Exportation vers la région de l’ANASE : Considérations à l’intention des entreprises agroalimentaires canadiennes

La présente page contient des considérations et des recommandations pour les entreprises agroalimentaires canadiennes qui veulent exporter vers des marchés de la région de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE).

Remarque : Les renseignements fournis dans le présent document ont été demandés par le Haut-commissariat du Canada à Singapour et préparés par un expert-conseil, sous la supervision du Haut-commissariat. Même si on n'a ménagé aucun effort pour présenter des données exactes, Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) n'assume aucune responsabilité à l'égard de toute décision qui pourrait être prise en fonction de ces renseignements.

Comprendre les caractéristiques des différents marchés

Les pays de l'ANASE ne constituent d'aucune façon un groupe homogène de marchés. Chaque pays est caractérisé par des degrés différents de protection du marché, de maturité du marché, de structure industrielle, de niveaux de revenus et de normes culturelles. En comparant le PIB par habitant, on constate que Singapour est 13 fois plus riche que le Vietnam, l'équivalent de la comparaison entre le Canada et la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Vu les niveaux très différents de développement économique et industriel, les stratégies de pénétration doivent être adaptées en conséquence. Même si la pénétration des marchés pour de nombreuses entreprises agroalimentaires se fera par l'intermédiaire d'un distributeur ou d'un agent d'une société de commerce, il est tout de même important de visiter la région pour tisser et maintenir des liens avec des partenaires d'affaires et constater directement les principales dynamiques socioéconomiques et les principales tendances en matière de consommation agroalimentaire.

Tenir compte de l'avantage concurrentiel découlant des accords de libre-échange du Canada

Le Canada bénéficiera d'un avantage concurrentiel dans certains pays de l'ANASE grâce à son adhésion à l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP). Parmi les pays membres de l'ANASE, le Vietnam, Singapour, la Malaisie et Brunei ont signé l'Accord de PTPGP, le Vietnam et Singapour l'ayant ratifié.

Par exemple, en vertu du PTPGP, les tarifs imposés au sein du marché du Vietnam seront réduits ou éliminés dans tous les cas, sauf quelques lignes tarifaires. Les exportateurs canadiens devraient se familiariser avec l'avantage concurrentiel dont ils peuvent bénéficier comparativement aux exportateurs de pays non signataires du PTPGP, comme les États-Unis ou les pays d'Amérique du Sud. Les exportateurs canadiens doivent aussi s'assurer que les importateurs vietnamiens sont au fait de ces taux tarifaires réduits. Vous pouvez en apprendre davantage au sujet de cet accord à l'adresse suivante : Le PTPGP et les exportateurs de produits agroalimentaires.

Le Canada ne possède pas actuellement d'accord de libre‑échange (ALE) avec l'ensemble des pays de l'ANASE, contrairement à l'Australie, à la Nouvelle-Zélande et à la Chine. Il ne mise pas non plus sur des ALE bilatéraux, comme les États-Unis avec Singapour ou l'Australie avec la Thaïlande, l'Indonésie et Singapour. En outre, l'UE est sur le point de conclure un tel accord avec le Vietnam. En 2017, le Canada et des États membres de l'ANASE ont convenu d'entreprendre des discussions exploratoires en vue d'un possible ALE Canada-ANASE. Le 10 septembre 2019, il a été annoncé que ces discussions étaient maintenant terminées. Vous pouvez en apprendre plus à ce sujet à l'adresse suivante : Discussions exploratoires en vue d'un éventuel accord de libre-échange Canada-ANASE.

Le secteur agroalimentaire a été cerné comme un secteur prioritaire en vue d'une intégration au sein de l'ANASE. On s'attend à ce que la Communauté économique de l'ANASE (AEC) élimine les obstacles au commerce à l'intérieur de la région de l'ANASE. Par conséquent, il y a une possible menace de produits concurrents d'origine locale et de fabricants de produits agroalimentaires qui décident d'investir dans la région en raison de la perception d'un plus grand débouché sur le marché. Les accords de libre-échange bilatéraux fournissent des occasions supplémentaires à nos concurrents.

Promouvoir les résultats du Canada en matière de salubrité des aliments

Il faut promouvoir la réputation du Canada en tant que source sécuritaire d'une grande diversité de produits agroalimentaires. La salubrité des aliments est une préoccupation grandissante dans les marchés émergents de l'ANASE, le niveau d'inquiétude du public augmentant chaque fois qu'il y a un incident médiatisé lié à la salubrité des aliments.

La salubrité des ingrédients est aussi importante pour les décideurs préoccupés par les ambitions de leur pays en matière d'exportation de produits agroalimentaires. L'augmentation du nombre de nouveaux accords de libre-échange, l'accentuation de l'urbanisation qui modifie les tendances en matière de demande et de production, le recours accru à des intrants agricoles, comme des antibiotiques et des pesticides, et les importations parfois visées par une réglementation déficiente ou encore les exportations illégales viennent compliquer la situation.

Atténuer les coûts de transport et procéder au regroupement pour atteindre une masse critique

Selon les rapports, le Canada est confronté à des coûts de transport et de logistique plus élevés lorsqu'il exporte dans la région de l'ANASE comparativement à certains concurrents clés, comme l'Australie. Le problème est exacerbé par les petites quantités constatées dans certaines catégories de produits canadiens.

