Élaboration de méthodes culturales et de solutions de rechange pour lutter contre la brûlure ascochytique du pois chiche

Code de projet : PRR03-200

Chef de projet

Yantai Gan - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Optimaliser les techniques de lutte culturale et chimique en vue de la gestion de la brûlure ascochytique du pois chiche et présenter des recommandations aux agriculteurs

Sommaire des résultats

L'ascochytose, maladie fongique causée par l'Ascochyta rabiei (Pass.) Labrousse (téléomorphe, Didymella rabiei (Kovachevski) v. Arx), représente l'obstacle le plus important à la production de pois chiches dans l'Ouest du Canada. Les pois chiches infectés par l'Ascochyta rabiei donnent un faible rendement de piètre qualité et les pertes pour les cultivars sensibles peuvent atteindre 100 %. Les pertes économiques attribuables à cette maladie sont importantes dans les années où les précipitations sont abondantes à la fin de l'automne. Des efforts ont été déployés pour développer des cultivars résistant à l'ascochytose, mais des cultivars très résistants à l'ascochytose ne sont pas encore disponible aux producteurs. Certains cultivars ont une résistance modérée au stade semis, mais la résistance diminue lorsque les plants vieillissent. De plus, le pathogène est diversifié sur le plan génétique et de nouveaux pathotypes du pathogène peuvent apparaître, ce qui rend les cultivars ayant une résistance modérée, plus sensibles à cette maladie. Pour que la production de pois chiches soit fructueuse, il faut élaborer des stratégies de gestion intégrée de cette maladie.

Ce projet, financé par le CLA, dirigé par Y. Gan, Ph.D., à Swift Current, visait à déterminer l'effet de cultivars, comportant différentes architecture de plants et semés à différentes densités végétales, sur l'ampleur de l'ascochytose dans divers milieux. On a fait l'étude d'un total de 12 pois chiches de type Desi (avec des feuilles pennées) et de 12 pois chiches de type Kabuli (certains avec des feuilles pennées et d'autres avec des feuilles unifoliées) à 25, 36, 44, 53, et 62 plants m-2 (densités mesurées après 3 semaines suivant l'émergence des premiers semis) à Swift Current de 2002 à 2005 et à Saskatoon en 2004 et en 2005.

Les résultats indiquent que la combinaison site-années a eu un effet important sur l'épidémie de l'ascochytose qui a été plus sévère à Swift Current en 2005 et moins sévère à Saskatoon en 2004. Selon la combinaison site-années, l'ascochytose a été la plus sévère sur le cultivar Evans, suivie de CDC Xena et la moins sévère sur la lignée génétique 222B-11. Les cultivars ayant des feuilles pennées ont obtenu le taux de sévérité à l'ascochytose moins élevé que ceux ayant des feuilles unifoliées tout au long des stades de croissance. Au stade « fin de maturité des gousses », la moyenne de la sévérité pour les cultivars ayant des feuilles pennées s'élevait à 15 % par rapport à 48 % pour les cultivars unifoliés. Les cultivars de type Kabuli avait un taux de sévérité plus élevé que les cultivars de type Desi pendant toute la saison de croissance et, en fin de maturité, le taux de sévérité s'élevait à 13 % pour le type Desi et à 33 % pour le type Kabuli.

On a observé que l'interaction entre le cultivar et la densité de la population végétale avait une grande influence sur la sévérité de l'ascochytose. La sévérité de l'ascochytose s'est accrue pour certains cultivars à mesure que la densité de la population végétale augmentait tandis que d'autres cultivars n'ont connu aucun changement quant à la sévérité de l'ascochytose malgré les changements dans la densité de la population végétale.

Cette situation est attribuable aux différences relatives à l'architecture végétale et à la structure du couvert végétal. Les plants dont l'architecture était plutôt basse et ramifiée étaient plus affectés par la maladie à mesure que la densité de la population végétale augmentait alors que pour les plants dont l'architecture était haute et moins ramifiée, aucun lien n'a été observé entre la sévérité de l'ascochytose et la densité végétale. La combinaison site-année a représenté le facteur le plus important de variation à la sévérité de l'ascochytose (69 %) suivi du type de cultivar (25 %) et de la densité de la population végétale (6 %). L'augmentation de la densité a permis d'accroître de façon constante le rendement par unité de surface malgré une présence plus marquée de la maladie. L'identification de la densité optimale pour les groupes de cultivars dont l'architecture végétale est similaire devrait être prise en considération au moment de l'adoption d'une stratégie de gestion intégrée afin de réduire au minimum la présence d'ascochytose du pois chiche.

On a comparé la croissance du pois chiche en rangs jumelées (soit deux rangs de plants de pois chiches espacés de 25 cm en alternance avec un espacement de 75 cm entre les rangs jumelés) avec un semis en pleine surface (soit un ensemencement uniforme en rangs espacés de 25 cm) dans les essais en champ de 2004 et de 2005. Les modèles d'ensemencement en rangs jumelés ont permis de limiter l'usage de fongicides et d'améliorer la couverture des fongicides. On a donc observé une infection moins importante dans les plants de pois chiches en rangs jumelés par rapport au semis en pleine surface. Le rendement était égal ou supérieur pour les plants de pois chiches en rangs jumelés comparativement au semis en pleine surface. Les pois chiches CDC de type Xena (pois chiches de type Kabuli à grosses semences) ont été avantagés par l'ensemencement en rangs jumelés comparativement à ceux de type Amit (pois chiches de type Kabuli à petites semences). Les pois chiches CDC de type Xena à grosses semences avaient des feuilles unifoliées tandis que les pois chiches de type Amit à petites semences avaient des feuilles pennées. Le recours à des modes d'ensemencement en rangs jumelées pour les pois chiches a permis de réduire significativement la pression de la maladie, particulièrement pour les cultivars à feuilles unifoliées et a permis de réduire potentiellement l'usage des fongicides de 30 % sans sacrifier le rendement.

Les connaissances acquises grâce à cette recherche donnent aux producteurs de nouveaux outils de lutte contre l'ascochytose ce qui leur permettront d'effectuer une gestion plus efficace de leurs cultures de pois chiches. La diminution de l'utilisation de fongicides dans la culture des pois chiches réduira les risques pour l'environnement tout en permettant d'obtenir des cultures plus saines et de bonne valeur marchande.