Produits, technologies et processus alimentaires en émergence : perspectives pour les régulateurs

Le rapport présente les résultats d'un projet entrepris par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC), en collaboration avec Santé Canada, dans le but d'identifier les produits, les technologies et les processus alimentaires en émergence qui pourraient avoir des répercussions sur le cadre de réglementation au Canada au cours des prochaines années. Les innovations ont été identifiées par une revue de la littérature et validées grâce à la participation de 81 intervenants du secteur agroalimentaire canadien. La revue de la littérature a permis d'identifier 313 produits, technologies et processus alimentaires en émergence qui ont ensuite été divisés en 8 catégories d'innovation.

1. Amélioration de la nutrition (56 %)

  • Ajout de nouveaux ingrédients, tels que des substances bioactives, aux aliments pour obtenir un effet santé désiré (par exemple amidon résistant et amélioration de la sensibilité à l'insuline).
  • Produits d'origine animale améliorés en utilisant, par exemple, une alimentation non traditionnelle (graines de soya, farine de homard).
  • Nouvelle source d'aliments ou nouveau au Canada (par exemple lait de chamelle, bambou, carotte pourpre).
  • Fibres nouvelles (asperges, pois, pelures de pomme).
  • Amélioration des propriétés des aliments (qualité et propriétés organoleptiques des viandes maigres).

Les intervenants ont mentionné que la prospection réglementaire était particulièrement pertinente dans le cas de l'ajout de nouveaux ingrédients aux aliments. Certains ont soulevé des questions à propos des répercussions réglementaires de la consommation de quantités accrues de composés bioactifs dans les aliments et la consommation de nutriments et de composés bioactifs de taille modifiée. La majorité des innovations de la catégorie amélioration de la nutrition avaient été mises au point dans un contexte de santé, dont celui des maladies cardiovasculaires, du diabète, du vieillissement et de la nutrition personnalisée. Pour ce qui est de nouvelles allégations fonctionnelles d'intérêt pour eux, les intervenants ont mentionné plusieurs composés bioactifs et leur effet (par exemple lutéine et santé oculaire, anthocyanine et amélioration de la fonction cardiovasculaire) qui pourraient devenir disponibles si les liens aliment-santé sont vérifiés et les processus réglementaires précédant leur mise en marché mis en place.

2. Nouvelles technologies de transformation ou de production (15 %)

  • Méthodes d'extraction ou de transformation des ingrédients (par exemple mise au point de lipides hydrosolubles pouvant être ajoutés aux aliments et boissons, technologie à rayons Ultraviolet (UV) pulsés pour améliorer le contenu nutritionnel des champignons).
  • Amélioration du mode d'intégration des ingrédients ou des aspects fonctionnels, tels que la libération des ingrédients bioactifs par nanoémulsions ou microencapsulation des cultures probiotiques, et les organogels.
  • Manipulations génétiques (par exemple clonage, recherche sur les cellules souches et techniques de sélection).
  • Hygiène et salubrité, incluant les technologies à ultrasons visant à réduire la croissance microbienne et les technologies de la nanoagriculture permettant d'introduire du matériel génétique dans les végétaux.

Les intervenants ont mentionné que la transformation à haute pression, le recours à des champs électriques pulsés, l'ultrafiltration, le chauffage ohmique et les enzymes microbiennes devraient être ajoutés à cette catégorie.

3. Ingrédients de marque (10 %)

Cette catégorie comprend les fibres, les édulcorants, les extraits de plantes, les protéines, les prébiotiques, les antioxydants et autres technologies de marque. Les intervenants s'accordaient sur le caractère émergent de cette catégorie, mais il y avait désaccord quant à son importance du point de vue réglementaire. Pour certains intervenants, la marque est un enjeu de marketing, alors que pour d'autres, tels que des fournisseurs d'ingrédients, leur implication dans le processus réglementaire est nécessaire pour un ingrédient de marque.

4. Nouvelles races animales ou variétés végétales (7 %)

  • Amélioration de la teneur en éléments nutritifs. Comprends les cultivars ou variétés végétales ayant une plus forte teneur en composés bioactifs (par exemple composés phénoliques dans les petits fruits) et les progrès dans la sélection pour améliorer la bioaccessibilité et la bioefficacité (par exemple caroténoïdes provitamine A dans le maïs).
  • Amélioration de la survie ou du rendement des cultures (gènes pour améliorer la survie des végétaux au froid ou à la sécheresse, plantes améliorées pour résister à la chaleur, aux ravageurs ou aux maladies, meilleure efficience de l'eau, augmentation de la biomasse).

