Jours de couverture du sol

Résumé

  • Dans les systèmes agricoles, les sols nus sont très vulnérables à la dégradation. La dégradation des sols peut entraîner une baisse de la productivité et des dommages à l'environnement.
  • L'indicateur de couverture du sol mesure le nombre de jours pendant lesquels les sols agricoles ne sont pas exposés au cours d'une année et indique si cette situation évolue au fil du temps.
  • Dans l'ensemble, la couverture du sol a augmenté dans les terres cultivées du Canada au fil du temps en raison de l'augmentation des cultures sans labour et de la diminution des jachères d'été.
  • Toutefois, la couverture du sol a également fortement diminué dans certaines parties de la Colombie-Britannique, du Québec et des Maritimes. Ce phénomène s'explique en grande partie par l'abandon des cultures pérennes au profit des cultures annuelles.
  • Le nombre de jours de couverture du sol peut être accru par l'adoption de pratiques de travail réduit du sol, le remplacement de la jachère par des cultures de couverture, l'amélioration de la couverture du sol pour les cultures annuelles et les cultures produisant peu de résidus grâce à la recherche et au développement.

La couverture du sol au Canada : pourquoi est-ce important?

Dans les systèmes agricoles, les sols couverts par la végétation, les résidus de culture ou la neige sont partiellement protégés de l'exposition. Les sols nus sont très vulnérables à la dégradation. Les sols ayant subi une dégradation peuvent entraîner une baisse de la productivité des cultures et des dommages à l'environnement.

La dégradation des sols peut prendre la forme d'une érosion par le vent ou l'eau, d'une perte de matière organique, d'une dégradation de la structure du sol et d'une perte de fertilité. Ces facteurs peuvent réduire le rendement des cultures et limiter les types de cultures possibles. Dans les cas extrêmes, la dégradation des sols peut entraîner la perte de terres agricoles productives. Une moins grande productivité des cultures et la nécessité d'utiliser davantage d'intrants pour le sol (tels que les engrais) peuvent réduire la rentabilité de l'agriculture pour les producteurs.

La diminution de la couverture du sol peut également entraîner des dommages à l'environnement. Les sols exposés qui sont moins protégés de l'érosion sont plus susceptibles de contribuer à la contamination de l'eau et de l'air. Des niveaux élevés d'érosion peuvent accroître le risque de contamination de l'eau par des nutriments (tels que le phosphore et l'azote) et des produits chimiques transportés depuis les champs agricoles. Les sols exposés peuvent également entraîner une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et un réchauffement accru, contribuant ainsi aux changements climatiques. Les sols non recouverts de végétation ou de résidus de culture offrent très peu d'habitats aux espèces sauvages. La biodiversité des terres agricoles peut donc s'en trouver réduite.

L'augmentation de la couverture du sol profite aux producteurs et à l'environnement. Le gouvernement du Canada doit rendre compte des jours de couverture du sol sur les terres agricoles. Ces données permettent au public et aux autres pays de savoir si les terres agricoles du Canada sont saines et où des améliorations doivent être apportées aux pratiques agricoles.

Qu'est-ce qui détermine la couverture du sol?

La couverture du sol est principalement influencée par le type de culture, la gestion des résidus, les pratiques de travail du sol et la couverture de neige par année. Le type de culture détermine l'espacement des rangs, la vitesse de croissance, la proportion de couverture végétale et la quantité de biomasse produite. Les grandes cultures pérennes (comme le foin) offrent une bonne couverture du sol tout au long de l'année. Les cultures annuelles (comme le blé ou le maïs) peuvent laisser le sol exposé pendant un certain temps après la plantation ou après la récolte d'automne et le travail du sol. Les cultures telles que les haricots, les pois, le canola et les pommes de terre ont tendance à avoir un couvert végétal dense pendant de courtes périodes et laissent des quantités de résidus plus faibles après la récolte.

La gestion des résidus et les pratiques de travail du sol peuvent également avoir une incidence importante sur la couverture du sol. Le labourage intensif (également appelé labourage classique) réduit la couverture du sol en incorporant la plupart des résidus de culture dans le sol. Les méthodes de travail réduit du sol et de semis direct assurent une meilleure couverture du sol en laissant davantage de résidus de culture à la surface du sol. Le moment choisi pour travailler le sol peut également avoir une influence sur la couverture du sol. Le travail du sol à l'automne laisse le sol exposé plus longtemps que le travail du sol au printemps. La pratique de la jachère (traditionnellement adoptée pour rétablir l'humidité du sol dans les régions au climat sec) laisse le sol vulnérable à l'érosion.

Le climat et les conditions météorologiques peuvent également influencer la couverture du sol. Un sol couvert de neige pendant de longues périodes est moins exposé et moins susceptible de se dégrader. On prévoit que les changements climatiques réduiront le nombre de jours d'enneigement et augmenteront la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes. Ces deux facteurs pourraient accroître la vulnérabilité des sols à la dégradation.

