Aménagement de filet de mailles faisant office d’écrans physiques dans des cultures de crucifères pour lutter contre la mouche du chou

Code de projet : PRR10-220

Chef de projet

Josée Owen - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

  1. Déterminer quels sont les filet de mailles commerciaux qui pourraient servir d'obstacles physiques dans les cultures de crucifères pour lutter contre la mouche du chou.
  2. Évaluer l'efficacité des filet de mailles sur le terrain dans des conditions propres à la production commerciale locale.

Sommaire de résultats

Contexte

Dans toutes les régions du Canada productrices de crucifères, la mouche du chou, ou Delia radicum L. (Diptera Anthomyiidae) et autres espèces apparentées causent des pertes importantes. Deux composés phosphates organiques actuellement sur le marché (chlorpyrifos et diazinon) permettent de lutter contre ces ravageurs, mais tous deux font actuellement l'objet d'une réévaluation par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada. De plus, des études ont démontré que la mouche du chou est de plus en plus résistante au chlorpyrifos en Colombie-Britannique. Par suite de consultations nationales auprès des intervenants menées dans le cadre de la réduction des risques liés aux pesticides, il a été établi qu’il fallait trouver des solutions de rechange moins risquées que les phosphates organiques. Il s'agit de créer des outils de lutte contre la mouche du chou à risque réduit qui pourraient, en fin de compte, être intégrés à une approche harmonisée de lutte antiparasitaire. L’étude portant sur les obstacles physiques est l’une des mesures préconisées dans la stratégie de lutte contre la mouche du chou.

Dans de nombreux pays européens, les filets de mailles sont utilisés pour combattre la mouche du chou dans les cultures de crucifères. S'ils sont utilisés correctement, ils sont considérés comme étant très efficaces. Toutefois, ils peuvent également présenter d'autres défis sur le plan de la lutte intégrée, notamment dans la lutte efficace contre les mauvaises herbes. Ce projet vise à évaluer l'efficacité des filets de mailles actuellement sur le marché comme obstacles physiques dans les cultures de crucifères, en vue d'empêcher les femelles d'accéder aux choux pour y pondre leurs œufs.

Méthodes

Des essais au champ ont eu lieu dans différents sites de culture du rutabaga du Nouveau Brunswick, de Terre Neuve, de la Nouvelle Écosse et de l’Île du Prince Édouard au cours de l’année 2011 afin d’évaluer l’efficacité du filet de mailles pour lutter contre la mouche du chou. Deux types de filets de mailles offerts sur le marché ont été évalués, Wondermesh® et ProtekNet®, fabriqués tous deux en Europe. En 2012, un deuxième essai sur le terrain a eu lieu dans les provinces susmentionnées afin d’évaluer l’efficacité des mêmes filets de mailles utilisés avec différents traitements de lutte contre les mauvaises herbes. L’essai prévoyait l’application d’herbicides de prélevée (Treflan EC, Bonanza L, ou Devrinol 50 DF), d’un herbicide de postlevée (Lontrel 360), le sarclage mécanique, la technique du faux semis sur planches d’ensemencement et l’utilisation combinée des traitements et des filets de mailles. Les comparaisons se sont effectuées en fonction de la norme commerciale, y compris l’utilisation de chlorpyrifos, d’un herbicide de prélevée et d’un sarclage mécanique. Un troisième filet de mailles, Crop Solutions®, a aussi été évalué en 2012 à Terre Neuve et Labrador uniquement.

Des semis directs de rutabaga ont été effectués dans des champs ayant été infestés par le passé. Les filets de mailles ont été appliqués dans la semaine suivant l’ensemencement. En 2011, les sites ont fait l’objet d’une surveillance afin de détecter la présence de la mouche du chou adulte. En 2012, la surveillance visait à détecter la présence de la mouche du chou adulte ainsi que des mauvaises herbes (biomasse et espèces dominantes). Au moment de la récolte, le rendement des rutabagas traités et les dommages causés par la mouche du chou ont été évalués afin de déterminer l’efficacité des filets de mailles dans les conditions saisonnières.

Résultats

Les résultats de cette étude indiquent que les filets de mailles ont fourni une barrière adéquate contre la mouche du chou, atteignant des niveaux de protection semblables à la norme commerciale (chlorpyrifos) ou plus élevés. Les différentes marques de filets de mailles étaient comparables dans tous les paramètres mesurés. Aucun filet n’a eu de répercussions négatives sur le rendement des cultures.

Dans les champs où les populations de mauvaises herbes sont faibles ou modérées, il était possible d’utiliser un herbicide de prélevée avec le sarclage mécanique (en retirant temporairement le filet de mailles) ou l’application d’un herbicide de postlevée à travers le filet de mailles pour lutter contre les mauvaises herbes. Cependant, pour obtenir une efficacité acceptable, ces mesures devaient être planifiées au moment adéquat en ce qui concerne la croissance des mauvaises herbes et les populations de mouche du chou adulte (plus particulièrement au moment de retirer temporairement les filets). Les champs où l’on retrouve des populations abondantes de mauvaises herbes sont toujours problématiques et d’autres recherches sont nécessaires pour déterminer quelle sera la stratégie de lutte contre les mauvaises herbes la plus efficace à utiliser avec les filets de mailles. Selon le degré d’infestation de mauvaises herbes dans un champ et les types d’espèces dominantes présentes, certaines stratégies de lutte peuvent être plus efficaces dans certaines régions que dans d’autres.

Des activités de sensibilisation (démonstrations, présentations et publications) ont eu lieu tout au long du projet. Une analyse économique a tenu compte de la durabilité des filets et de leur réutilisation potentielle durant plusieurs années. Selon l’étude, bien que les filets impliquent une dépense initiale importante, ils peuvent quand même représenter une option viable pour de nombreux producteurs étant donné qu’ils peuvent être utilisés à répétition durant de nombreuses années.