Les intervenants étaient d'avis que l'amélioration de la teneur en éléments nutritifs constituait la sous-catégorie la plus importante et celle pour laquelle l'exercice de prospection était le plus pertinent.

5. Amélioration de la salubrité des aliments (4 %)

  • Détection des contaminants (par exemple irradiation par rayons X pour empêcher la prolifération microbienne dans les asperges emballées sous vide et extraits naturels du chou rouge pour leur action antimicrobienne).
  • Surveillance et prévention de la détérioration des produits alimentaires, avec un accent sur les technologies portatives (par exemple identification par radiofréquences et enregistreur de température Bus série universel (USB) pour surveiller la température et l'humidité pendant et après le transport).
  • Étiquetage. Des étiquettes électroniques imprimables pour informer les consommateurs (par exemple avis et mises en garde, indicateurs de température et de fraîcheur, instructions pour la cuisson, taille d'une portion).

Les intervenants étaient d'avis que la détection des contaminants était la sous-catégorie la plus importante et constituait celle à laquelle accorder la priorité. Ils considéraient que l'étiquetage aurait des répercussions réglementaires, même si le domaine n'était pas émergent du point de vue de la salubrité des aliments. Ils ont aussi souligné que la « surveillance » des contaminants (ou contaminants potentiels) aurait dû faire partie de cette catégorie.

6. Nouveaux additifs alimentaires (3,5 %)

  • Ingrédients fonctionnels, tels que des ingrédients issus du pois pour améliorer la texture des saucisses et le son de riz et le concentré de protéines de soya pour réduire la teneur en matières grasses de la mayonnaise.
  • Édulcorants (stévia, advantame, tagatose).
  • Colorants (par exemple colorant rose naturel obtenu des betteraves et du paprika, colorant rouge obtenu du lycopène des tomates).
  • Arômes (arômes naturels d'agrumes employés pour étancher la soif).

Les intervenants ont identifié les ingrédients fonctionnels comme la sous-catégorie la plus importante dans cette catégorie, tant du point des innovations en émergence que du point de vue de la pertinence de la prospection réglementaire. Certains intervenants considéraient que la catégorie n'était pas d'une grande importance, dans son ensemble, mais qu'elle pourrait avoir des répercussions réglementaires si des déclarations étaient inscrites sur les étiquettes des produits. D'autres ont mentionné que la classification actuelle des additifs alimentaires (par fonction et par aliments dans lesquels ils sont permis) a entraîné de la confusion dans l'industrie, surtout en ce qui concerne les ingrédients multifonctionnels.

7. Accroissement de la durée de conservation (3,5 %)

  • Agents de conservation, tels que les protéines antigel provenant des feuilles de blé d'hiver pour améliorer la qualité des aliments et des desserts congelés durant la congélation, l'entreposage, le transport et la décongélation et l'ajout de lignanes du lin au lait pour améliorer la résistance des éléments nutritifs à l'oxydation.
  • Enrobages (par exemple enrobages comestibles sur les bleuets prélavés pour en accroître la durée de conservation ou enrobages à base de pectine pour améliorer la qualité des avocats entreposés).
  • Emballages (par exemple emploi d'une bande absorbant l'éthylène au fond des contenants de fraises pour accroître la durée de conservation des fruits d'environ 50 %).

Les intervenants étaient d'avis que toutes les sous catégories établies constituaient des domaines d'innovations en émergence ayant des répercussions réglementaires. Dans l'ensemble, la sous-catégorie la plus importante en ce qui concerne les innovations était celle des agents de conservation. Les intervenants ont mentionné d'autres innovations dignes d'intérêt, telles que le chauffage ohmique et les technologies à champ électrique pulsé.

8. Élimination des toxines et des allergènes (1 %)

Le risque que des allergènes prioritaires et des toxines se retrouvent dans les aliments offre des possibilités d'innovation, comme l'ajout de produits pour prévenir la formation de toxines. Les intervenants étaient d'avis que cette catégorie représentait un domaine d'innovations en émergence et certains ont mentionné que les résidus du pois, du chanvre et du canola pourraient avoir des répercussions réglementaires.

Prochaines étapes

Maintenant que les thèmes et les priorités ont été établis, l'opportunité s'offre d'analyser en détail certains domaines spécifiques et d'identifier les répercussions réglementaires de la mise en marché de ces innovations.

Obtenez le rapport

Pour obtenir le rapport complet de 18 pages, veuillez envoyer un courriel à aafc.sdad-ddas.aac@agr.gc.ca.