Pour plus d'information
Relations avec les médias
Agriculture et Agroalimentaire Canada
1-866-345-7972
aafc.mediarelations-relationsmedias.aac@agr.gc.ca
Bien qu’ils ne soient pas encore bien établis, 2 types d’amarantes envahissantes, l’amarante de Palmer et l’amarante tuberculée, constituent une nouvelle menace pour les cultures des Prairies. Les agriculteurs doivent se méfier de ces mauvaises herbes résistantes aux herbicides qui se propagent vers le nord-ouest à partir de grandes cultures infestées comme le maïs, le soja et le coton.
Mais comment et pourquoi? Et que peut-on faire? Shaun Sharpe (Ph. D.), du Centre de recherche et de développement d’AAC à Saskatoon, mène l’enquête.
Pourquoi ces plantes sont-elles une si grande menace?
Comme elles résistent à plusieurs groupes d’herbicides et peuvent envahir les champs de manière importante, il n’existe pas de solution facile pour les éliminer. Cependant, leurs conséquences sont graves : selon une étude réalisée en 2001 dans un champ de maïs au Kansas, les pertes de rendement ont atteint 91 %.
Les graines de mauvaises herbes sont disséminées par l’activité humaine (par exemple, lorsqu’elles sont accidentellement mélangées à des aliments pour animaux, transportées par les canaux d’irrigation ou par des équipements contaminés) et de manière naturelle, notamment par le vent, les oiseaux migrateurs et la faune sauvage. Bien que ces 2 types d’amarantes se propagent dans différentes zones des Prairies, le mouvement s’oriente généralement vers le nord-ouest, ces 2 plantes ayant déjà été observées dans la vallée de la rivière Rouge, au Manitoba. M. Sharpe prévoit que l’amarante de Palmer arrivera en Saskatchewan d’ici 2030-2035, si elle n’est pas déjà présente mais simplement indétectable. On s’attend à ce que l’amarante tuberculée se propage à un rythme similaire, car elle a de nombreuses voies de dispersion en commun avec l’amarante de Palmer.
Comme l’option la plus simple pour lutter contre ces plantes indésirables, à savoir les herbicides, n’est pas fiable, il est essentiel d’empêcher leur propagation et de trouver d’autres façons de lutter contre celles-ci.
Jouer un mauvais tour aux mauvaises herbes en les identifiant
Le premier conseil de M. Sharpe est de prendre conscience de la menace, c’est-à-dire de la comprendre et d’être en mesure d’identifier ces plantes.
Cependant, une partie du problème posé par l’amarante de Palmer réside dans le fait que, pour l’œil non averti, elle ressemble à de nombreux autres types d’amarantes. À l’heure actuelle au Canada, il n’existe pas beaucoup d’outils, tels que des guides d’identification des plantes ou des cartes de répartition, qui permettent de diffuser l’information sur ces espèces. Bien qu’il existe une abondance de données d’observation nord-américaines sur ces 2 espèces, celles-ci n’ont jamais été évaluées à l’aide d’applications de détection des plantes mises à la disposition des agriculteurs des Prairies, et leurs niches (ou environnements préférés) n’ont jamais été modélisées ni cartographiées en détail pour les systèmes des Prairies. Grâce à son projet, M. Sharpe souhaite changer cette situation en menant tout d’abord une campagne de sensibilisation et en ciblant les zones à risque d’invasion au moyen d’un travail d’information et de vulgarisation.
« L’identification de ces plantes sera cruciale. Notre projet vise à mettre au point des outils d’identification et de dépistage à l’intention des producteurs et des agronomes, ainsi qu’à étudier des pratiques efficaces de lutte contre ces plantes résistantes aux herbicides. »
- Shaun Sharpe (Ph. D.), chercheur scientifique
Les tests génétiques sont également un élément important. Grâce à ce projet, les producteurs pourront désormais soumettre des échantillons de végétaux pour faire identifier les espèces et confirmer leur résistance aux herbicides, ce qui les aidera et permettra d’enrichir la base de connaissances dans son ensemble.
M. Sharpe fait remarquer qu’à certains égards, c’est un peu comme lorsque la hernie des crucifères a été découverte au sud d’Edmonton au début des années 2000. Bien que la hernie des crucifères soit une maladie qui touche le canola et d’autres plantes de la famille des brassicacées, sa propagation (qui se faisait plutôt vers le sud-est) est similaire à celle de l’amarante de Palmer et de l’amarante tuberculée. Et comme pour la hernie des crucifères, qui fait désormais l’objet de guides d’identification détaillés, de cartes de répartition et de conseils en matière de lutte culturale, on espère que les connaissances permettront de ralentir la propagation. Toutefois, contrairement à la hernie des crucifères, ces mauvaises herbes peuvent envahir n’importe quelle culture, et leur résistance aux herbicides pourrait compliquer la planification de la rotation des cultures et les efforts de diversification, créant ainsi de nouveaux défis sur le plan de la gestion.
Méthodes possibles de lutte contre ces mauvaises herbes
La lutte culturale consiste à modifier l’environnement pour réduire la capacité de croissance d’un organisme nuisible. Par exemple, les agriculteurs pourraient réduire l’apport en nutriments d’une culture s’ils savaient que cela entraînerait d’abord la disparition des mauvaises herbes.
M. Sharpe précise que le feu (une « méthode de lutte culturale ») s’est révélé efficace contre les plants d’amarante de Palmer bien établis. Les outils pourraient comprendre le brûlage dirigé ou l’utilisation de torches à mauvaises herbes. D’autres méthodes consistent à arracher les mauvaises herbes à la main et à pulvériser un herbicide sur le feuillage.
M. Sharpe cherche également à déterminer comment les grandes cultures des Prairies (comme le blé et les pois) peuvent empêcher la prolifération de l’amarante. L’idée est que l’utilisation de cultures compétitives et de taux de semis plus élevés comme stratégies de lutte culturale pourrait contribuer à empêcher les introductions ponctuelles d’amarante de Palmer et d’amarante tuberculée grâce à la fermeture du couvert végétal et à la promotion d’une culture compétitive. Compte tenu du risque que représentent ces amarantes envahissantes, les amarantes céréalières seront utilisées comme fausses mauvaises herbes dans le cadre de l’étude sur la lutte culturale.
De plus amples renseignements seront disponibles au fur et à mesure que ce projet de recherche progressera, mais entre-temps, M. Sharpe rappelle aux agriculteurs de rester vigilants et d’informer leur agronome, leur groupement de producteurs spécialisés ou leurs partenaires de recherche s’ils voient des « amarantes d’aspect étrange avec des tiges lisses et de longs pétioles ».
Le financement de ce projet de l’Agriculture Development Fund (ADF) a été assumé en partie par les gouvernements du Canada et de la Saskatchewan dans le cadre du Partenariat canadien pour une agriculture durable, une initiative fédérale-provinciale-territoriale. Le projet est également cofinancé par les Saskatchewan Pulse Growers, la Fondation de recherches sur le grain de l’Ouest et la Saskatchewan Forage Seed Development Commission.
Galerie de photos

L’amarante à racine rouge, une plante apparentée à l’amarante de Palmer, plus préoccupante, qui pousse en Saskatchewan

Shaun Sharpe (Ph. D.) debout devant des parcelles aménagées de façon à comparer des stratégies de paillage et de fauchage pour la lutte contre la kochia (une autre mauvaise herbe résistante aux herbicides)

M. Sharpe cherche à déterminer comment les plantes à feuillage dense, comme ces plants de pois, pourraient empêcher la prolifération des mauvaises herbes