L'Indicateur de couverture du sol

L'indicateur de couverture du sol mesure le nombre de jours pendant lesquels les sols agricoles ne sont pas exposés au cours d'une année donnée. Il mesure également si cette situation évolue dans le temps. Il inclut tous les types de couverture du sol dans les exploitations agricoles, notamment les cultures, les pâturages et les autres terres utilisées pour l'agriculture. Pour évaluer la couverture du sol, l'indicateur prend en compte la couverture du sol assurée par le couvert végétal, les résidus de culture et la neige à la surface du sol. Il tient compte du calendrier des différentes activités sur le terrain (telles que la plantation et la récolte) ainsi que le développement et le déclin du couvert végétal tout au long de la saison. Il prend également en compte les pratiques de travail du sol, la décomposition des résidus, le nombre de jours avec au moins 2 cm de neige et les coupes multiples de foin et le pâturage.

Une culture de foin pérenne fournit généralement plus de l'équivalent de 300 jours de couverture du sol par an, étant donné que le sol est très peu exposé, peu importe la période. En revanche, une culture de soja dans une région où les chutes de neige sont faibles et où il n'y a pas d'autres éléments de couverture du sol peut disposer de moins de 150 jours de couverture du sol.

Le gouvernement du Canada calcule l'indicateur de couverture du sol tous les cinq ans. Cet indicateur permet au gouvernement de connaître l'évolution de la couverture du sol sur les terres agricoles au fil du temps. Ces données permettent d'établir où il est nécessaire de modifier les pratiques agricoles.

Couverture du sol au Canada - état actuel et évolution dans le temps

En 2016, le Canada a obtenu un score « modéré » de couverture du sol avec une moyenne de 285 jours de couverture du sol.

Les zones de couverture du sol élevée et très élevée étaient concentrées en Colombie-Britannique, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à Terre-Neuve-et-Labrador. Les zones ayant un nombre de jours de couverture du sol très faible et faible étaient concentrées dans le sud de l'Ontario, le Manitoba et la Saskatchewan.

L'indicateur de couverture du sol est divisé en différentes catégories, selon le nombre de jours où le sol est couvert au cours d'une année : très faible (<250 j), faible (250-274 j), modéré (275-299 j), élevé (300-324 j) ou très élevé (>325 j).


Nombre de jours de couverture du sol au Canada, 2016, par unité de pédo-paysage, Canada.

 

Globalement, le nombre de jours de couverture du sol a augmenté entre 1981 et 2016 (passant de 262 j à 285 j).

Ce changement s'explique par la diminution de la superficie des terres agricoles dans les catégories Faible (de 42 % à 21 %) et Très faible (de 30 % à 2 %) et par l'augmentation de cette superficie dans les catégories Modérée (de 11 % à 62 %) et Élevée (de 6 % à 11 %).


Évolution du nombre de jours de couverture du sol, de 1981 à 2016, par unité de pédo-paysage, au Canada.

 

Ce changement est principalement dû à la réduction de la superficie des terres cultivées en labour conventionnel et mises en jachère. Au cours de cette période, le pourcentage de terres mises en jachère a diminué de 13 % (de 15 % à 2 %) et le pourcentage de terres cultivées en semis direct a augmenté de 59 % (de 1 % à 60 %). Cette évolution est principalement attribuable aux changements survenus dans les Prairies, en raison de la grande superficie de terres agricoles qui s'y trouvent.

Tendances régionales

Les variations du nombre de jours de couverture du sol au Canada sont occasionnées par les différentes pratiques de travail du sol et de gestion des résidus, le type de culture, la fréquence de récolte des cultures pérennes ou du pâturage, le recours à la mise en jachère, la couverture neigeuse et les conditions pédoclimatiques.

Colombie-Britannique

En 2016, les zones où le nombre de jours de couverture du sol était faible se trouvaient dans le sud de la province. Depuis 1981, le nombre de jours de couverture du sol a augmenté de 5 %. Cependant, certaines régions du sud de la Colombie-Britannique ont connu une diminution de la couverture du sol de plus de 10 jours en raison d'une importante conversion des cultures pérennes aux cultures annuelles.

Canada atlantique

En 2016, les provinces de l'Atlantique comptaient le plus grand nombre de jours de couverture du sol au Canada. Ce chiffre est resté relativement stable depuis 1981. Le nombre élevé de jours de couverture du sol est principalement dû à une proportion relativement plus faible de cultures annuelles en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador que dans d'autres régions du Canada. Malgré cela, l'Île-du-Prince-Édouard a connu une diminution de 1 % du nombre de jours de couverture du sol depuis 1981. Cela s'explique notamment par une augmentation de 5 % de la quantité de cultures annuelles.

