Les prévisions du revenu agricole d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) constituent un outil essentiel pour surveiller les revenus et comprendre les perspectives à court terme du secteur agricole.
Le revenu monétaire net (RMN), à savoir la différence entre les recettes et les dépenses d’exploitation, est la principale mesure utilisée par AAC pour calculer le revenu agricole. Malgré les pressions inflationnistes qui s’exercent sur de nombreux intrants agricoles, le RMN du secteur agricole, qui a connu des augmentations importantes en 2020 et en 2021, devrait avoir enregistré une légère augmentation en 2022 en raison de l’accroissement du prix des produits agricoles.
Le rendement de l’agriculture canadienne reste positif dans l’ensemble



Le RMN devrait avoir légèrement augmenté dans le secteur de l’agriculture primaire, passant de 22,9 milliards de dollars en 2021 à un nouveau record de 23,2 milliards de dollars en 2022. L’augmentation des recettes du marché et des paiements de programme devrait avoir été plus importante que l’augmentation des dépenses et des pertes de production agricole.
L’augmentation des recettes découle de la hausse des prix mondiaux des produits agricoles entraînée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine et la réduction de l’approvisionnement en cultures dans certaines régions agricoles du monde en raison des conditions météorologiques. Les prix élevés des céréales devraient avoir neutralisé les faibles niveaux de stocks offerts sur la marché au début de 2022 causé par la sécheresse dans l’Ouest canadien en 2021, ce qui devrait contribuer à accroître les recettes de la production céréalière. De plus, la hausse des prix des bovins a probablement contribué à l’augmentation des recettes des productions animales. En outre, les paiements des programmes devraient avoir augmenté considérablement en 2022 (soit de 14,5 % par rapport à 2021), principalement en raison de l’augmentation du nombre de paiements d’Agri-protection pour couvrir les pertes dues à la sécheresse en 2021.
Les dépenses d’exploitation devraient avoir augmenté considérablement en 2022 en raison de l’accroissement du prix des principaux intrants, qui découle en grande partie de l’inflation. Cependant, l’augmentation des recettes devrait avoir occulté l’augmentation des dépenses.
Le revenu net d’exploitation (RNE) moyen par exploitation agricole, à savoir la différence entre les revenus des producteurs et les charges ayant un effet sur les liquidités des exploitations, devrait aussi s’être accru légèrement en 2022. Le RNE moyen par exploitation devrait avoir augmenté pour se fixer à environ 136 000 $ en 2022, ce qui représente une hausse de 2,9 % par rapport à 2021 et de 43,9 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. Cependant, la modeste augmentation globale du RNE a masqué les inégalités enregistrées dans les différents sous-secteurs. À l’exception des exploitations productrices de céréales et d’oléagineux, de produits laitiers et de pommes de terre, la plupart des exploitations devraient avoir connu des baisses de revenus par rapport à leurs revenus records de 2021 en raison de l’accroissement des dépenses. Toutefois, le revenu moyen des familles agricoles devrait avoir augmenté de 6,9 % en 2022 pour s’établir à 232 000 $. La valeur nette moyenne devrait avoir augmenté de 3,3 % pour s’établir à 3,8 millions par exploitation en 2022.
Perspectives pour 2023
Plusieurs incertitudes pèsent sur les prévisions pour 2023 en raison, notamment, de la grande volatilité des marchés mondiaux et des phénomènes météorologiques aux répercussions imprévisibles. Cela dit, selon l’information disponible en décembre 2022, une hausse des mises en marché de céréales (quantités vendues) est prévue en 2023 étant donné que l’approvisionnement total s’est rétabli au Canada en raison de la forte production céréalière en 2022, soit la troisième plus grosse récolte enregistrée. Le prix des cultures sur les marchés mondiaux devrait demeurer relativement élevé, mais moins qu’en 2022.
La baisse des stocks de bovins en Amérique du Nord devrait assurer le maintien des prix et des recettes des productions animales. L’accroissement des dépenses des exploitations devrait ralentir en raison de la baisse des prix des cultures et de l’énergie. Par conséquent, le RMN devrait augmenter de 11,8 % pour passer à 25,9 milliards de dollars en 2023. Le revenu des exploitations devrait augmenter de 14,8 % pour passer à 156 610 $.
Faits en bref
- Le revenu monétaire net (RMN) devrait avoir augmenté légèrement en 2022 après avoir enregistré un taux de croissance en glissement annuel de plus de 30 % en 2020 et en 2021. Il devrait continuer d’augmenter en 2023 pour atteindre un nouveau record important.
- L’accroissement des prix a été la principale source d’augmentation des recettes et des dépenses en 2022. La plupart des prix n’atteindront probablement pas les mêmes sommets en 2023, mais les prix de beaucoup des principaux produits agricoles devraient demeurer relativement élevés. Les mises en marché de cultures devraient augmenter en raison du rétablissement de l’approvisionnement total par suite d’une augmentation importante des rendements en 2022.
- En dépit d’un rendement global positif, il y avait toujours plusieurs défis importants en 2022. En plus de la pandémie de COVID-19 qui continue d’exercer de la pression sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ainsi que les effets inflationnistes de la guerre de la Russie contre l’Ukraine et la hausse des coûts des intrants, la sécheresse dans l’Ouest du Canada en 2021 a causé une diminution considérable des mises en marché de céréales en 2022.
- L’inflation mondiale devrait ralentir dans une certaine mesure en 2023, ce qui diminue les pressions sur le coût des intrants. Toutefois, en raison de la guerre de la Russie contre l’Ukraine qui se poursuit, des défis liés à la chaîne d’approvisionnement ainsi que des sécheresses et d’autres phénomènes météorologiques qui menacent les cultures du monde entier, les marchés sont toujours volatils.
Pour de plus amples renseignements, veuillez écrire à aafc.info.aac@agr.gc.ca