Code de projet : MU03-PATH03
Chef de projet
Diane Cuppels - Agriculture et Agroalimentaire Canada
Objectif
Évaluer les options biologiques pour la gestion chimique de tache bactérienne et des mycoses, comme l'anthracnose et la brûlure alternarienne de la tomate de plein champ et du poivron
Sommaire de résultats
La présente étude avait pour objet de recueillir des données sur l'écologie, l'efficacité et les méthodes d'application de biopesticides commercialisés aux États Unis pour la lutte contre la gale bactérienne (Xanthomonas campestris pv. Vesicatoria, groupes A, B, C et D), l'anthracnose (Colletotrichum coccodes) et l'alternariose (Alternaria solani) dans les cultures de tomate (et de poivron) de champ, avant d'autoriser leur homologation au Canada. À l'heure actuelle, on lutte contre ces maladies par des applications répétées d'hydroxyde de cuivre, un bactéricide à base de métal lourd, et de chlorothalonil, de captan ou de mancozèbe, trois fongicides. Or, tous ces produits présentent des risques pour l'environnement. L'étude a porté sur les biopesticides suivants : Mycostop® (Streptomyces griseoviridis K61), Actinovate® (Streptomyces lydicus WYEC108) et BlightBan® (Pseudomonas fluorescens A506). Des recherches sur ces produits s'imposaient puisqu'aucune méthode n'avait été mise au point pour leur application, qu'il n'existait aucune donnée quant à leur efficacité à l'égard des maladies susmentionnées et qu'aucune étude n'avait été faite au Canada sur leur devenir et leur persistance dans l'environnement.
Conclusions : Nous avons 1) réalisé des essais in vitro et in planta afin de confirmer l'activité des trois biopesticides contre des isolats ontariens des trois pathogènes et de déterminer quelle est la meilleure façon d'appliquer ces biopesticides sur la tomate et le poivron; 2) réalisé des essais d'efficacité à la ferme expérimentale de London d'AAC; 3) marqué les agents pathogènes causant la gale bactérienne (4 groupes du Xanthomonas campestris pv. Vesicatoria) et les agents antagonistes avec une protéine fluorescente afin d'étudier leur processus de colonisation et leur devenir ou leur survie dans l'environnement.
- 1) Les essais in vitro ont révélé que le Mycostop® et le BlightBan®, contrairement à l'Actinovate®, ont un effet fortement inhibiteur sur les agents de la gale bactérienne, alors que l'Actinovate® et le Mycostop®, contrairement au BlightBan®, agissent contre les deux pathogènes fongiques. Des examens au microscope électronique à balayage ont montré que les Streptomyces sont attirés vers les hyphes des pathogènes fongiques et les détruisent ou inhibent leur développement. Dans les essais in planta, l'Actinovate®, appliqué par pulvérisation, et le Mycostop®, appliqué en bassinage, ont systématiquement et considérablement réduit l'incidence de la gale bactérienne chez les semis cultivés en serre sans aucun effet négatif sur la taille et la masse des plantes. Le Mycostop® a inhibé la progression des lésions causées par les deux pathogènes fongiques, aussi bien en pré traitement qu'en post traitement, alors que l'Actinovate® a eu cet effet seulement en pré traitement. Un extrait de levure s'est avéré prometteur comme adjuvant pour favoriser la croissance in planta du S. griseoviridis.
- 2) Les essais d'efficacité ont montré que les deux Streptomyces agissent contre les agents de la gale bactérienne de la tomate, mais leur efficacité semble varier selon les conditions climatiques. Les essais des biopesticides contre l'anthracnose, réalisés en 2006, ont montré que l'Actinovate® seul, le Mycostop® seul et la combinaison Actinovate®-BlightBan® réduisent de façon significative l'apparition de lésions chez la tomate. À l'exception de la combinaison Actinovate®-BlightBan®, ces traitements n'ont pas eu d'effet significatif sur la gale bactérienne. Ils donneraient peut être de meilleurs résultats si la méthode d'application était améliorée (époque d'application, ajout d'un adjuvant, etc.).
- 3) Les Streptomyces et les agents de la gale bactérienne ont été marqués avec la protéine verte fluorescente (GFP) avant d'être inoculés à des semis de tomate et de poivron cultivés en serre. Les bactéries ont bien survécu durant 14 jours après une seule inoculation. Le marquage à la GFP était très stable : on pouvait encore le détecter après 4 semaines de culture continue in vitro. L'étude du comportement et du devenir de ces organismes dans l'environnement n'est pas possible sans marquage à la GFP, puisqu'aucun milieu de culture n'élimine complètement les autres Streptomyces qu'on observe souvent dans les échantillons de sol.
Les résultats de cette étude appuient la demande d'homologation de nouveaux biopesticides pour l'industrie agricole canadienne.