Code de projet : PRR10-130
Chef de projet
Ken Coles - Le Conseil de recherche agronomique et de vulgarisation d'Alberta
Objectif
Identifier et promouvoir des approches intégrées, notamment des pratiques culturales et des prises de décisions éclairées, pour une lutte durable contre la brûlure de l’épi dans la production de blé sous irrigation
Sommaire des résultats
Contexte
La fusariose de l’épi, causée par diverses espèces de Fusarium, est une maladie importante du blé partout au Canada. L’infection du blé produit des grains fusariés, se traduisant par une baisse de rendement et de qualité des grains. De plus, Fusarium graminearum, l’agent pathogène le plus répandu, produit de hautes teneurs en désoxynivalénol (DON), une mycotoxine qui contamine les grains et les rend impropres à la consommation humaine et animale. La maladie se fait de plus menaçante dans les cultures de blé sous irrigation, pratique courante dans le Sud de l’Alberta, en raison de l’accumulation continue d’inoculum de pathogènes et des périodes prolongées d’humidité au champ qui favorisent la maladie.
En début du projet, la lutte contre la fusariose reposait essentiellement sur quelques produits chimiques disponibles, car il n’existait aucune variété vraiment résistante. Le projet s’inscrit dans la stratégie de lutte contre la fusariose de la Réduction des risques liés aux pesticides et vise à démontrer des approches alternatives pour la gestion durable la fusariose.
Approche
De 2010 à 2012, on a mené des essais en champs en collaboration avec neuf producteurs de blé du Sud de l’Alberta. Le projet consistait à évaluer les effets de deux régimes d’irrigation (irrigation régulier et irrigation interrompue durant la floraison) et de traitements fongicides sur les risques de fusariose, le développement des cultures ainsi que sur la qualité des grains et le rendement. Les six champs ont été traités aux fongicides chaque année. On a évalué les niveaux de maladie, dont l’incidence (pourcentage d’épis présentant des symptômes visibles de la fusariose), la gravité (pourcentage d’épillets infectés sur l’épi) et on a calculé un indice de fusariose (incidence fois gravité) au stade fin laiteux — pâteux mou des plants de blé. On a aussi analysé la teneur en DON d’échantillons de grains issus de chaque traitement, on les a classés et déterminé le pourcentage de grains fusariés selon les normes de la Commission des grains.
On a effectué une enquête annuelle de 25 champs de blé commerciaux (irrigués et non irrigués) afin de mieux comprendre la corrélation entre les niveaux de fusariose et les pratiques de gestion courantes. On a collecté des renseignements sur les méthodes de travail du sol, la sensibilité des cultivars, la gestion de l’irrigation et les rotations culturales et on a prélevé des échantillons de grains pour identifier les agents pathogènes.
Résultats
Des conditions climatiques extrêmes à chacune des trois années du projet ont beaucoup entravé les traitements et ont eu des répercussions sur les résultats aux champs. En 2010, les semis printaniers ont été retardés en raison des conditions humides, ce qui s’est traduit par une récolte tardive et une augmentation des dommages causés par le gel, et ultimement par un déclassement des récoltes. En 2012, les conditions environnementales ont favorisé les maladies foliaires, mais pas le développement de la fusariose. Les données générées, toutefois, ont affiché un certain nombre de tendances intéressantes.
Dans l’ensemble, les traitements fongicides ont réduit la fusariose dans 12 des 15 champs étudiés jusqu’à concurrence de 2,3 % en 2010, de 1,2 pour cent en 2011 et de 0,4 % en 2012. Avec la gestion de l’irrigation, la fusariose a été réduite en fait jusqu’à 3,9 % dans un seul champ d’un collaborateur en 2010 qui avait évité d’irriguer pendant la floraison. La combinaison d’irrigation réduite et d’application de fongicides a été le traitement où l’on a constaté le moins de fusariose, ce qui suggère que la combinaison d’approches est plus avantageuse qu’une seule d’entre elles. D’après les analyses d’échantillons de grains, les applications de fongicides ont permis de réduire les niveaux de F. graminearum entre 7 et 12 % et la gestion de l’irrigation, de 2 % ou moins. On a détecté la présence de déoxynivalénol dans la plupart des échantillons aux seuils de détection (0,1 à 11 partie par million (ppm)). Les applications de fongicides ont réduit les niveaux de DON de 0,2 à 3,3 ppm, et la gestion de l’irrigation, de 0,2 ppm dans un des sept champs.
Enquête : F. graminearum a été détecté dans des échantillons de grains issus de 25 % des champs dépistés et d’autres espèces de Fusarium, dans 60 % des échantillons. Des variétés de blé sensibles à la fusariose ont été semées dans 64 % des champs dépistés. Dans les champs où l’on a trouvé du F. graminearum dans les échantillons de grains, 71 % avaient été cultivés avec une plante hôte dans les deux années précédentes. L’irrigation semble avoir une influence importante, car 83 % des échantillons de grains infectés au F. graminearum provenaient de champs irrigués.
Transfert technologique : On a organisé de nombreuses activités de vulgarisation dans le cadre de ce projet, notamment des visites de champs, des formations sur le terrain et des présentations pour renseigner les producteurs sur la maladie. On a utilisé des médias sociaux comme Facebook, Twitter et YouTube ainsi que le site Web Farming Smarter (anglais seulement) comme plateformes pour diffuser de l’information obtenue grâce au projet. On a ensemencé de petites parcelles de blé chacun des années du projet à des fins de formation au diagnostic de la maladie. Plusieurs fiches techniques sur la fusariose ont été préparées et distribuées lors des visites de champs et des séances de formation.
Cette étude porte à croire que la combinaison d’irrigation en temps opportun, de sélection de cultivars de blé moins sensibles et d’applications de fongicides en temps opportun peut être bénéfique à réduire les incidences de fusariose. Comme l’ont démontré les enquêtes annuelles, grâce à cette étude, on a pu sensibiliser davantage les producteurs à la présence de fusariose dans leurs champs et leur fournir de l’information sur les moyens de lutte possibles.