre (7,8 %), les organophosphorés (6,9 %) et les amides et anilines (5,4 %). Les pépiniéristes ont déclaré avoir employé de nombreux pesticides à large spectre, comme les organophosphorés, les carbamates (2,8 %) et les organochlorés (2,7 %). Ces produits comprennent notamment le diazinon, le diméthoate, l'endosulfan et le carbaryl, qui peuvent perturber l'activité d'insectes prédateurs et parasites naturellement présents et posent généralement un risque accru pour les travailleurs.

Les résultats de l'enquête sur la lutte intégrée montrent que les principes de la lutte intégrée sont largement connus. Plus de 70 % des producteurs du pays ont répondu qu'ils pratiquent la lutte intégrée, celle-ci étant définie comme un « processus dynamique de prise de décision mettant l'accent sur l'utilisation de techniques de lutte non chimique pour prévenir ou maîtriser les problèmes d'organismes nuisibles ». Les résultats indiquent également que, selon le type de production, jusqu'à 80 % des pépiniéristes surveillent les organismes nuisibles dans leurs zones de production. Une proportion moindre des pépiniéristes (moins de 25 %) surveillent les insectes et les maladies dans les zones avoisinantes. Environ 45 à 47 % des pépiniéristes tiennent un registre écrit ou électronique de leurs opérations de lutte contre les insectes et les maladies, mais seulement le quart environ tiennent un tel registre dans le cas des mauvaises herbes.

Les pépiniéristes qui ont actuellement recours à la lutte intégrée déclarent qu'une disponibilité accrue de produits de lutte à risque réduit serait « très importante » pour qu'ils améliorent leur programme de lutte intégrée. Les autres facteurs jugés très importants sont une meilleure connaissance des insectes utiles pouvant servir à la lutte, davantage de formation sur la lutte intégrée et une gamme plus large de produits chimiques pouvant être utilisés. Parmi les pépiniéristes n'ayant pas encore recours à la lutte intégrée, les obstacles les plus communs à l'adoption de cette méthode sont la crainte d'un échec des cultures, les coûts plus élevés, le manque de personnel formé et l'incertitude entourant les avantages économiques de la méthode.

La Réduction des risques liés aux pesticides produit en outre des profils de culture, qui décrivent les pratiques et les problèmes de production et de lutte qui sont propres à chaque type de culture. L'information générée par le présent projet servira à mettre à jour le Portrait du secteur des pépinières au Canada. Les profils de culture élaborés pour d'autres types de produits sont disponibles dans la section Profils de culture du site Web du Centre de la lutte antiparasitaire.

Prochaines étapes

Les données de référence générées par les enquêtes ont permis d'établir les principales lacunes faisant obstacle à l'adoption de la lutte intégrée et à la réduction des risques liés aux pesticides. L'industrie est maintenant en mesure d'élaborer une stratégie exhaustive pour la réduction de ces risques. Une telle stratégie sera l'occasion de dresser une liste des projets de recherche sur la lutte intégrée que l'industrie pourra entreprendre pour favoriser l'adoption de la lutte intégrée et la réduction des risques liés aux pesticides.

De nouvelles enquêtes auprès des pépiniéristes canadiens sur l'utilisation de pesticides et sur l'adoption de la lutte intégrée, selon un horizon de 10 ans, permettront d'évaluer le succès du programme de lutte intégrée de l'Association canadienne des pépiniéristes et des paysagistes et de vérifier dans quelle mesure les pépiniéristes auront adopté la lutte intégrée et réduit les risques liés aux pesticides.