Évaluation de la tolérance à huile de pin utilisée contre les mauvaises herbes dans les cultures de bleuet nain

Code de projet : BPR13-030

Chef de projet

Jim Jotcham Marbicon Incorporated, Nouvelle-Écosse, Canada

Objectif

Produire des données sur la tolérance des plantes traitées, à l'appui d'une demande d'homologation du AEF-1201 (huile de pin) pour la lutte contre les mauvaises herbes dans les cultures de bleuet nain

Sommaire de résultats

Contexte

Le bleuetier nain est une plante vivace indigène au Canada qui se cultive en sol à faible pH, sans labour ni autre travail du sol. Dans ce type de milieu, les mauvaises herbes prospèrent si elles ne sont pas combattues. Elles peuvent ombrager la plante cultivée et rivaliser pour les nutriments, réduire le rendement de la culture et la qualité de la récolte et nuire à la cueillette. Au Canada, les mauvaises herbes constituent donc une préoccupation majeure pour la culture du bleuetier nain. Il existe peu de produits disponibles contre les mauvaises herbes dans cette production, et les exploitants ont besoin d’herbicides à risque réduit pour gérer les mauvaises herbes dans les systèmes biologiques et non biologiques de culture du bleuetier nain.

Dans le cadre de l’Atelier sur l’établissement de priorités en matière de biopesticides de 2012, le produit AEF 1201 (huile de pin) a été retenu comme solution prioritaire potentielle pour la lutte contre les mauvaises herbes dans les cultures de bleuetier nain. L’AEF 1201 est un herbicide biologique non sélectif, mis au point par l’entreprise AEF Global, au Canada. La matière active de ce produit est l’huile de pin, et son utilisation a été homologuée en Nouvelle Zélande et en Australie pour la lutte contre les mauvaises herbes dans certaines cultures horticoles et dans certains types de vergers. Il y a suffisamment de preuves et de données sur l’efficacité de ce produit contre un certain nombre de mauvaises herbes. Le projet actuel vise donc à mener des essais de tolérance du bleuetier nain à ce produit, tant durant les années de repousse que durant les années de fructification, et à déterminer le moment optimal de son application.

Approches

Deux essais de tolérance ont été menés en 2013 en Nouvelle Écosse. Comme le bleuetier nain se cultive selon un cycle de deux années, une année de repousse alternant avec une année de fructification, un essai a été mené au printemps de l’année de repousse pour traiter la plante avant l’apparition des nouvelles pousses, tandis que l’autre essai a été mené durant l’année de fructification et comportait une application en pré-floraison et une application en post-floraison. Deux taux d’application, de 20 pour cent (%) et de 40 % volume par volume (v/v), ont été utilisés pour les deux essais. La tolérance de la culture a été évaluée en calculant le pourcentage de couverture du bleuetier nain dans un quadrat de un mètre carré placé au centre de chaque parcelle. Un total de 10 tiges ont été prélevées dans chaque parcelle pour déterminer les nombres de bourgeons à fleurs et de bourgeons à bois par tige et mesurer la longueur des tiges. La phytotoxicité a été évaluée à l’aide d’une échelle visuelle de 0 à 100 %, où 0 % signifie qu’aucun dommage visible n’a été observé, et 100 %, que la plante était complètement brunie. De plus, le rendement du bleuetier a été évalué dans le cadre de l’essai mené durant l’année de fructification.

Résultats

Les résultats de l’essai mené durant l’année de repousse indiquent que ni le faible taux d’application (20 %), ni le taux élevé (40 %) n’ont produit de différence dans le pourcentage de couverture du bleuetier dans les parcelles, lorsqu’on compare cette valeur avec celle du groupe témoin non traité. Quel que soit le taux, aucune différence n’a été observée dans le nombre de bourgeons à fleurs et à bois présents sur les tiges et dans la longueur des tiges lorsqu’on les compare avec le groupe témoin non traité. Aucune phytotoxicité n’a été observée chez les bleuetiers traités durant l’année de repousse, sauf que la couverture de bleuetier s’est formée un peu plus lentement dans certaines parcelles traitées avec le taux élevé d’huile de pin; cependant, il n’y a eu aucune incidence sur la couverture à un stade de croissance ultérieur.

L’essai mené durant l’année de fructification a permis d’observer des signes évidents de phytotoxicité une semaine après le traitement, tant pour les applications pré-floraison que pour les applications post-floraison. Jusqu’à 70 % des feuilles étaient endommagées une semaine après le traitement et ce, avec les deux taux d’application pré-floraison d’huile de pin. Les deux taux d’application ont entraîné une réduction appréciable du rendement, tant dans le cas des traitements pré-floraison que des traitements post-floraison. Dans l’ensemble, les données provenant de ces essais indiquent que les traitements pré-floraison à l’huile de pin ont endommagé beaucoup plus gravement les feuilles et ont eu des effets beaucoup plus néfastes sur le rendement que les traitements post-floraison. De plus, les dommages aux feuilles et la perte de rendement étaient plus prononcés si la concentration d’huile de pin était plus élevée.

Conclusion

Les données découlant de ces essais indiquent que le bleuetier nain est tolérant aux applications printanières précoces d’huile de pin dans l’année de repousse et que le produit pourrait être utilisé au début du printemps, avant la feuillaison, contre les mauvaises herbes au premier stade de la croissance. De plus, l’huile de pin peut être appliquée comme traitement localisé au champ, peu importe le stade de croissance du bleuetier nain, pourvu qu’on prenne soin d’éviter cette plante.

Une baisse de rendement très significative causée par une grave phytotoxicité a été observée lorsque le produit était directement pulvérisé sur le bleuetier nain durant l’année de fructification, ce qui semble indiquer que le traitement foliaire est à éviter durant l’année de fructification.

Le produit fait l’objet d’un examen réglementaire en vue de son utilisation au Canada.