Organiser une entrevue
Relations avec les médias
Agriculture et Agroalimentaire Canada
1-866-345-7972
aafc.mediarelations-relationsmedias.aac@agr.gc.ca
Bien que la culture intercalaire, ou la combinaison de plus d’une culture, puisse être une pratique courante dans certains types d’agriculture, ce n’est pas la norme en agriculture traditionnelle dans les Prairies, où l’on retrouve principalement d’immenses champs de cultures uniformes. Cependant, cette méthode de culture gagne en popularité auprès des grands producteurs agricoles des Prairies. La culture intercalaire du pois chiche et du lin attire particulièrement l’attention, notamment chez les chercheurs d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) et leurs partenaires.
De nombreux avantages potentiels
Selon les chercheurs et les adeptes précoces de cette méthode de culture, les agriculteurs pourraient retirer d’importants avantages de la culture intercalaire du lin et du pois chiche. D’abord, la culture intercalaire peut constituer une forme d’assurance : si les conditions sont défavorables pour l’une des cultures, l’autre peut tout de même livrer de bons résultats.
La culture intercalaire peut aussi contribuer à réduire le risque de graves problèmes de parasites et de maladies. Si un champ comporte deux cultures ou plus, plutôt qu’une seule, les parasites ou les microbes pathogènes risquent d’avoir plus de difficulté à trouver les plantes qu’ils préfèrent manger ou infecter. Dans une culture intercalaire de lin et de pois chiche, le lin peut ralentir la propagation de l’ascochytose, un grave problème dans les cultures de pois chiches. Les pois chiches peuvent, à leur tour, avoir un effet semblable sur les maladies du lin, comme le pasmo. Pour mieux comprendre si ou comment la culture intercalaire peut avoir un effet sur les maladies, les chercheurs comptent évaluer si l’humidité et la température dans la couverture végétale – deux facteurs jouant un rôle important à l’égard des maladies – sont différentes chez les pois chiches cultivés avec et sans lin.
« Nous sommes très enthousiastes à l’égard de la culture intercalaire du pois chiche et du lin et nous sommes optimistes quant aux probabilités qu’elle recèle : elle devrait aider les agriculteurs canadiens à lutter contre les maladies, réduire les besoins en fongicides, favoriser la production de pois chiches dans des zones où elle est actuellement impossible et entraîner une meilleure rentabilité. »
- Michelle Hubbard, Ph. D., chercheuse, Agriculture et Agroalimentaire Canada
La combinaison des pois chiches et du lin donne aussi de bons résultats pour diverses autres raisons, dont la forme des plants. Les plants de lin sont verticaux et relativement étroits, tandis que les pois chiches peuvent se répandre et recouvrir le sol. Ces deux espèces semblent donc peu prédisposées à compétitionner pour l’espace et la lumière. De plus, les semences de lin et de pois chiches sont de taille différente. Par conséquent, elles sont plus faciles à séparer au moment de la récolte ou ultérieurement.
Un autre avantage potentiel est le suivant : les pois chiches ont besoin du stress de la sécheresse pour produire des pois mûrs ou pour accéder à l’état de maturité. Parfois, cela ne se produit pas au bon moment et les agriculteurs se retrouvent alors avec des champs de pois chiches non récoltés recouverts de neige. Le lin peut puiser beaucoup d’eau dans le sol, créant ainsi des conditions idéales de stress de la sécheresse pour les pois chiches.
William May, chercheur d’AAC travaillant à Indian Head, est ravi des possibilités de culture intercalaire de pois chiche et de lin pour déployer la zone de production de pois chiches en Saskatchewan. Souvent, les pois chiches cultivés seuls dans de nombreuses régions de la province ne sont guère récoltables, car les pois ne mûrissent jamais.
Myriam Fernandez, une autre chercheuse d’AAC œuvrant, quant à elle, à Swift Current, effectue des essais de cultures intercalaires biologiques depuis 2016. Ces essais ont notamment porté sur des cultures intercalaires lentille-moutarde, pois-avoine et soya-lin. Cette recherche en production biologique a révélé certains des avantages que Michelle Hubbard compte examiner dans les cultures intercalaires traditionnelles de pois chiche et de lin.
De nombreuses questions
Les agriculteurs désireux de faire l’essai des cultures intercalaires ou d’en faire davantage ont besoin d’information précise. Voilà pourquoi Lana Shaw, gestionnaire de la ferme de recherche du Sud-Est, dirigée par des agriculteurs à Redvers, s’apprête à amorcer de tels essais avec grand enthousiasme.
« Je vois la culture intercalaire comme une façon de favoriser la diversité et la résilience dans nos pratiques culturales tout en améliorant la rentabilité, indique Lana Shaw. Nous avons été ravis de faire équipe avec AAC et le ministère de l’Agriculture de la Saskatchewan pour cette initiative, car ce partenariat permet de déployer la portée et l’étendue de la recherche et du transfert technologique en matière de culture intercalaire. Il y a tellement de questions sans réponse et nous avons besoin de toutes les ressources possibles dans ce dossier. »
Voici certaines des nombreuses questions sur lesquelles se penchent les chercheurs :
- Est-il préférable de planter chaque culture dans une rangée distincte ou plusieurs cultures dans la même rangée? Ou est-ce que la réponse diffère selon la situation?
- Quelle devrait être la densité des plants?
- La culture intercalaire peut-elle favoriser la lutte contre les maladies des cultures?
- Quelles espèces et variétés de cultures poussent bien ensemble?
- Les cultures intercalaires peuvent-elles réduire les besoins en matière de fongicides ou d’autres produits de lutte antiparasitaire, comme les herbicides et les insecticides?
- Les agriculteurs devraient-ils appliquer de l’engrais et, si oui, quelle quantité?
- Quelles sont les meilleures façons de planter, de récolter, de trier (séparer) et d’entreposer les cultures intercalaires?
- La culture intercalaire peut-elle être économiquement rentable pour les agriculteurs?
Cette recherche est financée par l’entremise du Partenariat canadien pour l’agriculture en Saskatchewan, prévoyant le partage des coûts entre le gouvernement fédéral et la province.
Principales découvertes/principaux avantages
- On constate un intérêt de plus en plus marqué à l’égard des cultures intercalaires chez les exploitations agricoles à grande échelle des Prairies.
- Les chercheurs d’AAC et leurs collaborateurs s’investissent dans quelques-unes des premières recherches sur la culture intercalaire du pois chiche et du lin.
- Parmi les avantages potentiels, soulignons la capacité de produire des pois chiches dans des zones où ce ne serait pas possible autrement et la réduction des dommages causés par les maladies.