Enquête sur la résistance du pathogène du mildiou du concombre aux fongicides

Code du projet : PRR17-030

Chef de projet

Geneviève Marchand - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Évaluer des populations d’agents causals du mildiou du concombre isolées dans des sites de production en champ et en serre de l’Ontario et du Québec pour déterminer leur résistance à des fongicides unisites

Contexte

Le mildiou des cucurbitacées est une importante maladie des concombres de champ et de serre. La maladie est causée par Pseudoperonospera cubensis, un oomycète pathogène qui se propage principalement par spores aéroportées. De graves infections peuvent rapidement causer des pertes de récolte, et le feuillage des plants infectés peut devenir entièrement brûlé dix jours à peine après l’apparition des premiers symptômes. Les producteurs préviennent habituellement la maladie en appliquant des fongicides classiques en suivant un programme de traitements prophylactiques. Il leur faut parfois faire des applications hebdomadaires sur une période prolongée. Les fongicides systémiques à mode d’action unisite ont une efficacité supérieure aux fongicides à mode d’action multisite, mais le pathogène est connu pour sa capacité à acquérir rapidement une résistance aux fongicides du type unisite. Lors de consultations des intervenants menées par Agriculture et Agroalimentaire Canada (AAC) dans le cadre de L’équipe de réduction des risques liés aux pesticides, la résistance aux fongicides a été définie comme un enjeu prioritaire dans la lutte contre le mildiou du concombre. Ce projet de deux ans, soutenu par la Stratégie de lutte à risque réduit contre le mildiou du concombre, a évalué la résistance aux fongicides unisites d’usage courant dans des populations de pathogènes issues de sites de production commerciale de l’Ontario et du Québec.

Approches

Le projet a été mené aux centres de recherche et de développement d’AAC de Harrow (Ontario) et de Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec). Pour déterminer les profils de résistance aux fongicides, des essais in vivo ont été effectués sur des isolats de Ps. cubensis issus de sites de production commerciale de concombres. Des feuilles de concombre infectées de mildiou ont été prélevées dans des cultures en champ du Québec et dans des cultures en serre de l’Ontario. Ces feuilles ont servi à infecter des plants de concombres matures. Les isolats ont servi à évaluer l’efficacité des matières actives suivantes : pyraclostrobine (Cabrio EG), fénamidone (Reason 500 SC), fluopicolide (Presidio), propamocarbe (Previcur N en Ontario et Tattoo au Québec), cyazofamide (Torrent 400 SC), diméthomorphe (Acrobat 50WP en Ontario et Forum au Québec), coformulation d’amétoctradine et de diméthomorphe (Zampro), oxathiapiproline (formulation canadienne d’Orondis Ultra B) et mandipropamide (formulation canadienne d’Orondis Ultra A en Ontario et de Revus au Québec).

Une dépistage a été menée dans les sites de production commerciale de concombres en champ et en serre du Québec et de l’Ontario afin de mieux comprendre la distribution et la prévalence du mildiou dans ces régions. L’enquête a été réalisée en collaboration avec des spécialistes provinciaux en vulgarisation du Ministère de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Affaires rurales Ontario et du Ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, et avec des chercheurs de l’Université de Guelph et d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.

Résultats

Tous les essais effectués sur les isolats ont prouvé une réduction de la efficacité de deux matières actives (fénamidone et pyraclostrobine) des fongicides du groupe des strobilurines. Ces résultats confirment des observations de terrain semblables rapportées par les spécialistes en vulgarisation. Des variations d’efficacité du diméthomorphe, du mandipropamide et du fluopicolide parmi les isolats ont été constatées. Les autres matières actives évaluées (cyazofamide, oxathiapiproline, propamocarbe et une coformulation de diméthomorphe et d’amétoctradine) ont conservé des niveaux d’efficacité plus élevés contre le mildiou.

Les résultats de l’enquête menée dans les sites de production commerciale de concombres ont révélé qu’en 2017, le mildiou des cucurbitacées a d’abord été observé dans le sud-ouest de l’Ontario à la fin de juin, et en 2018 à la fin d’août. Au Québec, en 2017 et en 2018, le mildiou n’a pas été observé dans les concombres de champ avant la mi-août, date proche de la fin de la récolte des concombres à mariner. Pendant toute la durée du projet, la prévalence du mildiou dans les cultures de concombres de serre de l’Ontario et dans les cultures de concombres de champ du Québec est généralement demeurée faible dans la plupart des régions.

Conclusion

Le projet a été conçu de manière à évaluer le profil de résistance de divers isolats aux nombreuses fongicides. Toutefois, en raison de la nature du mildiou, les essais d’herbicides ont comporté leur lot de défis tant dans les conditions en champ que dans les laboratoires. Malgré tout, des données probantes au niveau de la performance de certaines matières actives de fongicides contre Ps. cubensis ont pu être recueillies. Ces résultats viennent enrichir le corpus de la littérature scientifique actuelle sur la résistance de Ps. Cubensis, mettant en évidence le fait que les producteurs de concombres disposent de moins en moins d’options de lutte fiables contre le mildiou. Les nouvelles informations ont été présentées aux producteurs à l’occasion de la Conférence canadienne sur les légumes de serre de 2019, de la réunion de l’Association des fruiticulteurs et des maraîchers de l’Ontario de 2019 et des assemblées annuelles de la Société canadienne de phytopathologie de 2018 et de 2019. Partager d’informations sur les matières actives qui restent efficaces contre ce pathogène, permet les producteurs à prendre des décisions éclairées pour la gestion du mildiou dans leur production du concombre.

Les résultats du présent projet peuvent également être utiles pour mettre au point une méthode de détection moléculaire pour l’identification précoce de mutations connues associées à l’apparition de résistance aux fongicides.