Les prévisions du revenu agricole d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) constituent un outil essentiel pour surveiller les revenus et comprendre les perspectives à court terme de l’agriculture primaire au sein du secteur agricole.
Le revenu monétaire net, à savoir la différence entre les recettes et les dépenses d’exploitation du secteur, est la principale mesure utilisée par AAC pour calculer le revenu agricole. Après être resté plutôt stable en 2022, le revenu monétaire net devrait avoir atteint un niveau record en 2023, malgré les turbulences sur le marché et les conditions météorologiques difficiles dans certaines régions du pays.
Le rendement de l’agriculture canadienne reste positif dans l’ensemble
Le revenu monétaire net devrait avoir connu une hausse de 13 %, passant de 21,9 milliards de dollars en 2022 à un nouveau record de 24,8 milliards de dollars en 2023. Alors que les recettes et les dépenses devraient avoir connu une croissance plus lente en 2023 par rapport aux années précédentes, la croissance des recettes devrait toujours être supérieure à celle des dépenses.
La croissance notable du secteur de l’élevage est la principale source d'augmentation des recettes et est en grande partie attribuable à la hausse des prix du bétail, qui ont connu une hausse importante en 2023. Cette hausse découle principalement de la réduction des stocks de bovins en Amérique du Nord en raison des conditions de sécheresse des dernières années. Les recettes des industries sous gestion de l'offre devraient connaître une croissance plus modeste, tandis que les recettes de l’industrie porcine devraient avoir diminué. Les recettes liées aux cultures devraient connaître une augmentation plus faible, car la hausse de la mise en marché des grains en 2023 a été largement contrebalancée par une baisse des prix. Les paiements des programmes devraient diminuer par rapport aux niveaux records atteints en 2022, principalement en raison de la baisse des paiements du programme Agri-protection, mais ils resteraient à un niveau historiquement élevé.
Les dépenses d’exploitation devraient connaître une croissance globale beaucoup plus faible en 2023 par rapport aux dernières années. Cette croissance plus faible s'explique par le fait que les prix des principaux intrants, tels que le carburant et les engrais, ont chuté par rapport aux récents sommets atteints en 2022 dans la foulée de la guerre de la Russie contre l'Ukraine. Parallèlement, d'autres dépenses, telles que les paiements d'intérêts, devraient continuer à augmenter.
Le revenu net d’exploitation (RNE) moyen par exploitation agricole, à savoir la différence entre les revenus des producteurs et les charges ayant un effet sur les liquidités des exploitations, devrait aussi s’être accru en 2023. Le RNE moyen par exploitation devrait avoir augmenté pour se fixer à environ 155 000 $ en 2023, ce qui représente une hausse de 17 % par rapport à 2022 et de 34 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. La plupart des types d'exploitations agricoles devraient voir leur RNE moyen augmenter, à l'exception des exploitations de production d'œufs et d’élevage de porcs et de volailles, qui devraient observer de légères baisses. Le RNE moyen peut toutefois grandement varier d’une exploitation à l’autre. Le revenu moyen des familles d’agriculteurs devrait avoir augmenté de 11 % pour atteindre 239 000 $, tandis que la valeur nette moyenne devrait avoir augmenté de 4 % pour atteindre 3,9 millions de dollars.
Perspectives pour 2024
Plusieurs incertitudes pèsent sur les prévisions pour 2024 en raison, notamment, de la volatilité continue des marchés mondiaux et des répercussions potentielles des phénomènes météorologiques. Cela dit, à la lumière des informations disponibles en décembre 2023, le revenu monétaire net devrait diminuer de 14 % pour passer à 21,3 milliards de dollars en 2024, bien qu'il demeurerait supérieur de 28 % à la moyenne pour la période de 2018-2022. La baisse des recettes liées aux cultures et la faible croissance des recettes liées au bétail ne devraient pas permettre de compenser la légère augmentation des dépenses d'exploitation. Cela s'explique par le fait que les prix des principaux grains devraient continuer à baisser et que les prix du bétail devraient augmenter beaucoup plus lentement. Malgré cette baisse prévue du revenu monétaire net, l’année 2024 resterait la quatrième meilleure année jamais enregistrée. On s'attend également à une baisse comparable de 13 % du RNE moyen par exploitation, qui devrait s'établir à 134 000 $.
Faits en bref
- Le revenu monétaire net devrait atteindre un nouveau niveau record en 2023, après avoir enregistré une légère baisse en 2022. Le revenu monétaire net devrait diminuer en 2024, mais serait comparable aux niveaux observés en 2021 et 2022.
- En 2023, la croissance des recettes et des dépenses devrait être beaucoup plus modeste par rapport aux années précédentes. En 2021 et en 2022, la croissance des recettes et des dépenses a été très forte et a été stimulée par de fortes augmentations des prix des produits de base et des intrants, mais de nombreux prix ont chuté par rapport aux récents sommets, ce qui a modéré la croissance en 2023.
- En dépit d’un rendement global positif, il y avait toujours de nombreux défis en 2023. L'instabilité géopolitique découlant de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, la guerre plus récente au Moyen-Orient, les effets de la sécheresse dans l'ouest du Canada et d'autres difficultés liées aux conditions météorologiques ont engendré des difficultés dans différentes régions du pays.
- L'inflation a diminué tout au long de 2023, ce qui a atténué une partie de la pression sur les dépenses, et de nouvelles baisses sont attendues en 2024.
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