De nombreux petits exportateurs canadiens peuvent trouver très intimidants les défis liés à la logistique et aux prix associés à l'exportation de produits dans les marchés relativement fragmentés de l'ANASE. Regrouper les expéditions peut aider à faire des économies d'échelle et à graduellement atteindre une masse critique de produits pour assurer la viabilité commerciale. Vendre directement à de grands utilisateurs finaux pourrait aider. Il y a aussi des consolidateurs canadiens qui peuvent fournir ce service moyennant rétribution. Les exportateurs devront faire preuve de souplesse en ce qui a trait aux volumes minimaux des commandes afin de prendre pied dans les marchés de l'ANASE.

Ne pas sous-estimer la sensibilité aux prix

En raison des faibles revenus moyens des ménages, les marchés émergents de l'ANASE, y compris les Philippines et le Vietnam, sont très sensibles aux prix. La concurrence et la promotion des tiers pays dans les marchés de l'Asie du Sud‑Est sont vigoureuses et augmentent les pressions liées aux prix, notamment :

  • le Brésil, les États-Unis, l'Australie et l'Europe pour le porc;
  • l'Australie, la Russie/la région de la mer Noire, l'Amérique du Sud et les États-Unis pour le blé;
  • une diversité de pays pour ce qui est des aliments pour animaux et leurs ingrédients.

Par exemple, le Canada fait face à une forte concurrence dans le marché haut de gamme du porc en raison de produits de porc qui bénéficient d'une indication géographique quelconque faisant valoir la valeur de marque, ce qui donne plus de pouvoir de fixation des prix. Prenons par exemple le porc ibérique, de l'Espagne/du Portugal, le porc Kurobuta, du Japon et le bacon danois. Le Canada n'a pas encore obtenu ce genre d'indication géographique relativement à son porc. Les exportateurs doivent comprendre la sensibilité aux prix dans les marchés de l'ANASE qui les intéressent et reconnaître que d'importants efforts de marque peuvent être requis pour gagner des parts de marché pour des produits haut de gamme.

Tenir compte des considérations religieuses dans de nombreux marchés de l'ANASE

Par exemple, le porc est haram et donc interdit dans les communautés islamiques de la région, et l'interdiction touchant la consommation du porc limitera la pénétration des marchés pour les produits de porc ou la rendra plus complexe. Dans un même ordre d'idées, certains marchés au sein de la région de l'ANASE peuvent avoir des exigences – ou des préférences des consommateurs – relativement à certains produits; un producteur doit par exemple obtenir une certification halal afin de pouvoir vendre ses produits dans le pays.

Voici un résumé des populations musulmanes de l'ANASE :

  • Indonésie – 87,2 %
  • Brunei – 78,8 %
  • Malaisie – 61,4 %
  • Singapour – 14 %
  • Philippines – 5,6 %
  • Thaïlande – 4,3 %
  • Vietnam – 0,1 %

Source : World Factbook de la Central Intelligence Agency (CIA)

Être conscient des exigences en matière d'accès aux marchés

Les exportateurs canadiens doivent être au courant des restrictions liées à l'accès au marché pouvant avoir une incidence sur leur capacité d'exporter leurs produits dans les pays de l'ANASE, y compris les exigences précises de chaque pays en matière d'importation ainsi que les exigences sanitaires et phytosanitaires associées à leurs exportations.

Les exportateurs devraient travailler avec leurs importateurs locaux pour s'assurer que toutes les exigences en matière de réglementation, d'étiquetage et d'importation sont respectées avant l'expédition des produits. Le guichet unique pour communiquer avec le Service d'exportation agroalimentaire d'Agriculture et Agroalimentaire Canada ainsi que le Service des délégués commerciaux du Canada peuvent aussi fournir une aide pour cerner les considérations propres à chaque marché.

Évaluer les distributeurs et les agents importateurs

Il faut évaluer les distributeurs avec soin. Il faudra probablement en avoir un par marché de l'ANASE. Les nouveaux entrants sur les marchés peuvent travailler avec les délégués commerciaux du Canada pour obtenir de l'information sur de potentiels distributeurs. Il est aussi conseillé de faire du réseautage avec d'autres entreprises agroalimentaires qui ont une présence établie dans la région afin d'obtenir leurs connaissances sur le marché et de bénéficier de leur expérience. Une autre option consiste à explorer des occasions de vendre directement aux utilisateurs finaux.

Être patient

Même lorsqu'il y a une correspondance idéale entre les exportateurs et les importateurs, le processus de décision ou d'inscription des produits dans les pays de l'ANASE peut tout de même être long, et prendre un an ou plus. Les exportateurs doivent être prêts à investir le temps, l'énergie ainsi que l'argent nécessaires pour créer leur marché dans la région de l'ANASE.

Tirer profit du guichet unique pour les services d'accès aux marchés

N'hésitez pas à communiquer avec le Secrétariat de l'accès aux marchés d'AAC à l'adresse aafc.mas-sam.aac@agr.gc.ca si vous avez des questions liées au commerce agroalimentaire dans la région de l'ANASE.