Québec

En 2016, le nombre de jours de couverture du sol était élevé ou très élevé dans la majeure partie du Québec. Cette tendance est restée relativement stable depuis 1981. Dans certaines régions, la couverture du sol s'est améliorée en raison d'une hausse d'environ 18 % des pratiques de semis direct. Cependant, le nombre de jours de couverture du sol dans la région des basses terres du Saint-Laurent a fortement diminué. Cette baisse est principalement attribuable à l'augmentation de la superficie des cultures annuelles au fil du temps (de 20 % à 33 %).

Ontario

Dans l'ensemble, les terres agricoles de l'Ontario ont connu le plus petit nombre de jours de couverture du sol au Canada et cette situation est restée relativement stable au fil du temps. En 2016, l'Ontario avait le pourcentage le plus élevé de terres agricoles dans la catégorie très faible de tout le Canada. Toutes ces terres se trouvaient dans le sud de l'Ontario.

Au cours de cette période, la couverture du sol a augmenté en raison d'un plus grand recours à l'agriculture sans labour (de 29 %). Toutefois, cette augmentation a été contrebalancée par une hausse de la superficie des terres cultivées annuelles au fil du temps (de 40 % à 52 %).

Les Prairies

Dans les Prairies, la couverture du sol est généralement plus faible que dans les autres régions du Canada, en raison de la plus grande proportion de terres agricoles cultivées annuellement. Le sud des Prairies compte de nombreuses zones où la couverture du sol est faible ou très faible. Toutefois, depuis 1981, c'est dans cette région que la couverture du sol a le plus augmenté, en raison de la forte diminution de la mise en jachère et d'une plus grande réduction du travail du sol. Au cours de cette période, le nombre de jours de couverture du sol a augmenté de 14 % en Saskatchewan, de 8 % en Alberta et de 6 % au Manitoba.

Comment améliorer la couverture du sol?

Bien que la couverture du sol se soit généralement améliorée à travers le Canada depuis les années 1980, l'amélioration a connu un ralentissement au cours des dernières années. En outre, certaines régions du Canada présentent une couverture du sol très faible ou en déclin.

La couverture du sol peut être améliorée par l'adoption de pratiques de travail réduit du sol lorsque cela est possible. En outre, la couverture du sol peut être améliorée pour les cultures annuelles et les cultures produisant peu de résidus telles que les pommes de terre, le canola, le soja, les légumes et les cultures de pépinière. Pour ces systèmes de culture, la plantation d'engrais verts ou de cultures couvre sol d'hiver dès que possible après la récolte augmentera la couverture du sol pendant la longue période entre la récolte d'automne et les semis du printemps. Ces pratiques pourraient devenir particulièrement importantes si les changements climatiques réduisent les chutes de neige annuelles ou augmentent les événements météorologiques extrêmes.

Les domaines importants pour la poursuite de la recherche et du développement en vue d'améliorer la couverture du sol sont les suivants :

  • les systèmes de cultures intercalaires qui permettent de cultiver plusieurs plantes en même temps dans un champ
  • les variétés de cultures germant à froid destinées à être utilisées en semis direct
  • l'équipement agricole qui maintient mieux les résidus en surface pendant la production
  • les cultures au feuillage plus durable
La description de cette image suit
Description de l'image ci-dessus

Une infographie montrant un paysage agricole avec des cultures, un tracteur, de la terre et du bétail en pâturage adjacent à un paysage naturel avec un cours d'eau, une forêt et des animaux sauvages. Des encadrés d'information sont placés pour montrer à quel élément du paysage se rapporte chaque indicateur de durabilité agricole. Des flèches relient certaines zones d'informations pour montrer les interrelations. Un encadré d'information est présent pour chacun des indicateurs suivants : couverture du sol, matières particulaires, matière organique du sol, érosion des sols, salinisation des sols, azote, pesticides, phosphore, ammoniac, gaz à effet de serre, coliformes et habitat faunique.

Les indicateurs agroenvironnementaux (IAE) d'Agriculture et Agroalimentaire Canada donnent un aperçu scientifique de l'état actuel et des tendances du rendement agroenvironnemental du Canada en ce qui concerne la qualité du sol (matière organique du sol, érosion du sol, salinisation du sol), la qualité de l'eau (azote, pesticides, phosphore, coliformes), la qualité de l'air (particules, ammoniac, émissions de gaz à effet de serre) et la gestion des terres agricoles (utilisation des terres agricoles, couverture du sol, habitat faunique). Bien que les résultats des indicateurs soient présentés individuellement, les agroécosystèmes sont complexes, de sorte que bon nombre des indicateurs sont interreliés. Cela signifie que les changements dans un indicateur peuvent être liés à des changements dans d'autres indicateurs.

En savoir plus

Rapport technique sur le nombre de jours de couverture du sol

Indicateurs connexes

Autres sources et documents à télécharger

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