Pourquoi une stratégie sectorielle particulière en agriculture?
Le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire se bute à des obstacles considérables :
- Grande diversité : 200 000 exploitations réparties dans de multiples filières et 8 000 entreprises de transformation des aliments et des boissons
- Milieu rural (surtout en agriculture primaire)
- Saisonnalité dictée par les conditions environnementales
- Effectif plus âgé que la moyenne
- Chaînes d’approvisionnement juste-à-temps
- Fausses perceptions de la part du public
La pénurie a des répercussions significatives sur le potentiel sectoriel et entraîne une perte de capacité économique :
- Estimation des pertes de revenus annuels dues à la pénurie de main-d’œuvre et de compétences :
- 2,9 G$ dans le secteur de l’agriculture primaireNote de bas de page 1
- 1,15 G$ pour les transformateurs de viande et les producteurs de la chaîne de valeurNote de bas de page 2
- Croissance économique limitée en raison de plans d’expansion annulés ou différés
- Les travailleurs font de plus longues heures et s’épuisent
Répercussions de ces obstacles :
- Effets sur l’approvisionnement alimentaire :
- Pertes alimentaires (par exemple, cultures non récoltées, élimination des animaux excédentaires)
- Réduction des options pour les consommateurs (moins de gammes de produits)
- Faibles rendements/incapacité d’apporter une valeur ajoutée
- Risques pour la santé et la sécurité des travailleurs (quarts de travail prolongés, pressions liées au rendement)
- Forte dépendance envers la main-d’œuvre internationale
Taux élevé de postes vacants malgré un recrutement constant au Canada et des approches innovantes
- Les primes à l’embauche, les hausses salariales et autres mesures incitatives ne se sont pas montrées assez efficaces
- Les travailleurs étrangers temporaires (TET) continueront de faire partie de la solution, probablement jusqu’à ce qu’on ait accès à l’automatisation
La pénurie de main-d’œuvre aura des conséquences sur la vitalité rurale
- En 2020, le système agricole et agroalimentaire canadien fournissait 1 emploi sur 9 au pays, employant 2,1 millions de personnes, majoritairement dans des régions rurales
- Si la pénurie persiste, la main-d’œuvre actuelle se dégradera et les entreprises perdront des occasions
Le secteur canadien de l’agriculture et de l’agroalimentaire fait face à une pénurie de main-d’œuvre grandissante qui limite fortement le potentiel de croissance économique
Pénurie de main-d’œuvre nationale
(à l’exclusion des postes comblés par des TET)
Description de l’image ci-dessus
- Selon le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture la pénurie de main d’œuvre dans le secteur agricole à l’échelle nationale était d’un peu plus de 30 000 postes en 2007, et d’un peu plus de 60 000 postes en 2017.
- Selon leurs prévisions, cette pénurie atteindra près de 120 000 travailleurs d’ici 2025, et plus de 120 000 travailleurs d’ici 2029.
- La pénurie de main-d’œuvre au Canada ne tient pas compte des postes occupés par des travailleurs étrangers temporaires.
- Sans des efforts concertés, la pénurie de main-d’œuvre continuera de s’aggraver, accroissant de plus en plus les défis liés à la production qui affaiblissent les chaînes d’approvisionnement nationales et internationales.
- La pénurie ne concerne pas seulement la main-d’œuvre à la ferme – la pénurie touchant les postes hautement qualifiés (par exemple, les ingénieurs agricoles) nuit à la croissance et a une incidence sur des facteurs comme la santé des animaux, la protection des végétaux (par exemple, les vétérinaires spécialisés dans les gros animaux, les agronomes) ainsi que l’efficacité et la résilience de la chaîne d’approvisionnement (par exemple, les développeurs de chaîne de blocs).
Le Canada ne peut pas contribuer à la sécurité alimentaire mondiale en période d'incertitude sans une main-d'œuvre agricole qualifiée et fiable.
Pour surmonter ces difficultés, il faut une coopération dans toutes les sphères d’influence et une reconnaissance des réalités du secteur
- Les réalités systémiques de l’ensemble de l’économie et de l’agriculture (par exemple, le vieillissement de la population, l’isolement géographique) ont une incidence considérable.
- À l’échelon fédéral, Emploi et Développement social Canada (EDSC) est responsable de la main-d’œuvre, et de la réforme du programme des travailleurs étrangers temporaires et des nouvelles normes en matière d’hébergement, mais d’autres mandats ont pour but de tabler sur l’exploration de nouveaux moyens d’attirer de nouvelles compétences et de nouveaux travailleurs et de les maintenir en poste.
- AAC et les ministères provinciaux et territoriaux de l’agriculture travaillent avec différents intervenants, mais la compétence relative à la main-d’œuvre incombe habituellement à d’autres ministères.
- Le Conseil canadien pour les ressources humaines en agriculture (CCRHA) joue un rôle de premier plan dans la Stratégie nationale de la main-d’œuvre pour l’agriculture et la fabrication d’aliments et de boissons, financée par le Centre des compétences futures.
Trouver l’équilibre entre les besoins immédiats et les besoins futurs pour favoriser le changement
Plan d’action :
- Explorer les solutions :
- Automatisation et l’identification et le développement des technologies
- Formation et développement ciblé des compétences
- Incitations à l’emploi
- Création de conditions qui permettent à l’industrie de répondre aux besoins de la main-d’œuvre (par exemple, services de garde d’enfants)
- Améliorer l'accès au logement et à des transports fiables dans les zones rurales
- Maintenir plus longtemps les travailleurs dans le secteur (par exemple, crédits d'impôt)
- Court terme :
- Poursuivre les efforts de promotion et de recrutement
- Poursuivre la réforme du programme des travailleurs étrangers temporaires
- Élargir les voies d’accès à la résidence permanente pour les TET du secteur agricole
- Définir les besoins en matière de données
- Long terme :
- Soutenir l’automatisation et l’adoption de technologies
- Accroître l’efficacité grâce à un effectif qualifié
- Stabiliser les sources de main-d’œuvre
- Obtenir les données requises pour suivre les progrès et éclairer la prise de décisions
Le but est un effectif agricole qualifiée et fiable et une chaîne d’approvisionnement stable.
Comment y parvenir?
Étape 1
- Budget 2022 – il s’agit d’un pas important pour la mise en œuvre de la réforme du programme des TET : la stratégie viendra compléter les efforts actuels et proposer des solutions à long terme
- Assurer la coordination avec les efforts déjà déployés par EDSC, le CCRHA (Plan stratégique national sur la main-d’œuvre), les provinces et territoires et d’autres
- Explorer des solutions non conventionnelles
- Consultations des intervenants
Étape 2
- Conclure les consultations et diffuser les conclusions
- Élaborer des solutions et les éléments de la stratégie : automne 2022
- Lancement officiel de la stratégie : début de 2023
- Mise en œuvre, suivie par les travaux relatifs aux politiques et aux programmes en cours