Mise au point et impact sur la distribution spatio-temporelle des adventices d'un système d'aide à la décision pour l'application des herbicides en maïs et soya

Code de projet : PRR07-010

Chef de projet

Bernard Panneton - Agriculture et Agroalimentaire Canada

Objectif

Effectuer une analyse spatiale des mauvaises herbes présentes dans les champs de maïs et des champs de soja traités avec différents herbicides et diverses doses; valider les stratégies de gestion des mauvaises herbes au moyen de traitements herbicides localisés et de doses réduite

Sommaire de résultats

Contexte

Au Canada, les ventes de pesticides continuent à être dominées par les herbicides, lesquels représentaient 78% des ventes totales et plus de 1,3 millions de dollars en 2005. Pus souvent qu'autrement, parmi les pesticides, ce sont les herbicides qui sont détecté en tant que contaminants des eaux souterraines. Ce type de contamination pourrait augmenter avec l'intensification de la production de maïs visant à répondre à la demande accrue en biocarburants.

Dans les champs de maïs et de soya sous régie conventionnelle (labour d'automne et hersage pré-semis), les mauvaises herbes apparaissent souvent en îlots et le niveau d'infestation peut varier grandement d'un champ à l'autre. Cette observation suggère qu'il n'est peut-être nécessaire d'effectuer un traitement herbicide sur la surface complète des champs. Des études antérieures ont démontré que le recouvrement relatif (RR) des mauvaises herbes peut être utilisé comme indicateur pour établir la nécessité de traiter ou non contre les mauvaises herbes. Dans ces études, les traitements localisés et/ou la réduction de la dose d’herbicide basé sur le RR ont réduit l'utilisation annuelle des herbicides jusqu'à 85%. Il y a donc un bon potentiel d'économie d'herbicides s’il est possible de développer un outil permettant de décider où on peut s'abstenir d'appliquer des herbicides.

Ce projet visait l'utilisation d'une technologie d'imagerie avancée, comme l'échantillonnage photographique et la télédétection des mauvaises herbes pour combiner deux niveaux de décision, les endroits à traiter et la dose d'herbicide à utiliser en matière de traitements herbicides dans un système de rotation soja-maïs.

Approches

Les études de terrain ont été menées de 2004 à 2007 sur deux champs en rotation maïs-soja à Beaumont et à St-Jean-sur-Richelieu au Québec. Des sections de champs ont été traitées en post-levée soit avec des doses d'herbicide variables, soit avec une pleine dose constante. Les doses variables (pas d'herbicide, demi-dose ou pleine dose) étaient basées sur la valeur calculée du RR.

Le RR a été mesuré à l'aide de photographies prises avec une caméra couleur standard en visant verticalement le sol. Les surfaces couvertes par des mauvaises herbes et par la culture étaient mesurées sur les photos. Le ratio de ces deux surfaces estimait le RR. Une valeur nulle (0) indiquait une absence de mauvaises herbes et une valeur de 1 indiquait que la surface apparente occupée par les mauvaises herbes était aussi grande que celle occupée par la culture. Les données expérimentales antérieures indiquaient que lorsque le RR était inférieur à 0.4, les pertes de rendement étaient négligeables, donc, les traitements des herbicides étaient basés sur cet indice.

Résultats

La première année d’application au champ, l'utilisation de l’approche du RR a effectivement permis de maintenir le rendement pour l'année en cours, et cela en réduisant de 85% l'usage des herbicides. Malheureusement, pour les trois années suivantes, l'économie d'herbicide ne touchait que 10% des superficies. Cela est probablement dû au fait que les populations de mauvaises herbes résiduelles ont renouvelé la banque de semences à des niveaux permettant une augmentation des densités pour l’année suivante. Ces résultats démontrent clairement que le modèle basé sur le RR et le maintient des rendements ne représente pas une solution satisfaisante à long-terme.

La prochaine étape était d’établir, un seuil de RR au-dessous duquel l'infestation de mauvaises herbes peut être tolérée. L'analyse a permis d'établir que ce seuil est très bas (0.077%). Une méthode permettant d'évaluer rapidement et avec précision le RR des mauvaises herbes a donc été imaginée, basée sur la prise de photographies couleur obliques. Malheureusement, la précision obtenue n'était pas suffisante pour mesurer des seuils d'infestation correspondant à un recouvrement par les mauvaises herbes de 0.077%. La prise de photos obliques afin d’évaluer le RR des mauvaises herbes n’est donc pas recommandée.

Bien que les résultats étaient décevants, ce projet a établi quelques faits important. En particulier, le projet a conclu que dans le système de culture étudié (rotation maïs-soya en régie conventionnelle), l'économie potentielle d'herbicides (lorsqu'on considère la situation sur plusieurs années) basée sur l'estimation du recouvrement par les mauvaises herbes pour une parcelle est faible.

Pour plus de renseignement, veuillez communiquer avec Dr. Bernard Panneton.